Pétrarque

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Pétrarque, Dante et Boccace, par Giorgio Vasari
Laure et Pétrarque, miniature du Canzionere

Francesco Petrarca, en français Pétrarque (Arezzo, 20 juillet 1304 - Arquà, 19 juillet 1374) est un érudit, un poète et un humaniste italien. Avec Dante Alighieri et Boccace, il compte parmi les premiers grands auteurs de la littérature italienne. Il séjourna à Vallis Closa (Vaucluse), où coule la célèbre fontaine de 1338 à 1353.

À Giacomo Colonna, Epistolæ metricæ, I, 6, Vaucluse, été ou automne 1338[modifier]

Il est dans mon passé une femme à l'âme remarquable, connue des siens par sa vertu et sa lignée ancienne et dont l'éclat fut souligné et le nom colporté au loin par mes vers. Sa séduction naturelle dépourvue d'artifices et le charme de sa rare beauté lui avaient jadis livré mon âme. Dix années durant j'avais supporté le poids harrassant de ses chaînes sur ma nuque, trouvant indigne qu'un joug féminin ait pu m'imposer si longtemps une telle contrainte.
  • Pétrarque. Séjour à Vaucluse, Colette Lazam (traduction et notes), éd. Petite Bibliothèque Payot. Rivages poche, 2009, p. 28-29


À Guglielmo da Pastrengo, Lettere disperse, Vaucluse, 1339[modifier]

Je décidai de m'exposer à toutes les menaces de la Fortune pourvu que, même près de la mort, je vive au moins quelques temps pour moi.
  • Pétrarque. Séjour à Vaucluse, Colette Lazam (traduction et notes), éd. Petite Bibliothèque Payot. Rivages poche, 2009, p. 39


À Guglielmo da Pastrengo, Epistolæ metricæ, III, 3, Vaucluse, 1339[modifier]

Le spectacle de l'agitation urbaine et des doux attraits de ma belle campagne m'avaient incité à venir visiter mes fontaines d'eau claire et la prodigieuse source de la Sorgue qui stimule grandement les poètes et donne de nobles ailes à leur talent.
  • Pétrarque. Séjour à Vaucluse, Colette Lazam (traduction et notes), éd. Petite Bibliothèque Payot. Rivages poche, 2009, p. 41


À Dionigi da Borgo San Sepulcro, Epistolæ metricæ, I, 4, Vaucluse, printemps 1339[modifier]

C'est ici que jadis, séduit par la grandeur du lieu, le regard et l'esprit impressionnés par l'étrangeté du phénomène, le grand roi Robert, délassa, dit-on, sur une terrasse fleurie, son corps longtemps mis à l'épreuve et son cœur accablé de tourments et loua le silence de ce petit coin de campagne.
  • Pétrarque. Séjour à Vaucluse, Colette Lazam (traduction et notes), éd. Petite Bibliothèque Payot. Rivages poche, 2009, p. 47


À son ami Lelius, Epistolæ metricæ, I, 8, Vaucluse 1339[modifier]

Abordant désormais un âge de ma vie plus calme, je demande à mon ennemi au carquois de signer la paix. Il refuse, redoublant d'agressivité et - chose étonnante - voici qu'en tout lieu et à toute heure, je le vois devant moi, cet impitoyable ennemi ailé et, je ne le nierai pas, je tremble qu'il ne rouvre mon ancienne blessure d'une nouvelle flèche, tant il a d'éléments en sa faveur.
  • Pétrarque. Séjour à Vaucluse, Colette Lazam (traduction et notes), éd. Petite Bibliothèque Payot. Rivages poche, 2009, p. 52


À son Giovanni Colonna, Epistolæ metricæ, I, 10, Vaucluse 1340[modifier]

Pendant que je te parle, il tombe des trombes d'eau, les maisons résonnent et une forte grêlé a fait tomber les couronnes des feuilles de vignes de Bacchus ; les forêts perdent chacune leur parure ; envahies par une eau boueuse, les grottes gémissent et l'eau mêlée aux cailloux reflue, défigurant la rivière en la salissant de manière inhabituelle.
  • Pétrarque. Séjour à Vaucluse, Colette Lazam (traduction et notes), éd. Petite Bibliothèque Payot. Rivages poche, 2009, p. 56-57


Le Comtat Venaissin et les Sorgues par Stephano Ghebellino (vers 1580) Médiathèque Ceccano d'Avignon

À Giovanni Colonna, Familiarum rerum, VI, 3, Fontaine de la Sorgue, 30 mai 1342[modifier]

Quand tu auras quitté Marseille loin derrière toi, tu tourneras encore à droite : on te fera monter sur un bateau fluvial qui te mènera de l'embouchure du Rhône à la vieille ville d'Arles avec ses marécages et son plat pays caillouteux, puis assez vite à la sinsistre Avignon, jadis nommée Avennio, juchée sur un rocher aride, là où maintenant, le Souverain Pontife de l'Église Romaine, après avoir abandonné le Siège qui lui est propre s'efforce, selon moin contre la volonté de la Nature, de créer la capitale du monde... De là, toujours à contre-courant, tu remonteras le fleuve sur une distance d'au moins trois mille pas et tu rencontreras sur ta droite une rivière aux reflets argentés. Là, il faudra bifurquer : c'est la Sorgue, la plus paisible des rivières. Tu la remonteras sur une distance de quinze mille pas environ et tu verras une fontaine sans pareille d'où sort un cours d'eau si limpide et, surplombant ces jaillissements, un rocher si élevé que l'on ne peut ni ne doit aller plus loin. Et comme tout ce qui est à droite est de bon agure, c'est là qu'enfin tu te feras déposer et à ta droite, tu me verras.
  • Pétrarque. Séjour à Vaucluse, Colette Lazam (traduction et notes), éd. Petite Bibliothèque Payot. Rivages poche, 2009, p. 63-64


À Philipe de Cabassolle, Vaucluse, hiver 1345 / 1346[modifier]

Ici, je suis venu enfant, puis jeune homme, ici, puissé-je vivre le soir de ma vie ! ... J'ai décidé de passer ce qu'il me reste à vivre dans ta campagne, à l'abri des guerres et des querelles funestes. Ô Philippe, mon vénérable protecteur, puisse cette terre devenir celle de ma patrie.
  • Pétrarque. Séjour à Vaucluse, Colette Lazam (traduction et notes), éd. Petite Bibliothèque Payot. Rivages poche, 2009, p. 69


À Giovanni Colonna, Epistolæ metricæ, III, 1, Vaucluse, 1346[modifier]

Je t'offre des coteaux de vignes, de lourdes grappes de raisins, des figues sucrées, une eau vive jaillie de la fontaine, d'innombrables chants d'oiseaux, des gorges sinueuses, des refuges bien abrités et l'ombre fraîche des vallons humides.
  • Pétrarque. Séjour à Vaucluse, Colette Lazam (traduction et notes), éd. Petite Bibliothèque Payot. Rivages poche, 2009, p. 77


Pêche à la nasse en rivière, Tacuinium Sanitatis (XVe siècle)

À Giovanni Colonna, Epistolæ metricæ, III, 4, Vaucluse, 1347[modifier]

Maintenant mes armes sont des filets et la nasse aux mille détours, tressée de souples tiges d'osier qui laisse entrer l'eau et referme son piège sur les poissons. Métamorphosé depuis peu en pêcheur, j'ai en guise d'épée les hameçons recourbés auxquels s'accrochent les appats trompeurs, les souples épieux et le petit trident que je sais déjà enfoncer dans le dos des poissons avant de les assomer à coups de pierre.
  • Pétrarque. Séjour à Vaucluse, Colette Lazam (traduction et notes), éd. Petite Bibliothèque Payot. Rivages poche, 2009, p. 82


À Giovanni d'Arezzo, Familiarum rerum, XI, 9, depuis le Mont Genèvre, 20 juin 1351[modifier]

Je t'attends à la fontaine de la Sorgue, cet endroit est toujours admirable, plein de charme et l'été on se croirait aux Champs Élysées.
  • Pétrarque. Séjour à Vaucluse, Colette Lazam (traduction et notes), éd. Petite Bibliothèque Payot. Rivages poche, 2009, p. 92


À son ami Olympius, Familiarum rerum, XI, 1, 2, à la source de la Sorgue, 10 juillet 1351[modifier]

Voici que m'a pris un ardent désir de revoir les collines, les grottes, les bois les rochers recouverts de mousse verte et qui résonnent sans cesse près de la célèbre fontaine de la Sorgue... J'avais pourtant décidé, tu le sais, de ne plus jamais y revenir. Mais l'indispensable charme de ces lieux m'a gagné peu à peu et a secrètement agi sur mon esprit que ma raison n'a pu retenir.
  • Pétrarque. Séjour à Vaucluse, Colette Lazam (traduction et notes), éd. Petite Bibliothèque Payot. Rivages poche, 2009, p. 93


À Francesco, prieur des Saints-Apotres de Florence, Familiarum rerum, XIII, 8, Vaucluse, été 1352[modifier]

Je dispose ici de deux petits jardins. L'un d'eux est ombragé, fait pour l'étude solitaire et consacré à notre cher Apollon : il domine la fontaine de la Sorgue... L'autre se trouve à proximité de la maison, plus soigné d'apparence et cher à Bacchus : il est curieusement situé au milieu de cette rivière si belle et si vive, séparé seulement par un petit pont d'une aile de ma demeure se trouve un abri à plafond voûté, construit en pierres vives qui me protège actuellement de la canicule.
  • Pétrarque. Séjour à Vaucluse, Colette Lazam (traduction et notes), éd. Petite Bibliothèque Payot. Rivages poche, 2009, p. 104


À Guido Sette, archevêque de Gênes, Senilium rerum, II, 10, Venise, 1367[modifier]

La très célèbre fontaine de la Sorgue, jadis connue par elle-même, a quelque peu gagné en notoriété grâce au long séjour que j'y ai fait plus tard et grâce à mes vers.
  • Pétrarque. Séjour à Vaucluse, Colette Lazam (traduction et notes), éd. Petite Bibliothèque Payot. Rivages poche, 2009, p. 108-109


Au grammairien Donato Albanzani, 1367-1368[modifier]

La culture en effet est chez beaucoup de gens une cause de folie, et chez presque tous d'orgueil, à moins que, ce qui arrive rarement, elle n'échoie à une âme bien formée et d'une bonne nature.
  • Pétrarque. Sur sa propre ignorance et celle de beaucoup d'autres, Etienne Wolff (traduction), éd. Petite Bibliothèque Payot. Rivages poche, 2012, p. 51-52


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