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Orthographe française

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La fixation de l'orthographe française fut la conséquence de la promotion du français au statut de langue officielle sous le règne de François Ier, même s'il est probable qu'il y ait eu déjà auparavant des réflexions sur les normes qu'il fallait adopter. Au XVIIe siècle, en créant l'Académie française, chargée de rédiger le dictionnaire de référence, la monarchie centralisatrice a cherché à créer une sorte d'« orthographe d'État ». Au XIXe siècle, l'école publique et laïque a fait de l'orthographe strictement normalisée sinon sa principale règle du moins l'une des premières.

Le régime commun du français, c'est la première situation décrite : l'orthographe donne des indications de toute nature, qui ne sont pas fournies, ou fournies d'une tout autre façon, par l'oral. Est-ce là un cas exceptionnel parmi les langues ? À ce degré, oui, sans nul doute.
  • Réformer l'orthographe ?, Michel Arrivé, éd. PUF, 1993  (ISBN 2-13-045597-2), p. 18


Il semble pourtant que le français soit au premier rang des langues à orthographe complexe : il cumule en effet toutes les difficultés théoriquement imaginables.
  • Réformer l'orthographe ?, Michel Arrivé, éd. PUF, 1993  (ISBN 2-13-045597-2), p. 44


C'est un trait spécifique de l'orthographe française que d'utiliser des lettres avec plusieurs fonctions : phonogrammes par ci, morphogrammes par là. Et attendez la suite. À vrai dire, rien de vraiment exceptionnel dans cette situation : l'écriture hiéroglyphique égyptienne fournit des faits du même tabac, en utilisant le même signe alternativement comme des idéogramme et comme phonogrammes. Mais dans les écritures modernes c'est tout de même relativement rare. Et, du coup, très déconcertant pour la plupart des étrangers apprenant le français.
  • Réformer l'orthographe ?, Michel Arrivé, éd. PUF, 1993  (ISBN 2-13-045597-2), p. 50


[…] sans parler du rh de rhapsodie, de rhume. et de l'ancien rhythme, ni de ch, qui donne lieu à des prononciations différentes selon son entourage (psychique/psychodrame). À vrai dire, ces trois derniers graphèmes sont d'autant plus étranges que les lettres grecques qu'ils transcrivent — θ, ϕ et ρ — étaient parfaitement… simples, sans trace d'un h… qui n'existe pas en grec ! Ce qui est transcrit par ces digrammes, c'est leur interprétation par les Romains : ils avaient leurs raisons, nous ne les avons plus.
  • Réformer l'orthographe ?, Michel Arrivé, éd. PUF, 1993  (ISBN 2-13-045597-2), p. 58


On me dira — mieux : on me dit — que ce qui est bon pour les pays étrangers ne l'est pas pour la France. Je passe naturellement sur l'aspect très ingénument, mais très fortement nationaliste de ce propos : pourquoi diable la langue française serait-elle un cas à part, unique et par là même à proprement parler monstrueux ? Mais ce sont les faits qui décident : l'orthographe française a effectivement été soumise à des réformes partielles.
  • Réformer l'orthographe ?, Michel Arrivé, éd. PUF, 1993  (ISBN 2-13-045597-2), p. 77


Cette distance, considérable, entre l'orthographe de Racine et de Molière dans les éditions du XVIIe siècle et celle qui leur est conférée dans les éditions modernes exhibe un fait bizarrement occulté (ignorance ? mauvaise foi ? par le chœur unanime, de tout temps, des opposants à tout projet de réforme : l'orthographe française, à ne la prendre même que depuis le XVIIe siècle, a considérablement évolué. Toute seule ? Que non pas […]
  • Réformer l'orthographe ?, Michel Arrivé, éd. PUF, 1993  (ISBN 2-13-045597-2), p. 78


Il est donc inévitable que les modifications de l'orthographe prennent des statuts différents selon les formes successivement prises par le pouvoir orthographique. Pour voir les choses de très haut, le rôle des individus — copistes de manuscrits, écrivains, imprimeurs et surtout correcteurs, etc. — diminue progressivement en même temps qu'augmente le pouvoir politique, ou celui des institutions qu'il délègue, notamment l'Académie française.
  • Réformer l'orthographe ?, Michel Arrivé, éd. PUF, 1993  (ISBN 2-13-045597-2), p. 85


[…] notre orthographe a été fixée au moment où la France s'est constituée en État moderne. Toute la population devait savoir lire et écrire. Résultat : on a imposé à un peuple entier l'apprentissage d'une langue de scribe, un orthographe savante. Ce pari fou ne pouvait réussir qu'à la seule condition de sanctifier l'orthographe ! On a donc entretenu un culte républicain de l'orthographe qui aura perduré jusqu'à nos jours.
  • « Le culte de l'orthographe, c'est fini ! », François de Closets, Migros Magazine, nº 40, 28 septembre 2009, p. 30


[…] comme les populations ne savaient ni lire ni écrire, l'orthographe a d'abord été l'affaire des scribes, des érudits dont le métier consistait à produire des actes, à copier des manuscrits. C'étaient des gens de savoir qui ont eu le souci de bien montrer que les mots français prenaient leur origine dans le latin. Ainsi les scribes […] ont surchargé notre écriture de voyelles et de consonnes muettes ! Avec, bien souvent, de fausses étymologies.
  • « Le culte de l'orthographe, c'est fini ! », François de Closets, Migros Magazine, nº 40, 28 septembre 2009, p. 29


[…] les langues méditerranéennes ne butent pas sur cette difficulté-là. L'écrit et l'oral se reflètent fidèlement. Cela rend ces langues beaucoup plus faciles à écrire. Songez qu'un jeune élève italien met un an à maîtriser l'orthographe de sa langue, tandis que son cousin français en met dix, non pas même pour ne commettre aucune faute, mais pour en commettre le moins possible !
  • « Le culte de l'orthographe, c'est fini ! », François de Closets, Migros Magazine, nº 40, 28 septembre 2009, p. 30


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