Nouvelles orientales

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Nouvelles orientales est un recueil de nouvelles de Marguerite Yourcenar publié chez Gallimard en 1938. Il regroupe dix nouvelles historiques ou fantastiques publiées précédemment dans des revues littéraires.

Citations[modifier]

Ils étaient peu chargés, car Wang-Fô aimait l'image des choses, et non les choses elles-mêmes, et nul objet au monde ne lui paraissait digne d'être acquis, sauf des pinceaux, des pots de laque et d'encres de Chine, des rouleaux de soie et de papier de riz.
  • Nouvelles orientales (1938), Marguerite Yourcenar, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1963, Comment Wang-Fô fut sauvé, p. 11


On disait que Wang-Fô avait le pouvoir de donner la vie à ses peintures par une dernière touche de couleur qu'il ajoutait à leurs yeux.
  • Nouvelles orientales (1938), Marguerite Yourcenar, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1963, Comment Wang-Fô fut sauvé, p. 15


Tu m'as menti, Wang-Fô, vieil imposteur : le monde n'est qu'un amas de taches confuses, jetées sur le vide par un peintre insensé, sans cesse effacées par nos larmes. Le Royaume de Han n'est pas le plus beau des royaumes, et je ne suis pas l'Empereur.
  • L'Empereur de Chine, à Wang-Fô
  • Nouvelles orientales (1938), Marguerite Yourcenar, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1963, Comment Wang-Fô fut sauvé, p. 21


Je ne me doutais pas qu'il y avait assez d'eau dans la mer pour noyer un Empereur.
  • Wang-Fô
  • Nouvelles orientales (1938), Marguerite Yourcenar, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1963, Comment Wang-Fô fut sauvé, p. 26


Je suis archéologue, répondit le Grec en reposant son verre de citronnade. Mon savoir se limite à la pierre sculptée, et vos héros serbes taillaient plutôt dans la chair vive.
  • Nouvelles orientales (1938), Marguerite Yourcenar, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1963, Le Sourire de Marko, p. 32-33


Je ne voudrais pas médire de vos héros, Loukiadis : ils s'enfermaient sous leur tente dans un accès de dépit ; ils hurlaient de douleur sur leurs amis morts ; ils traînaient par les pieds le cadavre de leurs ennemis autour des villes conquises, mais, croyez-moi, il a manqué à l’Iliade un sourire d'Achille.
  • Nouvelles orientales (1938), Marguerite Yourcenar, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1963, Le Sourire de Marko, p. 42


Il y a mères et mères.
  • Dernière phrase de la nouvelle Le Lait de la mort.
  • Nouvelles orientales (1938), Marguerite Yourcenar, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1963, Le Lait de la mort, p. 58


Ces Néréides de nos campagnes sont innocentes et mauvaises comme la nature qui tantôt protège et tantôt détruit l'homme. Les dieux et les déesses antiques sont bien morts, et les musées ne contiennent que leurs cadavres de marbre. Nos nymphes ressemblent plus à vos fées qu'à l'image que vous vous en faites d'après Praxitèle. Mais notre peuple croit à leurs pouvoirs ; elles existent comme la terre, l'eau et le dangereux soleil. En elles, la lumière de l'été se fait chair, et c'est pourquoi leur vue dispense le vertige et la stupeur. Elles ne sortent qu'à l'heure tragique de midi ; elles sont comme immergées dans le mystère du plein jour.
  • Nouvelles orientales (1938), Marguerite Yourcenar, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1963, L'Homme qui a aimé les Néréides, p. 82-83


Ils adoraient Jésus, fils de Marie,vêtu d'or comme un soleil levant, mais leur cœur obstiné restait fidèle aux divinités qui nichent dans les arbres ou émergent du bouillonnement des eaux ; chaque soir, ils déposaient sous le platane consacré aux Nymphes une écuelle de lait de la seule chèvre qui leur restât ; les garçons se glissaient à midi sous les bouquets d'arbres pour épier ces femmes aux yeux d'onyx qui se nourrissent de thym et de miel.
  • Nouvelles orientales (1938), Marguerite Yourcenar, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1963, Notre-Dame-des-Hirondelles, p. 92


Les Nymphes troublent mes ouailles et mettent en danger leur salut, dont je suis responsable devant Dieu, et c'est pourquoi je les poursuivrai, s'il le faut, jusqu'en Enfer.
  • Le moine Thérapion.
  • Nouvelles orientales (1938), Marguerite Yourcenar, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1963, Notre-Dame-des-Hirondelles, p. 100


On l'appelait Kostis le Rouge parce qu'il avait les cheveux roux, parce qu'il s'était chargé la conscience d'une bonne quantité de sang versé, et surtout parce qu'il portait une veste rouge lorsqu'il descendait insolemment à la foire aux chevaux pour obliger un paysan terrifié à lui vendre à bas prix sa meilleure monture, sous peine de s'exposer à diverses variétés de morts subites.
  • Début de la nouvelle La Veuve Aphrodissia.
  • Nouvelles orientales (1938), Marguerite Yourcenar, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1963, La Veuve Aphrodissia, p. 105


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