Nancy Huston

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Nancy Huston, née le 16 septembre 1953 à Calgary en Alberta au Canada, est une femme de lettres franco^[1]-canadienne^[2], d'expression anglaise et française. Elle vit à Paris en France, depuis les années 1970.

Citations

Lettres parisiennes : autopsie de l'exil, 1986

J'ai accepté d'habiter cette « terre » qu'est l'écriture, une terre qui est par définition, pour chacun de ses nombreux habitants, une île déserte. Si je suis heureuse dans l'exil (dans toutes les acceptions du mot, métaphoriques et littérales), c'est parce qu'il donne une forme concrète à cette solitude qui est la condition de l'activité qui me tient le plus à cœur.

Paris, 19 avril 1984

Lettres parisiennes : autopsie de l'exil, Nancy Huston, Leïla Sebbar, éd. Barrault, 1986 (ISBN 2-7360-0039-0), chap. Lettre XX, p. 129 (lire en ligne)

Deux voyages retour simple, 1993

Il était difficile, dans la famille Huston, de quitter Edmonton en 1960. Nous fûmes deux couples à faire l'impossible pour le quitter – mon père et sa toute nouvelle épouse; mon frère aîné et moi – eux rêvaient d'un voyage de noces et nous d'une fugue définitive – mais le destin nous a refusé, aux uns et aux autres, ces humbles joies.

« Deux voyages retour simple », Nancy Huston, dans Une enfance d'ailleurs, Nancy Huston, Leïla Sebbar, éd. Belfond, 1993 (ISBN 2-7144-3110-0), p. 43 (lire en ligne)

Arrivent les journées comparativement clémentes d'avril, et Lorne demande à notre père de l'aider à construire le radeau, soi-disant pour les vacances d'été au bord du fameux lac. De la fenêtre de ma chambre, je regarde mon père dans la cour arrière, aligner et clouer ensemble des troncs blancs de bouleau; dans mon cœur s'affrontent à armes inégales tristesse et cynisme; celui-ci remporte une victoire facile. Ha! me dis-je. Il ne se doute même pas qu'il est en train de creuser sa propre tombe. Il ne se doute même pas que ses enfants vont se servir de son ouvrage pour se sauver et ne plus jamais revenir.

« Deux voyages retour simple », Nancy Huston, dans Une enfance d'ailleurs, Nancy Huston, Leïla Sebbar, éd. Belfond, 1993 (ISBN 2-7144-3110-0), p. 54 (lire en ligne)

Un deuxième coup, fatal celui-là, est assené à notre beau projet : notre père et Lorne vont tester, à l'étang voisin, le radeau qu'ils viennent d'achever; il coule à pic. Coulent alors, dans la même éclaboussure, tous nos espoirs de joyeuses retrouvailles européennes… Décidément, il était difficile, dans la famille Huston, de quitter Edmonton en 1960.

« Deux voyages retour simple », Nancy Huston, dans Une enfance d'ailleurs, Nancy Huston, Leïla Sebbar, éd. Belfond, 1993 (ISBN 2-7144-3110-0), p. 56 (lire en ligne)

Bad Girl, 2014

Le bonheur absolu, c'est quand la famille sort faire un tour en voiture le dimanche après-midi et que les parents se mettent à chanter ensemble. Au moins, tant qu'ils chantent, ils ne peuvent pas se disputer.

Réflexion de l'auteur sur son enfance.

Bad Girl, Nancy Huston, éd. Actes Sud, coll. « Domaine Français », 2014 (ISBN 978-2-330-03718-5), p. 169

Malgré tout le piano te sera classe de littérature, peut-être même la plus importante de toutes. D'abord parce que tu y acquerras le goût du travail minutieux, patient, maniaque. Le plaisir de “changer le monde” en décortiquant, lissant, répétant, reprenant, vingt fois, cent fois, une phrase… Mais surtout parce qu'en interprétant les morceaux de musique classique, tu apprendras à exprimer tes propres émotions à travers celles des autres.

Réflexion de l'auteur sur sa naissance à l'écriture.

Bad Girl, Nancy Huston, éd. Actes Sud, coll. « Domaine Français », 2014 (ISBN 978-2-330-03718-5), p. 176

Seules de toutes les femelles primates, les humaines retravaillent leur apparence dès la prime jeunesse. On les encourage à se maquiller, à changer de couleur de cheveux, à effacer leurs rides, à faire découper de leur ventre de gros morceaux de gras pour les recoudre sur leurs fesses.