Mort à Venise est un film italien réalisé par Luchino Visconti en 1971. Le scénario est également écrit par Visconti, avec la collaboration de Nicola Badalucco, et est adapté du roman éponyme de Thomas Mann.
Gustav von Aschenbach : Je me souviens, nous avions le même sablier... Autrefois, chez mes parents. Le sable s'écoule par un orifice si étroit que lorsqu'on le retourne il semble que le niveau, dans le globe supérieur, ne changera jamais. On dirait que le sable attend pour s'écouler dans l'autre globe les tout derniers instants. Jusque là c'est si lent, que l'on croit avoir le temps d'y penser... Le dernier moment, lorsqu'il arrive à son terme, qu'il ne reste plus de temps pour y réfléchir, le sablier est vide.
Alfred (en voix-off) : Crois-tu sincèrement que la beauté puisse être le fruit d'un travail ?
Gustav von Aschenbach (en voix-off) : Oui... Oui je le crois.
Alfred (en voix-off) : Le beauté naît d'un éclair, spontanément, elle ne doit rien à ton travail ! Ni au mien ! Elle ne doit rien à notre présomption d'artiste. [... ] Ta grande erreur mon cher, est de considérer la vie, la réalité, comme une limitation.
Gustav von Aschenbach : Et n'en est-il pas ainsi ? La réalité nous distrait, elle nous détourne de l'idéal ! [...] Non, créer la beauté est un acte... Purement spirituel.
Alfred : La beauté appartient au domaine des sens. Rien qu'aux sens.
Mark Burns,
Mort à Venise (
1971), écrit par
Luchino Visconti et Nicola Badalucco
Alfred : Dignité humaine... Sagesse... Mais à quoi cela sert-il ? Le génie est un don de Dieu.. Non, non ! Je devrais plutôt dire : "une punition de Dieu". C'est un embrasement morbide, démoniaque, de nos dons naturels.
Mark Burns,
Mort à Venise (
1971), écrit par
Luchino Visconti et Nicola Badalucco
Alfred : Le Mal est une nécessité : c'est lui qui attise le feu du vrai génie.
Mark Burns,
Mort à Venise (
1971), écrit par
Luchino Visconti et Nicola Badalucco
Gustav von Aschenbach : Vois-tu Alfred, l'Art est la source la plus noble de l'éducation. Et l'artiste lui-même se doit d'être exemplaire, il doit être un modèle de force, de parfaite honnêteté. Il n'a pas le droit à l'ambiguïté.
Alfred : Mais l'Art par essence est ambiguïté ! Et la musique est, de tous les arts, le plus ambiguë. Elle est l'ambiguïté systématique, scientifique.
Dirk Bogarde et Mark Burns,
Mort à Venise (
1971), écrit par
Luchino Visconti et Nicola Badalucco
Gustav von Aschenbach : Adieu Tadzio, tout cela fut trop bref.
Dirk Bogarde,
Mort à Venise (
1971), écrit par
Luchino Visconti et Nicola Badalucco
Gustav von Aschenbach : Tu ne dois jamais sourire comme ça. Tu ne dois jamais sourire comme ça à personne. Je t'aime...
Dirk Bogarde,
Mort à Venise (
1971), écrit par
Luchino Visconti et Nicola Badalucco
Gustav von Aschenbach à la Baronne Moes, mère de Tadzio : Madame, permettrez vous à un étranger d'essayer de vous servir en vous avertissant d'un grave danger, un danger que des gens égoïstes et intéressés vous dissimulent soigneusement ? Partez, Madame. Quittez Venise sans plus tarder. Pour l'amour du Ciel. Emmenez... Emmenez Tadzio, et ses sœurs, je vous implore de tout mon cœur ! Venise est la proie d'une pestilence... Je vous en prie...
Dirk Bogarde,
Mort à Venise (
1971), écrit par
Luchino Visconti et Nicola Badalucco
Le barbier, en glissant une rose à la boutonnière de Gustav von Aschenbach : Voilà... Monsieur peut tomber amoureux autant qu'il lui plaira.
Alfred, alors que le dernier concert de Gustav s'est soldé par un échec et que les spectateurs, furieux, tentent de pénétrer dans la loge : Que reste-t-il de tes beaux principes ? Rien, rien, rien ! Ta musique est mort-née ! Et te voilà démasqué !
Gustav von Aschenbach : Alfred... Renvoies-les, je t'en prie, renvoies-les.
Alfred : Les renvoyer ? Je vais te livrer à eux au contraire !
Gustav von Aschenbach : Non, je t'en prie, je t'en prie. Non, non ! Je t'en prie.
Alfred, en riant : Je vais te livrer à eux, afin qu'ils puissent te juger, et crois-moi, ils ne te feront pas grâce !
Mark Burns et Dirk Bogarde,
Mort à Venise (
1971), écrit par
Luchino Visconti et Nicola Badalucco
Alfred (en voix-off) : Tu as atteint cet équilibre parfait : l'homme et l'artiste ne font plus qu'un... Ils ont touchés le fond ensemble.
Alfred (en voix-off) : [...] tu es vieux, Gustav, et aucune impureté au monde n'est aussi impure que la vieillesse.
Gustav von Aschenbach mourant, en contemplant Tadzio pour la dernière fois : Tadzio...
Si Les damnés et Louis II sont de splendides fresques historiques qui laissent une impression de froideur (Visconti est plus proche de Verdi que de Wagner) le réalisateur s'est en revanche mis tout entier dans La Mort à Venise, d'après Thomas Mann [...].
« Dictionnaire du cinéma : les réalisateurs »,
Jean Tulard,
Robert Laffont, 2007, p. 980
Mort à Venise est ce qu'il devait être - et ce que nous attendions qu'il soit : l'ouvrage accompli d'un classique à l'écran.
« Critique du journal "Le Monde", citée dans Les Meilleurs films des années 70 », Jürgen Müller, Taschen, 2006, p. 34
Qu'importe alors l'accumulation de beauté dans le cadre, quand ce qui compte est hors champ, impossible à reconstituer. Une nostalgie à jamais insatisfaite proche de la recherche douloureuse du bonheur, ce bonheur dont Stendhal disait qu'il était impossible à atteindre. Visconti, mort en 1976, n'a pas construit son œuvre : il l'a rêvée.
« Le Guide Cinéma, édition 2009 »,
Christophe Pellet,
Télérama hors-série, 2009, p. 1030
Toutes les citations mentionnées dans la partie Citations sont extraites du DVD Collector de Mort à Venise.
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