Moby Dick
Apparence
Moby Dick est un roman de Herman Melville paru en 1851.
Citations
[modifier]I. Mirages
[modifier] Qu'est-ce que ça peut me faire, à moi, qu'un vieux sagouin de capitaine me donne l'ordre de prendre le balai et de balayer les ponts ? Tout bien pesé, quelle importance à cette servitude ? — je veux dire dans les balances du Jugement Dernier ? — Croyez-vous que l'archange Gabriel sera le moins du monde influencé de ce que, selon le cas, j'obéis vite et souple au vieux sagouin ? Qui, dites-moi, n'est esclave ? Et alors le capitaine a beau me commander et même me rouer de coups. Je suis content de savoir que c'est « all right », que tout le monde, d'une façon ou d'une autre, en reçoit autant — au physique comme au métaphysique je veux dire — et comme ça l'universel coup de pied au cul fait le tour et tous les hommes se frottent mutuellement les fesses et sont contents.
- Moby Dick, Herman Melville (trad. Lucien Jacques, Joan Smith et Jean Giono), éd. Gallimard, 1996 (ISBN 978-2-07-040066-9), p. 45 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
V. Le petit déjeuner
[modifier][...] un bon rire est une bonne chose (trop rare malheureusement) alors, quand un homme fournit la matière à une blague, qu'il ne s'y refuse pas et que même il entre dans le jeu et permet qu'on y entre, on peut-être sûr qu'il y a sans doute plus de ressources qu'on ne pense dans cet homme.
- Moby Dick, Herman Melville (trad. Lucien Jacques, Joan Smith et Jean Giono), éd. Gallimard, 1996 (ISBN 978-2-07-040066-9), p. 75 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
VII. La chapelle
[modifier] Mais la Foi, comme un chacal, se nourrit parmi les tombes et c'est même de nos doutes au sujet de la mort qu'elle tire ses meilleures raisons d'être.
- Moby Dick, Herman Melville (trad. Lucien Jacques, Joan Smith et Jean Giono), éd. Gallimard, 1996 (ISBN 978-2-07-040066-9), p. 83 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- Citation choisie pour le 12 juin 2017.
XIV. Nantucket
[modifier] Seul le Nantuckais réside sur la mer et s'y complaît ; lui seul, pour parler le langage de la Bible, y descend dans les bateaux et va çà et là, labourant comme sur sa propre et particulière plantation. C'est là son chez-lui. C'est là son affaire qu'un nouveau déluge ne saurait interrompre, même s'il engloutissait la Chine toute entière. Il vit sur mer comme le coq de bruyère dans la lande ; il se cache parmi les vagues, il les gravit comme les chasseurs de chamois gravissent les Alpes. Des années durant il ignore la terre, si bien que, lorsqu'il y aborde, elle a l'odeur d'un autre monde, une odeur plus étrange que la lune n'en aurait pour un homme de la terre.
- Moby Dick, Herman Melville (trad. Lucien Jacques, Joan Smith et Jean Giono), éd. Gallimard, 1996 (ISBN 978-2-07-040066-9), p. 116 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
XXXVII. Coucher de soleil
[modifier] Venez, Achab vous envoie ses compliments ; venez voir si vous pouvez me faire fléchir ! Me faire fléchir ? Vous ne pouvez pas me faire fléchir sans fléchir vous-mêmes. L'homme vous tient là ! Me faire fléchir ? Le chemin de ma résolution a des rails de fer et mon âme y court avec des roues creuses. Au-dessus d'insondables gorges, à travers les cœurs arides des montagnes, sous les lits des torrents, sans me tromper je roule. Rien sur ma voie de fer ne peut m'arrêter, ni obstacle, ni traverse.
- Moby Dick, Herman Melville (trad. Lucien Jacques, Joan Smith et Jean Giono), éd. Gallimard, 1996 (ISBN 978-2-07-040066-9), p. 242 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
XLI. Moby Dick
[modifier]Tout ce qui rend fou et qui tourmente, tout ce qui remue le fond trouble des choses, toute vérité contenant une partie de malice, tout ce qui ébranle les nerfs et embrouille le cerveau, tout ce qui est démoniaque dans la vie et dans la pensée, tout mal était pour ce fou d'Achab, visiblement personnifié, et devenait affrontable en Moby Dick.
- Moby Dick, Herman Melville (trad. Lucien Jacques, Joan Smith et Jean Giono), éd. Gallimard, 1996 (ISBN 978-2-07-040066-9), p. 262 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
XLIV. La carte
[modifier][...] ce qui faisait dresser Achab en pleine horreur, ce n'était pas la conscience de sa folie. Il ne jaillissait pas de son hamac terrifié à l'idée de cette impitoyable détermination rusée qu'il mettait à chasser la Baleine Blanche. Non, dans le sommeil, l'essence même de son âme, délivrée du joug de son esprit, se révoltait et cherchait à s'enfuir de lui comme d'un terrible compagnon.
Mais l'esprit ne peut exister que soudé à l'âme, et Achab devait tout vaincre pour imposer même aux dieux et au démons sa volonté indépendante qui voulait frapper son but par-delà même les dieux et les démons.
Mais l'esprit ne peut exister que soudé à l'âme, et Achab devait tout vaincre pour imposer même aux dieux et au démons sa volonté indépendante qui voulait frapper son but par-delà même les dieux et les démons.
- Moby Dick, Herman Melville (trad. Lucien Jacques, Joan Smith et Jean Giono), éd. Gallimard, 1996 (ISBN 978-2-07-040066-9), p. 283 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
XLIVIII. Le tresseur de nattes
[modifier]Cette épée agile et indifférence devait représenter le Hasard ; ainsi donc le hasard, le Libre Arbitre et la Nécessité, tout cela travaillé ensemble s'entremêlait : la chaîne droite de la Nécessité ne pouvait être détournée de son cours - pourtant chaque vibration y tendait - la fibre volonté de passer la navette entre certains fils. Et enfin le Hasard qui bien que confiné dans les lignes strictes de la Nécessité et bien que dirigé par le Libre Arbitre finissait par donner son aspect définitif à la chose.
- Moby Dick, Herman Melville (trad. Lucien Jacques, Joan Smith et Jean Giono), éd. Gallimard, 1996 (ISBN 978-2-07-040066-9), p. 298 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
LI. Le jet fantôme
[modifier]Le vent de poupe gonflant les creux de toutes ses voiles, le bateau continua sa marche en avant, comme si deux influences antagonistes luttaient en lui, une tendance vers le ciel, l'autre s'élançant vers quelque but horizontal. Et si on regardait le visage d'Achab, il semblait qu'en lui aussi deux influences combattaient. Son unique jambe animait d'échos la longueur du pont ; chaque coup de sa jambe morte sonnait comme un choc sur un cercueil.
- Moby Dick, Herman Melville (trad. Lucien Jacques, Joan Smith et Jean Giono), éd. Gallimard, 1996 (ISBN 978-2-07-040066-9), p. 320 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
LXIV. Le souper de Stubb
[modifier] Le capitaine Achab avait montré son activité coutumière pendant qu'il surveillait la poursuite de cette baleine, mais maintenant qu'elle était morte, il montrait quelques signes de mécontentement, d'impatience ou de désespoir ; comme si la vue de ce cadavre lui avait rappelé que Moby Dick était encore à tuer ; et que, apportât-on à son vaisseau mille autres baleines, cela n'avancerait pas d'un iota la réalisation de son objectif maniaque.
- Moby Dick, Herman Melville (trad. Lucien Jacques, Joan Smith et Jean Giono), éd. Gallimard, 1996 (ISBN 978-2-07-040066-9), p. 394 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
LXXXVI. La queue
[modifier]La force véritable ne gâche jamais la beauté ni l'harmonie ; souvent même elles suscite et, en chaque chose d'une imposante beauté, on trouve beaucoup de force alliée à la magie.
- Moby Dick, Herman Melville (trad. Lucien Jacques, Joan Smith et Jean Giono), éd. Gallimard, 1996 (ISBN 978-2-07-040066-9), p. 493 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
XVVI. Les chaudières
[modifier]« Tout est vanité » TOUT. Ce monde têtu n'a pas encore saisi la sagesse de Salomon le non-chrétien. Mais celui qui esquive hôpitaux, et prisons, celui qui marche vite en traversant les cimetières, celui qui aime mieux parler d'opéra que d'enfant, et qui appelle Cowper, Young, Pascal ou rousseau de pauvres diables d'hommes malades, celui qui durant toute une vie insouciante jure par Rabelais comme par la meilleure sagesse, et par conséquent place la joie par-dessus tout, celui-là n'est pas digne de s'assoir sur des pierres tombales, et d'ouvrir la terre humide et verte avec l'impénétrable et merveilleux Salomon.
- Moby Dick, Herman Melville (trad. Lucien Jacques, Joan Smith et Jean Giono), éd. Gallimard, 1996 (ISBN 978-2-07-040066-9), p. 552 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
CXXXII. La symphonie
[modifier]— Qu'est-ce que c'est ? quelle est cette chose sans nom, insondable et surnaturelle ? quel dieu sournois, quel terrible roi sans remords me commande, pour que malgré les désirs naturels et l'amour, je continue à me sentir poussé, bousculé, forcé, et que je m'apprête à faire follement ce que mon propre cœur naturel n'ose même pas concevoir ? Est-ce qu'Achab est Achab ? Dieu... est-ce moi ? ou qui est-ce qui me lie les bras ?
- Moby Dick, Herman Melville (trad. Lucien Jacques, Joan Smith et Jean Giono), éd. Gallimard, 1996 (ISBN 978-2-07-040066-9), p. 691 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
L'air maintenant sent comme s'il avait passé sur un pré. Ils ont fait le foin, quelque part, sur les pentes des Andes, Starbuck, et les faucheurs dorment dans le foin fraîchement coupé. Ils dorment. Oui, nous pouvons peiner tant que nous voulons, mais il nous faut dormir, finalement, dans le champ. Sommeil ? Oui, et pourrir parmi la verdure, comme se rouillent les faucilles de l'an passé jetées à terre et bandonnées dans les coupes non achevées...
- Moby Dick, Herman Melville (trad. Lucien Jacques, Joan Smith et Jean Giono), éd. Gallimard, 1996 (ISBN 978-2-07-040066-9), p. 692 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
CXXXV. La chasse : troisième jour
[modifier]« [...] Achab ne pense jamais ; il ne fait que sentir, sentir. Et c'est assez pour l'homme. Penser est de l'audace. Dieu seul a ce droit et privilège. Penser est ou devrait être un rafraîchissement ou un calmant ; et nos pauvres cœurs palpitent, et nos pauvres cerveaux battent trop pour ça. »
- Moby Dick, Herman Melville (trad. Lucien Jacques, Joan Smith et Jean Giono), éd. Gallimard, 1996 (ISBN 978-2-07-040066-9), p. 716 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
J'ai connu des vaisseaux faits avec des arbres morts qui survivaient à des vies d'hommes taillés dans la meilleure étoffe de vie.
- Moby Dick, Herman Melville (trad. Lucien Jacques, Joan Smith et Jean Giono), éd. Gallimard, 1996 (ISBN 978-2-07-040066-9), p. 719 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
— Oh, Achab, cria Starbuck, il n'est pas trop tard, même maintenant, le troisième jour, pour renoncer. Vois, Moby Dick ne te cherche pas. C'est toi, toi qui la cherches follement.
- Moby Dick, Herman Melville (trad. Lucien Jacques, Joan Smith et Jean Giono), éd. Gallimard, 1996 (ISBN 978-2-07-040066-9), p. 722 (voir la fiche de référence de l'œuvre)