Les gens

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Les gens est une expression assez vague, quelques fois péjorative, qui s'emploie pour désigner, décrire une catégorie de la population.

Jean-Jacques Rousseau, 1761[modifier]

Il y a, je l'avoue, bien des gens à qui cette méthode serait fort nuisible, et qui ont besoin de beaucoup lire et peu méditer, parce qu'ayant la tête mal faite ils ne rassemblent rien de si mauvais que ce qu'ils produisent d'eux-mêmes. Je vous recommande tout le contraire, à vous qui mettez dans vos lectures mieux que ce que vous y trouvez, et dont l'esprit actif fait sur le livre un autre livre, quelquefois meilleur que le premier.</poem>
  • Au sujet de la lecture.
  • Julie ou La nouvelle Héloïse (1761), Jean-Jacques Rousseau, éd. Garnier-Flammarion, coll. « GF Flammarion », 1967  (ISBN 2-08-070148-7), partie I, Lettre XII à Julie, p. 29


Mais au fond, que penses-tu qu'on apprenne dans ces conversations si charmantes ? A juger sainement des choses du monde ? à bien user de la société ? à connaître au moins les gens avec qui l'on vit ? Rien de tout cela, ma Julie. On y apprend à plaider avec art la cause du mensonge, à ébranler à force de philosophie tous les principes de la vertu, à colorer de sophismes subtils ses passions et ses préjugés, et à donner à l'erreur un certain tour à la mode selon les maximes du jour. Il n'est point nécessaire de connaître le caractère des gens, mais seulement leurs intérêts, pour deviner à peu près ce qu'ils diront de chaque chose.
  • Concernant le grand monde.
  • Julie ou La nouvelle Héloïse (1761), Jean-Jacques Rousseau, éd. Garnier-Flammarion, coll. « GF Flammarion », 1967  (ISBN 2-08-070148-7), partie II, Lettre XIV à Julie, p. 164


Avoir un carrosse, un suisse, un maître d'hôtel, c'est être comme tout le monde. Pour être comme tout le monde, il faut être comme très peu de gens. Ceux qui vont à pied ne sont pas du monde ; ce sont des bourgeois, des hommes du peuple, des gens de l'autre monde ; et l'on dirait qu'un carrosse n'est pas tant nécessaire pour se conduire que pour exister. Il y a comme cela une poignée d'impertinents qui ne comptent qu'eux dans tout l'univers, et ne valent guère la peine qu'on les compte, si ce n'est pour le mal qu'ils font. C'est pour eux uniquement que sont faits les spectacles ; ils s'y montrent à la fois comme représentés au milieu du théâtre, et comme représentants aux deux côtés ; ils sont personnages sur la scène, et comédiens sur les bancs. C'est ainsi que la sphère du monde et des auteurs se rétrécit ; c'est ainsi que la scène moderne ne quitte plus son ennuyeuse dignité : on n'y sait plus montrer les hommes qu'en habit doré. Vous diriez que la France n'est peuplée que de comtes et de chevaliers ; et plus le peuple y est misérable et gueux, plus le tableau du peuple y est brillant et magnifique. Cela fait qu'en peignant le ridicule des états qui servent d'exemple aux autres, on le répand plutôt que de l'éteindre, et que le peuple, toujours singe et imitateur des riches, va moins au théâtre pour rire de leurs folies que pour les étudier, et devenir encore plus fous qu'eux en les imitant. Voilà de quoi fut cause Molière lui-même ; il corrigea la cour en infectant la ville : et ses ridicules marquis furent le premier modèle des petits-maîtres bourgeois qui leur succédèrent.
  • Concernant l'emprise de la grande société sur la représentation théâtrale.
  • Julie ou La nouvelle Héloïse (1761), Jean-Jacques Rousseau, éd. Garnier-Flammarion, coll. « GF Flammarion », 1967  (ISBN 2-08-070148-7), partie II, Lettre XVII à Julie, p. 179


Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerre, de meurtres, que de misères et d'horreurs n’eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux, ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : « Gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n’est à personne ».
  • Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, (1761), Jean-Jacques Rousseau, éd. Gallimard, 1965, p. 87


Jean-Jacques Rousseau, 1845[modifier]

J'ai toujours remarqué que les gens faux sont sobres, et la grande réserve de la table annonce assez souvent des mœurs feintes et des âmes doubles.


Émile Zola, 1906[modifier]

… mais à coup sûr, dans les autres contrées où j’ai vécu, le paysan est généralement muet, très prudent et très réfléchi ; le travail de la terre l’a rapproché de la bête, qui est maladroite de sa langue et qui n’aime pas à s’en servir.
  • Œuvres critiques, Émile Zola, éd. Charpentier, 1906, p. 424


André Breton, 1919[modifier]

<poem>Le développement de l'individu reproduit celui de l'espèce. Les gens regardent ces métamorphoses sans les comprendre et baptisent contradictions les fruits d'une logique supérieure.
  • Cette citation provient d'une revue dirigée par André Breton lui-même. Elle expose les propos critiques de Louis Aragon dans une rubrique qu'il lui avait été attribuée dans ce numéro. Il avait choisi notamment de commenter le recueil de poésie Mont de Piété dont Breton était l'auteur.
  • « Livres Choisis, André Breton — Mont de Piété », Louis Aragon, Littérature, nº 8, Octobre 1919, p. 28


Coluche, 1989[modifier]

Les gens gueulent : « j'ai voté pour celui-là, et au lieu de mettre de l'argent dans les écoles, il met de l'argent dans les prisons ». Si y'a une chose de sûre, quand on est ministre, c'est qu'on retournera pas à l'école, tandis qu'en prison, faut voir…
  • La politique, Coluche, album Coluche : l’intégrale, vol. 3, 1989 chez Carrère.


Paul Auster, 1993[modifier]

L'un dans l'autre, il existe quelque cent trente modèles réduits de la statue de la Liberté, érigés dans des lieux publics d'un bout à l'autre de l'Amérique. […] A la différence du drapeau, qui a tendance à diviser les gens autant qu'à les unir, la statue est un symbole qui ne suscite aucune controverse. Si de nombreux Américains sont fiers de leur drapeau, de nombreux autres en sont honteux, et pour chaque personne qui le considère comme un objet sacré il y en a une qui aimerait cracher dessus, ou le brûler, ou le traîner dans la boue. La statue de la Liberté n'est pas atteinte par de tels conflits. Depuis cent ans, transcendant la politique et les idéologies, elle se dresse au seuil de notre pays comme un emblème de ce qu'il y a de bon en nous.
  • Leviathan, Paul Auster (trad. Christine Le Bœuf), éd. Le livre de Poche, 1993, p. 280


Noam Chomsky, 2003[modifier]

Les scribes des discours de Bush ont concocté cet « Axe du mal » parce que le « mal » fait peur aux gens et que « l'axe » rappelle les nazis.
  • Pouvoir et Terreur, entretiens après le 11 septembre (2003), Noam Chomsky (trad. Guy Ducornet), éd. Le Serpent à plumes, 2003, p. 134


Noam Chomsky, 2006[modifier]

Simplement jamais personne aux États-Unis ne les lit [les documents publics ayant trait à l'armement des militaires Chiliens par le Pentagone], parce que les médias et les intellectuels sont trop disciplinés, tandis que les gens ordinaires n'ont pas le temps d'aller lire les documents du Pentagone et de réaliser ce qui s'est passé.
  • Comprendre le pouvoir, premier mouvement, Noam Chomsky (propos mis en livre par Peter R. Mitchell et John Schoeffel) (trad. Thierry Vanès), éd. éditions Aden, 2006, p. 25


Uli Windish, 2009[modifier]

Parmi les gens qui votent UDC, il y a certes quelques fanatiques exaltés, mais surtout des gens qui ont en marre. Quelqu'un de gauche ou qui n'était pas UDC ne se met pas à voter UDC du jour au lendemain. Il faut qu'il en ait ras la patate. On ne s'occupe pas de ces gens, on n'essaie pas de comprendre ce qu'ils vivent.


Gilbert Keith Chesterton, 2015[modifier]

Ce que nous observons à propos de l'ensemble de la culture courante du journalisme et de ce qui se discute en général, c'est que les gens ne savent pas encore comment commencer à penser. Non seulement leur pensée n'est que de troisième ou quatrième main, mais elle démarre toujours aux trois quarts du processus.