Le Hussard sur le toit

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Le Hussard sur le toit est un roman d'aventures écrit par l'écrivain français Jean Giono, publié initialement en novembre 1951 aux éditions Gallimard. Il fait partie du « Cycle du Hussard ». L'intrigue suit un colonel de hussards qui traverse la Provence en proie à une épidémie de choléra. L'œuvre a été adaptée au cinéma en 1995.

Citations[modifier]

L'aube surprit Angelo béat et muet mais réveillé. La hauteur de la colline l'avait préservé du peu de rosée qui tombe dans ces pays en été. Il bouchonna son cheval avec une poignée de bruyère et roula son porte-manteau.

Les oiseaux s'éveillaient dans le vallon où il descendit. Il ne faisait pas frais même dans les profondeurs encore couvertes des ténèbres de la nuit. le ciel était entièrement éclairé d'élancements de lumière grise. Enfin, le soleil rouge, tout écrasé dans de longues herbes de nuages sombres émergea des forêts.

  • Incipit
  • Le Hussard sur le toit (1951), Jean Giono, éd. Gallimard, coll. « nrf », 1995  (ISBN 2-07-022826-6), p. 11


Il était de ces hommes qui ont vingt-cinq ans pendant cinquante ans. Son âme ne comprenait pas tout le sérieux du social, et qu’il est important d’être en place, ou tout au moins du parti qui distribue les places. Il voyait toujours la liberté comme les croyants voient la Vierge.

  • Le Hussard sur le toit (1977), Jean Giono, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1993  (ISBN 2-07-010882-1), t. IV, chap. VI, p. 340


La lettre était datée de juin et disait : « Mon bel enfant, as-tu trouvé des chimères ? Le marin que tu m’as envoyé m'a dit que tu étais imprudent. Cela m'a rassurée. Sois toujours très imprudent, mon petit, c'est la seule façon d’avoir un peu de plaisir à vivre dans notre époque de manufactures. »

  • Lettre de la mère d'Angelo à son fils
  • Le Hussard sur le toit (1977), Jean Giono, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1993  (ISBN 2-07-010882-1), t. IV, chap. IX, p. 436


J'ai peur que tu ne fasses pas de folies. Cela n'empêche ni la gravité, ni la mélancolie, ni la solitude : ces trois gourmandises de ton caractère. Tu peux être grave et fou, qui empêche ? Tu peux être tout ce que tu veux et fou en surplus, mais il faut être fou, mon enfant. Regarde autour de toi le nombre sans cesse grandissant de gens qui se prennent au sérieux. Outre qu'ils se donnent un ridicule irrémédiable devant les esprits semblables au mien, ils se font une vie dangereusement constipée. Ils sont exactement comme si, à la fois, ils se bourraient de tripes qui relâchent et de nèfles du Japon qui resserrent. Ils gonflent, gonflent, puis ils éclatent et ça sent mauvais pour tout le monde.

  • Lettre de la mère d'Angelo à son fils
  • Le Hussard sur le toit (1977), Jean Giono, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1993  (ISBN 2-07-010882-1), t. IV, chap. IX, p. 437, 438


Ils quittèrent la route et pénétrèrent dans le sous-bois. Le sol était souple et recouvert de feuilles craquantes. Ils choisirent un grand hêtre sur le bord du vallon et ils se mirent à son couvert. Ils avaient à hauteur de visage un grand morceau de ciel caillé ; le bord de chaque nuage pétillait comme du sel ; bas sur l'horizon de montagnes noires, quelques étoiles luisaient, voilées et confidentielles ; du vallon boisé qui se creusait à leurs pieds émergeaient les hautes ramures gelées de lune, comme d’un lac qui se sèche resurgissent les forêts englouties. L'air était tiède et sans mouvement. Seule, dans le ciel, la montée lente des nuages animait la nuit et faisait s’ouvrir et se refermer sur les bois un éventail d'ombres et de lumières.

  • Le Hussard sur le toit (1977), Jean Giono, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1993  (ISBN 2-07-010882-1), t. IV, chap. XII, p. 580


Du haut d'un tertre ils aperçurent le dessus de la grande forêt qu'ils étaient en train de traverser. Elle était fourrée comme une peau de mouton. Elle couvrait un pays bossu, bleu sombre, sans grand espoir. Les arbres se réjouissaient égoïstement de la pluie proche. Ces vastes étendues végétales qui menaient une vie bien organisée et parfaitement indifférente à tout ce qui n’était pas leur intérêt immédiat étaient aussi effrayantes que le choléra.

  • Le Hussard sur le toit (1977), Jean Giono, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1993  (ISBN 2-07-010882-1), t. IV, chap. XII, p. 583


Mais outre ces conclusions radicales, la mélancolie fait d’une certaine société une assemblée de morts-vivants, un cimetière de surface, si on peut dire ; elle enlève l’appétit, le goût, noue les aiguillettes, éteint les lampes et même le soleil et donne au surplus ce qu’on pourrait appeler un délire de l’inutilité qui s’accorde parfaitement d’ailleurs avec toutes les carences sus-indiquées et qui, s'il n’est pas directement contagieux dans le sens que nous donnons inconsciemment à ce mot, pousse toutefois les mélancoliques à des démesures de néant qui peuvent fort bien empuantir, désœuvrer et, par conséquent, faire périr tout un pays.

  • Le Hussard sur le toit (1977), Jean Giono, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1993  (ISBN 2-07-010882-1), t. IV, chap. XIII, p. 607


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