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L'Histoire sans fin (roman)

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Sculpture représentant la tortue Morla, personnage de L'Histoire sans fin, dans le Michael-Ende-Kurpark à Garmisch-Partenkirchen, en Allemagne.

L'Histoire sans fin (en allemand Die unendliche Geschichte) est un roman de fantasy publié par l'écrivain allemand Michael Ende en 1979. Il relate l'aventure d'un jeune garçon, Batien Balthazar Bux, qui vole dans une librairie un livre intitulé L'Histoire sans fin et se cache pour le lire. Mais au fil de sa lecture, il se trouve lui-même impliqué dans la quête entreprise par le héros Atréju pour sauver le Pays Fantastique dévoré par le Néant.

Citations

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— Je m'appelle Bastien, répondit l'enfant. Bastien Balthazar Bux.
— Un bien curieux nom, grogna l'homme, avec ses trois B. Mais après tout, tu n'y peux rien, ce n'est pas toi qui t'es baptisé. Moi, je m'appelle Karl Konrad Koreander.
— Ça fait trois K, dit l'enfant d'un ton sérieux.
— Hum, grommela le vieil homme, exact !
Il projeta en l'air quelques petits nuages de fumée.

  • L'Histoire sans fin, Michael Ende (trad. Dominique Autrand), éd. Stock, coll. « Livre de poche », 1984  (ISBN 2-253-03598-X), Prologue, p. 10


Je voudrais bien savoir, se dit-il, ce qui se passe réellement dans un livre, tant qu'il est fermé. Il n'y a là, bien sûr, que des lettres imprimées sur du papier, et pourtant — il doit bien se passer quelque chose puisque, quand je l'ouvre, une histoire entière est là d'un seul coup. Il y a des personnages que je ne connais pas encore, et il y a toutes les aventures, tous les exploits et tous les combats possibles — parfois surviennent des tempêtes, ou bien on se retrouve dans des villes et des pays étrangers. Tout cela est d'une façon ou d'une autre à l'intérieur du livre. Il faut le lire pour le faire vivre, c'est évident. Mais c'est déjà dans le livre, à l'avance. Je voudrais bien savoir comment.
  • L'Histoire sans fin, Michael Ende (trad. Dominique Autrand), éd. Stock, coll. « Livre de poche », 1984  (ISBN 2-253-03598-X), Prologue, p. 20


Un géant, qui paraissait entièrement constitué de pierre grise, était étendu sur le ventre, de tout son long, et il ne mesurait pas moins de dix pieds. Le buste soulevé, en appui sur ses coudes, il regardait le feu. Dans son visage de pierre, altéré par les intempéries et qui paraissait singulièrement petit au-dessus des puissantes épaules, la denture saillait comme une rangée de burins d’acier. Le feu follet reconnut en lui un représentant de la race des Mange-Pierre. C’étaient des êtres qui vivaient dans une montagne, à une distance inimaginable de la forêt de Haule — cette montagne, ils ne se contentaient d’ailleurs pas d’y vivre, ils en vivaient, car ils la mangeaient petit à petit. Ils étaient heureusement d’une nature très frugale et pouvaient subsister des semaines et des mois avec une seule bouchée de cette nourriture, pour eux extrêmement substantielle.
  • Description des Mange-Pierre, peuple du Pays Fantastique.
  • L'Histoire sans fin, Michael Ende (trad. Dominique Autrand), éd. Stock, coll. « Livre de poche », 1984  (ISBN 2-253-03598-X), chap. 1, p. 24


 Tout a commencé, donc, par la disparition, un beau jour, du lac de Bouille-Brume — plus de lac, tout simplement, vous comprenez ?
— Voulez-vous dire, demanda Uckück, qu'il s'est asséché ?
— Non, expliqua le feu follet, si c'était le cas il y aurait aujourd'hui à cet emplacement un lac asséché. Mais il n'en est rien. Là où se trouvait le lac, il n'y a maintenant plus rien du tout — absolument plus rien, vous comprenez ?
— Un trou ? grogna le Mange-Pierre.
— Non, pas de trou non plus » — le feu follet perdait son aplomb à vue d'œil — « un trou, c'est tout de même quelque chose. Mais là-bas, il n'y a plus rien. »

  • Un feu follet, habitant du Pays Fantastique, décrit les effets du Néant.
  • L'Histoire sans fin, Michael Ende (trad. Dominique Autrand), éd. Stock, coll. « Livre de poche », 1984  (ISBN 2-253-03598-X), chap. 1, p. 28-29


Mais cela est une autre histoire, qui sera contée une autre fois.
  • (de) Aber das ist eine andere Geschichte und soll ein andermal erzählt werden.
  • Phrase qui apparaît plusieurs fois dans le livre.
  • (de) L'Histoire sans fin, Michael Ende (trad. Dominique Autrand), éd. Stock, coll. « Livre de poche », 1984  (ISBN 2-253-03598-X), chap. 1, p. 38


Il n'avait aucun goût pour les livres qui racontent sur un ton maussade et pessimiste les événements ordinaires de la vie ordinaire menés par des gens ordinaires. De l'ordinaire, il y en avait bien assez dans la réalité, alors pourquoi aurait-il dû aller encore en chercher dans les livres ? D'ailleurs, il avait horreur de se rendre compte qu'on voulait l'amener à quelque chose. Et dans ce genre de livres, il fallait toujours que, d'une manière ou d'une autre, on vous amène à quelque chose.
  • Goûts de Bastien en matière de lecture.
  • L'Histoire sans fin, Michael Ende (trad. Dominique Autrand), éd. Stock, coll. « Livre de poche », 1984  (ISBN 2-253-03598-X), chap. 2, p. 32


AURYN te donnera un grand pouvoir, dit-il d'une voix solennelle, mais tu n'as pas le droit de t'en servir. Car la Petite Impératrice non plus ne fait jamais usage de son pouvoir. AURYN te protègera et te guidera, mais tu ne dois jamais intervenir, quoi que tu sois amené à voir, car à partir de cet instant ta propre opinion n'a plus la moindre valeur. C'est pour cela que tu dois partir sans armes. Tu dois laisser les choses se passer comme elles se passeront. Tout devra avoir à tes yeux la même valeur, le mauvais et le bon, le beau et le laid, le fou et le sage, de même que tout cela a la même valeur pour la Petite Impératrice. Tu dois seulement chercher et interroger, sans rien juger d'après ton propre jugement. N'oublie jamais cela, Atréju !
  • Le centaure médecin Cairon remet AURYN, le talisman de la Petite Impératrice, à Atréju.
  • L'Histoire sans fin, Michael Ende (trad. Dominique Autrand), éd. Stock, coll. « Livre de poche », 1984  (ISBN 2-253-03598-X), chap. 2, p. 54


Plus rien n'a d'importance pour nous. Tout est égal, absolument égal.
  • La vénérable Morla.
  • L'Histoire sans fin, Michael Ende (trad. Dominique Autrand), éd. Stock, coll. « Livre de poche », 1984  (ISBN 2-253-03598-X), chap. 3, p. 73


Il vaut mieux pour un chasseur
Succomber dans les Marais
car au pays des Montagnes Mortes
Il y a cet Abîme sans fond
où demeure Ygramul, la Multiple,
la plus terrible des terreurs…

  • Chanson du peuple d'Atréju au sujet d'Ygramul.
  • L'Histoire sans fin, Michael Ende (trad. Dominique Autrand), éd. Stock, coll. « Livre de poche », 1984  (ISBN 2-253-03598-X), chap. 4, p. 80


Les Dragons de la Fortune sont parmi les animaux les plus rares du Pays Fantastique. Ils n'ont aucune ressemblance avec les Dragons communs ou Chimères qui, tels des serpents gigantesques et répugnants, habitent dans de profondes grottes, dégagent une odeur pestilentielle et gardent on ne sait quels trésors réels ou prétendus. Ces créatures du chaos sont généralement d'un caractère méchant ou hargneux, elles ont des ailes un peu comme celles des chauve-souris, qui leur permettent de s'élever bruyamment et gauchement dans les airs, elles crachent aussi du feu et de la fumée. Les Dragons de la Fortune sont au contraire des créatures de l'air et de la chaleur, des créatures d'une joie exubérante et, malgré leur taille considérable, aussi légères que des nuages d'été. Aussi n'ont-elles pas besoin d'ailes pour voler. Elles nagent dans l'air du ciel comme des poissons dans l'eau. Vues de la terre, on dirait des éclairs très ralentis.
  • L'Histoire sans fin, Michael Ende (trad. Dominique Autrand), éd. Stock, coll. « Livre de poche », 1984  (ISBN 2-253-03598-X), chap. 4, p. 84


Si tu veux m'interroger,
parle-moi en vers et fais-les rimer,
car ce qu'on me dit autrement,
nullement ne le comprends…

  • Uyulala, l'Oracle du Sud, à Atréju.
  • L'Histoire sans fin, Michael Ende (trad. Dominique Autrand), éd. Stock, coll. « Livre de poche », 1984  (ISBN 2-253-03598-X), chap. 7, p. 128


Tu me demandes ce que tu seras là-bas ? Mais qu'es-tu donc ici ? Qui êtes-vous donc, vous, les créatures du Pays Fantastique ? Vous êtes des fictions, des chimères au Royaume de la Poésie, des personnages dans une histoire sans fin ! Te considères-tu toi-même comme réel, gamin ? D'accord, ici, dans ton univers, tu l'es. Mais si tu traverses le néant, tu ne le seras plus. Tu deviendras méconnaissable. Tu seras dans un autre monde. Là-bas, vous n'avez plus aucune ressemblance avec vous-mêmes. Vous apportez l'illusion et l'aveuglement dans le monde des hommes.
  • Gmork, la créature d'ombre, à Atréju.
  • L'Histoire sans fin, Michael Ende (trad. Dominique Autrand), éd. Stock, coll. « Livre de poche », 1984  (ISBN 2-253-03598-X), chap. 9, p. 170


Il existe deux chemins pour franchir la frontière qui sépare le Pays Fantastique du monde des hommes, le bon et le faux. Le faux, c'est celui qu'empruntent les êtres du Pays Fantastique quand ils sont entraînés de l'autre côté de cette horrible manière [en tombant dans le néant]. En revanche, quand les enfants des hommes viennent dans notre monde, c'est par le bon chemin. Tous ceux qui ont séjourné parmi nous ont vécu quelque chose qu'ils ne pouvaient vivre qu'ici et quand ils sont retournés chez eux ils n'étaient plus les mêmes. Ils avaient appris à voir, parce qu'ils nous avaient vus sous notre forme véritable. Si bien qu'ils étaient aussi capables de voir leur propre monde et leurs congénères avec d'autres yeux. Là où ils n'avaient aperçu autrefois que quotidienneté, ils découvraient tout à coup merveille et mystères.
  • La Petite Impératrice à Atréju.
  • L'Histoire sans fin, Michael Ende (trad. Dominique Autrand), éd. Stock, coll. « Livre de poche », 1984  (ISBN 2-253-03598-X), chap. 11, p. 199


Enfant-Lune, j'arrive !
  • Bastien, à la Petite Impératrice.
  • L'Histoire sans fin, Michael Ende (trad. Dominique Autrand), éd. Stock, coll. « Livre de poche », 1984  (ISBN 2-253-03598-X), chap. 12, p. 224


Les commencements sont toujours sombres.
  • La Petite Impératrice.
  • L'Histoire sans fin, Michael Ende (trad. Dominique Autrand), éd. Stock, coll. « Livre de poche », 1984  (ISBN 2-253-03598-X), chap. 13, p. 229


Bastien considéra longuement les deux serpents, le clair et le foncé, qui se mordaient la queue et formaient un ovale. Puis il retourna le médaillon et, à sa grande surprise, trouva sur le revers une inscription. C'étaient quatre petits mots, dans des caractères curieusement entrelacés :
FAIS
CE QUE
VOUDRAS
  • L'inscription au dos du médaillon AURYN.
  • L'Histoire sans fin, Michael Ende (trad. Dominique Autrand), éd. Stock, coll. « Livre de poche », 1984  (ISBN 2-253-03598-X), chap. 13, p. 234


Je meurs chaque jour quand la nuit tombe et je m'éveille à nouveau au matin.
  • Graograman, à Bastien.
  • L'Histoire sans fin, Michael Ende (trad. Dominique Autrand), éd. Stock, coll. « Livre de poche », 1984  (ISBN 2-253-03598-X), chap. 15, p. 259


Nous, les Eaux de la Vie !
La source, qui d'elle-même jaillit !
Plus vous viendrez y boire,
Plus riche sera son débit.

  • Paroles des Eaux de la Vie.
  • L'Histoire sans fin, Michael Ende (trad. Dominique Autrand), éd. Stock, coll. « Livre de poche », 1984  (ISBN 2-253-03598-X), chap. 26, p. 482


Il y a des hommes qui ne peuvent jamais aller au Pays Fantastique, dit M. Koreander, et il y en a d'autres qui le peuvent mais qui restent là-bas pour toujours. Et puis il y en a aussi quelques-uns qui vont au Pays Fantastique et qui en reviennent. Comme toi. Et ceux-là font beaucoup de bien aux deux univers.
  • L'Histoire sans fin, Michael Ende (trad. Dominique Autrand), éd. Stock, coll. « Livre de poche », 1984  (ISBN 2-253-03598-X), chap. Épilogue, p. 496


Citations sur

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L’Histoire sans fin, de Michael Ende, m’a énormément marquée. C’est peut-être mon premier gros bouquin, qui demandait du temps. On le lit en parallèle avec ma grande sœur, on se partage un seul exemplaire et aucune d’entre nous ne supporte que l’autre l’ait ! On passe notre temps à se le voler, à se cacher pour pouvoir avancer sans que l’autre nous trouve… Le roman m’a marquée aussi en raison de ces conditions de lecture. C’était tellement trépidant.
  • « Alice Zeniter : “Toute mon enfance j’ai lu de tout dans un joyeux bordel” », Julia Vergely, telerama.fr, 3 mars 2019 (lire en ligne)


C’est le premier livre qui me fait me sentir à ma place – je ne sais pas comment l'expliquer : je suis faite pour lire ce livre, ce livre est fait pour être lu par moi. […] La joie, enfant, de découvrir un livre qui paraît fait pour nous, un univers qui nous va mieux que celui dans lequel on est né, je crois que ça dépasse tout. Si j'ai écrit si jeune et sans être impressionnée par la « Littérature » – ça viendra plus tard, avec les études de littérature, justement –, c'est peut-être parce que j'ai rencontré L'Histoire sans fin, un livre qui voulait bien être ma maison.
  • Alice Zeniter : Écrire, c'est le plus drôle de tous les jeux, Alice Zeniter, Richard Gaitet, éd. Arte éditions / Points, 2023  (ISBN 978-2-7578-9724-9), partie I. Au pays des merveilles (made in Normandie), p. 15-16


Liens externes

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