Henri Guaino

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Henri Guaino

Henri Guaino, né le 11 mars 1957 à Arles (Bouches-du-Rhône), est un haut fonctionnaire et homme politique français.

Citations[modifier]

Presse[modifier]

Valeurs Actuelles[modifier]

Mais le plus grand risque est de maintenir en vie la monstrueuse construction juridique, institutionnelle qui broie les États, les démocraties, les peuples sans apporter un surplus ni de puissance, ni de prospérité, ni de culture ; au contraire, l'objectif doit être de tuer le monstre. Nous sommes plongés dans une crise de civilisation, dans laquelle la construction européenne a sa part de responsabilité. Le moment est venu de répondre à la question : dans quelle civilisation voulons-nous vivre ? c'est la question politique majeure.

  • « Tuer le monstre ! », propos recueillis par Yves Roucaute, Valeurs Actuelles, nº 4153, 30 Juin au 6 juillet 2016, p. 91


L'Incorrect[modifier]

La transcendance, qui met Dieu hors de la nature, a fait irruption dans la pensée occidentale par Platon et le christianisme, elle s'est répandue ensuite dans tout l'univers mental de l'Occident, dans les sciences, le droit et l'art. Être croyant ou non ne change rien au fait que la science en Occident est un univers transcendant. À l'inverse, il est étrange de voir aujourd'hui des gens qui s'affirment chrétiens manifester un rejet de la transcendance et de l'universalisme qui lui est consubstantiel pour lui préférer l'immanence qui met Dieu dans la nature. Même si la transcendance n'a pas éliminé l'immanence mais qu'elle l'a recouverte, ce retour du naturalisme pur et dur est à l'opposé de la révolution religieuse et intellectuelle du judéo-christianisme.

  • « Dernières Nouvelles de l'Occident », propos recueillis par Hadrien Desuin, L'Incorrect, nº 19, Avril 2019, p. 70


Camus disait : Nous avons besoin d'une philosophie des limites . Le drame c'est d'avoir perdu de vue ce besoin. Tout ce qui est poussé à l'extrême devient destructeur, meurtrier. La transcendance et l'universalisme aussi. Ce n'est pas une raison pour revenir au grand Tout de la nature, pas plus que l'Inquisition n'est une raison pour rejeter l'Évangile ou la Terreur pour rejeter les Lumières.

  • « Dernières Nouvelles de l'Occident », propos recueillis par Hadrien Desuin, L'Incorrect, nº 19, Avril 2019, p. 70


La limite à l'universalisme transcendant est dans la distinction des plans, le temporel et le spirituel, la cité terrestre et la cité de Dieu, le sentiment et la raison. Au cœur du christianisme, il y a le mystère de la Trinité. Or la Trinité, c'est l'obligation pour l'esprit d'aller de l'universel transcendant de Dieu, vers ce qu'il y a de nature humaine dans le Christ. C'est la dialectique de l'un et du multiple. C'est ce qui distingue le christianisme des autres monothéismes qui concentrent la transcendance en un seul point, ce qui est beaucoup plus dangereux.

  • « Dernières Nouvelles de l'Occident », propos recueillis par Hadrien Desuin, L'Incorrect, nº 19, Avril 2019, p. 70


L'église ne songe plus à convertir par la violence. L'Occident temporel, lui, n'y a pas renoncé : ne s'est-il pas fabriqué pour cela un devoir d'ingérence dans les affaires des autres ? Mais convertir à quoi ? A ces nouvelles religions auxquelles il s'est voué, qui détruisent sa propre civilisation et qui suscitent dans le monde bien des haines contre lui. Toutes ces grandes idées qu'il a poussées trop loin jusqu'à en faire des absolutismes : absolutisme des droits de l'Homme, de la démocratie, du marché, du libre-échange, de la concurrence, de la mondialisation qui sont censés accoucher d'un nouveau monde pour un homme nouveau. On connaît le destin de toutes ces idéologies qui ont prétendu fabriquer un homme nouveau. Ce qui ne rend pas très optimiste sur ce à quoi pourrait ressembler ce nouveau monde.

  • « Dernières Nouvelles de l'Occident », propos recueillis par Hadrien Desuin, L'Incorrect, nº 19, Avril 2019, p. 71


Au cœur de la pensée occidentale, il y a un aller-retour permanent de l'universel au particulier, en passant entre les deux par ce qui nous enracine dans le monde : la civilisation, la nation, la société, la famille. Il y a des gens pour qui la nation ou la société n'existent pas. Pour eux, entre l'Humanité et l'individu qui agit en fonction de ses calculs personnels, il n'y a rien. Et il n'existe pas d'appartenance autre qu'à l'espèce humaine, pas de psychologie collective, de mentalités collectives, d'inconscient collectif...
Cette tendance prend hélas de plus en plus d'importance dans la pensée des élites occidentales, dans la politique, l'économie, les médias, l'enseignement. Elle fait perdre à la pensée occidentale les ancrages qui contribuaient à freiner les dérives tant vers un universalisme éthéré que vers un particularisme relativiste.

  • « Dernières Nouvelles de l'Occident », propos recueillis par Hadrien Desuin, L'Incorrect, nº 19, Avril 2019, p. 71, 72


C'est une civilisation [la civilisation occidentale] de la transcendance mais aussi de l'histoire. La Trinité, c'est aussi la dialectique de l'éternel présent et de l'histoire. L'Histoire ouvre la porte au tragique puisque rien n'est écrit à l'avance, et au progrès. Une des grandes dérives de la pensée contemporaine a été d'occulter la dimension tragique de l'Histoire et de confondre, dans la religion du progressisme, le progrès matériel et le progrès moral et par conséquent de disqualifier les leçons du passé. Ce qui nous ramène à la table rase puisque l'homme, devenant bien meilleur que ses aïeux, ne pourrait plus reproduire leurs fautes et n'aurait plus rien à apprendre d'eux. Mais le progrès matériel ne change pas beaucoup la nature humaine. C'est toujours lorsque l'on commence à croire sérieusement que "ça ne peut plus arriver" que le malheur revient.

  • « Dernières Nouvelles de l'Occident », propos recueillis par Hadrien Desuin, L'Incorrect, nº 19, Avril 2019, p. 72


Nul ne sait à l'avance quel visage, ni quel nom aura ce malheur. Tout comme on ignore qui sera dans quel camp : avant la guerre, rien ne semblait prédestiner Joseph Darnand, soldat le plus décoré de la guerre de 14 et germanophobe, à devenir le chef de la milice ou à l'inverse, Daniel Cordier, militant de l'Action française, Camelot du Roi, à rejoindre la France libre et à devenir dans la Résistance le secrétaire de Jean Moulin. Ce que nous savons en revanche ou que nous devrions savoir, c'est que les sociétés qui sont déchirées et qui souffrent trop, refont toujours leur unité dans la violence sacrificielle. La grande faiblesse des pensées qui nous gouvernent aujourd'hui est leur manque de profondeur historique.

  • « Dernières Nouvelles de l'Occident », propos recueillis par Hadrien Desuin, L'Incorrect, nº 19, Avril 2019, p. 73


Je constate qu'après le désenchantement du monde, L'Occident est passé à sa marchandisation, puis à sa désacralisation totale et qu'il s'oriente vers son ensauvagement, qui se mesure à la remontée de la violence.

  • « Dernières Nouvelles de l'Occident », propos recueillis par Hadrien Desuin, L'Incorrect, nº 19, Avril 2019, p. 73


Limite[modifier]

La Science ne clôt aucun débat, ni scientifique, ni, à fortiori, politique ou moral. La Science, ce n'est pas la Vérité. La Science, c'est une méthode pour s'approcher de la Vérité qui se dérobe sans cesse et que nous n'atteindrons jamais. Et ce qui distingue la Science de l'idéologie, c'est précisément que la Science est réfutable.

  • « Henri Guaino "Si beaucoup de choses changent dans le monde, il y a quelque chose qui ne change pas beaucoup : la nature humaine." », Propos recueillis par Max-Erwann Gastineau, Limite, nº 15, Juillet 2019, p. 52


Pour éviter le dérapage de l'abstraction pure dans laquelle on peut faire entrer le monde par tous les moyens, et la dérive du naturalisme qui conduit à faire de la nature Dieu et à modeler les lois de la société sur celles, impitoyables, de la nature, l'Occident a sans cesse besoin, comme disait Camus, d'une philosophie des limites. Avoir perdu la conscience de cette nécessité est l'une des causes majeures du grand malaise de notre temps.

  • « Henri Guaino "Si beaucoup de choses changent dans le monde, il y a quelque chose qui ne change pas beaucoup : la nature humaine." », Propos recueillis par Max-Erwann Gastineau, Limite, nº 15, Juillet 2019, p. 52


Ce dont je veux faire prendre conscience, c'est que rejeter la transcendance qui met Dieu au-delà de la nature, et qui émancipe l'homme de celle-ci, c'est rejeter l'apport du Christianisme qui nous a éduqués, avec la philosophie grecque, à ce conflit permanent, cette tension entre l'ici-bas et l'idéal, qui est dans le mystère de la Trinité et fonde le génie de l'Occident. Parce que le génie de l'Occident est dialectique et que, à chaque fois qu'il cesse de l'être, la civilisation de l'Occident est menacée de disparaître, emportée par ses propres excès.

  • « Henri Guaino "Si beaucoup de choses changent dans le monde, il y a quelque chose qui ne change pas beaucoup : la nature humaine." », Propos recueillis par Max-Erwann Gastineau, Limite, nº 15, Juillet 2019, p. 54


Soyons clairs : la question religieuse n'est pas dans le champ politique mais la question de la civilisation et de ses racines religieuses l'est. Et elle est aujourd'hui préoccupante. Comment vivre ensemble sans une culture, une morale, un imaginaire commun, sans le ciment de la civilisation, "l'esprit invisible de la cité" ?

  • « Henri Guaino "Si beaucoup de choses changent dans le monde, il y a quelque chose qui ne change pas beaucoup : la nature humaine." », Propos recueillis par Max-Erwann Gastineau, Limite, nº 15, Juillet 2019, p. 54


Distinguer le sentiment et la raison, la croyance et la raison, c'est tout l'effort de la pensée occidentale au moins depuis Saint Augustin. La dérive c'est celle de la croyance qui ne sait plus qu'elle est une croyance, celle de toute technique, de toute science qui ne sait plus qu'elle repose sur une représentation du monde, c'est la dérive de l'idéologie qui ne sait plus qu'elle est une idéologie.

  • « Henri Guaino "Si beaucoup de choses changent dans le monde, il y a quelque chose qui ne change pas beaucoup : la nature humaine." », Propos recueillis par Max-Erwann Gastineau, Limite, nº 15, Juillet 2019, p. 54


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