Germinal (roman)

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Affiche publicitaire pour la parution de Germinal en feuilleton dans le journal Gil Blas, 25 novembre 1884.
Germinal, par Émile Zola. Partie I - Chapitre 1. Enregistrement LibriVox par Françoise.

Germinal est un roman d'Émile Zola publié en 1885. Écrit d'avril 1884 à janvier 1885, le treizième roman de la série des Rougon-Macquart paraît d'abord en feuilleton entre novembre 1884 et février 1885 dans le Gil Blas, l'année de la grande grève des mineurs d'Anzin débutée le 2 mars 1884 et temps fort de l'histoire du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, où l'auteur s'est rendu pour inspirer l'intrigue.

Citations[modifier]

Dans la plaine rase, sous la nuit sans étoiles, d’une obscurité et d’une épaisseur d’encre, un homme suivait seul la grande route de Marchiennes à Montsou, dix kilomètres de pavé coupant tout droit, à travers les champs de betteraves.
  • Première phrase du roman.


On m’a retiré trois fois de là-dedans en morceaux, une fois avec tout le poil roussi, une autre avec de la terre jusque dans le gésier, la troisième avec le ventre gonflé d’eau comme une grenouille… Alors, quand ils ont vu que je ne voulais pas crever, ils m’ont appelé Bonnemort, pour rire.


Et, du village éteint au Voreux qui soufflait, c’était sous les rafales un lent défilé d’ombres, le départ des charbonniers pour le travail, roulant des épaules, embarrassés de leurs bras, qu’ils croisaient sur la poitrine ; tandis que, derrière, le briquet faisait à chacun une bosse. Vêtus de toile mince, ils grelottaient de froid, sans se hâter davantage, débandés le long de la route, avec un piétinement de troupeau.


Le puits avalait des hommes par bouchées de vingt et de trente, et d’un coup de gosier si facile, qu’il semblait ne pas les sentir passer.


Il se retrouvait devant le puits, au milieu de la vaste salle, balayée de courants d’air. Certes, il se croyait brave, et pourtant une émotion désagréable le serrait à la gorge, dans le tonnerre des berlines, les coups sourds des signaux, le beuglement étouffé du porte-voix, en face du vol continu de ces câbles, déroulés et enroulés à toute vapeur par les bobines de la machine. Les cages montaient, descendaient avec leur glissement de bête de nuit, engouffraient toujours des hommes, que la gueule du trou semblait boire.


Depuis un instant, un bruit sourd l’inquiétait, le bruit lointain d’un orage dont la violence semblait croître et venir des entrailles de la terre. Était-ce le tonnerre d’un éboulement, écrasant sur leurs têtes la masse énorme qui les séparait du jour ? Une clarté perça la nuit, il sentit trembler le roc ; et, lorsqu’il se fut rangé le long du mur, comme les camarades, il vit passer contre sa face un gros cheval blanc, attelé à un train de berlines.


Le puits dévorateur avait avalé sa ration quotidienne d’hommes, près de sept cents ouvriers, qui besognaient à cette heure dans cette fourmilière géante, trouant la terre de toutes parts, la criblant ainsi qu’un vieux bois piqué des vers. Et, au milieu du silence lourd, de l’écrasement des couches profondes, on aurait pu, l’oreille collée à la roche, entendre le branle de ces insectes humains en marche, depuis le vol du câble qui montait et descendait la cage d’extraction, jusqu’à la morsure des outils entamant la houille, au fond des chantiers d’abattage.


On payait régulièrement pendant des quinzaines. Mais, un jour, on se mettait en retard, et c’était fini, ça ne se rattrapait jamais plus. Le trou se creusait, les hommes se dégoûtaient du travail, qui ne leur permettait seulement pas de s’acquitter. Va te faire fiche ! on était dans le pétrin jusqu’à la mort.


Tout est si cher ! reprit madame Rasseneur, qui était entrée et qui écoutait d’un air sombre, comme grandie dans son éternelle robe noire. Si je vous disais que j’ai payé les œufs vingt-deux sous… Il faudra que ça pète.


L’exaspération croissait, une exaspération de peuple calme, un murmure grondant d’orage, sans violence de gestes, terrible au-dessus de cette masse lourde. Quelques têtes sachant compter avaient fait le calcul, et les deux centimes gagnés par la Compagnie sur les bois, circulaient, exaltaient les crânes les plus durs. Mais c’était surtout l’enragement de cette paie désastreuse, la révolte de la faim, contre le chômage et les amendes. Déjà on ne mangeait plus, qu’allait-on devenir, si l’on baissait encore les salaires ?


Il se raillait de ses illusions de néophyte, de son rêve religieux d’une cité où la justice allait régner bientôt, entre les hommes devenus frères. Un bon moyen vraiment, se croiser les bras et attendre, si l’on voulait voir les hommes se manger entre eux jusqu’à la fin du monde, comme des loups. Non ! il fallait s’en mêler, autrement l’injustice serait éternelle, toujours les riches suceraient le sang des pauvres.
  • Réflexions d'Étienne.


Nous saurons lequel ils entendent suivre, de moi, qu’ils connaissent depuis trente ans, ou de toi, qui as tout bouleversé chez nous, en moins d’une année…
  • Rasseneur, à Étienne


Le brigand est le vrai héros, le vengeur populaire, le révolutionnaire en action, sans phrases puisées dans les livres. Il faut qu’une série d’effroyables attentats épouvantent les puissants et réveillent le peuple.
  • Souvarine


Des hommes poussaient, une armée noire, vengeresse, qui germait lentement dans les sillons, grandissant pour les récoltes du siècle futur, et dont la germination allait faire bientôt éclater la terre.
  • Dernière phrase du roman.


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