Fouad Laroui
Apparence
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Fouad Laroui (en arabe : فؤاد العروي), né le à Oujda (Maroc), est un ingénieur, économiste, professeur de littérature, romancier et poète maroco-néerlandais. Il écrit en français.
Citations
[modifier]Le jour où le nain cessa de parler, 2001
[modifier]La meilleure façon d'attraper les choses, ce sont les mots !
- « Le jour où le nain cessa de parler », Fouad Laroui, dans Une enfance outremer, Leïla Sebbar, éd. Seuil, 2001 (ISBN 2-02-042625-0), p. 154 (lire en ligne)
Les tribulations du dernier Sijilmassi, 2014
[modifier]À travers le hublot, l'univers se signalait par la couleur bleue, lacérée parfois de blanc translucide, mais aurait-il été niellé de mauve ou d'or que cela n'aurait pas changé grand-chose, car ce n'était pas la nature qui était en jeu mais plutôt l'histoire des hommes, la distribution de l'espèce à travers la planète. Ça tombait bien : la planète, elle s'offrait nue, de l'autre côté du hublot. C'était sans doute cela qui avait déclenché les cogitations de notre héros : hors la Terre, libéré de la gravité, sans contact avec le plancher des vaches, il était un pur esprit. Et ce pur esprit venait de comprendre qu'il y avait quelque chose d'indigne dans cette translation affairée d'un corps humain le long d'une géodésique du monde.
- Les tribulations du dernier Sijilmassi (2014), Fouad Laroui, éd. Pocket, 2016 (ISBN 978-2-266-25868-5), chap. 1. Au-dessus de la mer d'Andaman, p. 9 (lire en ligne)
Adam se rendit compte que son grand-père n'avait jamais dépassé la vitesse du cheval lancé au galop dans la plaine des Doukkala – et ce galop-là contenait en lui toute toute la noblesse qu'un homme peut désirer. Entre la sagesse immobile du hadj et la course altière du pur-sang s'esquissait tous les mouvements qui peuvent nous occuper ici-bas, le temps bref d'une vie, sans laisser sur terre d'autres trace qu'un peu d'affection dans le cœur des hommes – et pas ces souillures que laissent dans l'air ces engins qu'on appelle des Boeings, qui ne meurent jamais puisqu'on en voit des centaines alignés au fond d'un désert de l'Arizona, s'endormant dans un rêve sans fin.
- Les tribulations du dernier Sijilmassi, Fouad Laroui, éd. Julliard, 2014 (ISBN 978-2-260-02141-4), chap. 1. Au-dessus de la mer d'Andaman, p. 11-12
Lui, Adam, était le premier de la lignée à atteindre des vitesses absurdes – et pour quoi faire, vains dieux ? Vendre du bitume, acheter de l'acide sulfurique, penser à la commission de l'agent indien. Misère ! On appelle cela le progrès –« marche avant, avancée » ; mais à quelle allure ? Faut-il qu'elle soit celle du Boeing ?
- Les tribulations du dernier Sijilmassi, Fouad Laroui, éd. Julliard, 2014 (ISBN 978-2-260-02141-4), chap. 1. Au-dessus de la mer d'Andaman, p. 12
Si quelque chose est logique, alors cette chose ne peut pas être autrement, c’est exclu, c’est même inimaginable. On ne peut même pas penser son contraire.
- Les tribulations du dernier Sijilmassi (2014), Fouad Laroui, éd. Pocket, 2016 (ISBN 978-2-266-25868-5), chap. 8. Des souris et des hommes, p. 62 (lire en ligne)
En même temps (en même temps que cette espèce de vague de dérision qui montait en lui), Adam ressentait autre chose – il n'était pas insensible à ce beau corps, bien en chair, qu'on devinait à travers la djellaba de fin tissu. Et comme elle se penchait maintenant sur lui, en un mouvement si vif qu'il ne pouvait être que prémédité, il vit dans l'échancrure du vêtement la naissance de la poitrine. Du pur albâtre. J'unis un cœur de neige à la blancheur des cygnes. Il se dit qu'il aimait bien sa femme (ou était-ce « le corps de sa femme » ? Était-ce la même chose ? (Ne sommes-nous que des corps ?)). Il ne voulait pas la perdre. (« Il ne voulait pas… » ; mais quelle était, exactement, la force de cette volonté, qui s'exprimait par la négative ? Sa « volition » (n'est-ce pas comme cela qu'on disait, dans les livres de philosophie ?) oscillait entre le vide, le néant et un
sentiment tellement ténu qu'il n'était peut-être qu'une illusion.)
- Les tribulations du dernier Sijilmassi (2014), Fouad Laroui, éd. Pocket, 2016 (ISBN 978-2-266-25868-5), chap. 9. Séance houleuse au Parlement, p. 67 (lire en ligne)
L'Oued et le Consul, 2015
[modifier]Le café refroidit et l'ange tout entière – ne me contestez pas cet accord – se ramasse en un point (elle est prostrée maintenant et je suis le seul à voir ce scandale) et c'est toute la singularité du monde en ce point exprimée : l'infini du chagrin individuel, l'intimation de la mort toujours prochaine, la vanité des vanités –cette femme me dit quelque chose– je ne sais pas quoi – peut-être me parle-t-elle d'elle même, peut-être me parle-t-elle de la moitié du monde, si souvent méprisée, opprimée
- L'Oued et le consul, Fouad Laroui, éd. Flammarion, 2015 (ISBN 978-2-0813-6639-8), chap. Tu n'as rien compris à Hassan II, p. 57
Pour moi, mon regret le plus vif fut d'avoir laissé à la cruauté des autres libre cours dans mon cœur. Parfois il m'est aussi arrivé de maudire Yseut la blonde d'avoir caché de ses cheveux d'or l'autre moitié du monde et toute sa diversité.
- L'Oued et le consul, Fouad Laroui, éd. Flammarion, 2015 (ISBN 978-2-0813-6639-8), chap. Khadija aux cheveux noirs, p. 62
La ville s'éveille bientôt. C'est un volcan. Un grondement bourdonne, sur un fond de basse, comme si du fond d'une basse-fosse débordait le grondement d'un géant dérangé. Titans, forge immense, monstres haletants, ce sont des images de cauchemar qui m'accueillent au seuil d'un jour nouveau. Le beau pressentiment ! Casa, c'est mon Etna, c'est mon Vésuve des éruptions. Le bruit s'empare de moi, c'est peut-être lui qui fait le café, le chat le boit, mes oreilles saignent.
- L'Oued et le consul, Fouad Laroui, éd. Flammarion, 2015 (ISBN 978-2-0813-6639-8), chap. Stridences et Ululations, p. 63-64
C'est du crescendo catastrophique, l'ennemi meurt des vibrations. La bombe acoustique, le décibel qui tue, la place chavire et s'écroule dans un boucan assourdissant.
- Description du bruit quotidien à Casablanca.
- L'Oued et le consul, Fouad Laroui, éd. Flammarion, 2015 (ISBN 978-2-0813-6639-8), chap. Stridences et Ululations, p. 67
Nous étions assis sur la poutre, derrière les W.C, un endroit propice à la méditation métaphysique.
- L'Oued et le consul, Fouad Laroui, éd. Flammarion, 2015 (ISBN 978-2-0813-6639-8), chap. Jay ou l'invention de Dieu, p. 81
[Nous] regardions ce spectacle désolant, cette crucifixion de silice et de cristaux : Dieu muni d'une branche de palmier s'effaça lui-même du bac, méthodiquement, en nous tournant le dos. Des théologiens affirment que cela n'est pas possible, que cette liberté-là échappe même à Dieu, qu'il ne peut pas se retirer du monde. Eh bien, ce truc impossible, je l'ai vu, de mes yeux vu, au milieu de la cour.
- Tout dépend de qui on appelle Dieu.
- L'Oued et le consul, Fouad Laroui, éd. Flammarion, 2015 (ISBN 978-2-0813-6639-8), chap. Jay ou l'invention de Dieu, p. 85