E. R. Dodds

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E. R. Dodds (1949).

E. R. Dodds (1893-1979) est un philologue classique irlandais.

Les Grecs et l’Irrationnel (The Greeks and the Irrational), 1951[modifier]

Si la vérité est inaccessible, les erreurs de l’avenir sont encore préférables aux erreurs du passé ; car l’erreur en science n’est qu’un autre nom pour l’approximation progressive de la vérité.
  • Les Grecs et l’Irrationnel (1951), E. R. Dodds (trad. Michael Gibson), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1977  (ISBN 2-08-081028-6), partie Préface, p. 9


Ce que Jacob Burckhardt dit de la religion au XIXe siècle, « le rationalisme pour le petit nombre, la magie pour les masses, » pourrait en somme se dire aussi de la religion grecque à partir du Ve siècle. Grâce à l’Aufklärung et à l’absence de l’enseignement universel, le divorce entre les croyances du « petit nombre » et celles des masses devint absolu — au dam des uns comme des autres. Platon est presque le dernier intellectuel grec qui semble avoir de véritables racines dans la société ; ses successeurs, à peu d’exceptions près, donnent l’impression d’exister à côté de la société plutôt qu’en elle. Ce sont des sapientes d’abord, ensuite seulement des citoyens, ou même pas du tout ; et leur contact avec les réalités sociales contemporaines est proportionnellement vague. Ce fait est notoire.
  • L’Aufklärung désigne ici le rationalisme grec.
  • Les Grecs et l’Irrationnel (1951), E. R. Dodds (trad. Michael Gibson), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1977  (ISBN 2-08-081028-6), chap. VI. Rationalisme et réaction à l’époque classique, p. 192


Quand les anciens dieux se retirent, leurs trônes béants appellent un successeur ; aussi, avec un minimum d’organisation et même sans organisation du tout, à peu près n’importe quelle carcasse périssable peut être hissée sur le siège vacant. Pour autant qu’ils aient une portée religieuse pour l’individu, le culte du gouvernant et ses analogues, anciens et modernes, sont avant tout, je présume, des expressions de dépendance impuissante ; quiconque traite un autre humain comme s’il était un dieu se relègue lui-même, de ce fait, à la position d’un enfant ou d’un animal.
  • Les Grecs et l’Irrationnel (1951), E. R. Dodds (trad. Michael Gibson), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1977  (ISBN 2-08-081028-6), chap. VIII. La Crainte de la liberté, p. 239


   Une société entièrement « ouverte » serait à mon sens celle dans laquelle le comportement serait entièrement déterminé par un choix rationnel entre les alternatives possibles, et dans laquelle l’adaptation serait dans tous les cas consciente et voulue […]. Une telle société n’a jamais existé et n’existera jamais ; mais l’on peut utilement parler de sociétés relativement fermées ou relativement ouvertes, et sur le plan fort général de l’histoire des civilisations il est permis de concevoir l’histoire elle-même comme un mouvement qui tend à s’écarter du premier type pour se rapprocher du second.
  • Les Grecs et l’Irrationnel (1951), E. R. Dodds (trad. Michael Gibson), éd. Flammarion, coll. « Champs », 1977  (ISBN 2-08-081028-6), chap. VIII. La Crainte de la liberté (note 1), p. 253


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