Chimamanda Ngozi Adichie
Apparence

Chimamanda Ngozi Adichie, est une femme de lettres et militante féministe nigériane, , née le 15 septembre 1977 à Enugu au Nigeria.
Citations
[modifier]L'hibiscus pourpre, 2003
[modifier]Papa s'assit à la table et se servit du thé, présenté dans le service en porcelaine avec les fleurs roses sur les bords. J'attendis qu'il nous demande à Jaja et à moi de prendre une gorgée, comme il le faisait toujours. Une gorgée d'amour, l'appelait-il, parce qu'on partage les petites choses qu'on aime avec les gens qu'on aime.
- L'hibiscus pourpre, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2016 (ISBN 978-2-07-046881-2), p. 19
J'ai été souillé par l'échec.
- L'hibiscus pourpre, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2016 (ISBN 978-2-07-046881-2), p. 39
Les gens ont tout le temps le béguin pour les prêtres , tu sais. C'est excitant d'avoir affaire à Dieu en tant que rival.
- L'hibiscus pourpre, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2016 (ISBN 978-2-07-046881-2), p. 220
L'Autre moitié du soleil, 2006
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« Il y a deux réponses aux choses qu’on t’enseignera sur notre pays : la vraie réponse et celle que tu donnes à l’école pour passer. Tu dois lire des livres et apprendre les deux réponses. Je te donnerai des livres, d’excellents livres. » Master s’interrompit pour boire une gorgée de thé. « On t’enseignera qu’un Blanc du nom de Mungo Park a découvert le fleuve Niger. C’est n’importe quoi. Notre peuple pêchait dans le Niger bien avant la naissance du grand-père de Mungo Park. Mais le jour de ton examen, écris que c’est Mungo Park. »
- L’Autre moitié du soleil (2006), Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2017 (ISBN 978-2-07-272247-9), partie I. Le début des années 1960, chap. 1, p. 28
« Si tu ne veux pas m'épouser, nkem, alors faisons un enfant », dit-il. […] Le voilà qui exprimait son désir avant qu'elle ait pu le faire. Elle le regarda avec émerveillement.
C'était ça, l'amour : un enchainement de coïncidences qui prenaient du sens et devenaient des miracles.
- L’Autre moitié du soleil (2006), Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2017 (ISBN 978-2-07-272247-9), partie I. Le début des années 1960, chap. 5, p. 174-175
Tu ne peux pas écrire un scénario dans ta tête et te forcer à le suivre. Il faut que tu arrêtes de te tourmenter.
- L’Autre moitié du soleil (2006), Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2017 (ISBN 978-2-07-272247-9), partie II. La fin des années 1960, chap. 14, p. 263
Tu ne dois jamais te comporter comme si ta vie appartenait à un homme, reprit tantie Ifeka. Ta vie t'appartient, à toi et toi seule, soso gi.
- L’Autre moitié du soleil (2006), Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2017 (ISBN 978-2-07-272247-9), partie III. Le début des années 1960, chap. 20, p. 350
Autour de ton cou, 2009
[modifier]Le danger de l’histoire unique, 2009
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Texte d’une conférence donnée en 2009 (voir « The danger of a single story », sur ted.com).
Le pouvoir est la capacité non pas seulement de raconter l’histoire de quelqu’un d’autre, mais d’en faire l’histoire de référence de cette personne. Le poète palestinien Mourid al-Barghouti écrit que, si l’on veut déposséder un peuple, la façon la plus simple de procéder est de raconter son histoire, et de le faire en commençant par le « deuxièmement. » Commencez par les flèches des Américains autochtones plutôt que par l’arrivée des Britanniques, et vous aurez une histoire entièrement différente. Commencez par la faillite des États africains plutôt que par le découpage colonial de l’Afrique, et vous aurez une histoire entièrement différente.
- Nous sommes tous des féministes, suivi de Le danger de l'histoire unique, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal et Sylvie Schneiter), éd. Gallimard, coll. « Folio 2 euros », 2020 (ISBN 978-2-07-288650-8), p. 65
L’histoire unique crée des stéréotypes, et le problème des stéréotypes n’est pas qu’ils sont inexacts, c’est qu’ils sont incomplets. Ils font qu’une histoire devient la seule histoire.
- Nous sommes tous des féministes, suivi de Le danger de l'histoire unique, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal et Sylvie Schneiter), éd. Gallimard, coll. « Folio 2 euros », 2020 (ISBN 978-2-07-288650-8), p. 67-68
Les histoires comptent. La multitude des histoires compte. Des histoires ont été utilisées pour déposséder et pour calomnier, mais des histoires peuvent aussi servir à reprendre du pouvoir et à humaniser. Des histoires peuvent briser la dignité d’un peuple, mais des histoires peuvent aussi restaurer cette dignité brisée.
- Nous sommes tous des féministes, suivi de Le danger de l'histoire unique, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal et Sylvie Schneiter), éd. Gallimard, coll. « Folio 2 euros », 2020 (ISBN 978-2-07-288650-8), p. 72
Citation choisie pour le 2 novembre 2021.
Lorsque nous rejetons l’histoire unique, lorsque nous nous rendons compte qu’il n’y a jamais une histoire unique pour un lieu donné, quel qu’il soit, nous reconquérons une sorte de paradis.
- Nous sommes tous des féministes, suivi de Le danger de l'histoire unique, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal et Sylvie Schneiter), éd. Gallimard, coll. « Folio 2 euros », 2020 (ISBN 978-2-07-288650-8), p. 73
Americanah, 2013
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Son blog était un succès, avec des milliers de visiteurs tous les mois, elle percevait des honoraires de conférencière substantiels, elle avait eu une bourse de Princeton et une liaison avec Blaine – « Tu es l'unique amour de ma vie », avait-il écrit sur la dernière carte qu'il lui avait envoyée pour son anniversaire – et pourtant son âme s'était durcie. Elle le sentait depuis un certain temps, un sentiment d'épuisement tôt le matin, de flou, de non-appartenance. Il était chargé d'attentes informulées, de désirs mal définis, de brèves visions des existences différentes qu'elle aurait pu vivre, et au fil des mois il s'était transformé en un violent mal du pays.
- Americanah, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Anne Damour), éd. Gallimard, coll. « Du monde entier », 2014 (ISBN 978-2-07-014235-4), chap. 1, p. 16-17
[…] Sa relation avec lui consistait seulement à vivre heureuse dans une maison, où elle restait assise à la fenêtre à regarder au-dehors. […] Comment pouvait-on regretter quelque chose dont on ne voulait plus ? Blaine désirait ce qu'elle n'était plus capable de lui donner et elle avait besoin de ce qu'il ne pouvait pas lui offrir, et c'était ce qu'elle pleurait, la perte de ce qui aurait pu être.
- Americanah, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Anne Damour), éd. Gallimard, coll. « Du monde entier », 2014 (ISBN 978-2-07-014235-4), chap. 1, p. 18
C’était si facile de mentir à des inconnus, de créer avec eux les différentes versions de nos vies que l’on a imaginées.
- Americanah, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Anne Damour), éd. Gallimard, coll. « Du monde entier », 2014 (ISBN 978-2-07-014235-4), chap. 1, p. 28-29
Je ne savais pas que j'étais censé avoir des problèmes jusqu'à ce que je vienne en Amérique.
- Americanah, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Anne Damour), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2016 (ISBN 978-2-07-046880-5), p. 136
Ils se sont eux-mêmes moqués de l'Afrique, échangeant des histoires absurdes et stupides, et ils se sentaient en sécurité pour se moquer, parce que c'était une moquerie née de la nostalgie, et du désir déchiré de voir un endroit reconstitué.
- Americanah, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Anne Damour), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2016 (ISBN 978-2-07-046880-5), p. 153
Pourquoi les gens demandaient-ils "De quoi ça parle ?", comme si un roman ne devait parler que d'une seule chose.
- Americanah, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Anne Damour), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2016 (ISBN 978-2-07-046880-5), p. 208
Cher Noir non américain, quand vous faites le choix de venir en Amérique, vous devenez noir. Arrêtez de vous disputer. Arrêtez de dire que je suis Jamaïcain ou Ghanéen. L'Amérique s'en fiche.
- Americanah, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Anne Damour), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2016 (ISBN 978-2-07-046880-5), p. 242
Il regardait déjà leur relation à travers la lentille du passé. La capacité de l'amour romantique à muter, la rapidité avec laquelle un être aimé pouvait devenir un étranger, la laissait perplexe. Où est passé l'amour ? Peut-être que le véritable amour était familial, en quelque sorte, lié au sang, puisque l'amour des enfants ne mourait pas comme l'amour romantique.
- Americanah, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Anne Damour), éd. Gallimard, coll. « Folio », 2016 (ISBN 978-2-07-046880-5), p. 314
Alors, après cette série de choses à ne pas faire, quelles sont les choses à faire ? Je n'en sais rien. Essaye d'écouter, peut-être. Écoute ce qui est dit. […] Si tu ne comprends pas, pose des questions. Si poser des questions te met mal à l'aise, dis-le et pose-les quand même. On voit facilement si une question part d'une bonne intention. Puis écoute encore davantage. Parfois les gens ont seulement envie d'être entendus. À l'amitié, aux connexions et à la compréhension.
- Americanah, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Anne Damour), éd. Gallimard, coll. « Du monde entier », 2014 (ISBN 978-2-07-014235-4), chap. 36, p. 364-365
Nous sommes tous des féministes, 2014
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Texte remanié d’une conférence donnée en 2012 (voir « We should all be feminists », sur ted.com).
C’est alors qu’un de mes proches amis m’a fait remarquer que me présenter comme féministe était synonyme de haine des hommes. J’ai donc décidé d’être désormais une Féministe Africaine Heureuse qui ne déteste pas les hommes, qui aime mettre du brillant à lèvres et des talons hauts pour son plaisir, non pour séduire les hommes. Trêve d’ironie, cela montre à quel point le terme féministe est chargé de connotations lourdes et négatives. On déteste les hommes, on déteste les soutiens-gorges, on déteste la culture africaine, on estime que les femmes devraient toujours être aux manettes, on ne se maquille pas, on ne s'épile pas, on est toujours en colère, on n'a aucun sens de l'humour, on ne met pas de déodorant.
- Nous sommes tous des féministes, suivi de Le danger de l'histoire unique, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal et Sylvie Schneiter), éd. Gallimard, coll. « Folio 2 euros », 2020 (ISBN 978-2-07-288650-8), p. 20
Il y a un peu plus de femmes que d’hommes dans le monde – elles constituent cinquante-deux pour cent de la population mondiale –, pourtant les hommes occupent la plupart des postes importants ou prestigieux. Feu Wangari Maathai, lauréate kenyane du prix Nobel de la paix, l’a résumé par une formule aussi simple que percutante : « Plus on s’élève dans l’échelle sociale, moins il y a de femmes. »
- Nous sommes tous des féministes, suivi de Le danger de l'histoire unique, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal et Sylvie Schneiter), éd. Gallimard, coll. « Folio 2 euros », 2020 (ISBN 978-2-07-288650-8), p. 25
Nous passons un temps fou à apprendre à nos filles à se préoccuper de l'opinion que les garçons ont d'elles. Mais le contraire n'est pas vrai. Nous n'apprenons pas à nos fils à se soucier d'être aimables. Nous passons un temps fou à répéter à nos filles qu'elles ne peuvent être en colère, ni agressives, ni dures, ce qui est déjà assez grave en soi, sauf que nous prenons le contre-pied et félicitons ou excusons les garçons qui, eux, ne s'en privent pas.
- Nous sommes tous des féministes, suivi de Le danger de l'histoire unique, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal et Sylvie Schneiter), éd. Gallimard, coll. « Folio 2 euros », 2020 (ISBN 978-2-07-288650-8), p. 31
Nous apprenons aux filles à se diminuer, à se sous-estimer. Nous leur disons : Tu peux être ambitieuse, mais pas trop. Tu dois viser la réussite sans qu'elle soit trop spectaculaire, sinon tu seras une menace pour les hommes.
- Nous sommes tous des féministes, suivi de Le danger de l'histoire unique, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal et Sylvie Schneiter), éd. Gallimard, coll. « Folio 2 euros », 2020 (ISBN 978-2-07-288650-8), p. 34
Notre société conditionne une femme à vivre comme un échec d'être toujours célibataire à un certain âge.
- Nous sommes tous des féministes, suivi de Le danger de l'histoire unique, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal et Sylvie Schneiter), éd. Gallimard, coll. « Folio 2 euros », 2020 (ISBN 978-2-07-288650-8), p. 36
Beaucoup parmi nous sont persuadées que moins une femme est féminine, plus elle jouiera de considération. L'idée que ce qu'il porte déterminera l'opinion qu'on a de lui n'effleure pas un homme qui se rend à une réunion professionnelle, alors qu'une femme se posera toujours la question.
- Nous sommes tous des féministes, suivi de Le danger de l'histoire unique, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal et Sylvie Schneiter), éd. Gallimard, coll. « Folio 2 euros », 2020 (ISBN 978-2-07-288650-8), p. 43
Une conversation sur la question du genre n’est jamais facile. Cela gêne ou même agace les gens. Hommes et femmes sont tout aussi hostiles au sujet, quand ils ne s’empressent pas de récuser les problèmes de discrimination sexiste. Parce que la remise en cause d’un statu quo n’est jamais chose aisée.
- Nous sommes tous des féministes, suivi de Le danger de l'histoire unique, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal et Sylvie Schneiter), éd. Gallimard, coll. « Folio 2 euros », 2020 (ISBN 978-2-07-288650-8), p. 44-45
La culture ne crée par les gens. Les gens créent la culture. S'il est vrai que notre culture ne reconnait pas l'humanité pleine et entière des femmes, nous pouvons et devons l'y introduire.
- Nous sommes tous des féministes, suivi de Le danger de l'histoire unique, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal et Sylvie Schneiter), éd. Gallimard, coll. « Folio 2 euros », 2020 (ISBN 978-2-07-288650-8), p. 50
Citation choisie pour le 7 mai 2023.
Je considère comme féministe un homme ou une femme qui dit, oui, la question du genre telle qu'elle existe aujourd'hui pose problème et nous devons le régler, nous devons faire mieux.
Tous autant que nous sommes, femmes et hommes.
- Nous sommes tous des féministes, suivi de Le danger de l'histoire unique, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal et Sylvie Schneiter), éd. Gallimard, coll. « Folio 2 euros », 2020 (ISBN 978-2-07-288650-8), p. 51
Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe, 2017
[modifier] Voici ce qui devrait être ton postulat féministe de base : je compte. Je compte autant. Pas « à condition que ». Pas « tant que ». Je compte autant. Un point c'est tout.
- Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe, Chimamanda Ngozi Adichie, éd. Gallimard, 2017 (ISBN 978-2-07-272197-7), p. 16
Je ne suis pas surprise que ta belle-sœur affirme que tu devrais être une mère « traditionnelle » et rester à la maison, que Chudi a les moyens d'entretenir une famille sans « double revenu ». Les gens utilisent la « tradition » comme cela les arrange, pour justifier tout et n'importe quoi. Réponds-lui que la véritable tradition igbo, ce sont les familles à double revenu parce que, avant la colonisation britannique, non seulement les femmes cultivaient la terre et faisaient du commerce, mais le commerce était même une activité exclusivement féminine dans certaines régions du pays igbo. Elle le saurait, si elle lisait des livres de temps en temps. Bon d'accord, cette pique, c'était pour te faire sourire.
- Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe, Chimamanda Ngozi Adichie, éd. Gallimard, 2017 (ISBN 978-2-07-272197-7), Première suggestion, p. 19
Occupez-vous de votre enfant à parts égales. Ce que signifie « à parts égales » dépendra bien sûr de vous deux, et vous devrez vous entendre là-dessus, en prêtant une attention égale aux besoins de chacun. […] Si les tâches liées à l'éducation de l'enfant sont équitablement réparties, tu le sauras. Tu le sauras parce que tu n'auras pas la moindre rancour. Parce que quand l'égalité est réelle, la rancœur n'existe pas.
- Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe, Chimamanda Ngozi Adichie, éd. Gallimard, 2017 (ISBN 978-2-07-272197-7), Deuxième suggestion, p. 22-23
Apprends‑lui que les « rôles de genre » n'ont absolument aucun sens. Ne t’avise jamais de lui dire qu’elle devrait ou ne devrait pas faire quelque chose « parce que tu es une fille ». « Parce que tu es une fille » ne sera jamais une bonne raison pour quoi que ce soit. Jamais.
- Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe, Chimamanda Ngozi Adichie, éd. Gallimard, 2017 (ISBN 978-2-07-272197-7), Troisième suggestion, p. 24-25
Notes sur le chagrin, 2021
[modifier]Le chagrin est un enseignement cruel. On apprend combien le processus du deuil peut être brutal, combien il peut être lourd de colère. On apprend combien les condoléances peuvent paraître creuses. On apprend combien le chagrin est question de langue, l’échec de la langue et la tentative de s’y raccrocher.
- Notes sur le chagrin, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal), éd. Gallimard, 2021 (ISBN 978-2-07-294392-8), p. 15
Ma colère m’effraie, ma peur m’effraie, et quelque part là-dedans il y a de la honte, aussi - pourquoi tant de rage et de frayeur en moi ? J’ai peur de me coucher et de me réveiller, peur de demain et de tous les lendemains suivants. Je demeure stupéfaite, incrédule, que le facteur passe comme d’habitude, que des gens m’invitent à parler à tel ou tel endroit, que des alertes d’information surgissent régulièrement sur l’écran de mon téléphone. Comment le monde peut-il continuer à tourner, à inspirer et expirer sans rien de changé, alors que dans mon âme c’est une déroute permanente ?
- Notes sur le chagrin, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal), éd. Gallimard, 2021 (ISBN 978-2-07-294392-8), p. 22-23
Je suis dépouillée à tout jamais de ma méfiance envers les superlatifs : le 10 juin 2020 a été la pire journée de ma vie. La pire journée d’une vie est une chose qui existe bel et bien et s’il te plaît, cher univers, j’aimerais que rien ne la surpasse jamais.
- Notes sur le chagrin, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal), éd. Gallimard, 2021 (ISBN 978-2-07-294392-8), p. 29
Aujourd’hui je tressaille en repensant aux paroles que j’ai adressées par le passé à des amis en deuil. « Cherche la paix dans tes souvenirs », avais-je coutume de dire. Être si brutalement privé d’amour, qui plus est quand on ne s’y attend pas, et s’entendre dire de se tourner vers ses souvenirs. Loin de soulager, mes souvenirs me donnent des élancements aussi douloureux qu’éloquents : « Voici ce que tu n’auras jamais plus. »
- Notes sur le chagrin, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal), éd. Gallimard, 2021 (ISBN 978-2-07-294392-8), p. 38-39
Citation choisie pour le 1 novembre 2021.
Le chagrin n’est pas vaporeux ; il a du corps, il est oppressant, c’est chose opaque. Son poids est plus lourd le matin, après le sommeil : un cœur de plomb, une réalité obstinée qui refuse de bouger.
- Notes sur le chagrin, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal), éd. Gallimard, 2021 (ISBN 978-2-07-294392-8), p. 41
« Cet homme n’est pas un bon professeur, a-t-il dit, pas parce qu’il ne savait pas résoudre le problème, mais parce qu’il n’a pas dit qu’il ne savait pas. » Est-ce pour cela que je suis devenue quelqu’un qui a assez confiance en soi pour dire « je ne sais pas » quand je ne sais pas ? Mon père m’a appris qu’on a jamais fini d’apprendre.
- Notes sur le chagrin, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal), éd. Gallimard, 2021 (ISBN 978-2-07-294392-8), p. 52
Les premiers mots de ma mère, quand Okey est entré dans sa chambre dans la nuit du 10 juin, qu’il a allumé la lumière et l’a prévenue, ce furent How can?, tournure nigériane qui signifie « Comment ça se peut, c’est impossible, ça ne se peut pas. » Puis elle a ajouté les mots qui se sont gravés au fer rouge dans nos cœurs, pendant ce Zoom : « Mais il ne m’a rien dit. » Parce qu’il lui aurait dit. Ils étaient comme ça. S’il avait été sur le point de nous quitter pour toujours, il lui aurait dit, donc le fait qu’il ne lui ait pas dit signifiait que ça ne pouvait être vrai.
- Notes sur le chagrin, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal), éd. Gallimard, 2021 (ISBN 978-2-07-294392-8), p. 55
« Jamais » est entré dans ma vie pour y rester. « Jamais » semble si injustement punitif. Pour le restant de mes jours, je vivrai en tendant les mains vers des choses qui ne sont plus là.
- Notes sur le chagrin, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal), éd. Gallimard, 2021 (ISBN 978-2-07-294392-8), p. 66
J’ai besoin de temps. Pour le moment, j’ai envie de sobriété. Un ami m’envoie une phrase de mon roman : « Le chagrin était la célébration de l’amour, ceux qui pouvaient ressentir un véritable chagrin avaient la chance d’avoir aimé. » Comme c’est étrange que la lecture de mes propres mots me cause une douleur si exquise.
- Notes sur le chagrin, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal), éd. Gallimard, 2021 (ISBN 978-2-07-294392-8), p. 78
Peu importe que je veuille être changée ou non, car je suis changée. Une nouvelle voix s’extrait de mon écriture, pleine de la proximité avec la mort que je ressens, de la conscience de ma propre mortalité, si finement tissée, si aiguë. Une urgence nouvelle. Une impermanence dans l’air. Je dois écrire tout maintenant, car qui sait de combien de temps je dispose ?
- Notes sur le chagrin, Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Mona de Pracontal), éd. Gallimard, 2021 (ISBN 978-2-07-294392-8), p. 98
L’Inventaire des rêves, 2025
[modifier]Entretiens
[modifier]Je me considère comme une conteuse, mais cela ne me dérangerait pas du tout si quelqu'un me considérait comme une écrivaine féministe. […] Je suis très féministe dans la façon dont je regarde le monde, et cette vision du monde doit en quelque sorte être une partie de mon travail.
- (en) I think of myself as a storyteller, but I would not mind at all if someone were to think of me as a feminist writer […] I'm very feminist in the way I look at the world, and that world view must somehow be part of my work.
- « Storyteller », Janell Hobson (trad. Wikiquote), Ms., 2014, p. 26-29 (lire en ligne)
Pour moi, l'écriture, c'est un processus quasiment magique. Lorsque j’écris un roman, je me sens comme entre deux mondes. Je suis dans un temps suspendu, je suis avec ces personnages.
- Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Hélène Joguet), L'invité de 8h20 : le grand entretien, France Inter, 25 mars 2025 (accéder en ligne)
Citations rapportées
[modifier]L'écriture renvoie aux cœurs des humains.
- (en) Writing reflects the hearts of humans.
L'idéologie, c'est quelque chose de bénéfique et de très utile. C'est un regard porté sur le monde qui est intéressant. Mais en même temps, c'est vrai, on a le sentiment que la curiosité est entrain de se perdre ou de mourir et ce qui veut dire que forcément, on est limité dans la capacité à apprendre des choses.
- (en) Ideology is something beneficial and very useful. It's an interesting way of looking at the world. But at the same time, it's true, we feel that curiosity is being lost or dying, which means that we are inevitably limited in our ability to learn things.
Parfois, on peut être charmante et ne pas charmer tout le monde.
- (en) Sometimes we can be charming without charming everyone.
L'énergie que l'on met dans une relation, elle est importante.
- (en) The energy we put into a relationship is important.
- Chimamanda Ngozi Adichie (trad. Hélène Joguet-Legent), Chimamanda Ngozi Adichie :"Lorsque j'écris un roman, je me sens entre deux mondes", France Inter, 25 mars 2025 (accéder en ligne)