Cervin
Le Cervin est, par son altitude de 4 478 mètres, le 12e sommets des Alpes de plus de 4 000 mètres. Il est situé sur la Frontière entre l'Italie et la Suisse, entre le canton du Valais et la Vallée d'Aoste. Il donne sur la ville suisse de Zermatt au nord-est et la ville italienne de Breuil-Cervinia au sud. Il relie la vallée de Zermatt et le Valtournenche, en Vallée d'Aoste, par le col de Saint-Théodule, à l’est.
Citations
[modifier]Roman
[modifier]Joseph Peyré, Matterhorn, 1939
[modifier]Et pourtant, plus vivant que toutes les vies fracassées sur ses pentes, le personnage le plus dense du roman, c’est le Matterhorn lui-même. La Montagne Sacrée. Quatre mille cinq cents mètres, violée sur quatre arêtes et quatre faces, elle a toujours fait payer cher les profanations. La première expédition victorieuse remonte à 1865 : elle se solde lors de la descente par quatre morts : Croz, Hadow, Hudson, Douglas. Ce sont eux et la cohorte de disparus parfois sans sépulture qui envoûtent ce roman maléfique, gothique, noir sur fond blanc de gel en deuil.
- Préface de Pierre Mac Orlan
- Matterhorn (1939), Joseph Peyré, éd. Grasset, coll. « Les cahiers rouges », 1992 (ISBN 978-2-246-15542-3), p. 7
Car le Matterhorn n’est pas « fini », pas plus que ne l’était pour le chef de l’escadron blanc la solitude où s’enfonçait son désespoir et sa poursuite. L’éternité des déserts peut à chaque instant rendre à l’homme qui fait métier de l’affronter sa grandeur, et la prééminence du héros. Tel est, au terme des vicissitudes de son cœur, le drame de Jos-Mari, du dernier des Tannenwalder, l’enfant qui se croyait arrivé trop tard, thème essentiel du roman. C’est pourquoi je l’isole avec le Matterhorn comme s’il n’y avait pas d’autre sommet à l’horizon de sa vallée, faisant même au dénouement le vide entre lui et la Montagne éternelle, afin que rien ne vienne diminuer les deux adversaires, ni la taille de leur combat.
- Avertissement de l'auteur
- Matterhorn (1939), Joseph Peyré, éd. Grasset, coll. « Les cahiers rouges », 1992 (ISBN 978-2-246-15542-3), p. 13
Voyez-vous, homme de bien, le Matterhorn a été profané. Profané sur quatre arêtes. Profanés sur ses quatre faces. Écartelé, cloué à sa croix comme un martyr ! continuait le voyant. Il a été livré aux hommes, enchaîné. Mais il a foudroyé ses chaînes. Il les a fondues comme des fils. Et il a tué ! Il s’est vengé. Il les a châtiés, ses profanateurs : les premiers, le jour même de sa défaite, Croz, Douglas, Hadow et Hudson. Et puis les autres ! Même ceux qui ont cru le fuir, et qu’il a rattrapé au bout du monde, les Whymper, les Mummery, les Pellissier, les Schmid. Il les a poursuivis jusqu’au Caucase et à l’Himalaya. Car aucun horizon n’échappe à son pouvoir !
- Matterhorn (1939), Joseph Peyré, éd. Grasset, coll. « Les cahiers rouges », 1992 (ISBN 978-2-246-15542-3), p. 31
Le guide Mathias m’a trouvé par là-bas un soir, avec ma corde, en train de chercher. Je sens qu’il va me reconnaître, maintenant, Mathias. Mais il n’est pas encore sûr que c’était moi. Je vous raconterai, à vous. Parce que vous êtes celle que j’attendais. La seule, je l’ai senti, à pouvoir m’écouter, à en avoir le cœur… Promettez-moi de venir à « l’ Alpenrose. » Vous apprendrez mon chemin de croix et le secret du Matterhorn. Car il n’y a pas d’histoire humaine du Matterhorn. C’est ce qu’il faut avoir compris une fois, comme je l’ai réalisé après mon deuil, après avoir assez souffert. Mon enfant n’est pas tombé au Matterhorn. Le Matterhorn l’a pris. Il n’y a que la vie et la volonté du Matterhorn.
- Matterhorn (1939), Joseph Peyré, éd. Grasset, coll. « Les cahiers rouges », 1992 (ISBN 978-2-246-15542-3), p. 135
Au lieu de l’offenser, nous aurions dû l’aimer, l’adorer comme faisaient nos pères, qui tremblaient d’un saint émoi au seul contact de son ombre, et les poètes d’avant la profanation. Nous aurions dû rester à ses pieds, révérer ses rochers, ses oiseaux et ses neiges.
- Matterhorn (1939), Joseph Peyré, éd. Grasset, coll. « Les cahiers rouges », 1992 (ISBN 978-2-246-15542-3), p. 140