Bertolt Brecht

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Bertolt Brecht.

Bertolt Brecht (Augsbourg, 10 février 1898 — Berlin, 14 août 1956) est un poète, metteur en scène et dramaturge allemand.

L'Exception et la règle, 1930[modifier]

   Les acteurs :
Observez bien le comportement de ces gens :
Trouvez-le surprenant, même s'il n'est pas singulier
Inexplicable, même s'il est ordinaire
Incompréhensible, même s'il est la règle.
Même le plus petit acte, simple en apparence
Observez-le avec méfiance ! Surtout de ce qui est l'usage
Examinez la nécessité !
Nous vous en prions instamment :
Ne trouvez pas naturel ce qui se produit sans cesse !
Qu'en une telle époque de confusion sanglante
De désordre institué, d'arbitraire planifié
D'humanité déshumanisée,
Rien ne soit dit naturel, afin que rien
Ne passe pour immuable.


   Le Marchand
Pour le pétrole il faut lutter
Contre la terre et contre le coolie
Et dans cette lutte, qu'on se le dise :
L'homme faible meurt, l'homme fort se bat.


   Le Marchand
L'homme faible meurt, l'homme fort se bat
Et c'est bien ainsi.
On aide le fort, on n'aide pas le faible
Et c'est bien ainsi.
Laisse tomber celui qui tombe, et donne-lui un coup de pied
Car c'est bien ainsi. […]
Et le Dieu des choses telles qu'elles sont, créa le maître et l'esclave !
Et ce fut bien ainsi.
Et celui pour qui ça va bien est bon ; et celui pour qui ça va mal est mauvais
Et c'est bien ainsi.


   Les acteurs :
Vous avez vu ce qui est habituel, ce qui se produit sans cesse.
Mais nous vous en prions :
Ce qui n'est pas singulier, trouvez-le surprenant !
Ce qui est ordinaire, trouvez-le inexplicable !
Ce qui est habituel doit vous étonner.
Discernez l'abus dans ce qui est la règle
Et là vous avez discerné l'abus
Trouvez le remède !


La Mère, 1931[modifier]

Ne craignez pas ainsi la mort et craignez davantage la vie insuffisante !


La Vie de Galilée, 1938[modifier]

Scène 9[modifier]

Galilée : […] qui ne connaît la vérité n'est qu'un imbécile. Mais qui, la connaissant, la nomme mensonge, celui-là est un criminel !
  • La Vie de Galilée, Bertolt Brecht (trad. Éloi Recoing), éd. L’Arche, 1990  (ISBN 2-85181-248-3), scène 9, p. 85-86
Galilée : Une des causes principales de la misère dans les sciences est qu'elles se croient riches, le plus souvent présomptueusement. Leur but n'est pas d'ouvrir une porte à la sagesse infinie mais de poser une limite à l'erreur infinie.
  • La Vie de Galilée, Bertolt Brecht (trad. Éloi Recoing), éd. L’Arche, 1990  (ISBN 2-85181-248-3), scène 9, p. 90


Scène 13[modifier]

Andrea, à voix haute : Malheureux le pays qui n'a pas de héros.

[…]

Galilée : Non. Malheureux le pays qui a besoin de héros.
  • La Vie de Galilée, Bertolt Brecht (trad. Éloi Recoing), éd. L’Arche, 1990  (ISBN 2-85181-248-3), scène 13, p. 118-119


Scène 14[modifier]

Andrea : La science ne connaît qu'une loi : la contribution scientifique.
  • La Vie de Galilée, Bertolt Brecht (trad. Éloi Recoing), éd. L’Arche, 1990  (ISBN 2-85181-248-3), scène 14, p. 129


La Résistible Ascension d'Arturo Ui, 1941[modifier]

Brecht critique dans cette pièce le régime nazi en transposant l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler dans le Chicago des années 1930. Arturo Ui est Adolf Hitler et Ernesto Roma est Ernst Röhm ; Chicago représente l'Allemagne et Cicero l'Autriche.

   Arturo Ui :
J'ai toujours souligné que le travail honnête
Ne déshonore pas, mais qu'il est constructif
Et produit du profit, donc qu'il est nécessaire.
J'accorde au travailleur ma sympathie entière ;
Pris en particulier. Et c'est uniquement
S'il se ligue et prétend avoir son mot à dire
Dans certaines questions dont il ne comprend rien,
Comme sur les profits ou des questions pareilles,
Que je dis : « Camarade, halte-là ! Pas d'erreurs !
Tu es un travailleur, c'est donc que tu travailles,
Si tu fais grève et ne travailles plus, alors
Tu n'es plus un travailleur, mais un individu
Dangereux, et alors je dois passer aux actes. »


   Arturo Ui :
Je suis social : on peut quelquefois constater
Que des riches aussi je me fais écouter.


Arturo Ui : Le commerce ne connaît pas la mort.


   Ernesto Roma :
Le jour viendra où ceux que tu as fait abattre
Se dresseront, Arthur, et ceux que tu feras
Abattre à l'avenir. Un peuple surgira,
Et tous ils marcheront contre toi, une armée
Sanglante, haine au cœur, et, seul, tu chercheras
Une aide en vain des yeux, l'aide que j'ai cherchée.
Alors menace, implore, et maudis et promets !
Nul ne t'écoutera ! Nul ne m'a écouté !


   Troisième marchand de Chicago :
Il faut, les gars,
Vous défendre. Écouter : vous devez mettre un terme
À cette peste noire ! Ou le pays doit-il
Se laisser dévorer par cette maladie ?
   Premier marchand de Chicago :
Une ville d'abord, ensuite une autre ville.
La bataille au couteau, c'est un devoir civique.
   Deuxième marchand de Cicero :
Pourquoi nous justement ? Nous nous lavons les mains.
   Quatrième marchand de Chicago :
Et, si Dieu le permet, nous avons l'espérance
Que ce cochon un jour sur des gens tombera
Qui montreront les crocs.


   ÉPILOGUE :

Vous, apprenez à voir, plutôt que de rester
Les yeux ronds. Agissez au lieu de bavarder.
Voilà ce qui aurait pour un peu dominé le monde !
Les peuples en ont eu raison, mais il ne faut
Pas nous chanter victoire, il est encore trop tôt :
Le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde.


Histoires de monsieur Keuner, 1956[modifier]

Il faut […] extirper la bêtise parce qu'elle rend bêtes ceux qui la rencontrent.
  • « Histoires de Monsieur Keuner », dans Histoires d'almanach, Bertolt Brecht (trad. Ruth Ballangé et Maurice Regnaut), éd. L'Arche, 1983  (ISBN 2-85181-027-8), Amour de la patrie, haine des patries, p. 145


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