Aurélien Barrau

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Aurélien Barrau (2009).

Aurélien Barrau (1973-) est un astrophysicien français spécialisé en relativité générale, physique des trous noirs et cosmologie. Il est professeur à l'université Grenoble-Alpes et s'engage également pour une transition écologique.

Citations[modifier]

Big bang et au-delà[modifier]

Il est difficile, et peut-être inutile, de définir ce qu’est exactement la science. Elle n’est évidemment pas la recherche de la Vérité. De la Vérité « majuscule », de la vérité unique et absolue. La seule chose que l’on sache avec certitude d’une proposition scientifique est, précisément, qu’elle est fausse. Nécessairement. Par définition de la démarche scientifique, toute posture, tout paradigme, sera un jour remplacé par un meilleur cadre, jugé plus adéquat. Aucun énoncé scientifique – à la différence, par exemple, d’un énoncé théologique – ne peut prétendre à une justesse absolue. Ce perpétuel mouvement qui ôte à la physique toute possibilité d’accès à une vérité totale et englobante est définitoire de la science. La science ne dit pas le Vrai. Pourtant, la physique n’énonce évidemment pas non plus « n’importe quoi ».
  • Big bang et au-delà : (2013), Aurélien Barrau, éd. Dunod, coll. « Quai des sciences », 2015  (ISBN 978-2-10-074494-7), chap. Les fondements observationnels du big-bang, p. 41


Des univers multiples[modifier]

De la vérité dans les sciences[modifier]

La question de la vérité en science – et au-delà des sciences – est évidemment abyssale. Elle est outrageusement inatteignable. Elle suscite parfois crispations et exaspérations. Les avis sont souvent tranchés et rarement argumentés. Entreprendre d’y répondre, ce serait déjà faire preuve d’une arrogance présomptueuse. Mais se contenter de l’interroger conduirait sans doute à s’enfermer dans un simple jeu rhétorique dont l’insuffisance est plus évidente encore. Sans doute faut-il donc la travailler, la mettre en situation, la déconstruire, la pousser dans ses retranchements.
  • De la vérité dans les sciences, Aurélien Barrau, éd. Dunod, 2016, p. 7


Descartes, c'est l’inventeur du doute. D'un doute très particulier et très systématique. Un doute érigé, pourrait-on dire, en méthode. Il creuse ainsi une fissure remarquable dans l'histoire d’une philosophie probablement trop convaincue de la certitude de son accès à l'en-soi du réel. Mais Descartes c’est aussi une solution, le cogito, le « je pense donc je suis ». Il constitue pour lui la vérité première, ce qui échappe à l'indécision.
  • De la vérité dans les sciences, Aurélien Barrau, éd. Dunod, 2016, p. 9


Si vous voulez des certitudes absolues, faites de la théologie, pas de la physique.
  • En réponse à certains de ses étudiants qui lui demandent « cette théorie est-elle prouvée ? »
  • De la vérité dans les sciences, Aurélien Barrau, éd. Dunod, 2016, p. 42


Force est de constater qu'en effet les choses ne sont pas aussi simples que Popper le laisse entendre. Quand une excellente théorie conduit à des prédictions erronées, elle n’est jamais immédiatement abandonnée. Il est fréquent que la communauté scientifique cherche alors des échappatoires. Par exemple, quand la relativité générale d’Einstein ne parvient pas à décrire un certain nombre de processus gravitationnels dans l'Univers, c'est une mystérieuse « matière noire » qui est envisagée. Et tout laisse aujourd'hui penser que cette audacieuse hypothèse était effectivement correcte !
  • De la vérité dans les sciences, Aurélien Barrau, éd. Dunod, 2016, p. 43


Il y a donc toute une constellation, dont chaque point est temporellement variable, de sphères intellectuelles qui revendiquent l’impérialisme de leurs valeurs et de leurs méthodes. S’il s’agit donc de couper court à la diversité des rapports au monde, et donc au foisonnement des manières de faire fonctionner le réel, il y aura, de fait, beaucoup de déçus. Et, en termes de rapports de force à l’échelle planétaire, je ne suis pas certain que les partisans d’un scientisme dur sortent victorieux de l’affrontement. Il me semble infiniment plus souhaitable, tant au plan logique qu’aux plans éthique et esthétique, d’accepter la réalité, au sens fort, de tous ces systèmes symboliques et cognitifs répondant à différentes contraintes. Cela, répétons-le une dernière fois, n’empêche d’aucune manière le combat contre ceux qui nous semblent désuets, voire nuisibles.
  • De la vérité dans les sciences, Aurélien Barrau, éd. Dunod, 2016, p. 84


La science est indéfinissable. La vérité est inaccessible. Mais elles partagent, au moins, cette capacité à générer cet état d’être si essentiel et élégant que le poète Fernando Pessoa nomme l’« intranquilité ».
  • De la vérité dans les sciences, Aurélien Barrau, éd. Dunod, 2016, p. 85


Au cœur des trous noirs[modifier]

Entretien[modifier]

La conquête spatiale ne m’intéresse pas. Je la trouve même un peu indécente. Sur Terre, il existe une richesse incroyablement belle qu'on est en train de détruire avant de l'avoir vraiment découverte. La disparition des insectes, par exemple, me peine. Elle est dix fois plus rapide que celle des mammifères. C’est une catastrophe en tant que telle, et pas seulement parce que ça va toucher l'humain.
  • (fr) « Aurélien Barrau, du cosmos infini à la fragile Terre », Aurélien Barrau [entretien avec Noémie Matos], L'uniscope, le magazine du campus de l'UNIL, nº 646, 2 septembre 2019, p. 16-17 (lire en ligne)


Heureusement que nos libertés sont restreintes ! Si j’avais envie d’agresser physiquement quelqu’un, la loi me l’interdirait. Ma liberté est limitée pour le bien commun. Il devrait en être de même pour la planète : limiter la folie humaine, qui détruit la vie, serait juste et rationnel. Nous avons construit un système dans lequel le fait de privilégier la vie par rapport à l’argent apparaît comme extrême ! C’est délirant.
  • (fr) « Aurélien Barrau, du cosmos infini à la fragile Terre », Aurélien Barrau [entretien avec Noémie Matos], L'uniscope, le magazine du campus de l'UNIL, nº 646, 2 septembre 2019, p. 16-17 (lire en ligne)