Fernando Pessoa

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Fernando Pessoa (1912).

Fernando Pessoa (1888-1935) est un écrivain portugais.

Citations[modifier]

Moi je n’ai pas de philosophie : j’ai des sens…
Si je parle de la Nature ce n’est pas que je sache ce qu’elle est,
Mais c’est que je l’aime, et je l’aime pour cela même,
Parce que lorsqu’on aime, on ne sait jamais ce qu’on aime
Pas plus que pourquoi on aime, ou ce que c’est qu’aimer…

Aimer, c’est l’éternelle innocence,
Et la seule innocence, c’est de ne pas penser.

  • Le Gardeur de troupeaux, II, daté du « jour triomphal » 8-3-1914.
  • Œuvres poétiques, Fernando Pessoa, éd. Gallimard, 2001  (ISBN 2-07-011490-2), chap. Alberto Caeiro, p. 7


« Tabacaria », publié dans Presença, 39, juillet 1933.

Je ne suis rien.
Je ne serai jamais rien.
Je ne peux vouloir être rien.
À part ça, j’ai en moi tous les rêves du monde.

  • (pt)

    Não sou nada.
    Nunca serei nada.
    Não posso querer ser nada.
    À parte isso, tenho em mim todos os sonhos do mundo.

  • Álvaro de Campos, « Bureau de tabac » [Tabacaria], daté du 15 janvier 1928
  • Œuvres poétiques, Fernando Pessoa, éd. Gallimard, 2001  (ISBN 2-07-011490-2), chap. Álvaro de Campos, Derniers poèmes, p. 362


J’ai eu envie un jour de faire une blague à Sá-Carneiro – inventer un poète bucolique, de l’espèce compliquée, et le lui présenter, je ne sais plus comment, d’une façon plausible quelconque – Je passais quelques jours à tenter d’élaborer le poète mais je ne parvins à rien. Un jour où j'avais finalement renoncé — c'était le 8 mars 1914 — je m'approchai d'une haute commode et, prenant une feuille de papier, je me mis à écrire, debout, comme je le fais chaque fois que je peux. Et j'ai écrit trente et quelques poèmes d'affilée, dans une sorte d'extase dont je ne saurai saisir la nature. Ce fut le jour triomphal de ma vie et je ne pourrai en connaître d'autres comme celui-là. Je débutai par un titre : Le Gardeur de troupeaux. Et ce qui suivit fut l'apparition en moi de quelqu'un, à qui j'ai tout de suite donné le nom d'Alberto Caeiro. Excusez l'absurdité de la phrase : mon maître avait surgi en moi.
  • Lettre à Adolfo Casais Monteiro du 13 janvier 1935 sur la naissance des hétéronymes
  • Pessoa en personne, José Blanco, éd. La Différence, 1986, p. 302


Nombreux sont ceux qui vivent en nous ;
Si je pense, si je ressens, j’ignore
Qui est celui qui pense, qui ressent.
Je suis seulement le lieu
Où l’on pense, où l’on ressent.

  • (pt)

    Vivem em nós inúmeros;
    Se penso ou sinto, ignoro
    Quem é que pensa ou sente.
    Sou somente o lugar
    Onde se sente ou pensa.

  • daté du 13 novembre 1935.
  • Œuvres poétiques, Fernando Pessoa, éd. Gallimard, 2001  (ISBN 2-07-011490-2), chap. Ricardo Reis, Odes éparses, p. 171


Surviens toi à toi même.
  • Le Chemin du serpent, recueil posthume
  • Le Chemin du Serpent, Fernando Pessoa, éd. Christian Bourgois, Paris, 1991, p. 74


Substitue-toi à Dieu sans vergogne. C’est la seule attitude réellement religieuse. (Dieu est partout sauf en lui-même).
  • Le Chemin du serpent, recueil posthume
  • Le Chemin du Serpent, Fernando Pessoa, éd. Christian Bourgois, Paris, 1991, p. 74


Être poète n'est pas une ambition que j'aie, c'est ma manière à moi d'être seul
  • Le Gardeur de troupeaux et autres poèmes, Fernando Pessoa (trad. Armand Guibert), éd. Gallimard NRF Poésie, Paris, 1987, p. 38


Il n'est pas suffisant de ne pas être aveugle pour voir les arbres et les fleurs. Il faut aussi n'avoir aucune philosophie. Quand il y a philosophie, il n'y a pas d'arbres: il y a des idées, sans plus
  • En bref, Fernando Pessoa (trad. F. Laye), éd. Christian Bourgois, 2004, p. 25


La mer est la religion de la Nature
  • En bref, Fernando Pessoa (trad. F. Laye), éd. Christian Bourgois, 2004, p. 27


Oh, quelle horreur, quelle horreur intime dénoue la voix de notre âme et les sensations de nos pensées et nous fait parler et sentir et penser quand tout en nous demande le silence et le jour et l’inconscience de la vie
  • Le Marin, Fernando Pessoa (trad. B. Sesé), éd. José Corti, Paris, 1988  (ISBN 2-7143-0242-4), p. 63


J’agis à coup de fer et de vitesse, va et vient, démence, rage contenue,
Attaché au sillage de tous les rouages je tournoie, heures ahurissantes,
Et l’univers entier de grincer, crépiter, s’estropier en moi

  • Œuvres poétiques, Fernando Pessoa, éd. Pléiade Gallimard, Paris, 2001, p. 288


Ma vie tourne autour de mon œuvre littéraire - qu’elle soit, ou puisse être, bonne ou mauvaise. Tout le reste, dans la vie, n’a qu’un intérêt secondaire
  • Lettre de Fernando Pessoa à son « Opheline », Ofélia Queiroz
  • Cartas de amor, Fernando Pessoa, éd. Ática, Lisbonne, 1978, Lettre à Ofélia Queiroz du 29 septembre 1929, p. 43