Enfance
L'enfance est un stade du développement humain précédant l'âge adulte. Au sens strict, elle ne comprend pas l'adolescence.
Cependant, le mot a souvent été employé dans un sens plus large, et l'on a parfois parlé d'enfants de quinze ou seize ans. C'est donc le contexte, l'époque et l'usage de chaque auteur qui permet éventuellement de savoir comment doivent être compris les termes « enfance » ou « enfant ».
L'enfance à proprement parler comporte plusieurs stades : nouveau-né et nourrisson (bébé), puis la petite enfance ; elle se termine par la préadolescence.
Littérature
Prose poétique
Octavio Paz, Liberté sur parole, 1958
Château en l'air
- Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966 (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Aigle ou Soleil ? — Château en l'air, p. 98
Roman
Dominique Fernandez, Porporino et les mystères de Naples, 1974
- Porporino ou les mystères de Naples (1974), Dominique Fernandez, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1974 (ISBN 978-2-246-01243-6), partie I « San Donato », Du sang sous la lune, p. 112
Julien Green, Léviathan, 1929
- Léviathan (1929), Julien Green, éd. Fayard, coll. « Le Livre de Poche », 1993 (ISBN 978-2-253-09940-6), chap. XIII, p. 156
Roger Peyrefitte, L'Oracle, 1948
Ne voyez-vous donc pas que le secret d'une éducation bien dirigée, c'est de prévenir, non la pratique, mais la connaissance du mal ? Loin de la prévenir, vous l'induisez, par des conseils et des sanctions. Il faut faire confiance à des êtres sains et bien portants. Il ne faut les surveiller que par manière d'acquit, ou, comme moi, par plaisir, mais certainement pas par conviction. Aucune surveillance ne les empêchera d'être ce qu'ils sont.
J'ai cru, deux ou trois fois, dans mon enfance, perdre ma qualité d'enfant, et je me souviens de la joie que je ressentis, en me rendant compte que j'avais passé dans le feu sans me brûler, dans la boue sans me crotter et par les piques sans me piquer.
- L'Oracle, Roger Peyrefitte, éd. Jean Vigneau, 1948, p. 254 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Michel Tournier, Le Roi des aulnes, 1970
L'enfant de douze ans a atteint un point d'équilibre et d'épanouissement insurpassable qui fait de lui le chef-d'œuvre de la création. Il est heureux, sûr de lui, confiant dans l'univers qui l'entoure et qui lui paraît parfaitement ordonné. Il est si beau de visage et de corps que toute beauté humaine n'est que le reflet plus ou moins lointain de cet âge. Et puis, c'est la catastrophe. Toutes les hideurs de la virilité – cette crasse velue, cette teinte cadavérique des chairs adultes, ces joues râpeuses, ce sexe d'âne démesuré, informe et puant – fondent ensemble sur le petit prince jeté à bas de son trône. Le voilà devenu un chien maigre, voûté et boutonneux, l'œil fuyant, buvant avec avidité les ordures du cinéma et du music-hall, bref un adolescent.
Le sens de l'évolution est clair. Le temps de la fleur est passé. Il faut devenir fruit, il faut devenir graine. Le piège matrimonial referme bientôt ses mâchoires sur le niais. Et le voilà attelé avec les autres au lourd charroi de la propagation de l'espèce, contraint d'apporter sa contribution à la grande diarrhée démographique dont l'humanité est en train de crever. Tristesse, indignation. Mais à quoi bon ? N'est-ce pas sur ce fumier que naîtront bientôt d'autres fleurs ?
- Le Roi des aulnes, éd. Gallimard, 1970, p. 104-105 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Pour scandaleuse qu'elle puisse paraître au premier abord, l'affinité profonde qui unit la guerre et l'enfant ne peut être niée. [...] Je me demande si la guerre n'éclate pas dans le seul but de permettre à l'adulte de faire l'enfant, de régresser avec soulagement jusqu'à l'âge des panoplies et des soldats de plomb.
- Le Roi des aulnes, éd. Gallimard, 1970, p. 308-309 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Sur la ligne qui va de l'animal à l'homme, l'enfant se situe ainsi au-delà de l'adulte et doit être considéré comme suprahumain, surhumain.
- Le Roi des aulnes, éd. Gallimard, 1970, p. 328 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Muriel Barbery, Une Gourmandise, 2000
- Une gourmandise (2000), Muriel Barbery, éd. Folio, 2002, p. 88
Biographie
Hélie de Saint Marc, Toute une vie, 2004
- Toute une vie, Hélie de Saint Marc, éd. les arènes, 2004 (ISBN 2-912485-77-0), p. 84
Psychanalyse
Charles Baudouin, L'Œuvre de Jung et la psychologie complexe, 1963
L'inconscient freudien, du moins à l'origine, c'est surtout ce que l'individu a refoulé. C'est donc du conscient rejeté, devenu inconscient par une sorte d'accident. Mieux encore, les refoulements essentiels étant ceux de l'enfance, cet inconscient est bien prêt de coïncider avec l'infantile : c'est, pourrait-on dire, l'enfant qui survit secrètement en nous [...].
Freud a fort bien admis ensuite l'existence d'éléments inconscients qui ne procèdent pas du refoulement — qui sont inconscients par nature. Mais c'est bien l'inconscient refoulé qui est au centre de ses recherches, qui a pour lui une signification pratique ; car l'analyse a essentiellement à ses yeux pour fonction de défaire des refoulements, de réparer des accidents.
L'attention de Jung va au contraire se porter avec prédilection sur ces autres éléments qui seraient inconscients par nature, et ainsi la perspective s'élargit singulièrement. Il se plaît à dire que ce serait étriquer fort l'inconscient que de le réduire à des miettes tombées de la table du conscient. Il est plus conforme à ce que nous savons d'admettre que la conscience est une acquisition tardive, et qu'elle a lentement émergé d'un inconscient primordial.
Tandis que l'inconscient refoulé de Freud a un caractère strictement individuel, puisqu'il procède du vécu infantile de chacun, l'inconscient primordial apparaît d'emblée à Jung comme « collectif » dans ses grandes lignes — collectif se définissant essentiellement ici comme : identique chez les divers individus.
- L'Œuvre de Jung et la psychologie complexe (1963), Charles Baudouin, éd. Payot & Rivages, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2002 (ISBN 2-228-89570-9), partie I. Idées directrices, chap. II. Les structures de l'inconscient — L'inconscient collectif, Structures de l'inconscient, p. 73
Cinéma
Agnès Jaoui/Jean-Pierre Bacri, Un air de famille, 1996
- Catherine Frot, Un air de famille (1996), écrit par Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri
- Catherine Frot, Un air de famille (1996), écrit par Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri
Wim Wenders, Les Ailes du désir, 1987
— P. Handke, Lied vom Kindsein, 23 septembre 1986.
A trier
- Une gourmandise (2000), Muriel Barbery, éd. Folio, 2002, p. 97
- Il est question de l'inconscient tel que le conçoit Freud
- L'Œuvre de Jung et la psychologie complexe (1963), Charles Baudouin, éd. Payot & Rivages, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2002 (ISBN 2-228-89570-9), partie I. Idées directrices, chap. II. Les structures de l'inconscient — L'inconscient collectif, Structures de l'inconscient, p. 73
- le tumulte et l'étincellement sont ceux d'une corrida.
- L'Amour fou, André Breton, éd. Gallimard, 1976 (ISBN 978-2070367238), p. 100 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- Fureur et mystère (1948), René Char, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1962 (ISBN 2-07-030065-X), partie FEUILLETS D'HYPNOS (1943-1944), p. 134
- La Maison de Claudine (1922), Colette, éd. Imprimerie Moderne de Nantes, coll. « Super-Bibliothèque », 1976 (ISBN 2-261-00093-6), Où sont les enfants ?, p. 11
- Il est question ici de l'enfant dont la mère est une perverse narcissique.
- Le pervers narcissique et son complice, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 1989 (ISBN 2 10 002843 X), partie I. Le Champ de la perversion narcissique, chap. Définition et description générale, Séduction narcissique, p. 26
- Ulysse (1922), James Joyce (trad. Auguste Morel), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1957 (ISBN 2-07-040018-2), p. 593
Stephen King
- Salem, Stephen King (trad. Christiane Thiollier, Joan Bernard), éd. Presses Pocket, 1993 (ISBN 2-266-02961-4), p. 277-278,
- Chantier, Stephen King (trad. Frank Straschitz), éd. J'Ai Lu, 1991 (ISBN 2-277-22974-1), p. 376-377
Dans l'homme véritable est caché un enfant qui veut jouer. Allons, les femmes, découvrez-le cet enfant dans l'homme !
Que la femme soit un jouet, pure et fine, pareille à la pierre précieuse, illuminée par les vertus d'un monde qui n'existe pas encore.
- Ainsi parlait Zarathoustra, Friedrich Nietzsche (trad. Georges-Arthur Goldschmidt), éd. Le Livre de Poche, coll. « Les Classiques de Poche », 1972 (ISBN 978-2-253-00675-6), partie I, chap. « Des petites vieilles et des petites jeunes », p. 85
- Par-delà le bien et le mal, Friedrich Nietzsche (trad. Angèle Kremet-Marietti), éd. L'Harmattan, 2006 (ISBN 229600041X), chap. IV (« Maximes et intermèdes »), § 94, p. 103
Roger Peyrefitte
En France, plus encore que partout ailleurs, les enfants sont regardés comme des objets sacrés, qui ne doivent pas quitter le tabernacle. L'homme qui s'intéresse à eux est toujours suspect.
- L'Oracle, Roger Peyrefitte, éd. Jean Vigneau, 1948, p. 226 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- Citation choisie pour le 22 avril 2009.
Les enfants nous montrent l'Amour et ne peuvent nous le faire atteindre. Ils n'en sont que l'image, mais c'est ce qui m'attache à eux, pour ce que chacun d'eux en reflète, quelques instants. Cette image de l'Amour, c'est celle de notre propre enfance, morte à jamais en nous, à jamais immortelle en eux.
- L'Oracle, Roger Peyrefitte, éd. Jean Vigneau, 1948, p. 233 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Dans presque tout système d'éducation, on part de ce principe que tous les enfants sont suspects, comme partout est suspect un homme qui s'intéresse à eux. En les surveillant à l'excès, on leur rend désirable ce dont il est question de les détourner.
- L'Oracle, Roger Peyrefitte, éd. Jean Vigneau, 1948, p. 250 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Les enfants sont comme les sages [...] : ils ne peuvent rien faire de mal. Fourbes, ils restent francs ; gourmands, ils restent sobres ; impurs, ils restent purs.
- L'Oracle, Roger Peyrefitte, éd. Jean Vigneau, 1948, p. 251 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
George Sand
- Brulette, à Tiennet.
- Les Maîtres sonneurs (1853), George Sand, éd. Gallimard, coll. « Folio classiques », 1979, Vingtième veillée, p. 320
- Citation choisie pour le 7 décembre 2010.
- Brulette, à Tiennet.
- Les Maîtres sonneurs (1853), George Sand, éd. Gallimard, coll. « Folio classiques », 1979, Vingtième veillée, p. 331
Michel Tournier
Je ne crois pas que les enfants aient un sens esthétique très développé. On ferait d'étranges découvertes, je pense, si l'on s'avisait d'enquêter parmi eux pour savoir ce qu'ils entendent par beau et laid. Mais la plupart sont sensibles au prestige de la force, et plus encore à celui d'une force secrète, magique, celle qui sait peser sur les points faibles de la grise réalité pour la faire céder par pans entiers et l'obliger à livrer les trésors qu'elle cache.
- Le Roi des aulnes, éd. Gallimard, 1970, p. 67 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Marguerite Yourcenar
- Archives du Nord, Marguerite Yourcenar, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1977 (ISBN 978-2-07-037328-4), partie II, chap. Rue Marais, p. 203