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Jean-Paul Brighelli

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Jean-Paul Brighelli lors d'un colloque sur l'éducation en juillet 2009.

Jean-Paul Brighelli est un essayiste français professeur agrégé de lettres.

La Fabrique du crétin

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Alors, autant régler tout de suite une question simple dont on a voulu faire un problème : l'élève n'est pas en classe pour « s'exprimer ». Il est là pour écouter, apprendre et prendre des notes.
  • La Fabrique du Crétin, Jean-Paul Brighelli, éd. Jean-Claude Gawséwitch, coll. « Folio documents », 2005, p. 31


Le Crétin formaté par les contempteurs de l'orthographe n'aura plus même les moyens d'écrire aux prud'hommes pour protester contre son licenciement.
  • La Fabrique du Crétin, Jean-Paul Brighelli, éd. Jean-Claude Gawséwitch, coll. « Coup de gueule », 2005  (ISBN 2-35013-035-5), p. 75


Le succès du quatuor infernal Henri IV / Louis-le-Grand / Fénelon / Saint-Louis, ce n'est pas à des enseignants plus aptes que les autres que nous le devons, mais aux prix de l'immobilier entre les Ve et VIe arrondissements de Paris. C'est sans doute ce que l'on appelle la lutte contre les inégalités.
  • La Fabrique du Crétin, Jean-Paul Brighelli, éd. Jean-Claude Gawséwitch, coll. « Coup de gueule », 2005  (ISBN 2-35013-035-5), p. 78


Il n'est pas de rite de passage qui ne soit douloureux — c'est même sa fonction première. Sortir de l'enfance, c'est toujours un arrachement. Un examen qui donne aux chères têtes blondes le droit d'entrer dans le monde adulte ne peut pas être une formalité. Il ne peut pas s'obtenir sur un contrôle continu, dont on sait qu'il se fera non à la tête du client, mais en fonction de l'établissement, des pressions des uns et des autres, des desiderata croisés de l'administration et des parents [...]
Ces conditions sont le signe évident d'un grand mépris du travail fourni par les élèves. Les bons élèves ne valent finalement pas mieux que les autres, suggère le système.

  • La Fabrique du Crétin, Jean-Paul Brighelli, éd. Jean-Claude Gawséwitch, coll. « Coup de gueule », 2005  (ISBN 2-35013-035-5), p. 126


L'enseignement a suivi l'air du temps, qui magnifie l'individu. C'est pour certains un titre de gloire : l'école s'est enfin ouverte au monde... Elle s'y est dissoute.
  • La Fabrique du Crétin, Jean-Paul Brighelli, éd. Jean-Claude Gawséwitch, coll. « Folio documents », 2005, p. 155


Citations de Jean-Paul Brighelli

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On ne peut pas, dans le monde actuel, vivre à la fois sans littérature et sans bases scientifiques un petit peu sérieuses.
  • Jean-Paul Brighelli, Ca vous dérange, France Inter, 21 juillet 2009


Aussi bien à droite qu’à gauche, tout le monde envo[ie] ses enfants dans le privé [...]. La droite envoie souvent ses enfants à Stanislas, la gauche à l’École alsacienne. [...] Philippe Meirieu, qui a sorti un livre intitulé Nous mettrons nos enfants à l’école publique, a mis les quatre siens dans le privé !


Voilà quarante ans que nous nous suicidons lentement, voilà vingt-cinq ans que le savoir est relégué au magasin des accessoires scolaires, vingt-cinq ans aussi que les barbares frappent à la porte de toutes les manières, pour nous signifier que nous sommes morts. De temps en temps aussi, ils tuent — mais cette violence est la croûte des événements.
  • « Le choc des incultures », Jean-Paul Brighelli, Valeurs Actuelles, nº 4120, 12 au 18 novembre 2015, p. 102


Autant être clair tout de suite, les fumeuses théories obscurantistes du wahhabisme (version dure) et du salafisme (version dure aussi) n'avaient aucune chance de dépasser les bornes des déserts où elles étaient nées, si l'Occident ne leur avait ouvert largement la porte en détruisant son système d'enseignement, en dénigrant la transmission des savoirs, en contestant trente siècles d'une patiente construction commencée par les Grecs.
  • « Le choc des incultures », Jean-Paul Brighelli, Valeurs Actuelles, nº 4120, 12 au 18 novembre 2015, p. 102


L'Occident se rend sans combattre. Il nous a déjà fait le coup : au début du Ve siècle, quand les barbares passèrent le Danube, il y eut peu de grandes batailles. En fait ils étaient déjà partout dans l'Empire romain depuis au moins trois siècles — employés, esclaves affranchis, soldats mercenaires. Ils occupaient le terrain qu'Alaric finit par investir.
  • « Le choc des incultures », Jean-Paul Brighelli, Valeurs Actuelles, nº 4120, 12 au 18 novembre 2015, p. 102


Première reddition : la reddition idéologique, la trahison des clercs. Un quarteron de philosophes, vers la fin des années 1960, a élaboré ce que les américains ont appelé la French Theory : la déconstruction des certitudes.
  • « Le choc des incultures », Jean-Paul Brighelli, Valeurs Actuelles, nº 4120, 12 au 18 novembre 2015, p. 102


Seconde reddition : l'école. [...] Revenons à la transmission des savoirs et de la culture, réhabilitons la valeur travail, apprenons-leur à lire, écrire et calculer avant de les « écouter » ; ce qui importe, c'est la capacité d'expression, non la liberté d'expression. Mais on a préféré les apparences d'une pseudo-liberté à la rigueur des vrais apprentissages.
  • « Le choc des incultures », Jean-Paul Brighelli, Valeurs Actuelles, nº 4120, 12 au 18 novembre 2015, p. 103


Dernière reddition : celle de l'unité nationale. En nous gargarisant du mot « communautés », nous avons laissé croire que plusieurs cultures pouvaient cohabiter — et c'est faux de toutes les manières.
  • « Le choc des incultures », Jean-Paul Brighelli, Valeurs Actuelles, nº 4120, 12 au 18 novembre 2015, p. 103


Mais je suis à fond pour l'enseignement de l'arabe littéraire — celui que pratiquaient Antoine Galland, au début du XVIIIe siècle (premier traducteur des Mille et une nuits) ou Joseph-Charles Mardrus au début du XXe (premier traducteur de l'intégralité du même roman). Tout comme je suis un fervent admirateur de la grande culture arabe — celle d'Haroun al-Rachid (VIIIe siècle) ou celle d'Abd al-Rahman II (IXe siècle). Celle de Malek Chebel, de Tahar Ben Jelloun ou de Kamel Daoud. Pas celle de l'État islamique, qui est une anti-culture, comme je l'explique dans mon dernier livre, Voltaire ou le Djihad (éditions de l'Archipel). Pas celle des salafistes, des fondamentalistes et de tous les fanatiques. Nous avons en France une remarquable école de langues orientales, avec des universitaires tout à fait compétents — mais ce ne sont pas eux, ni leurs élèves, qui enseigneront aux enfants. Ce qui se prépare sous couleur d'ouvrir le choix linguistique — au moment même où la réforme du collège détruit ce choix dès la Sixième, et barre l'accès à tout ce qui n'est pas anglais à des centaines de milliers de collégiens à la rentrée prochaine —, c'est la communautarisation du pays, l'éclatement en tribus antagonistes : on le voit bien avec les aberrantes déclarations de Benzema ou Debouzze sur le « racisme » supposé de Deschamps en particulier et du pays en général. À terme, la guerre civile. Voilà ce qui est en germe dans les décisions partisanes de Mme Vallaud-Belkacem, si nous n'y prenons garde.

  • « Langue arabe enseignée dès le CP : le coup de gueule de Jean-Paul Brighelli », Alexandre Devecchio, Le Figaro Vox, 2 juin 2016 (lire en ligne)


Le problème est qu'en mettant l'élève au centre, on ôte le savoir et sa transmission qui y étaient précédemment. Dès que le maître n'est plus celui qui sait, il redevient un quidam.

  • « On a institué l'élève en petit roi », propos recueillis par Laurent Dandrieu, Valeurs Actuelles, nº 4080, du 5 au 11 février 2015, p. 28


La laïcité ne s'apprend pas : elle est un contenant, pas un contenu. Elle est la possibilité même de l'apprentissage — tant que c'est l'apprentissage qui est au cœur du système. Il faut repenser le rapport au savoir, parce que c'est par la transmission d'une vraie culture qu'on entre dans la laïcité.

  • « On a institué l'élève en petit roi », propos recueillis par Laurent Dandrieu, Valeurs Actuelles, nº 4080, du 5 au 11 février 2015, p. 28


Les parents ont une responsabilité écrasante dans la dégradation de l'autorité. En même temps, ils confèrent à l'école une mission d'éducation qui n'était pas de son ressort : à l'école on instruit. Et, effet boomerang, leur propre autorité est contestée à son tour.

  • « On a institué l'élève en petit roi », propos recueillis par Laurent Dandrieu, Valeurs Actuelles, nº 4080, du 5 au 11 février 2015, p. 29


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