Jorge Luis Borges
Jorge Luis Borges (24 août 1899, Buenos Aires - 14 juin 1986, Genève) est un écrivain et poète argentin, lauréat du Prix Cervantes en 1979.
Fictions, 1944
- Voir le recueil de citations : Fictions
- « Tlön Uqbar Orbis Tertius » (1944), Jorge Luis Borges (trad. Paul Verdevoye), dans Fictions, éd. Gallimard, coll. « Folio », 1994 (ISBN 2-07-036614-6), p. 29-30
- « Fictions » (1940), dans Œuvres complètes, Jorge Luis Borges (trad. Paul Verdevoye revue par Jean-Pierre Bernès), éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1993, t. I, chap. Les ruines circulaires, p. 480
- « Fictions » (1941), dans Œuvres complètes, Jorge Luis Borges (trad. Nestor Ibarra revue par Jean-Pierre Bernès), éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1993, t. I, chap. La Bibliothèque de Babel, p. 491
- Fictions, Jorge Luis Borges (trad. Paul Verdevoye et Ibarra), éd. Gallimard, coll. « Folio n°614 », 1957, chap. La forme de l'épée (1942), p. 141
L'Aleph, 1942
À l'impression d'antiquité inouïe, d'autres s'ajoutèrent, celle de l'indéfinissable, celle de l'atroce, celle du complet non-sens. J'étais passé par un labyrinthe, mais la très nette Cité des Immortels me fit frémir d'épouvante et de dégoût… Un labyrinthe est une chose faite à dessein pour confondre les hommes ; son architecture, prodigue en symétries, est orientée à cette intention. Dans les palais que j'explorai imparfaitement, l'architecture était privée d'intention.
- L'Aleph (1949), Jorge Luis Borges (trad. L'imaginaire), éd. Gallimard, 1995 (ISBN 2-07-029666-0), chap. L'immortel, p. 23
« Argos, criai-je, Argos. »
Alors avec étonnement, comme s'il découvrait une chose perdue et oubliée depuis longtemps, Argos bégaya ces mots : « Argos, chien d'Ulysse. » Puis, toujours sans me regarder : « Ce chien couché sur le fumier. »
Nous accueillons facilement la réalité, peut-être parce que nous soupçonnons que rien n'est réel. Je lui demandai ce qu'il savait de l'Odyssée. L'usage du grec lui était pénible ; je dus répéter ma question.
« Très peu, dit-il, moins que le premier rhapsode. Il y a déjà mille cent ans que je l'ai inventée. »
- L'Aleph (1949), Jorge Luis Borges (trad. L'imaginaire), éd. Gallimard, 1995 (ISBN 2-07-029666-0), chap. L'immortel, p. 27, 28
Il n'y a pas de mérites moraux ou intellectuels. Homère composa L'Odyssée ; aussitôt accordé un délai infini avec des circonstances et des changements infinis, l'impossible était de ne pas composer, au moins une fois, L' Odyssée. Personne n'est quelqu'un, un seul homme immortel est tous les hommes. Comme Corneille Agrippa, je suis dieu, je suis héros, je suis philosophe, je suis démon et je suis monde, ce qui est une manière fatigante de dire que je ne suis pas.
- L'Aleph (1949), Jorge Luis Borges (trad. L'imaginaire), éd. Gallimard, 1995 (ISBN 2-07-029666-0), chap. L'immortel, p. 30, 31
La mort (ou son allusion) rend les hommes précieux et pathétiques. Ils émeuvent par leur condition de fantômes ; chaque acte qu'ils accomplissent peut être le dernier ; aucun visage qui ne soit à l'instant de se dissiper comme un visage de songe. Tout, chez les mortels, a la valeur de l'irrécupérable et de l'aléatoire. Chez les Immortels, en revanche, chaque acte (et chaque pensée) est l'écho de ceux qui l'anticipèrent dans le passé ou le fidèle présage de ceux qui, dans l'avenir, le répéteront jusqu'au vertige. Rien qui n'apparaisse pas perdu entre d'infatigables miroirs. Rien ne peut arriver une seule fois, rien n'est précieusement précaire. L'élégiaque, le grave, le cérémoniel ne comptent pas pour les Immortels.
- L'Aleph (1949), Jorge Luis Borges (trad. L'imaginaire), éd. Gallimard, 1995 (ISBN 2-07-029666-0), chap. L'immortel, p. 32
Essais
- « Neuf essais sur Dante » (1957), dans Œuvres complètes, Jorge Luis Borges (trad. Françoise Rosset revue par Jean-Pierre Bernès), éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1999, t. II, chap. Dante et les visionnaires anglo-saxons, p. 850
- Citation choisie pour le 28 juillet 2007.
- « Neuf essais sur Dante » (1948), dans Œuvres complètes, Jorge Luis Borges (trad. Françoise Rosset revue par Jean-Pierre Bernès), éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1999, t. II, chap. La Rencontre en rêve, p. 858
- Citation choisie pour le 17 mai 2017.
- (es) El hecho es que cada escritor crea sus precursores. Su labor modifica nuestra concepción del pasado, como ha de modificar el futuro.
Poésie
Dieu pousse le joueur et le joueur la pièce.
Quel dieu derrière Dieu, débute cette trame
De poussière et de temps, de rêve et d'agonies ?
- « L'Auteur » (1959), dans Œuvres complètes, Jorge Luis Borges (trad. Jean-Pierre Bernès), éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1999, t. II, chap. Échecs II , p. 32
Conversations à Buenos Aires, 1996
- Conversations à Buenos Aires, Jorge Luis Borges et Ernesto Sabato, animées par Orlando Barone (trad. Michel Bibard), éd. Éditions du Rocher, coll. « Bibliothèques 10/18 », 2001, p. 95
- Conversations à Buenos Aires, Jorge Luis Borges et Ernesto Sabato, animées par Orlando Barone (trad. Michel Bibard), éd. Éditions du Rocher, coll. « Bibliothèques 10/18 », 2001, p. 135
- Conversations à Buenos Aires, Jorge Luis Borges et Ernesto Sabato, animées par Orlando Barone (trad. Michel Bibard), éd. Éditions du Rocher, coll. « Bibliothèques 10/18 », 2001, p. 137
SABATO, avec une légère ironie : Un rêve typiquement borgésien.
- Conversations à Buenos Aires, Jorge Luis Borges et Ernesto Sabato, animées par Orlando Barone (trad. Michel Bibard), éd. Éditions du Rocher, coll. « Bibliothèques 10/18 », 2001, p. 173
Autres
- Le mystère Henri Pick, David Foenkinos, éd. Gallimard, coll. « folio », 2017, p. 16
- Introduction du livre d'Henry James
- Les Amis des amis, Henry James, éd. Éditions du Panama, coll. « La Bibliothèque de Babel », 2006, p. 9
- « L’idée de frontières et de nations me paraît absurde », Jorge Luis Borges, Le Monde diplomatique, nº août, 2001, p. 24-25
- Borges, el memorioso: conversaciones de Jorge Luis Borges con Antonio Carrizo, Jorge Luis Borges, Antonio Carrizo, éd. Fondo de Cultura Económica, coll. « Tierra Firme », 1982, p. 138
- (es) ¿Por qué voy a morirme, si nunca lo he hecho antes? ¿Por qué voy a cometer un acto tan ajeno a mis hábitos? Es como si me dijeran que voy a ser buzo o domador o algo así, ¿no?
- (es) Gardel y yo tenemos algo en común: a ninguno de los dos nos gusta el tango.
- (es) Yo creo que la teología es una rama de la literatura fantástica. Otra es el psicoanálisis.
- Citation choisie pour le 2 novembre 2016.
- (es) Un filósofo argentino y yo conversábamos una vez sobre el tema del tiempo. Y el filósofo dijo: “En cuanto a esto, se hicieron muchos progresos en los últimos años”. Y yo pensé que si le hubiera hecho una pregunta acerca del espacio, seguramente él me hubiera respondido: “En cuanto a esto, se hicieron muchos progresos en los últimos cien metros”. Es un filósofo muy conocido.
- Œuvres complètes, Jorge Luis Borges, éd. Gallimard, 1999, t. 2, p. 884-885
- Chez Borges, Alberto Manguel (trad. Christine Le Bœuf), éd. Actes Sud, 2003 (ISBN 2-7427-4257-3), p. 62-63
Dans le cas de Borges, c'étaient son œuvre, ses sujets, la matière dont était fait son univers qui étaient immortels, et c'est pourquoi il n'éprouvait pas le besoin de rechercher une existence éternelle. "Le nombre des thèmes, des mots, des textes est limité. Par conséquent rien ne se perd jamais. Si un livre est perdu, quelqu'un l'écrira de nouveau, tôt ou tard. Cela devrait suffire à n'importe qui, comme immortalité", me dit-il un jour où il parlait de la destruction de la bibliothèque d'Alexandrie.
- Chez Borges, Alberto Manguel (trad. Christine Le Bœuf), éd. Actes Sud, 2003 (ISBN 2-7427-4257-3), p. 74