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Angleterre

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Version datée du 20 septembre 2021 à 16:24 par Lesponne (discussion | contributions) (Roman : plus 1)

Médias

Presse

Charles-Augustin Sainte-Beuve, Causeries du lundi

On a publié quelques notes de son Journal de voyage qui se rapportent à son séjour de Londres. Il ne se fait point d'illusion en beau sur l'état du pays et des institutions ; il juge au vrai la corruption des mœurs politiques, la vénalité des consciences et des votes, le côté positif et calculateur, cette peur d'être dupe qui mène à la dureté. S'il voit le mal, Montesquieu apprécie très bien les avantages qui le compensent : L'Angleterre est à présent le pays le plus libre qui soit au monde, je n'en excepte aucune république. Un coup d'œil de divination perce comme un éclair dans [une] phrase jetée en passant et qui prédit l'émancipation de l'Amérique anglaise.
  • Les lumières et les salons — Anthologie établie et présentée par Pierre Berès, Charles-Augustin Sainte-Beuve, éd. Hermann (éditeurs des sciences et des arts), coll. « Collection savoir : lettres », 1992  (ISBN 2-7056-6178-6), partie Montesquieu, 18 et 25 octobre. Causeries du lundi, t. VII, p. 120


Littérature

Essais

Qu’est-ce que l’Angleterre? Une colonie française qui a mal tourné.
  • Le grand Pan, Georges Clemenceau, éd. G. Charpentier et E. Fasquelle, 1896, p. 54


Critique

Jean-Paul Clément, Chateaubriand — Europe n°775-776, 1993

En 1831, Chateaubriand fulmine contre la monarchie bourgeoise « débiffée » de juillet [...].
L'égalité, en passant par l'État, secrète en effet une égalité qui lui est consubstantielle. Certes, la Restauration décorera-t-elle la France napoléonienne — la vraie, celle qui survit à travers tout le XIXe siècle — de « fictions » aristocratiques (le mot est de Chateaubriand). Les journées de juillet 1830 en emporteront les lambeaux dérisoires.
En Angleterre, en revanche, estime Chateaubriand, « l'esprit aristocratique a tout pénétré : tout est privilèges, associations, corporations. Les anciens usages, comme les antiques lois et les vieux monuments, sont conservés avec une espèce de culte. Le principe démocratique n'est rien; quelques assemblées tumultueuses qui se réunissent de temps en temps, en vertu de certains droits de comtés, voilà tout ce qui est accordé à la démocratie. Le peuple, comme dans l'ancienne Rome, client de la haute aristocratie, est le soutien et non le rival de la noblesse ». Il ajoute : « On conçoit, messieurs, que dans un pareil état de choses, la couronne n'a rien à craindre du principe démocratique ; on conçoit aussi comment des pairs de trois royaumes, comment des hommes qui auraient tout à perdre à une révolution, professent publiquement des doctrines qui sembleraient devoir détruire leur existence sociale: c'est qu'au fond, ils ne courent aucun danger. Les membres de l'opposition anglaise prêchent en sûreté la démocratie dans l'aristocratie ; rien n'est si agréable que se donner les discours populaires en conservant des titres, des privilèges et quelques millions de revenus. » On peut, à bon compte, être démocrate sans risque. Chateaubriand ne se prétendait-il pas « bourbonien par honneur » et « républicain par goût », mais aristocrate par la naissance et les manières ?

  • « Chateaubriand et l'Angleterre », Jean-Paul Clément, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 59


Pour lui, l'Angleterre incarne le temps qui féconde, déplace sans détruire et sait même honorer la caducité qu'elle ne voit point comme une entrave, mais le dépôt précieux des âges et la victime honorable de la « conjuration des temps » — formule qui lui est chère —, une sorte d'humus où s'épanouit la double aristocratie des familles et des hommes d'exception, de la terre et du génie, toutes deux bénéfiques, qui font de la propriété de quelques-uns un gage de stabilité sans laquelle il n'y a point de liberté, et de l'orgueil né de l'exception la source d'un renouvellement de la pensée, du langage et des mœurs.
  • « Chateaubriand et l'Angleterre », Jean-Paul Clément, Chateaubriand — Revue Littéraire Europe (ISSN 0014-2751), nº 775-776, Novembre-décembre 1993, p. 60


Roman

Jules Barbey d'Aurevilly, Le Chevalier des Touches, 1864

Cette femme avait un grotesque si supérieur qu'on l'eût remarquée même en Angleterre, ce pays des grotesques, où le spleen, l'excentricité, la richesse et le gin travaillent perpétuellement à faire un carnaval de figures auprès desquelles les masques du carnaval de Venise ne seraient que du carton vulgairement badigeonné.


Virginia Woolf, Les Vagues, 1952

Londres s'effrite. Londres palpite comme une houle. La ville se hérisse de tours et de cheminées. Là une église blanche ; là un mât parmi les flèches. Là un canal. À présent il y a des espaces ouverts et des allées goudronnées où il est étrange qu'il y ait à présent des gens qui marchent. Voilà une colline rayée de maisons rouges. Un homme traverse un pont, un chien sur ses talons. À présent le garçon en rouge commence à tirer sur un faisan. Le garçon en bleu l'écarte du coude. « Mon oncle est le meilleur fusil d'Angleterre. Mon cousin est grand veneur. » Les fanfaronnades commencent. Et moi je ne peux pas fanfaronner, car mon père est banquier à Brisbane, et je parle avec l'accent australien.


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