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Jour

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Hemera (déesse du Jour) William Bouguereau (1884)

Littérature

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Jean Koppen, Religion ! — Promenade des séminaristes, 1929

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[...] insulter les prêtres n'a pas d'autre but, mise à part la satisfaction morale que cela procure sur le moment, que de vous entretenir dans cet état d'esprit qui vous permettra, le jour où vous serez libres, d'abattre par jour, en vous jouant, deux ou trois tonnes de dangereux malfaiteurs.
  • Les surréalistes — Une génération entre le rêve et l'action (1991), Jean-Luc Rispail, éd. Gallimard, coll. « Découverte Gallimard Littérature », 2000  (ISBN 2-07-053140-6), chap. Témoignages et documents, Jean KoppenReligion ! — Promenade des séminaristes, in La Révolution surréaliste, n°12, 15 décembre 1929, p. 169


Poésie

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Octavio Paz, Liberté sur parole, 1958

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Pierres éparses — Leçon de choses

Divinité olmèque
Les quatres points cardinaux
mènent à ton ombilic.
Et dans ton ventre frappe le jour, tout armé.

  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie I. CONDITION DE NUAGE (1939-1955), Pierres éparses — Leçon de choses, p. 38


Prose poétique

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« Tu sais que ce soir il y a un crime vert à commettre. Comme tu ne sais rien, mon pauvre ami. Ouvre cette porte toute grande, et dis-toi qu'il fait complètement nuit, que le jour est mort pour la dernière fois. »


André Breton, Poisson soluble, 1924

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A ma rencontre vinrent plusieurs servantes vêtues d'une combinaison collante de satin couleur du jour.


Il faut encore éveiller les frissons dans les broussailles de la chambre, lacer des ruisseaux dans la fenêtre du jour.


La lumière suivra ; le jour fera amende honorable, pieds nus, la corde des étoiles au cou, en chemise verte.


Je ne suis pas perdu pour toi : je suis seulement à l'écart de ce qui te ressemble, dans les hautes mers, là où l'oiseau nommé Crève-Cœur pousse son cri qui élève les pommeaux de glace dont les astres du jour sont la garde brisée.


Paul Éluard , Capitale de la douleur, 1926

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André Masson

Rampe des mois d'hiver, jour pâle d'insomnie, mais aussi, dans les chambres les plus secrètes de l'ombre, la guirlande d'un corps autour de sa splendeur.
  • Capitale de la douleur suivi de L'amour la poésie (1926), Paul Éluard, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 978-2-07-030095-2), partie Nouveaux poèmes, André Masson, p. 105


René Char, Fureur et mystère, 1948

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Feuillets d'Hypnos

Le peuple des prés m'enchante. Sa beauté frêle et dépouvue de venin, je ne me lasse pas de me la réciter. Le campagnol, la taupe, sombres enfants perdus dans la chimère de l'herbe, l'orvet, fils du verre, le grillon, moutonnier comme pas un, la sauterelle qui claque et compte son linge, le papillon qui simule l'ivresse et agace les fleurs de ses hoquets silencieux, les fourmis assagies par la grande étendue verte, et immédiatement au-dessus les météores hirondelles...
Prairie, vous êtes le boîtier du jour.

  • Fureur et mystère (1948), René Char, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1962  (ISBN 2-07-030065-X), partie FEUILLETS D'HYPNOS (1943-1944), p. 132


Octavio Paz, Liberté sur parole, 1958

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Majuscule

Elle n'a pas de saveur, elle n'a pas d'odeur, l'aube, l'enfant encore sans nom, encore sans visage. Elle arrive, elle avance, elle titube, elle s'éloigne. Elle laisse une traîne de rumeurs qui ouvrent les yeux. Elle se perd en elle-même. Et le jour en colère écrase de son pied une petite étoile.
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Aigle ou Soleil ? — Majuscule, p. 90


Roman

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James Joyce, Ulysse, 1922

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Donne-nous, dieu du jour, dieu-vautour, Horhorn, fécondation et fruit du ventre. Donne-nous, dieu du jour, dieu-vautour, Horhorn, fécondation et fruit du ventre. Donnes-nous, dieu du jour, dieu-vautour, Horhorn, fécondation et fruit du ventre.


Le pic du Teide à Tenerife est fait des éclairs du petit poignard de plaisir que les jolies femmes de Tolède gardent jour et nuit contre leur sein.


Orphée a passé par là, entraînant côte à côte le tigre et la gazelle. Les lourds serpents se déroulent et choient autour du banc circulaire sur lequel nous nous sommes assis pour jouir du profond crépuscule qui trouve à midi le moyen de se partager le jardin avec le grand jour. Ce banc, qui fait le tour d'un arbre de plusieurs mètres de rayon, je brûle de l'appeler le banc des fièvres.


C'est tout au fond du jour ou de la nuit, n'importe, quelque chose comme l'immense vestibule de l'amour physique tel qu'on souhaiterait le faire sans s'y reprendre jamais. Les rideaux tirés, les barreaux tordus, les yeux caressants de félins ponctuant seuls d'éclairs le ciel. Le délire de la présence absolue. Comment ne pas se surprendre à vouloir aimer ainsi, au sein de la nature réconciliée ? Elles sont pourtant là les interdictions, les sonneries d'alarme, elles sont toutes prêtes à entrer en branle, les cloches de neige du datura au cas où nous nous aviserions de mettre cette barrière infranchissable entre les autres et nous.