Initiation

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Histoire[modifier]

John Dickie, Cosa Nostra — La mafia sicilienne de 1860 à nos jours, 2004[modifier]

Selon le rapport du préfet de police, dans la Mafia des années 1870, tout homme d'honneur s'apprêtant à être initié était présenté à un groupe de chefs et de sous-chefs. L'un d'eux piquait le futur mafioso au bras ou à la main, lui ordonnait de faire couler son sang sur l'image d'un saint, puis lui faisait jurer fidélité pendant que l'image brûlait ; les cendres étaient alors éparpillées, symbole de l'élimination de tous les traîtres.
  • Cosa Nostra — La mafia sicilienne de 1860 à nos jours, John Dickie (trad. Anne-Marie Carrière), éd. Perrin, coll. « Tempus », 2007  (ISBN 978-2-262-02727-8), partie Initiation, chap. 1 — Genèse de la Mafia 1860-1876, p. 62


Littérature[modifier]

Roman[modifier]

Jean-Jacques Rousseau, Julie ou La nouvelle Héloïse, 1761[modifier]

Il y a au premier étage une petite salle à manger différente de celle où l'on mange ordinairement, laquelle est au rez-de-chaussée. [...] Les simples hôtes n'y sont point admis, jamais on mange quand on a des étrangers ; c'est l'asile inviolable de la confiance, de l'amitié, de la liberté. C'est la société des cœurs qui lie en ce lieu celle de la table ; elle est une sorte d'initiation à l'intimité, et jamais il ne s'y rassemble que des gens qui voudraient n'être plus séparés. Milord, la fête vous attend, et c'est dans cette salle que vous ferez ici votre premier repas.
  • Julie ou La nouvelle Héloïse (1761), Jean-Jacques Rousseau, éd. Garnier-Flammarion, coll. « GF Flammarion », 1967  (ISBN 2-08-070148-7), partie V, Lettre II à milord Edouard, p. 410


James Joyce, Ulysse, 1922[modifier]

STEPHEN
[...] Que fit chacun à la porte de sortie ?
Bloom posa le bougeoir par terre. Stephen mit le chapeau sur sa tête.
Pour quel être la porte de sortie fut-elle une porte d'entrée ?
Pour une chatte.
Quel spectacle leur apparut quand ils, l'hôte le premier, ensuite l'invité, surgirent en silence et pareillement sombres de l'obscurité par un passage de derrière dans la pénombre du jardin ?
L'arbreciel d'étoiles lourd d'humides fruits bleu-nuit.


A quelle satisfaction finale aboutissaient ces sentiments antagonistes et ces réflexions réduites à leur plus simple expression ?
Satisfaction causée par l'ubiquité dans les deux hémisphères, austral et boréal, dans toutes les îles et terres habitables, explorées ou inexplorées (le pays du soleil de minuit, les Iles Fortunées, les archipels grecs, la Terre Promise), d'hémisphères féminins postérieurs et adipeux, fleurant le lait et le miel, et une chaleur extravasée sanguine et séminale, évoquant toutes les générations et toutes les familles de courbes d'amplitude, et non susceptibles de s'impressionner d'influences extérieures ou d'exprimer des sentiments contraires, mais présentant leur animalité à maturité immuable et muette.


Les signes visibles de présatisfaction ?
Une approximative érection ; une intense attention ; un graduelle élévation ; un geste de d'évélation ; une silencieuse contemplation.
Ensuite ?
Il embrassa les ronds mamelons melliflons de sa croupe, chaque rond et melonneux hémisphère à son tour, et leur sillon minon marron, avec une osculation ténébreuse, prolongée, provocante, melon-odorante.


Psychanalyse[modifier]

Alberto Eiguer, Psychanalyse du libertin, 2010[modifier]

Libertinage et prédation

La perspective d'éduquer nourrit parfois les arguments avancés en justice lorsque des agresseurs sexuels expliquent leurs motivations. Ils disent avoir souhaité initier leurs victimes, les aider à progresser, à trouver un réconfort, parfois ils leur ont offert une aide matérielle : un maître voulant façonner un esprit « inachevé, sauvage et qui est tenté par des dérives asociales (délinquance, drogue, etc.) ». Au fond, ils se considèrent comme des « agents de la civilisation ».
  • Psychanalyse du libertin, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 2010  (ISBN 978-2-10-054958-0), partie II. Libertinage et prédation, chap. Invitation à la débauche, Banaliser le mal au nom de l'amour, p. 134


Dans son travail, J. Clavreul (1967) rappelle que le pervers sexuel évoquant ses pratiques et ses fréquentations se prévaut de ne parler que d'amour. Il se glorifie de savoir comme personne ce qu'est l'amour. Pour cet auteur, ce serait le signe même de l'accès au savoir sur le sexe, savoir vécu par lui comme initiatique et quelque part ayant été acquis par « révélation ». L'amour absout des excès réalisés en son nom et incite à la complaisance, ajoute Clavreul. Il y voit un piège tendu à nous autres censées être de simples névrosés, dans la mesure où le pervers sait que nous tenons à des valeurs dont l'amour est l'une des pierres précieuses. En bref, l'amour semble justifier toutes les faiblesses et toutes les compromissions. Et dans le lien du couple, l'amour est aussi invoqué par le partenaire du pervers manifeste comme pour légitimer le soutien qu'il lui donne et finalement pour occulter qu'il réalise ses tendances latentes à travers lui. C'est par amour aussi que la victime doit se taire et éviter de dénoncer l'outrage qu'elle subit.
  • Psychanalyse du libertin, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 2010  (ISBN 978-2-10-054958-0), partie II. Libertinage et prédation, chap. Invitation à la débauche, Banaliser le mal au nom de l'amour, p. 134


Psychologie[modifier]

Mary Esther Harding, Les Mystères de la femme, 1953[modifier]

Dans l'initiation aux mystères d'Isis, le candidat devait prendre la forme de l'âne Set ou Typhon pour devenir conscient de toute sa luxure et concupiscence et éprouver l'aspect négatif de l'Éros, de sa propre libido, non pas en se livrant à une débauche effective, mais en passant par l'épreuve rituelle de l'initiation. On l'isolait de ses compagnons pour qu'il se sente abandonné, car quelque chose en lui était hostile à la « participation ». On le battait, le maltraitait, on l'exposait à la faim et aux tentations sexuelles.
Car Typhon n'est pas foncièrement différent d'Éros. C'est Éros sous une forme implacable, l'inverse, le contraire de la « participation ». Lorsque le candidat à l'initiation avait traversé cette épreuve, lorsqu'il avait pleinement éprouvé cet aspect de la vie, ressenti son vide et sa stérilité et résolu d'y renoncer pour toujours, lorsqu'il se montrait capable de castration volontaire, alors seulement il voyait Isis la déesse et retrouvait sa forme humaine en mangeant ses roses. Ces roses d'Isis sont les fleurs de la pure passion, et symbolisent l'amour libéré de la luxure.

  • Les Mystères de la femme (1953), Mary Esther Harding (trad. Eveline Mahyère), éd. Payot & Rivages, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2001  (ISBN 2-228-89431-1), chap. XIII. Le sacrifice du fils, p. 296