Théorie du complot

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Une théorie du complot est une explication d’un événement, d’une succession d’évènements, voire de tout ou partie de l’histoire d’un pays ou du monde, reposant sur l’action dissimulée, coordonnée et malveillante d’un nombre restreint de personnes (le « complot »), alors que les études historiques proposent d'autres facteurs explicatifs.

Arnaud Mercier[modifier]

Ce qui est inquiétant, c’est qu’il y a aujourd’hui davantage de marchandisation du doute. Certains politiques exploitent à des fins électorales cette propension à la crédulité. La démagogie a certes toujours existé. Mais elle prospère d’autant plus qu’on a changé d’écosystème d’information. Via les réseaux sociaux, les particuliers ont accès à un espace public où ils peuvent faire circuler et recevoir ces discours non éclairés, qui échappent à toute déontologie et s’auto-alimentent en circuit fermé.
  • « Théorie du complot : « gare à la marchandisation du doute » », Arnaud Mercier, La Croix, 8 janvier 2018 (lire en ligne)


Il est évident que l’éducation a un rôle à jouer. Il faut valoriser les initiatives pédagogiques qui visent à éduquer les élèves à l’usage des réseaux sociaux, promouvoir les valeurs de l’information par rapport aux fake news. Mais obliger aussi les réseaux sociaux numériques au même devoir déontologique que les médias traditionnels.
  • « Théorie du complot : « gare à la marchandisation du doute » », Arnaud Mercier, La Croix, 8 janvier 2018 (lire en ligne)


Karl Popper[modifier]

Homère imaginait ainsi le pouvoir des dieux : tout ce qui se passait sur la plaine devant Troie n’était que le reflet des divers complots de l’Olympe. La théorie sociale du complot n’est qu’une adaptation de ce théisme, de cette croyance en des dieux dont les caprices et les volontés gouvernent tout. Elle vient de l’abandon de Dieu et de la question qui s’ensuit : « Qui est à sa place ? »
  • (en) Homer conceived the power of the gods in such a way that whatever happened on the plain before Troy was only a reflection of the various conspiracies on Olympus. The conspiracy theory of society is just a version of this theism, of a belief in gods whose whims and wills rule everything. It comes from abandoning God and then asking: ‘Who is in his place?’
  • (en) Conjectures and Refutations: The Growth of Scientific Knowledge (1963), Karl Popper (trad. Wikiquote), éd. Routledge, coll. « Routledge Classics », 2014  (ISBN 978-1-135-97130-4), partie Conjectures, chap. 4. Towards a rational theory of tradition, p. 165-166


Rudy Reichstaddt[modifier]

Tout événement marquant sécrète sa réécriture et sa relecture conspirationniste, et cela ne date pas d'hier. L'expression «théorie du complot» elle-même a presque un siècle et demi. Son utilisation - en anglais - est attestée dès 1870, avec le sens que nous lui connaissons aujourd'hui : une croyance extravagante en un complot imaginaire. En 1894, un article satirique du New York Times tourne déjà en dérision les conspirationnistes en expliquant que la guerre de Sécession est l'œuvre des philatélistes, car qui dit nouveaux Etats dit nouveaux timbres. (...) Ce qui est nouveau aujourd'hui, c'est la diffusion instantanée de ce type de récits, notamment après les attaques terroristes contre Charlie puis le Bataclan.
  • « Interview. Rudy Reichstadt: «Une vision du monde de plus en plus paranoïaque» », Rudy Reichstadt, Libération, 11 mars 2016 (lire en ligne)


Des études ont montré que plus on est sympathisant d’extrême droite ou d’extrême gauche, plus ou est susceptible d’adhérer à ces théories. Il semble cependant que le phénomène soit encore plus sensible à l’extrême droite. Le complotisme partage avec ces idéologies son aspect manichéen, binaire. Et en même temps, la caractéristique d’une théorie du complot est d’être intellectuellement «coûteuse» : plus on la pousse dans ses retranchements, plus le nombre de questions qu’elle laisse sans réponses est important. Pour continuer à la soutenir, il faut consentir à toujours plus de spéculations hasardeuses et souscrire à une vision du monde de plus en plus paranoïaque.
  • « Interview. Rudy Reichstadt: «Une vision du monde de plus en plus paranoïaque» », Rudy Reichstadt, Libération, 11 mars 2016 (lire en ligne)


Le problème ne réside pas dans la démarche critique, mais dans la méthode très discutable utilisée par les complotistes, dont le doute n'a rien de méthodique précisément. La philosophe Aurélie Ledoux parle à leur égard de «scepticisme dogmatique». De sorte que leur doute est très sélectif. Pierre-André Taguieff parle quant à lui d'«asymétrie cognitive» : ils retiennent tout ce qui va dans le sens de leur théorie et en écartent tout ce qui la contredit. Ils sont hyper critiques sur des points secondaires, mais manifestent une très grande crédulité pour des arguments pourtant fragiles, à condition que ceux-ci confortent leur théorie.
  • « Interview. Rudy Reichstadt: «Une vision du monde de plus en plus paranoïaque» », Rudy Reichstadt, Libération, 11 mars 2016 (lire en ligne)


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