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{{citation|C’est un crime d’avoir accusé de troubler la France ceux qui la veulent généreuse, à la tête des nations libres et justes, lorsqu’on ourdit soi-même l’impudent complot d’imposer l’erreur, devant le monde entier. C’est un crime d’égarer l’opinion, d’utiliser pour une besogne de mort cette opinion qu’on a pervertie jusqu’à la faire délirer. C’est un crime d’empoisonner les petits et les humbles, d’exaspérer les passions de réaction et d’intolérance, en s’abritant derrière l’odieux antisémitisme, dont la grande France libérale des droits de l’homme mourra, si elle n’en est pas guérie. C’est un crime que d’exploiter le patriotisme pour des œuvres de haine, et c’est un crime, enfin, que de faire du sabre le dieu moderne, lorsque toute la science humaine est au travail pour l’œuvre prochaine de vérité et de justice.}} |
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J’accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d’avoir été l’ouvrier diabolique de l’erreur judiciaire, en inconscient, je veux le croire, et d’avoir ensuite défendu son |
J’accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d’avoir été l’ouvrier diabolique de l’erreur judiciaire, en inconscient, je veux le croire, et d’avoir ensuite défendu son œuvre néfaste, depuis trois ans, par les machinations les plus saugrenues et les plus coupables.<br />[...] |
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J’accuse enfin le premier conseil de guerre d’avoir violé le droit, en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète, et j’accuse le second conseil de guerre d’avoir couvert cette illégalité, par ordre, en commettant à son tour le crime juridique d’acquitter sciemment un coupable.}} |
J’accuse enfin le premier conseil de guerre d’avoir violé le droit, en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète, et j’accuse le second conseil de guerre d’avoir couvert cette illégalité, par ordre, en commettant à son tour le crime juridique d’acquitter sciemment un coupable.}} |
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Version du 31 octobre 2007 à 12:24
Émile Zola, écrivain français (Paris, 2 avril 1840 — Paris, 29 septembre 1902), est considéré comme le chef de file du naturalisme. Il a joué un grand rôle dans la révision du procès d'Alfred Dreyfus.
Mes haines, 1866
La haine est sainte. Elle est l'indignation des cœurs forts et puissants, le dédain militant de ceux que fâchent la médiocrité et la sottise. Haïr c'est aimer, c'est sentir son âme chaude et généreuse, c'est vivre largement du mépris des choses honteuses et bêtes.
Si je vaux quelque chose aujourd'hui, c'est que je suis seul et que je hais.
La haine soulage, la haine fait justice, la haine grandit. [...]
Si je vaux quelque chose aujourd'hui, c'est que je suis seul et que je hais.
- Mes haines (1866), Émile Zola, éd. Charpentier, 1879, p. 1-2
Je hais les railleurs malsains, les petits jeunes gens qui ricanent, ne pouvant imiter la pesante gravité de leurs papas. Il y a éclats de rire plus vides encore que les silences diplomatiques.
- Mes haines (1866), Émile Zola, éd. Charpentier, 1879, p. 5
Je n'ai guère de souci de beauté ni de perfection. Je me moque des grands siècles. Je n'ai souci que de vie, de lutte, de fièvre. Je suis à l'aise parmi notre génération.
- Mes haines (1866), Émile Zola, éd. Charpentier, 1879, p. 7
J'aime les ragoûts littéraires fortement épicés, les œuvres de dédacence où une sorte de sensibilité maladive remplace la santé plantureuse des époques classiques. Je suis de mon âge.
- Mes haines (1866), Émile Zola, éd. Charpentier, 1879, chap. « Germinie Lacerteux, par MM. Ed. et J. de Goncourt », p. 67-68
La science du beau est une drôlerie inventée par les philosophes pour la plus grande hilarité des artistes.
- Mes haines (1866), Émile Zola, éd. Charpentier, 1879, chap. « Les Chansons des rues et des bois », p. 98
Une œuvre d'art est un coin de la création vu à travers un tempérament.
- Mes haines (1866), Émile Zola, éd. Charpentier, 1879, chap. « M.H. Taine, artiste », p. 229
La Mort d'Olivier Bécaille, 1884
La mort n'était bonne que parce qu'elle supprimait l'être d'un coup, pour toujours. Oh ! dormir comme les pierres, rentrer dans l'argile, n'être plus !
- « La Mort d'Olivier Bécaille », dans Œuvres complètes, Émile Zola, éd. François Bernouard, 1927, vol. 46 (« Contes et nouvelles. I »), p. 172 (texte intégral sur Wikisource)
Paris, 1898
Paris flambait, ensemencé de lumière par le divin soleil, roulant dans sa gloire la moisson future de vérité et de justice.
- Paris, Émile Zola, éd. Charpentier, 1898, chap. V, p. 608
J'accuse… !, 1898
Et c’est fini, la France a sur la joue cette souillure, l’histoire écrira que c’est sous votre présidence qu’un tel crime social a pu être commis.
Puisqu’ils ont osé, j’oserai aussi, moi. La vérité, je la dirai, car j’ai promis de la dire, si la justice, régulièrement saisie, ne la faisait pas, pleine et entière. Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice. Mes nuits seraient hantées par le spectre de l’innocent qui expie là-bas, dans la plus affreuse des tortures, un crime qu’il n’a pas commis.
Puisqu’ils ont osé, j’oserai aussi, moi. La vérité, je la dirai, car j’ai promis de la dire, si la justice, régulièrement saisie, ne la faisait pas, pleine et entière. Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice. Mes nuits seraient hantées par le spectre de l’innocent qui expie là-bas, dans la plus affreuse des tortures, un crime qu’il n’a pas commis.
- « J'accuse… ! », Émile Zola, L'Aurore, nº 87, le 13 janvier 1898, p. 1 (texte intégral sur Wikisource)
L’idée supérieure de discipline, qui est dans le sang de ces soldats, ne suffit-elle à infirmer leur pouvoir d’équité ? Qui dit discipline dit obéissance.
- « J'accuse… ! », Émile Zola, L'Aurore, nº 87, le 13 janvier 1898, p. 1 (texte intégral sur Wikisource)
C’est un crime d’avoir accusé de troubler la France ceux qui la veulent généreuse, à la tête des nations libres et justes, lorsqu’on ourdit soi-même l’impudent complot d’imposer l’erreur, devant le monde entier. C’est un crime d’égarer l’opinion, d’utiliser pour une besogne de mort cette opinion qu’on a pervertie jusqu’à la faire délirer. C’est un crime d’empoisonner les petits et les humbles, d’exaspérer les passions de réaction et d’intolérance, en s’abritant derrière l’odieux antisémitisme, dont la grande France libérale des droits de l’homme mourra, si elle n’en est pas guérie. C’est un crime que d’exploiter le patriotisme pour des œuvres de haine, et c’est un crime, enfin, que de faire du sabre le dieu moderne, lorsque toute la science humaine est au travail pour l’œuvre prochaine de vérité et de justice.
- « J'accuse… ! », Émile Zola, L'Aurore, nº 87, le 13 janvier 1898, p. 2 (texte intégral sur Wikisource)
La vérité est en marche et rien ne l’arrêtera.
- « J'accuse… ! », Émile Zola, L'Aurore, nº 87, le 13 janvier 1898, p. 2 (texte intégral sur Wikisource)
Quand on enferme la vérité sous terre, elle s’y amasse, elle y prend une force telle d’explosion, que, le jour où elle éclate, elle fait tout sauter avec elle. On verra bien si l’on ne vient pas de préparer, pour plus tard, le plus retentissant des désastres.
- « J'accuse… ! », Émile Zola, L'Aurore, nº 87, le 13 janvier 1898, p. 2 (texte intégral sur Wikisource)
Mais cette lettre est longue, monsieur le Président, et il est temps de conclure.
J’accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d’avoir été l’ouvrier diabolique de l’erreur judiciaire, en inconscient, je veux le croire, et d’avoir ensuite défendu son œuvre néfaste, depuis trois ans, par les machinations les plus saugrenues et les plus coupables.
[...]
- « J'accuse… ! », Émile Zola, L'Aurore, nº 87, le 13 janvier 1898, p. 2 (texte intégral sur Wikisource)
Quant aux gens que j’accuse, je ne les connais pas, je ne les ai jamais vus, je n’ai contre eux ni rancune ni haine. Ils ne sont pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale. Et l’acte que j’accomplis ici n’est qu’un moyen révolutionnaire pour hâter l’explosion de la vérité et de la justice.
Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme. Qu’on ose donc me traduire en cour d’assises et que l’enquête ait lieu au grand jour ! J’attends.
Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme. Qu’on ose donc me traduire en cour d’assises et que l’enquête ait lieu au grand jour ! J’attends.
- « J'accuse… ! », Émile Zola, L'Aurore, nº 87, le 13 janvier 1898, p. 2 (texte intégral sur Wikisource)
L'Affaire Dreyfus : la vérité en marche, 1901
La vérité et la justice sont souveraines, car elles seules assurent la grandeur des nations.
- L'Affaire Dreyfus : la vérité en marche, Émile Zola, éd. Imprimerie nationale, 1992 (ISBN 2110812346), p. 41
Discours
La science a-t-elle promis le bonheur ? Je ne le crois pas. Elle a promis la vérité, et la question est de savoir si l'on fera jamais du bonheur avec de la vérité.
- « Discours à l'Assemblée générale des étudiants de Paris » (18 mai 1893), dans Œuvres complètes, Émile Zola, éd. François Bernouard, 1927, vol. 50 (« Mélanges. Préfaces et discours »), p. 288
Les Rougon-Macquart
La Fortune des Rougon, 1871
Les sanglots d'un homme ont des sécheresses navrantes.
- La Fortune des Rougon, Émile Zola, éd. Charpentier, 1879, chap. V, p. 204
L'Assommoir, 1878
Mon idéal, ce serait de travailler tranquille, de manger toujours du pain, d’avoir un trou un peu propre pour dormir, vous savez un lit, une table et deux chaises, pas davantage…
- L'Assommoir (1876), Émile Zola, éd. Charpentier, 1879, chap. II, p. 49 (texte intégral sur Wikisource)
- Ah bien ! vous êtes encore innocents de vous attraper pour la politique !… En voilà une blague, la politique ! Est-ce que ça existe pour nous ?… On peut bien mettre ce qu'on voudra, un roi, un empereur, rien du tout, ça ne m'empêchera pas de gagner mes cinq francs, de manger et de dormir, pas vrai ?… Non, c'est trop bête !
- L'Assommoir (1876), Émile Zola, éd. Charpentier, 1879, chap. III, p. 109 (texte intégral sur Wikisource)
Ah ! la crevaison des pauvres, les entrailles vides qui crient la faim, le besoin des bêtes claquant des dents et s'empiffrant de choses immondes, dans ce grand Paris si doré et si flambant !
- L'Assommoir (1876), Émile Zola, éd. Charpentier, 1879, chap. XII, p. 509 (texte intégral sur Wikisource)
Nana, 1880
La religion tolérait bien des faiblesses, quand on gardait les convenances.
- Nana, Émile Zola, éd. Charpentier, 1881, chap. 12, p. 444 (texte intégral sur Wikisource)
Pot-Bouille, 1882
On n'aime bien que les femmes qu'on n'a pas eues.
- La Joie de vivre, Émile Zola, éd. Charpentier, 1883, chap. 15, p. 405 (texte intégral sur Wikisource)
La Joie de vivre, 1884
Chaque fois que la science avance d'un pas, c'est qu'un imbécile la pousse, sans faire exprès.
- La Joie de vivre, Émile Zola, éd. Charpentier, 1884, chap. 9, p. 357 (texte intégral sur Wikisource)
Le Rêve, 1888
Tout n'est que rêve.
- Le Rêve, Émile Zola, éd. Charpentier, 1888, chap. XIV, p. 310 (texte intégral sur Wikisource)
L'Argent, 1891
L'argent [est] le fumier dans lequel pousse l'humanité de demain. [...] L'argent, empoisoneur et destructeur, devenait le ferment de toute végétation sociale, servait de terreau nécessaire aux grands travaux dont l'exécution rapprocherait les peuples et pacifierait la terre.
- L'Argent, Émile Zola, éd. Charpentier, 1891, partie VII, p. 245-246 (texte intégral sur Wikisource)
Elle ignorait [...] les histoires de sa royale fortune [...], toute une vie de vols effroyables, non plus au coin des bois, à main armée, comme les nobles aventuriers de jadis, mais en correct bandit moderne, au clair soleil de la Bourse, dans la poche du pauvre monde crédule, parmi les effondrements et la mort.
- L'Argent, Émile Zola, éd. Charpentier, 1891, partie II, p. 47 (texte intégral sur Wikisource)
Oui, demain est aux grands capitaux, aux efforts centralisés des grandes masses. Toute l'industrie, tout le commerce, finiront par n'être qu'un immense bazar unique, où l'on s'approvisionnera de tout.
- L'Argent, Émile Zola, éd. Charpentier, 1891, partie II, p. 59 (texte intégral sur Wikisource)
Le Docteur Pascal, 1893
Aucun bonheur n'est possible dans l'ignorance, la certitude seule fait la vie calme.
- Le Docteur Pascal, Émile Zola, éd. Charpentier et Fasquelle, 1893, chap. 8, p. 217 (texte intégral sur Wikisource)
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