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=== Prose poétique ===
=== Prose poétique ===
==== [[Robert Desnos]], ''Deuil pour deuil'', 1924 ====
{{citation|citation=Ces deux comètes qui, légèrement, dès cinq heures du soir relèvent une jupe de taffetas sur un genou de lune : la belle rouge aux lèvres humides, amie des adultères et que plus d'un amant délaissé découvrit, blottie dans son lit, les cils longs et faignant d'être inanimée, la belle rouge enfin aux robes bleue sombre, aux yeux bleu sombre, au coeur bleu sombre comme une méduse perdue, loin de toutes les côtes, dans un courant tiède hanté par les bateaux fantômes.}}
{{Réf Livre|titre=La liberté ou l'amour ! suivi de Deuil pour deuil|auteur=[[Robert Desnos]]|éditeur=Gallimard|Collection=L'Imaginaire|année=1962|année d'origine=1924|page=131|ISBN=978-2-07-027695-0}}

==== [[André Breton]], ''Poisson soluble'', 1924 ====
==== [[André Breton]], ''Poisson soluble'', 1924 ====
{{Citation|citation=Dites à votre maîtresse que le bord de son lit est une rivière de fleurs.}}
{{Citation|citation=Dites à votre maîtresse que le bord de son lit est une rivière de fleurs.}}

Version du 7 février 2012 à 00:15

Anne Anderson

Littérature

Écrit intime

Paul Klee, Journal, 1957

Berne, 27-4-1898. « Asseyez-vous et tâchez de l'apprendre mieux », disait-on en mathématiques, mais voilà qui est passé et oublié. Pour l'instant se déroule au-dehors le premier orage de l'année. Un frais vent d'ouest m'effleure qui m'apporte une odeur de thym et des sifflets de chemin de fer, et se joue dans mes cheveux humides. La nature m'aime donc ! Consolatrice et prometteuse.
Pareil jour, je demeure invulnérable. Souriant à l'extérieur, riant plus libre au-dedans, une chanson dans l'âme, un gazouillant sifflotement sur les lèvres, je me jette sur le lit, me détends, préserve la sommeillante force.
Vers l'ouest, vers le nord, où que le sort m'entraîne : je crois !


Prose poétique

Robert Desnos, Deuil pour deuil, 1924

Ces deux comètes qui, légèrement, dès cinq heures du soir relèvent une jupe de taffetas sur un genou de lune : la belle rouge aux lèvres humides, amie des adultères et que plus d'un amant délaissé découvrit, blottie dans son lit, les cils longs et faignant d'être inanimée, la belle rouge enfin aux robes bleue sombre, aux yeux bleu sombre, au coeur bleu sombre comme une méduse perdue, loin de toutes les côtes, dans un courant tiède hanté par les bateaux fantômes.


André Breton, Poisson soluble, 1924

Dites à votre maîtresse que le bord de son lit est une rivière de fleurs.


Il y a une chambre aquatique construite sur le modèle d'un sous-sol de banque, avec ses lits blindés, ses coiffeuses innovation où la tête est vue droite, renversée, couchée sur l'horizontale droite ou gauche.


Robert Desnos, La liberté ou l'amour !, 1927

Il arriva dans une ville de chercheurs d’or. Dans un bal dansait une Espagnole vêtue de façon excitante. Il la suivit dans une chambre soupentée où l’écho des querelles et de l’orchestre arrivait assourdi. Il la déshabilla lui-même, mettant à détacher chaque vêtement une lenteur sage et fertile en émotion. Le lit fut alors le lieu d’un combat sauvage, il la mordit, elle se débattit, cria et l’amant de la danseuse, un redoutable sang-mêlé, heurta à la porte.
  • La liberté ou l'amour ! (1927), Robert Desnos, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 1962  (ISBN 978-2-07-027695-0), III. Tout ce qu'on voit est d'or, p. 28


Je crois encore au merveilleux en amour, je crois à la réalité des rêves, je crois aux héroïnes de la nuit, aux belles de nuit pénétrant dans les cœurs et dans les lits.


La nuit s’en va abandonnant sur le lit individuel un bouquet de nénuphars. Au matin, le gardien voit le bouquet. Il questionne le fou qui ne répond pas et dès lors, aux bras de la camisole de force, le malheureux ne sortira plus de sa cellule.


La voici, tempête conventionnelle sous des nuages immobiles. La voici, femme virile coiffée du bonnet phrygien, aux tribunes de la Convention et à la terrasse des Feuillants. Mais déjà femme est-ce encore elle cette merveilleuse, encore ce mot prédestiné dans l’olympe de mes nuits, femme flexible et séduite et déjà l’amour ? L’amour avec ses seins rudes et sa gorge froide. L’amour avec ses bras emprisonneurs, l’amour avec ses veillées mouvementées, à deux, sur un lit tendu de dentelles.


— La sœur de qui ? demanda Corsaire Sanglot.
— Le cœur décis, décor ce lit.
— Feux intellectuels vulgaires.


Octavio Paz, Liberté sur parole, 1958

Jeté sur mon lit, je demande le sommeil brut, le sommeil de la momie.
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Travaux du poète — IV, p. 49


Il est quatre heures trente, quatre heures trente. Le jour m'assaille avec sa sentence : il faudra se lever et affronter le travail quotidien, les saluts matinaux, les sourires crispés, les amours dans des lits d'aiguilles, les peines et les diversions qui laissent des cicatrices ineffaçables. Et tout cela sans s'être reposé un seul instant, car maintenant que je suis mort de sommeil, et que je ferme les yeux pesamment, la montre m'appelle : il est huit heures, c'est l'heure.
  • Liberté sur parole (1958), Octavio Paz (trad. Jean-Clarence Lambert), éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1966  (ISBN 2-07-031789-7), partie II. AIGLE OU SOLEIL ? (1949-1950), Travaux du poète — VII, p. 53


Roman

James Joyce, Ulysse, 1922

Voici la servante de la lune. Dans le sommeil le signe liquide lui dit son heure, la fait lever. Lit nuptial, lit de parturition, lit de mort aux spectrales bougies. Omnis caro ad te veniet. Et voici la vampire qui vient, ses yeux, perceurs de tempêtes, sa voilure de chauve-souris qui ensanglante la mer, bouche au baiser de sa bouche.