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== ''Dictionnaire égoïste de la littérature française'', 2005 == |
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Charles Dantzig est un écrivain français né à Tarbes le 7 octobre 1961.
Dictionnaire égoïste de la littérature française, 2005
Une défectuosité de l’outil engendre la virtuosité de l’ouvrier.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 11
Rien n'éloigne plus d'un écrivain que ses ennemis, si ce n'est ses admirateurs. Compagnie en rangs serrés, arme à l'épaule, elle monte la garde en chantant : Gloi-rà-not'grantôm ! - Gloi-rà-not'grandtôm ! Et si l'on s'approche trop ils grognent, chiens de garde protégeant l'os qui leur donne de l'existence.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 13.
Sans doute faut-il être nonagénaire et gaga pour apprécier le Finnegans Wake de Joyce.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 16
De fait, ce sont les lectures des adultes qu’on devrait surveiller. On les abandonne comme des chiens aux grandes vacances au bord de l’autoroute, et ils avancent, désespérés, hâves, frôlant les murs pour éviter la pluie, avec des épaules d’hyène et des inquiétudes de loup, dérobant le premier os de Danielle Steel ou de Marc Levy qui dépasse d’une poubelle. Nonchalants, les éditeurs les tirent.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 17
Selon les époques, les artistes sont considérés comme de la domesticité de luxe ou comme le luxe de la domesticité.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 18.
[Proust] a découvert, puis admis la contradiction entre le dire et le faire. Les hommes sont autres qu'ils ne le disent. Et après ? Cette autre idée de soi est un élément du moi, sa part idéaliste, qui cherche à excuser ses petitesses réalistes. Ce livre nous donne une impression d'immense indulgence. Il y a sur la lune une mer de la Sérénité, A la recherche du temps perdu est la mer de l'Indulgence. Les hommes sont imparfaits, mais ce sont les hommes. Comme tout grand roman, A la recherche du temps perdu n'est pas moraliste. Il comprend tout. Il admet tout. L'homme n'est pas un ennemi.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 23.
A la recherche du temps perdu n'est pas un roman hâtif, et c'est sa qualité. Proust est un entrepreneur texan qui ne quitte pas ses hectares sans en avoir sucé le maximum de pétrole. Et ses personnages, grands derricks noirs, se dressent à perte de vue dans nos imaginations.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 26-27.
La moitié de la gloire de Baudelaire vient, non de ses grands vers, mais de ce qu'il n'est jamais content.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 31.
Un moraliste devrait assumer sa posture de tueur méprisant : une phrase, une balle, on rengaine.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 31.
L'aigre est une variété de l'amer. [...] L'aigreur est la supériorité du stérile.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 31.
Selon les grincheux, nous vivons en décadence. Comme si la décadence n'était pas là depuis le premier jour de la vie. Chassé du paradis, Adam errait en grommelant : "Tout fout le camp." Avant c'était mieux. Après ce sera mieux. Pauvre présent ! Pauvre présent toujours injurié, présent qui est nous, présent qui n'arrive jamais à se débarrasser du chewing-gum du passé et devant qui on agite en permanence le papier brillant de l'avenir, pauvre présent, tu trouves le moyen d'admirer ceux qui t'injurient.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 31-32.
L'amour est un espoir. De là sa nuance de bassesse. Seulement, c'est un espoir envers soi-même, de pouvoir être assez bien pour plaire, etc. De là sa nuance de hauteur.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 32.
Les femmes deviennent amoureuses espérant introduire du romanesque dans leur vie. Ayant constaté que cela a surtout introduit des emmerdements, elles lisent des romans.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 33.
L'amour est le seul sujet sur lequel on puisse écrire n'importe quoi, car l'amour est n'importe quoi. C'est une qualité.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 33.
Quand il y a querelle entre les Anciens et les Modernes, choisissez les Modernes : c'est vous.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 33.
Il y a quelque chose de putassier chez Apollinaire, putassier comme peut l'être un enfant. Il a le génie du câlinage. Comme on se laisse charmer par ce serveur de pizzeria déposant l'assiette d'un geste rond avec un regard langoureux pour la cliente !
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 37.
Les plus grands inventeurs ne sont pas les plus diplômés, car l'érudition blase ou paralyse.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 40.
Colette ressemblait à un renard. C'est bien sa seule absence de ruse.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 42.
Aragon est l'écrivain qui n'a jamais ri.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 47.
Si un auteur est généralement un petit peu moins bien que son livre, c'est que, au moment où il l'écrivait, il était plus complet. Il avait convoqué son moi idéal, ses talents, ses ruses, ses élans, il affrontait des obstacles dont les héros de romans courtois n'ont pas idée. Il s'élevait. Revenu à terre, il prend un repos nécessaire, car personne ne pourrait supporter ces tensions en permanence, envoyant tout ce personnel en vacances, et se retrouve seul, avec un air de vieux maître d'hôtel fourbu dans un château abandonné.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 53.
La provocation provient du dépit et est un enfantillage. Quelle importance de choquer ceux que l’on méprise ? Serait-ce qu’on ne les méprise pas tellement ? Au fond, la provocation est une approbation.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 79
On ne peut pas définir la forme du beau, parce que le beau est mouvant.
Le beau est une paresse.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 84
Cet humour lugubre (…) que les années 1950-1970, par excès de rationalisme, ont qualifié d’absurde, est enseigné dans les écoles françaises sans le mot essentiel : irlandais.
- (A propos de Beckett)
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 93
Si la critique littéraire, c’est le mariage forcé, la biographie, c’est le mariage interminable. Dans les deux cas ; les regards se plissent. C’est toujours toi qui choisis le programme à la télé, impossible de rien faire l’un sans l’autre, ah, si j’avais su, je n’aurais jamais dit oui ! peste le biographe. Voilà comment des gens bien intentionnés a départ se crispent sur de minuscules particularismes irritants et produisent mille petits reproches irrités. Ils cassent la statue pour ses chiures de pigeon.
Et le plaisir de la vengeance : je me tue depuis des années à accumuler de la documentation au fond des bibliothèques à éclairage tuberculeux, et je ne le resservirais pas en entier ? Ils ressemblent aux parents qui laissent leurs enfants hurler dans les trains pour que les autres les subissent autant qu’eux.
Et le plaisir de la vengeance : je me tue depuis des années à accumuler de la documentation au fond des bibliothèques à éclairage tuberculeux, et je ne le resservirais pas en entier ? Ils ressemblent aux parents qui laissent leurs enfants hurler dans les trains pour que les autres les subissent autant qu’eux.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 113
Si la critique littéraire, c’est le mariage forcé, la biographie, c’est le mariage interminable. Dans les deux cas ; les regards se plissent. C’est toujours toi qui choisis le programme à la télé, impossible de rien faire l’un sans l’autre, ah, si j’avais su, je n’aurais jamais dit oui ! peste le biographe. Voilà comment des gens bien intentionnés a départ se crispent sur de minuscules particularismes irritants et produisent mille petits reproches irrités. Ils cassent la statue pour ses chiures de pigeon.
Et le plaisir de la vengeance : je me tue depuis des années à accumuler de la documentation au fond des bibliothèques à éclairage tuberculeux, et je ne le resservirais pas en entier ? Ils ressemblent aux parents qui laissent leurs enfants hurler dans les trains pour que les autres les subissent autant qu’eux.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 113
Le bons sens est le bouclier que l’intelligence brandit quand elle est fatiguée d’argumenter.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 119
L’ignorance qui raille est le procureur de l’injustice.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 123
On peut donc se sentir séparé de l’humanité à Rome. C’est fascinant d’inculture comme remarque.
- (A propos de James Cameron)
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 176
En général, les livres moyens donnent de très bons films : ils ne contiennent pas de pensées que le cinéaste est gêné de supprimer.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 178
Il est remarquable que la France, qu’on accuse d’avoir la rage de la clarté, et qui s’en vante parfois, soit le pays qui a donné et Voltaire et Mallarmé.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 180
Le huitième jour, Dieu créa Paul Claudel. Il avait envie de se foutre du monde.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 181
Les convertis forment avec les repentis l’espèce la plus dangereuse qui soit : ils mettent tout leur zèle à montrer la fermeté de leur nouvelle conviction.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 182
Une personne qui écrit qu’«il faut sortir des sentiers battus » y entre.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 186
Et la grande ruse des femmes du Moyen-Age : elles ont poussé les hommes à inventer le style courtois, qui donne un aspect viril à la politesse et la rend applicable par les enfants vieillis qui portent le nom d’hommes.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 221
Un mot n’est pas qu’un mot, et c’est le problème particulier de l ‘écrivain. Un mot est chargé de souvenirs, d’histoire, de joies, de douleurs, celles des lecteurs, de l’écrivain lui-même.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 223
Si nous [les Français] avons ce rapport aux dictionnaires, c’est précisément parce que nous sommes le pays le plus irréligieux du monde. Le dictionnaire est le seul livre qu’on trouve dans les familles qui ne lisent pas ou dans les familles françaises les plus pauvres, quand, dans les autres pays occidentaux, c’est la Bible.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 253
Une école littéraire est une bande de jeunes gens qui se liguent contre les vieux raseurs établis et renversent leurs fauteuils pour prendre leur place et devenir de jeunes raseurs établis. (…) Ceux qui y croient littérairement sont les écrivains suiveurs, qui ont besoin de sauter dans le carrosse des autres pour avancer.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 267
Dans certains livres, il y a des passages très bien écrits qui signalent que l’auteur s’ennuie : il tourne à vide.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 269
La foi sert de carburant aux écrivains dont l’émotivité s’assèche.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 311
Le genre français médiocre consiste en petit ton étriqué qui se croit brillant
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 311
Il n’y a pas cinquante kilomètres carrés de notre pays qui n’aient vu naître un écrivain. C’est trop. Il ne reste plus de place pour les lecteurs.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 315
Les coquetteries sont souvent une manière naïve d’exprimer la vérité en disant son contraire.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 327
On peut écrire différemment de son origine sociale : les Goncourt sont aristocrates, et écrivent comme des colonels d'infanterie en retraite qui se seraient mis dans les antiquités
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 346
René Goscinny (…) fait partie des talents littéraires qui, au XXè siècle, ont fait autre chose de la littérature en apportant du littéraire à cette autre chose.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 351
L'explication « Je n'étais pas né » pour justifier l'ignorance est une explication de barbare.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 351
En littérature, [les imbéciles] sont souvent populaires, soit que leur enflure est prise pour du lyrisme, ou leur outrecuidance pour de la virilité.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 355
Il n'y a pas d'imposteur en art, il n'y a que des publics crédules.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 391
Un écrivain qui emploi le mot « indicible » devrait se faire charcutier.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 391
J'aime beaucoup ce genre de livres qui alourdit l'œil des gens épais. Il faudrait le donner à lire à un ministre de la Défense, à un secrétaire général de syndicat.
- (A propos du Cornet à dés de Max Jacob)
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 404
Le journaliste moyen qui vous pose une question n'écoute pas votre réponse : il écoute son préjugé.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 417
A quoi mène le ratage ? Aux maximes. Chamfort rate sa naissance : maximes. Vauvenargues rate sa carrière militaire : maximes. La Rochefoucauld rate la Fronde : maximes.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 447
Tous les écrivains vous diront, après Malraux : « Au-delà de dix mille, tout succès est un malentendu ».
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 478
[Le vers de Maupassant] : « Je ne sais pas quel feu son œil sur moi darda » (…) pourrait concourir dans la compétition du plus mauvais vers du monde
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 518
[En littérature] Les causes de l'échec sont toujours claires, celles de la réussit restent obscures.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 524
Une maxime est souvent un solipsisme transformé en généralité par un écrivain qui croit en son expérience universelle.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 525
Oxymore, à quelles faussetés tes lourds clins d'œil nous mènent !
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 529
Si nous connaissons le mot, nous avons l'image. Et sinon il y a le dictionnaire. Ou l'imagination. Qui n'a pas besoin d'être très précise. Les romans ne sont pas des planches d'anatomie.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 532
L'hypocrisie est une huile sociale, la fourberie un miel d'arriviste.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 544
On pourrait dire que le XVIe [siècle] est joyeux, le XVIIe allègre, le XVIIIe gai, le XIXe humoristique et le XXe ricaneur.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 548
Un écrivain n'aime pas plus les mots qu'un menuisier les clous. Un mot est un objet donc il se sert pour créer un autre objet nommé phrase, laquelle donnera son utilité au mot; un mot inusité n'a pas d'utilité.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 584
Le dieu des Narcisses devrait être saint Augustin, qui a écrit ses Confessions sans avoir rien fait.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 609
D'une certaine façon, un écrivain écrivant une œuvre de fiction à la première personne est le « nègre » de son narrateur
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 610
Fabre d'Eglantine, ainsi surnommé parce qu'il avait reçu l'Eglantine d'or de l'Académie des jeux floraux de Toulouse, (…) fut l'auteur de la douce chanson « Il pleut, il pleut, bergère », puis, pendant la Révolution française, membre de la commune insurrectionnelle, qui eut plutôt tendance à les égorger, les bergères.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 617-618
La justice est aveugle à qui ne porte pas le costume. Costume égale coutume. Même mot, même puissance.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 623
L'œuvre est ce qui tue l'intime.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 629
Le « on » n'est personne, le « je » est une personne. Eternel combat de la liberté contre la mystification.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 630
[L]es surréalistes, ces symbolistes en treillis.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 630
Ce qu'on peut opposer à un écrivain, c'est ce qu'il a écrit. Ce qu'il a dit est moins sûr.
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 631
Pourquoi lire, 2010
Un livre n'est pas fait pour les lecteurs, il n'est même pas fait pour son auteur, il n'est fait pour personne. Il est fait pour être. Un livre fait pour les lecteurs les prend pour un public.
- Pourquoi lire ?, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2010, p. 27
Et quel atroce caprice est la lecture, atroce pour les auteurs ! Tout ce qui périt de talents par défaut de lecture ! Les bons lecteurs, on devrait les enfermer pour lire ! On leur verserait un salaire et ils ne feraient que ça, sauver la littérature en la lisant ! 24 ans !
- Pourquoi lire ?, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2010, p. 28
Ce n'est pas nous dans les livres qui nous font juger que les livres sont bons, c'est le talent. Ce n'est pas aux personnages, aux idée qu'on veut ressembler. On veut ressembler au talent.
- Pourquoi lire ?, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2010, p. 29
On ne lit pas un livre pour une histoire, on lit un livre pour danser avec son auteur.
- Pourquoi lire ?, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2010, p. 46
La seule question à se poser devant un chef d'oeuvre, c'est : ferait-il brûler la bibliothèque d'Alexandrie ? Si on ne pense pas à le faire, c'est qu'il est bonasse et rien à craindre. Si on y pense, c'est qu'il y a des soupçons sur sa vulgarité.
- Pourquoi lire ?, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2010, p. 57
Oui, on lit par protestation contre la vie. La vie est très mal faite. On y rencontre sans arrêt des gens inutiles. Elle est pleine de redites. Ses paysages sont interminables. Si elle se présentait chez un éditeur, la vie serait refusée.
- Pourquoi lire ?, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2010, p. 107
Lire est déraisonnable. Il y a des choses bien plus importantes, disent les importants. C'est vrai. Et, le sachant, nous continuons en sifflotant ces lectures qui nous privent de la gloriole et de la fortunette.
- Pourquoi lire ?, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2010, p. 134
Ah, ce que j'aurai pu aimer les livres. Leur forme, leur odeur, leur promesse. Et pourtant, quelle forme banale, et parfois quelle odeur déplaisante, quelle déception. Tant pis. Car enfin, de cet objet somme toute si commun, noir sur blanc, mouche sur laid, surgit, d'autres fois, un monde. Et voilà pourquoi la lecture n'est pas contre la vie. Elle est la vie, une vie plus sérieuse, moins violente, moins frivole, plus durable, plus orgueilleuse, moins vaniteuse, avec souvent toutes les faiblesses de l'orgueil, la timidité, le silence, la reculade. Elle maintient, dans l'utilitarisme du monde, du détachement en faveur de la pensée.
- Pourquoi lire ?, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2010, p. 241
Et quand l'objet en papier aura disparu, pour la satisfaction douloureuse des amers qui diront : je l'avais prédit, nous répondrons : et alors ? Nous ne lisons plus sur les rouleaux de Rome, seuls quelques érudits savent qu'ils ont existé, et la littérature romaine demeure, en partie. Plus noirs que ces amers, on dira que l'informatisation servira encore mieux les puissants, qui pourront ranger l'humanité dans des appartements toujours plus petits, puisque plus besoin de bibliothèque et tout dans iPad, et que, un jour quand cela sera réduit à un tout petit point rouge, il clignotera fébrilement, puis hoquetant de moins en moins, il, s'éteindra.
Ne lisant plus, l'humanité sera ramenée à l'état naturel, parmi les animaux. Le tyran universel, inculte, sympathique, doux, sourira sur l'écran en couleurs qui surplombera la terre.
Ne lisant plus, l'humanité sera ramenée à l'état naturel, parmi les animaux. Le tyran universel, inculte, sympathique, doux, sourira sur l'écran en couleurs qui surplombera la terre.
- Pourquoi lire ?, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2010, p. 244
Voir aussi
Encyclopédie capricieuse du tout et du rien
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