Samuel Beckett

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Samuel Beckett en 1977.

Samuel Beckett (Foxrock, près de Dublin, 13 avril 1906 - Paris, 22 décembre 1989) est un écrivain, poète et dramaturge irlandais d'expression anglaise et française.

L'Innommable, 1953[modifier]

Ces Murphy, Molloy, et autres Malone, je n'en suis pas dupe. Ils m'ont fait perdre mon temps [...] Ils n'ont pas souffert mes douleurs, leurs douleurs ne sont rien, à côté des miennes, rien qu'une petite partie des miennes, celle dont je croyais pouvoir me détacher, pour la contempler.
  • L'Innommable, Samuel Beckett, éd. Les Éditions de Minuit, 1953  (ISBN 2-7073-1891-4), p. 28


Les larmes ruissellent le long de mes joues sans que j'éprouve le besoin de cligner les yeux. Qu'est-ce qui me fait pleurer ainsi ? De temps en temps. Il n'y a rien ici qui puisse m'attrister. C'est peut-être de la cervelle liquéfiée.
  • L'Innommable (1953), Samuel Beckett, éd. Les Éditions de Minuit, 2004  (ISBN 2-7073-1891-4), p. 11


« Il faut continuer, je ne peux pas continuer, il faut continuer, je vais donc continuer, il faut dire des mots, tant qu’il y en a, il faut les dire, (…) il faut continuer, je ne peux pas continuer, je vais continuer.
  • L'Innommable (1953), Samuel Beckett, éd. Les Éditions de Minuit, 2004  (ISBN 2-7073-1891-4), p. 218


Fin de partie, 1957[modifier]

Hamm : Quelle heure est-il ?

Clov : La même que d'habitude.
Hamm : Tu as regardé ?
Clov : Oui.
Hamm : Et alors ?

Clov : Zéro.


Hamm : Pourquoi ne me tues-tu pas ?
Clov : Je ne connais pas la combinaison du buffet.


Hamm : On n'est pas en train de... de... signifier quelques chose ?
Clov : Signifier ? Nous, signifier ! (Rire bref.) Ah elle est bonne !


Clov : À quoi est-ce que je sers ?
Hamm : À me donner la réplique.


Clov : (regardant). Je t'en foutrai des tomates ! Quelqu'un ! C'est quelqu'un !
Hamm : Eh bien, va l'exterminer.


Oh les beaux jours, 1963[modifier]

Maximum de simplicité et de symétrie. Lumière aveuglante.
  • Description du décor.


Oh le beau jour encore que ça aura été, encore un ! (Un temps.) Malgré tout. (Fin de l'expression heureuse.) Jusqu'ici.


Premier Amour, 1946[modifier]

Je sentais l’âme qui s’ennuie vite et n’achève jamais rien, qui est de toutes peut-être la moins emmerdante.
  • Premier Amour (1946), Samuel Beckett, éd. Les Éditions de Minuit, 2009, p. 19


Ce qui fait le charme de notre pays, à part bien entendu le fait qu’il est peu peuplé, malgré l’impossibilité de s’y procurer le moindre préservatif, c’est que tout y est à l’abandon sauf les vieilles selles de l’histoire.
  • Premier Amour (1946), Samuel Beckett, éd. Les Éditions de Minuit, 2009, p. 27


En attendant Godot, 1952[modifier]

Avec la moindre créature on s’instruit, on s’enrichit, on goûte mieux son bonheur.
  • En attendant Godot, Samuel Beckett, éd. Les Éditions de Minuit, 1952  (ISBN 978-2-7073-0148-2), p. 37


En attendant Godot, 1952[modifier]

Les larmes du monde sont immuables. Pour chacun qui se met à pleurer, quelque part un autre s'arrête. Il en va de même pour le rire.
  • En attendant Godot, Samuel Beckett, éd. Les Éditions de Minuit, 1952  (ISBN 978-2-7073-0148-2), p. 42


Citations sur Beckett[modifier]

Je viens d'un coin d'Europe où les débordements, le débraillé, la confidence, l'aveu immédiat, non sollicité, impudique est de rigueur, où l'on connaît tout de tous, où la vie en commun se ramène à un confessionnal public, où le secret précisément est inimaginable et où la volubilité confine au délire.

Cela seul suffirait à expliquer pour quoi je devais subir la fascination d'un homme surnaturellement discret.
  • Exercices d'admiration, Emil Cioran, éd. Gallimard, coll. « Arcades », 1986, chap. Beckett, écrit en 1976, p. 100


Je le crois aussi volontaire qu'un fanatique. Même si le monde croulait, il n'abandonnerait pas le travail en cours ni ne changerait de sujet. Dans les choses essentielles, il est certainement ininfluençable. Pour tout le reste, pour l'inessentiel, il est sans défense, probablement plus faible que nous tous, plus faible même que ses personnages...
  • Exercices d'admiration, Emil Cioran, éd. Gallimard, coll. « Arcades », 1986, chap. Beckett, écrit en 1976, p. 107


Cet humour lugubre (…) que les années 1950-1970, par excès de rationalisme, ont qualifié d’absurde, est enseigné dans les écoles françaises sans le mot essentiel : irlandais.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 93


Beckett est un faux maigre. Il est drôle, habile, lourd. Parfois rabâcheur, gâtant certains passages, ceux où il a dû se trouver le plus drôle. Cet austère n’est pas dépourvu de complaisance. Il a des moments de sous-écrit surécrits, mais l’ironie le sauve de l’affectation.
  • Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 95


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