Pierre Reverdy
Apparence
Cette page est une ébauche. N'hésitez pas à la modifier en ajoutant des citations admissibles ! | |
Pierre Reverdy, né à Narbonne (Aude) le 11 septembre 1889 (le 13 septembre 1889 selon l'état civil) et mort à Solesmes le 17 juin 1960, est un poète français associé au cubisme et aux débuts du surréalisme.
Citations
[modifier]Nord-Sud
[modifier]
L’image est une création pure de l’esprit. Elle ne peut naître d’une comparaison mais du rapprochement de deux réalités plus ou moins éloignées. Plus les rapports des deux réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l’image sera forte – plus elle aura de puissance émotive et de réalité poétique.
- Nord-Sud, 13, mars 1918 [lire en ligne].
- « L’Image », dans Nord-sud, Self-defence et autres écrits sur l'art et la poésie : 1917-1926, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, 1975, p. 73 (lire en ligne)
- « Image », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2200-7), t. I, p. 495
Si la syntaxe est l’art de disposer les mots, selon leur valeur et leur rôle, pour en faire des phrases – restant logique avec nous-mêmes – nous dirons qu’on n’imite pas plus la syntaxe de quelqu’un qu’on n’imite son art – à condition de s’entendre sur la signification de ce dernier mot et ne pas le vouloir faire synonyme d’imitation.
- Nord-Sud, 14, avril 1918 [lire en ligne].
- « Syntaxe », dans Nord-sud, Self-defence et autres écrits sur l'art et la poésie : 1917-1926, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, 1975, p. 81 (lire en ligne)
- « Syntaxe », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2200-7), t. I, p. 500
Note éternelle du présent
[modifier]Entre la pénombre toujours équivoque du passé et la nuit trop éblouissante du futur, il nous restera encore et sans cesse à déchiffrer, pour apaiser le furieux appétit d’une curiosité insatiable, cette portion de durée que seule nous aurons chacun, quelques infirmes qu’aient été nos moyens d’investigation, à la fin réellement explorée : notre présent.
- « Note éternelle du présent », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 1162
Le Livre de mon bord
[modifier]Pudeur et audaces de la plume. Toutes les choses que l’on écrit et que l’on ne dit pas. Toutes celles que l’on dit et qu’on n’écrirait pas.
- « Le Livre de mon bord, notes 1930-1936 », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 650
- Citation choisie pour le 10 novembre 2022.
Pour les femmes, le meilleur argument qu’elles puissent invoquer en leur faveur, c’est qu’on ne peut pas s’en passer.
- « Le Livre de mon bord, notes 1930-1936 », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 654
La logique n’a rien de commun avec le bon sens et le bon sens en appelle toujours à la logique. Le bon sens ne s’écarte jamais des plus solides platitudes – et on ne lui reprochera pas – il est le bon sens. Mais la logique peut s’allier aux plus extravagantes folies – et cet accouplement engendrer des œuvres de génie. On respecte le bon sens – on admire les conceptions folles qui s’organisent, dans leur atmosphère et sur leur plan, logiquement.
- « Le Livre de mon bord, notes 1930-1936 », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 657
Dans la direction du cœur, le chemin doit toujours faire un détour par la pensée.
- « Le Livre de mon bord, notes 1930-1936 », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 669
J’ai tellement besoin de temps pour ne rien faire, qu’il ne m’en reste plus pour travailler.
- « Le Livre de mon bord, notes 1930-1936 », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 670
Le poète est un kaléidoscope. Il entre peu de chose dans l’infinie diversité de ses combinaisons.
- « Le Livre de mon bord, notes 1930-1936 », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 686
Rien ne vaut d’être dit en poésie que l’indicible, c’est pourquoi l’on compte beaucoup sur ce qui se passe entre les lignes.
- « Le Livre de mon bord, notes 1930-1936 », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 686
Les mots sont l’aile des idées, ils doivent les porter librement loin de toi, le plus loin possible de toi – les détacher de toi – les dépersonnaliser – elles vaudront d’autant plus qu’elles seront plus aux autres qu’à toi.
- « Le Livre de mon bord, notes 1930-1936 », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 689
La page vierge attend la plume, comme la toile blanche le pinceau.
- « Le Livre de mon bord, notes 1930-1936 », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 689
La vérité ne sort pas du puits. Elle entraîne celui qui la recherche au fond.
- « Le Livre de mon bord, notes 1930-1936 », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 703
C’est un tour de force incroyable de garder au bout de sa plume, après les détours qu’elle doit faire, la saveur de la sensation.
- « Le Livre de mon bord, notes 1930-1936 », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 706
Le poète, semblable au pigeon voyageur, porte dans sa plume un message, que d’autres devront, pour en extraire le vrai sens, déchiffrer.
- « Le Livre de mon bord, notes 1930-1936 », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 710
N’oublie pas. Les mots les plus simples, les tournures de phrases les plus souples sont ceux qui expriment le plus.
- « Le Livre de mon bord, notes 1930-1936 », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 717
On désire toujours assez pour entreprendre mais, pour aboutir, il s’agit de désirer longtemps.
- « Le Livre de mon bord, notes 1930-1936 », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 735
Aller à sa propre recherche, c’est recommencer tous les jours le même petit bout de chemin.
- « Le Livre de mon bord, notes 1930-1936 », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 735
L’éthique, c’est l’esthétique du dedans.
- « Le Livre de mon bord, notes 1930-1936 », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 738
À l’autre bout de la corde. Plus je pense et moins je suis.
- « Le Livre de mon bord, notes 1930-1936 », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 740
Le présent est fait de déformations du passé et d’ébauches imprécises de l’avenir. Et, quoi qu’on fasse, le présent n’est jamais qu’une vaste et bruyante fabrique du passé. Quand on revient sur ses pas, on retrouve tout immobile et ordonné dans le silence.
- « Le Livre de mon bord, notes 1930-1936 », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 742
Ô tête ! arrête-toi de penser, je voudrais dormir. Ô rêveur ! arrête-toi de dormir, je voudrais penser.
- « Le Livre de mon bord, notes 1930-1936 », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 749
Manier l’outil pendant longtemps – joie et détente interdites au poète. Un bon poème sort tout fait. La retouche n’est qu’un heureux accident et, si elle n’est pas merveilleuse, elle risque de tout abîmer.
- « Le Livre de mon bord, notes 1930-1936 », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 770
Écoute, je te parle à toi et à l’oreille. Où es-tu, toi, le seul digne de m’écouter, de m’entendre ?
- « Le Livre de mon bord, notes 1930-1936 », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 789
Circonstances de la poésie
[modifier] En art, pas plus d'ailleurs que dans la nature, la forme ne saurait être un but. On ne part pas à la recherche d'une forme préconçue, on la trouve, on y aboutit par surprise. C'est une conséquence, un résultat certainement nécessaire d'une activité uniquement déployée pour aboutir à l'être.
- L’Arche, 21, novembre 1946.
- « Circonstances de la poésie », dans Cette émotion appelée poésie : écrits sur la poésie, 1932-1960, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, 1974, p. 40 (lire en ligne)
- « Circonstances de la poésie », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 1231
La poésie n'est certainement pas dans les choses, autrement tout le monde l'y découvrirait aisément […]. Il n'existe pas non plus, par conséquent, de choses ni de mots plus poétiques les uns que les autres, mais toutes choses peuvent devenir à l'aide des mots poésie, quand le poète parvient à mettre son empreinte dessus. La poésie n'est en rien ni nulle part, c'est pourquoi elle peut être mise en tout et partout. Mais rien ne s'opère sans une véritable transmutation des valeurs. Dans l'impuissance à la saisir, à l'identifier où que ce soit, on a préféré déclarer qu'elle régnait partout et qu'il suffisait de savoir l'y découvrir. Or, il est parfaitement évident qu'elle est plutôt une absence, un manque au cœur de l'homme, et, plus précisément, dans le rapport que le poète a le don de mettre à la place de cette absence, de ce manque. Et il n'y a poésie réelle que là où a été comblé ce vide qui ne pouvait absolument l'être par aucune autre activité ou matière réelle de la vie.
- « Circonstances de la poésie », dans Cette émotion appelée poésie : écrits sur la poésie, 1932-1960, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, 1974, p. 41-42 (lire en ligne)
- « Circonstances de la poésie », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 1232
Le poète se dégage dans la mesure où l'homme s'engage, et l'homme dégagé permet au poète de s'engager. Que le poète aille à la barricade, c'est bien – c'est mieux que bien – mais il ne peut aller à la barricade et chanter la barricade en même temps. Il faut qu'il la chante avant ou après. Avant, c'est plus prudent, ce qui revient bien à dire que l'homme est d'autant plus engagé que le poète l'est moins. Non, il n'y a pas de poésie dans la nature, mais elle est le sceau particulier, l'empreinte indélébile que l'homme impose aux choses – une marque de fabrique suprême – un cachet de noblesse et de propriété.
- « Circonstances de la poésie », dans Cette émotion appelée poésie : écrits sur la poésie, 1932-1960, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, 1974, p. 51-52 (lire en ligne)
- « Circonstances de la poésie », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 1236-1237
Une aventure méthodique
[modifier]La fonction poétique
[modifier]La poésie n'est pas dans les choses – à la manière où la couleur et l'odeur sont dans la rose et en émanent – elle est dans l'homme, uniquement, et c'est lui qui en charge les choses, en s'en servant pour s'exprimer. Elle est un besoin et une faculté, une nécessité de la condition de l'homme – l'une des plus déterminantes de son destin. Elle est une propriété de sentir et un mode de penser.
- Mercure de France, 1040, 1er avril 1950[1].
- « La fonction poétique », dans Cette émotion appelée poésie : écrits sur la poésie, 1932-1960, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, 1974, p. 5. (lire en ligne)
- « La fonction poétique », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 1272
Cette émotion appelée poésie
[modifier]
Il n'y a pas de mots plus poétiques que d'autres. Car la poésie n'est pas plus dans les mots que dans le coucher du soleil ou l'épanouissement splendide de l'aurore – pas plus dans la tristesse que dans la joie. Elle est dans ce que deviennent les mots atteignant l'âme humaine, quand ils ont transformé le coucher du soleil ou l'aurore, la tristesse ou la joie. Elle est dans cette transmutation opérée sur les choses par la vertu des mots et les réactions qu'ils ont les uns sur les autres dans leurs arrangements – se répercutant dans l'esprit et sur la sensibilité. Ce n'est pas la matière dont la flèche est faite qui la fait voler – qu'importe le bois ou l'acier – mais sa forme, la façon dont elle est taillée et équilibrée qui font qu'elle va au but et pénètre et, bien entendu aussi, la force et l'adresse de l'archer.
- Mercure de France, 1044, 1er août 1950.
- « Cette émotion appelée poésie », dans Cette émotion appelée poésie : écrits sur la poésie, 1932-1960, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, 1974, p. 34-35 (lire en ligne)
- « Cette émotion appelée poésie », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 1294
En vrac
[modifier]On est orgueilleux par nature, modeste par nécessité.
- « En vrac », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 832
Contre le poète et pour la poésie, une seule source, un seul secret, un seul remède - être contrarié.
- « En vrac », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 833
Un fil de songe dans la main,
Fragile comme le destin.
Fragile comme le destin.
- « En vrac », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 847
La poésie se fixe à l’aide des mots, avec la seule aide des mots, et l’écueil de la poésie, c’est le mot. Il suffit d’un seul mot pour tuer le plus beau poème.
- « En vrac », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 893
Voir et entendre battre interminablement la mer comme une immense artère – tempe de la nature et de notre univers.
- « En vrac », dans Œuvres complètes, Pierre Reverdy, éd. Flammarion, coll. « Mille & une pages », 2010 (ISBN 978-2-0812-2201-4), t. II, p. 898
Citations rapportées
[modifier]Être libre, c'est dominer.
- Manager en toutes lettres, guide d'action et de culture (1995), François Aélion, éd. Les éditions d'organisation, 1999 (ISBN 2-7081-1803X), p. 152
Citations sur
[modifier]Notes et références
[modifier]- ↑ Daté de fin janvier 1948, ce texte a été diffusé dans l’émission « La voix des poètes », sur La Chaîne Parisienne, le 22 mars 1948 (Œuvres complètes, II, 2010, « Notices et notes », p. 1547-1548); disponible en ligne : « Pierre Reverdy : "La faculté majeure du poète est de créer une émotion grâce à des rapprochements imprévus" », Les Nuits de France Culture, sur radiofrance.fr.