Pierre Bertaux

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Pierre Bertaux est un universitaire germaniste, résistant français né le 8 octobre 1907 à Lyon (Rhône) et décédé le 14 août 1986 à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). Il était l'époux de Denise Supervielle (1909-2005) qui était la fille du poète Jules Supervielle.

Membre de plusieurs cabinets de gouvernements de gauche, nommé commissaire de la République à la Libération de Toulouse, il a été fait notamment Officier de la Légion d'honneur, Croix de guerre, et Compagnon de la Libération. Il fut sénateur du Soudan de 1953 à 1955.

Il est le père du sociologue Daniel Bertaux.

La Mutation humaine, 1964[modifier]

On peut dire que c'est au moment où une civilisation donnée prend conscience linguistiquement de la perspective temporelle qu'elle passe à la phase historique de son existence.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1964, p. 20


Si, avant de partir en voyage, nous consultons une voyante, qu'elle "voie" un accident d'auto, nous pouvons en tenir compte et renoncer à prendre la route, mais alors on ne saura jamais qu'elle était la valeur de la voyante.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1964, p. 22


Le temps ne compte pas, à partir du moment où l'on considère l'avenir comme ouvert.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1964, p. 39


On ne peut parer aux risques de la prévision que par plus de prévision encore.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1964, p. 45


Mais celui qui ne suit pas le mouvement s'exclut, par le fait même, du mouvement de la communauté humaine.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1964, p. 48


Renoncer à comprendre, c'est renoncer à être homme.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1964, p. 49


Les oisillons qui n'ont pas encore ouvert les ailes n'imaginent guère autre chose, sans doute, que leur nid. On les appelait, jadis, des niais. Nous sommes des niais. Nous n'avons jusqu'à présent, dans l'ensemble, guère conçu d'autre existence que la nôtre, d'autre monde que le nôtre.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1964, p. 57


Bien qu'il ait inventé l'abstraction, l'homme n'est guère capable de penser abatraitement.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1964, p. 76


La vitalité d'une civilisation se mesure à la vitalité de ses mythes. Se regénérer, c'est renouveler ses mythes.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1964, p. 78


Le progrès humain, c'est davantage encore le progrès des questions posées que le progrès des réponses apportées. Car il n'est pas sûr qu'il y ait jamais de "réponses" au sens humain du terme. Ce n'est en effet généralement pas parce qu'on aurait trouvé la réponse à une question que celle-ci cesse de se poser aux hommes ; c'est parce que les termes dans lesquelles elle était posée ont cessé d'être valable.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1984, p. 85


Une bonne question résiste victorieusement à toutes les réponses.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1964, p. 88


La vie est par essence une activité constamment menacée, et qui doit constamment s'affirmer en assumant son risque. Ce que nous appelons la liberté, et ce qui nous est cher, c'est la liberté de choisir entre des risques. L'intelligence, c'est le calcul des risques. Il n'y a pas de jeux où on gagne à tous les coups. Mais on peut, on doit essayer de mettre le maximum de chances de son côté, par la lucidité, le calcul, le courage.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1964, p. 134


La guerre est aussi, sous un certain aspect, le prolongement de l'acte rituel de destruction que l'on retrouve dans tant de peuples primitifs, et qui n'est pas absent de la primitivité encore latente en nous.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1964, p. 137


La paix n'est pas un objet isolable, définissable. Elle n'est que l'absence de guerre ; une notion négative.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1964, p. 123


Plus l'humanité sait des choses, moins elle sait qu'elle les sait ; ce qui est une nouvelle forme d'ignorance.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1964, p. 165


Mais influer sur la façon de s'exprimer des hommes, c'est bien, finalement, influer sur leur façon de penser ; car en fin de compte nous ne "pensons" guère au-delà de ce que nous exprimons, de ce que notre style nous donne la possibilité d'exprimer, nous invite à exprimer.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1964, p. 173


La pensée n'est en fait guère autre chose que la manipulation des concepts contenus dans les mots ; donc, en dernier ressort, une manipulation de mots.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1964, p. 176


Ce qui doit arriver arrive, sans tenir compte de nos angoisses ni de nos vœux.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1964, p. 182


Or ce sont les hommes qui font l'histoire, mais ce sont les femmes qui font l'humanité.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1964, p. 197


La cadence du développement d'un groupe humain donné est rigoureusement déterminée, à la longue, par la cadence de développement de son élément féminin.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1964, p. 198


L'effet de groupe, la grégarisation, le tropisme grégaire, sont constatables chez l'humain comme chez l'insecte. La densité du peuplement agit, chez l'humain comme chez l'insecte, sur sa morphologie individuelle, plus encore sur sa morphologie sociale.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1964, p. 235


La persona portée par l'individu est un fait social, un fabricat.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1964, p. 249


La persona est une sorte de coquille, de carapace, qui est indispensable à l'individu pour vivre en société ; elle est un accessoire indispensable de la vie sociale, un revêtement, un tégument qui isole l'individu par rapport aux autres, les protège ; qui facilite et régularise les échanges entre les individus; qui permet à l'individu de s'intégrer dans la structure du groupe. Sinon, l'individu est inintégrable, il est "asocial" ; le groupe le broie, le rejette, l'élémine.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1964, p. 250


Vieillir, c'est devenir la caricature de soi-même.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1964, p. 252


On n'est pas Européen par sa naissance, on l'est par sa culture.
  • La Mutation humaine, Pierre Bertaux, éd. Payot, 1964, p. 274