Paul Watzlawick

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Paul Watzlawick, né en 1921, à Villach en Autriche, et mort en 2007, à Palo Alto en Californie, était un psychologue, psychothérapeute, psychanalyste et sociologue américain.

Changements. Paradoxes et psychothérapie (Changes. Principles of Problem Formation and Problem Resolution), 1974[modifier]

Il est certain que, dans une large mesure, le processus de socialisation consiste à enseigner aux jeunes ce qu'ils ne doivent pas voir, ni entendre, ni penser, sentir ou dire. Sans des règles définissant exactement ce qui doit rester en dehors de la conscience, une société ordonnée serait impensable, tout comme le serait une société qui n'enseignerait pas à ses membres ce dont ils doivent être conscients et ce qu'ils doivent communiquer. Mais, comme toujours, il y a des limites, et l'on atteint l'extrême inverse, lorsque, dans le déni, les inconvénients de la distorsion du réel commencent à l'emporter sur ses avantages.


Comme on s'y attendrait, de telles situations peuvent empirer et devenir beaucoup plus pathogènes lorsqu'on dénie, non seulement l'existence du problème, mais aussi celle du déni. Il s'agit donc des cas les plus spectaculaires de la pathogénie des systèmes, car, ici, même la tentative d'exposer le déni, sans parler du problème lui-même, sera vite taxé de malignité ou de folie, alors que la malignité ou la folie résulteront en fait de cette accusation terriblement simplificatrice. Pour rester impuni, il faut que le critique ait appris la technique décisive de voir mais de ne parler qu'à bon escient, car celui qui perce la façade se damne s'il voit, ou se rend fou s'il voit mais n'ose même pas se l'avouer. Ou, selon les paroles de Laing:

Ils jouent un jeu. Ils jouent à ne pas jouer un jeu.
Si je leur montre que je les vois jouer, je transgresserai la règle et ils me puniront. Je dois jouer le jeu de ne pas voir que je joue le jeu.


Les Cheveux du baron de Münchhausen, 1976[modifier]

Même le plus radical des défenseurs d'une approche pragmatique restera, dans la sphère de la vie privée, profondément convaincu de la réalité de sa liberté subjective et par là de ses obligations éthiques.
  • Les Cheveux du baron de Münchhausen, Paul Watzlawick (trad. Anne-Lise Hacker, Martin Baltzer), éd. Éditions du Seuil, 2000, p. 16


N'est réel, en fin de compte, que ce qui est dit être tel par un nombre de personne suffisamment grand. En ce sens radical, la réalité n'est qu'une convention entre les hommes, exactement comme l'usage d'une langue repose sur la convention implicite et le plus souvent tout à fait inconsciente que des sons et des signes déterminés ont une signification déterminée.
  • Les Cheveux du baron de Münchhausen, Paul Watzlawick (trad. Anne-Lise Hacker, Martin Baltzer), éd. Éditions du Seuil, 2000, p. 17


Nous dépendons entièrement de la reconnaissance de notre réalité par les autres, qui eux-mêmes exigent de nous que nous reconnaissions la leur.
  • Les Cheveux du baron de Münchhausen., Paul Watzlawick (trad. Anne-Lise Hacker, Martin Baltzer), éd. Éditions du Seuil, 2000, p. 57


La psychiatrie donne une réponse sans équivoque : c'est le degré d'adaptation d'un individu à la réalité qui permet de déterminer sa santé ou au contraire sa maladie mentale. Mais au plus tard depuis Kant, nous savons que nous ne pouvons avoir accès à la réalité absolue, et que nous vivons toujours avec des interprétations ou des images de la réalité auxquelles, naïvement, nous attribuons une réalité objective.
  • Les Cheveux du baron de Münchhausen, Paul Watzlawick (trad. Anne-Lise Hacker, Martin Baltzer), éd. Éditions du Seuil, 2000, p. 61


Résumons-nous : la réalité de second ordre, qui détermine notre vision, nos pensées, nos sentiments, nos décisions et nos actions, est le résultat d'un ordre tout à fait particulier que nous imposons en quelque sorte à la diversité kaléidoscopique et fantasmagorique du monde et qui n'est donc pas le résultat de la compréhension du « réel », mais au contraire construit à proprement parler un monde particulier.
  • Les Cheveux du baron de Münchhausen, Paul Watzlawick (trad. Anne-Lise Hacker, Martin Baltzer), éd. Éditions du Seuil, 2000, p. 133


La prédiction de l'évènement mène à la réalisation de la prédiction.
  • Les Cheveux du baron de Münchhausen, Paul Watzlawick (trad. Anne-Lise Hacker, Martin Baltzer), éd. Éditions du Seuil, 2000, p. 140


Celui qui souffre mentalement ne souffre pas de la réalité « réelle » mais de sa conception de la réalité.
  • Les Cheveux du baron de Münchhausen, Paul Watzlawick (trad. Anne-Lise Hacker, Martin Baltzer), éd. Éditions de Seuil, 2000, p. 177


Celui qui désespère de l'absurdité du monde est toujours prisonnier d'une illusion : celle de croire qu'il doit exister un sens qui, en réalité, n'existe pas.
  • Les Cheveux du baron de Münchhausen, Paul Watzlawick (trad. Anne-Lise Hacker, Martin Baltzer), éd. Éditions du Seuil, 2000, p. 197


Le mensonge engendre ses propres ramifications.
  • Les Cheveux du baron de Münchhausen, Paul Watzlawick (trad. Anne-Lise Hacker, Martin Baltzer), éd. Éditeur du Seuil, 2001, p. 231


Bien sûr, chaque fois qu'il contredit l'idéologie, le cours des évènements est lui-même subversif.
  • Les Cheveux du baron de Münchhausen, Paul Watzlawick (trad. Anne-Lise Hacker, Martin Baltzer), éd. Éditions du Seuil, 2000, p. 238


Plus la négation est active, plus l'objet de cette négation s'impose avec force à ceux qui la nient.
  • Les Cheveux du baron de Münchhausen, Paul Watzlawick (trad. Anne-Lise Hacker, Martin Baltzer), éd. Éditions du Seuil, 2000, p. 240


Car, au mieux, nous ne connaissons de la réalité que ce qu'elle n'est pas.
  • Les Cheveux du baron de Münchhausen, Paul Watzlawick (trad. Anne-Lise Hacker, Martin Baltzer), éd. Éditions du Seuil, 2000, p. 241


La Réalité de la réalité (How real is real ? Communication, Disinformation, Confusion), 1976[modifier]

De toutes les illusions, la plus périlleuse consiste à penser qu'il n'existe qu'une seule réalité.
  • La Réalité de la réalité (1976), Paul Watzlawick (trad. Edgar Roskis), éd. Éditions du Seuil, coll. « Points », 1978  (ISBN 978-2-7578-4112-9), p. 7


La survie des êtres vivants dépend de l'information convenable ou non qu'ils reçoivent sur leur environnement.
  • La Réalité de la réalité (1976), Paul Watzlawick (trad. Edgar Roskis), éd. Éditions du Seuil, coll. « Points », 1978  (ISBN 978-2-7578-4112-9), p. 13


1. Si un individu est puni d'une perception correcte du monde extérieur ou de lui-même par un autre individu significatif (par exemple un enfant par l'un de ses parents), il apprendra à douter des données que lui fournissent ses sens. Une telle situation se produit, disons, quand un père alcoolique exige de ses enfants qu'ils le considèrent comme un père doux et aimant, même ou particulièrement lorsqu'il rentre ivre à la maison et les menace tous avec violence. Les enfants sont ainsi contraints de percevoir la réalité non telle qu'elle se présente à eux, mais telle que leur père la leur définit. Une personne qui a été exposée de façon répétée à ce type de confusion trouvera très difficile d'adopter une attitude appropriée dans beaucoup de situations de la vie et pourra passer un temps démesuré à essayer de voir comment il « doit » voir la réalité. Examiné hors de son contexte interpersonnel, son comportement satisferait les critères diagnostiques de la schizophrénie.


2. Si un individu attend d'un autre qu'il ait des sentiments différents de ceux qu'il éprouve réellement, ce dernier finira par se sentir coupable de ne pouvoir ressentir ce qu'on lui dit devoir être ressenti pour être approuvé par l'autre personne. Cette culpabilité elle-même pourra être rangée parmi les sentiments qui lui sont interdits. Il se produit très fréquemment un dilemne de ce genre quand la tristesse (la déception ou la lassitude) normale et occasionnelle d'un enfant est interprétée par les parents comme l'imputation silencieuse d'un échec parental. La réaction caractéristique des parents est le message : « Après tout ce que nous avons fait pour toi, tu devrais t'estimer heureux. » La tristesse se trouve ainsi associée au mal et à l'ingratitude. L'enfant, dans ses vaines tentatives de ne pas se sentir malheureux, engendre un comportement qui, examiné hors contexte, satisfait les critères diagnostiques de la dépression. La dépression survient aussi lorsqu'un individu se sent ou est tenu responsable de quelque chose sur quoi il n'a aucune emprise (par exemple un conflit conjugal entre son père et sa mère, la maladie ou l'échec d'un parent ou d'un frère ou sa propre incapacité à répondre aux attentes parentales qui excèdent ses ressources physiques et/ou émotionnelles).
  • La Réalité de la réalité (1976), Paul Watzlawick (trad. Edgar Roskis), éd. Éditions du Seuil, coll. « Points », 1978  (ISBN 978-2-7578-4112-9), chap. 2. Paradoxes, p. 27-28


Donnons à ce paradoxe un cadre plus concret : on déploie de grands efforts dans les hôpitaux psychiatriques modernes pour éviter tout semblant de pouvoir dans les relations entre les médecins, le personnel et les patients. Le but du traitement est de faire revenir le malade à l'état normal, un but qu'il ne peut atteindre lui-même car, dans le cas contraire, il n'aurait pas eu besoin d'être hospitalisé. Peu importe la définition médicale, psychologique ou philosophique que l'on veuille donner à la normalité ; dans la pratique, elle renvoie à des normes de comportement très spécifiques, qui doivent en tout cas être satisfaites spontanément et non parce que le patient ne dispose d'aucun autre choix. C'est là que réside le paradoxe : tant que le patient a besoin d'aide pour se conduire de façon appropriée, il demeure un patient. Il n'est pas bien difficile de montrer le caractère illusoire de la non-coercition, de la spontanéité et de l'égalité. Ainsi, au cours d'un récent pique-nique collectif dans un hôpital psychiatrique, un des malades grillait des steaks. Un des médecins vint le trouver et tandis qu'il engageait avec lui une conversation, les steaks se carbonisèrent. Quand l'incident fut plus tard commenté, il apparut que le patient avait considéré que s'ils étaient en l'occasion vraiment égaux, le médecin pouvait et devait aussi bien que lui faire quelque chose pour sauver la viande, alors que le psychiatre avait décidé de ne pas intervenir afin de ne pas donner au malade le sentiment qu'il le pensait incapable de faire cuire des steaks.
  • La Réalité de la réalité (1976), Paul Watzlawick (trad. Edgar Roskis), éd. Éditions du Seuil, coll. « Points », 1978  (ISBN 978-2-7578-4112-9), chap. 2. Paradoxes, p. 31


L'expérience clinique nous apprend que la soudaine confrontation avec des informations d'une dimension insoutenable, a l'un ou l'autre de deux effets : ou bien la victime ferme son esprit à la nouvelle réalité et se conduit comme si elle n'existait pas, ou bien elle prend congé de la réalité tout entière. Le second choix est l'essence de la folie.
  • La Réalité de la réalité (1976), Paul Watzlawick (trad. Edgar Roskis), éd. Éditions du Seuil, coll. « Points », 1978  (ISBN 978-2-7578-4112-9), p. 197


Le langage du changement, 1978[modifier]

Tout ce qui permet de guérir peut être utilisé à mauvais escient, tout comme, réciproquement, un poison peut être un facteur de guérison.
  • Le langage du changement, Paul Watzlawick (trad. Jeanne Wiener-Renucci, Denis Bansard), éd. Seuil, 1980, p. 18


L'image du monde n'est pas le monde; elle consiste en une mosaïque d'images, interprétable différemment aujourd'hui ou demain, en une structure de structures, une interprétation d'interprétations, elle s'élabore au moyen de décisions continuelles sur ce qu'il faut ou non inclure dans ces métainterprétations qui découlent elles-mêmes de décisions antérieures.
  • Le langage du changement, Paul Watzlawick (trad. Jeanne Wiener-Renucci), éd. Seuil, 1980, p. 50


On a discrètement remplacé les ministères de la Guerre par des ministères de la Défense : on ne retrouve plus le vilain mot guerre sauf dans le concept moralement juste de "guerre de libération". Nous allons jusqu'à posséder une "bombe propre".
  • Le langage du changement, Paul Watzlawick (trad. Jeanne Wiener-Renucci), éd. Seuil, 1980, p. 87


Les statistiques sont comme les bikinis. Ce qu'elle révèlent est suggestif, ce qu'elles cachent est essentiel.
  • Le langage du changement, Paul Watzlawick (trad. Jeanne Wiener-Renucci), éd. Seuil, 1980, p. 92


Faites vous-même votre malheur, 1984[modifier]

Seul un partenaire jouant dans sa relation avec nous le rôle requis peut nous rendre « réel ».
  • Faites vous-même votre malheur, Paul Watzlawick (trad. Jean-Pierre Carasso), éd. Éditions de Seuil, 1984, p. 98


On sait qu'un sadique est un homme qui refuse de faire souffrir un masochiste.
  • Faites vous-même votre malheur, Paul Watzlawick (trad. Jean-Pierre Carasso), éd. Éditions du Seuil, 1984, p. 100


L'invention de la réalité, 1985[modifier]

Dans la nature, un manque d'aptitude est invariablement fatal; les philosophes, par contre, meurent rarement de l'inadéquation de leurs idées.
  • L'invention de la réalité, Ernst Von Glaserfeld (trad. Anne-Lise Hacker), éd. Seuil, 1999, p. 25


Agis toujours de manière à augmenter le nombre de choix possible.
  • L'invention de la réalité, Heinz Von Forester (trad. Anne-Lise Hacker), éd. Seuil, 1999, p. 69


Par exemple, quelqu'un suppose, pour une raison quelconque, qu'on ne le respecte pas; et il a, à cause de cette supposition, un comportement tellement hostile et méfiant, et il manifeste une telle hypersensibilité qu'il provoque chez les autres un sentiment de mépris qui lui "prouve" sans cesse que sa profonde et solide conviction est vraie.
  • L'invention de la réalité, Paul Watzlawick (trad. Anne-Lise Hacker), éd. Seuil, 1999, p. 109


La fiction est à la littérature ce que le chant est à l'opéra : elle est inhérente à la logique de cet art.
  • L'invention de la réalité, Rolf Breuer (trad. Anne-Lise Hacker), éd. Seuil, 1999, p. 161


Être un arriviste de talent implique des qualités négatives remarquables; être quelqu'un d'extraordinairement médiocre implique une absence remarquable de talent.
  • L'invention de la réalité, Jon Elster (trad. Anne-Lise Hacker), éd. Seuil, 1999, p. 204


Or agir par ignorance non voulue est moins irrationnel qu'agir par un désir obsessionnel.
  • L'invention de la réalité, Jon Elster (trad. Anne-Lise Hacker), éd. Seuil, 1999, p. 215


Seule une société qui garde vivante la mémoire du passé est capable d'orienter les processus qui informent l'avenir.
  • L'invention de la réalité, Jon Elster (trad. Anne-Lise Hacker), éd. Seuil, 1999, p. 221


Pour démontrer sa cohérence, tout système doit nécessairement sortir de son propre cadre conceptuel : seuls des principes interprétatifs extérieurs que le système ne peut créer lui-même, permettent de démontrer qu'il ne renferme aucune contradiction.
  • L'invention de la réalité, Paul Watzlawick (trad. Anne-Lise Hacker), éd. Seuil, 1999, p. 233


La carte n'est pas le territoire, le nom n'est pas ce qu'il nomme, et une interprétation de la réalité n'est pas la réalité elle-même, mais seulement son interprétation. Seul le schizophrène mange le menu au lieu des plats qui y sont énumérés.
  • L'invention de la réalité, Paul Watzlawick (trad. Anne-Lise Hacker), éd. Seuil, 1999, p. 233


Plus la négation est active, plus l'objet de cette négation s'impose avec force à ceux qui le nient.
  • L'invention de la réalité, Paul Watzlawick (trad. Anne-Lise hacker), éd. Seuil, 1999, p. 260


L'échec d'une idéologie ne mène pas nécessairement à comprendre le processus fatal du constructivisme idéologique. Il fait seulement place à une nouvelle construction. Car, au mieux, nous ne connaissons de la réalité que ce qu'elle n'est pas.
  • L'invention de la réalité, Paul Watzlawick (trad. Anne-Lise Hacker), éd. Seuil, 1999, p. 261


Le suicidaire cherche un sens à la vie, puis finalement convaincu qu'elle n'en a aucun, il se suicide - non pas que le monde ou la vie comme tels se soient révélés invivables, mais ils n'ont pas le sens qu'il voudrait y trouver. Il se suicide donc parce qu'il ne peut satisfaire son exigence de sens. En posant cette exigence, il a construit une réalité qui ne convient pas et qui le conduit donc au naufrage.
  • L'invention de la réalité, Paul Watzlawick (trad. Anne-Lise Hacker), éd. Seuil, 1999, p. 350


L'inévitabilité de la quête est ce qui donne un sens à son absurdité. Encore faut-il suivre le mauvais chemin pour qu'il se révèle être mauvais.
  • L'invention de la réalité, Paul Watzlawick (trad. Anne-Lise Hacker), éd. Seuil, 1999, p. 354


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