Paul Verlaine

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Paul Verlaine

Paul Verlaine (Metz, 30 mars 1844 — Paris, 8 janvier 1896) est un poète français.

Poèmes de jeunesse[modifier]

     La Mort

Telle qu'un moissonneur, dont l'aveugle faucille
Abat le frais bleuet, comme le dur chardon,
Telle qu'un plomb cruel qui, dans sa course, brille,
Siffle, et, fendant les airs, vous frappe sans pardon […]

  • Œuvres poétiques, Paul Verlaine, éd. Jean de Bonnot, 1975, t. 7, p. 210, vers 1-4


     L'apollon de Pont-Audemer

Plus tard, soit que le sort, l'épargne ou le désigne,
On le verra, bon vieux, barbe blanche, œil terni,
S'éteindre doucement, comme un jour qui finit.

Ou bien, humble héros, martyr de la consigne,
Au fond d'une tranchée obscure ou d'un talus
Rouler, le crâne ouvert par quelque éclat d'obus.

  • 9 sept. 1864
  • Œuvres poétiques, Paul Verlaine, éd. Jean de Bonnot, 1975, t. 7, p. 215, vers 9-14


Poèmes saturniens, 1866[modifier]

Car tous ceux qui sont nés sous le signe Saturne,
Fauve planète, chère aux nécromanciens,
Ont entre tous, d’après les grimoires anciens,
Bonne part de malheur et bonne part de bile.

  • Poèmes saturniens (1866), Paul Verlaine, éd. Livre de poche, coll. « Classiques de poche », 1996, p. 21, vers 8-11 (texte intégral sur Wikisource)


Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant

D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même,

Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
  • Poèmes saturniens, Paul Verlaine, éd. A. Lemerre, 1866, partie Mélancholia, poème VI (« Mon rêve familier »), p. 23, vers 1-4 (texte intégral sur Wikisource)


Et pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
  • Poèmes saturniens, Paul Verlaine, éd. A. Lemerre, 1866, partie Mélancholia, poème VI (« Mon rêve familier »), p. 24, vers 13-14 (texte intégral sur Wikisource)


L’Océan sonore
Palpite sous l’œil
De la lune en deuil

  • Poèmes saturniens, Paul Verlaine, éd. A. Lemerre, 1866, partie Paysages tristes, poème V (« Chanson d'automne »), p. 36, vers 1-3 (texte intégral sur Wikisource)


Les sanglots longs
Des violons
   De l'automne
Blessent mon cœur
D'une langueur
   Monotone.

  • Poèmes saturniens, Paul Verlaine, éd. A. Lemerre, 1866, partie Paysages tristes, poème V (« Chanson d'automne »), p. 57, vers 1-6 (texte intégral sur Wikisource)


Et je m'en vais
Au vent mauvais
    Qui m'emporte
Deçà, delà
Pareil à la
    Feuille morte.

  • Poèmes saturniens, Paul Verlaine, éd. A. Lemerre, 1866, partie Paysages tristes, poème V (« Chanson d'automne »), p. 58, vers 13-18 (texte intégral sur Wikisource)


Fêtes galantes, 1869[modifier]

Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmants masques et bergamasques
Jouant du luth et dansant et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques.

  • Fêtes galantes, La Bonne Chanson, précédées des Amies (1869), Paul Verlaine, éd. Librairie générale française (Le Livre de poche), coll. « Classiques de poche », 2000, partie Fêtes galantes, Clair de lune, p. 65, vers 1-4 (texte intégral sur Wikisource)


Colombine rêve, surprise
De sentir un cœur dans la brise
Et d’entendre en son cœur des voix.

  • Fêtes galantes, La Bonne Chanson, précédées des Amies (1869), Paul Verlaine, éd. Librairie générale française (Le Livre de poche), coll. « Classiques de poche », 2000, partie Fêtes galantes, Pantomime, p. 67, vers 10-12 (texte intégral sur Wikisource)


Fardée et peinte comme au temps des bergeries,
Frêle parmi les nœuds énormes de rubans,
Elle passe, sous les ramures assombries,
Dans l’allée où verdit la mousse des vieux bancs

  • Fêtes galantes, La Bonne Chanson, précédées des Amies (1869), Paul Verlaine, éd. Librairie générale française (Le Livre de poche), coll. « Classiques de poche », 2000, partie Fêtes galantes, L'Allée, p. 71, vers 1-4 (texte intégral sur Wikisource)


Trompeurs exquis et coquettes charmantes,
Cœurs tendres mais affranchis du serment,
Nous devisons délicieusement

  • Fêtes galantes, La Bonne Chanson, précédées des Amies (1869), Paul Verlaine, éd. Librairie générale française (Le Livre de poche), coll. « Classiques de poche », 2000, partie Fêtes galantes, À la promenade, p. 73, vers 9-11 (texte intégral sur Wikisource)


Et la tigresse épouvantable d'Hyrcanie
  • Avec sa césure irrégulière, l'un des premiers alexandrins irréguliers de la poésie française
  • « Fêtes galantes » (1869), dans Fêtes galantes - Romances sans paroles, Paul Verlaine, éd. Gallimard, coll. « Poésie / Gallimard », 1973, p. 102 (texte intégral sur Wikisource)


Le soir tombait, un soir équivoque d’automne :
Les belles, se pendant rêveuses à nos bras,
Dirent alors des mots si spécieux, tout bas,
Que notre âme depuis ce temps tremble et s’étonne.

  • Fêtes galantes, La Bonne Chanson, précédées des Amies (1869), Paul Verlaine, éd. Librairie générale française (Le Livre de poche), coll. « Classiques de poche », 2000, partie Fêtes galantes, Les Ingénus, p. 77, vers 9-12 (texte intégral sur Wikisource)


Mais un, entre autres, me troubla.

  • Fêtes galantes, La Bonne Chanson, précédées des Amies (1869), Paul Verlaine, éd. Librairie générale française (Le Livre de poche), coll. « Classiques de poche », 2000, partie Fêtes galantes, Les coquillages, p. 81, vers 13 (texte intégral sur Wikisource)


Ce fut le temps, sous de clairs ciels,
(Vous en souvenez-vous, Madame ?)
Des baisers superficiels
Et des sentiments à fleur d’âme

  • Fêtes galantes, La Bonne Chanson, précédées des Amies (1869), Paul Verlaine, éd. Librairie générale française (Le Livre de poche), coll. « Classiques de poche », 2000, partie Fêtes galantes, En patinant, p. 85, vers 25-28 (texte intégral sur Wikisource)


Heureux instants ! — mais vint l’Été :
Adieu, rafraîchissantes brises !
Un vent de lourde volupté
Investit nos âmes surprises.

  • Fêtes galantes, La Bonne Chanson, précédées des Amies (1869), Paul Verlaine, éd. Librairie générale française (Le Livre de poche), coll. « Classiques de poche », 2000, partie Fêtes galantes, En patinant, p. 85, vers 33-36 (texte intégral sur Wikisource)


Scaramouche et Pulcinella
Qu’un mauvais dessein rassembla
Gesticulent, noirs sur la lune.

  • Fêtes galantes, La Bonne Chanson, précédées des Amies (1869), Paul Verlaine, éd. Librairie générale française (Le Livre de poche), coll. « Classiques de poche », 2000, partie Fêtes galantes, Fantoches, p. 89, vers 1-3 (texte intégral sur Wikisource)


Un pavillon à claires-voies
Abrite doucement nos joies

  • Fêtes galantes, La Bonne Chanson, précédées des Amies (1869), Paul Verlaine, éd. Librairie générale française (Le Livre de poche), coll. « Classiques de poche », 2000, partie Fêtes galantes, Cythère, p. 91, vers 1-2 (texte intégral sur Wikisource)


Et l’Amour comblant tout, hormis
La faim, sorbets et confitures
Nous préservent des courbatures.

  • Fêtes galantes, La Bonne Chanson, précédées des Amies (1869), Paul Verlaine, éd. Librairie générale française (Le Livre de poche), coll. « Classiques de poche », 2000, partie Fêtes galantes, Cythère, p. 91, vers 10-12 (texte intégral sur Wikisource)


Cependant la lune se lève
Et l’esquif en sa course brève
File gaîment sur l’eau qui rêve.

  • Fêtes galantes, La Bonne Chanson, précédées des Amies (1869), Paul Verlaine, éd. Librairie générale française (Le Livre de poche), coll. « Classiques de poche », 2000, partie Fêtes galantes, En bateau, p. 93, vers 13-15 (texte intégral sur Wikisource)


Cléopâtre fut moins aimée, oui, sur ma foi !
Par Marc-Antoine et par César que vous par moi,
N’en doutez pas, Madame, et je saurai combattre
Comme César pour un sourire, ô Cléopâtre,
Et comme Antoine fuir au seul prix d’un baiser.

  • Fêtes galantes, La Bonne Chanson, précédées des Amies (1869), Paul Verlaine, éd. Librairie générale française (Le Livre de poche), coll. « Classiques de poche », 2000, partie Fêtes galantes, Lettre, p. 103, vers 25-29 (texte intégral sur Wikisource)


Fatidique cours
Des astres,
Oh ! dis-moi vers quels
Mornes ou cruels
Désastres

L’implacable enfant,
Preste et relevant
Ses jupes,
La rose au chapeau,
Conduit son troupeau
De dupes ?

  • Fêtes galantes, La Bonne Chanson, précédées des Amies (1869), Paul Verlaine, éd. Librairie générale française (Le Livre de poche), coll. « Classiques de poche », 2000, partie Fêtes galantes, Colombine, p. 107-109, vers 26-36 (texte intégral sur Wikisource)


Ferme tes yeux à demi,
Croise tes bras sur ton sein,
Et de ton cœur endormi
Chasse à jamais tout dessein.

  • Fêtes galantes, La Bonne Chanson, précédées des Amies (1869), Paul Verlaine, éd. Librairie générale française (Le Livre de poche), coll. « Classiques de poche », 2000, partie Fêtes galantes, En sourdine, p. 113, vers 8-12 (texte intégral sur Wikisource)


— Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom ?
Toujours vois-tu mon âme en rêve ? — Non.

  • Fêtes galantes, La Bonne Chanson, précédées des Amies (1869), Paul Verlaine, éd. Librairie générale française (Le Livre de poche), coll. « Classiques de poche », 2000, partie Fêtes galantes, Colloque sentimental, p. 115, vers 9-10 (texte intégral sur Wikisource)


Romances sans paroles, 1874[modifier]

Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville,
Quelle est cette langueur

Qui pénètre mon cœur ?


Sagesse, 1880[modifier]

Je ne sais pourquoi[modifier]

Je ne sais pourquoi
Mon esprit amer
D'une aile inquiète et folle vole sur la mer.
Tout ce qui m'est cher,
D'une aile d'effroi
Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ?


Dédicaces, 1890-1894[modifier]

Mortel, ange et démon, autant dire Rimbaud,
Tu mérites la prime place en ce mien livre
  • « Dédicaces » (1890), dans Œuvres complètes de Paul Verlaine, Paul Verlaine, éd. L. Vanier, 1902-1905, t. 3, poème LXII (« À Arthur Rimbaud »), p. 161, vers 1-2


À l’Escrime, le seul de nos maîtres sortable,
Robert, nous démontrait quelque coup inouï
D’audace magnifique ou de ruse admirable
Et nous clamions à plein gosier : Ça c’est de Lui !

  • À Aurélien Scholl, journaliste et critique également connu pour ses nombreux duels.


Épigrammes, 1894[modifier]

XXVIII
Sur un exemplaire des « Fleurs du mal »

Je compare ces vers étranges
Aux étranges vers que ferait
Un marquis de Sade discret
Qui saurait la langue des anges

  • Œuvres poétiques, Paul Verlaine, éd. Jean de Bonnot, 1975, t. 6, p. 67


J'ai beau faire la paix partout,
Dans ma vie ainsi qu'en mon âme,
Beau vouloir me tenir debout,
...
Une inquiétude profonde
M'agite en douloureux transports
Entre le sublime et l'immonde :
– Deux écueils, Seigneur, ou deux ports ?


“Hombres” (Hommes), 1904[modifier]

Dans ce café bondé d'imbéciles, nous deux
Seuls, nous représentions le soi-disant hideux
Vice d'être « pour homme » et sans qu'ils s'en doutassent
Nous encagnions ces cons avec leur air bonasse,

Leurs normales amours et leur morale en toc.
  • ”Hombres” (Hommes), Paul Verlaine, éd. N/A (« imprimé sous le manteau et ne se vend nulle part »), 1904, poème XII (« Dans ce café »), p. 39, vers 1-5 (texte intégral sur Wikisource)


Chair, 1896[modifier]

Quand même tu dirais
Que tu me trahirais
Si c’était ton caprice,
Qu’est-ce que me ferait
Ce terrible secret
Si c’était mon caprice !



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