Monument
Apparence
Jacques-François Blondel
[modifier]Selon nous, la Porte Saint-Denis, par François Blondel, est la première merveille de notre Architecture ; le Val-de-Grâce & le Château de Maisons, par François Mansard, la seconde ; ensuite le Péristyle du Louvre.
- (fr) Cours d'architecture, Jacques-François Blondel, éd. chez la Veuve Desaint, Libraire, rue Foin-S.-Jacques, M DCC LXXII, t. III, p. 65
Dieu veut des victimes sanglantes. Naissance, hymen, martyre, guerre, fondation d'un monument, les sacrifices, holocauste de rognon brûlé, autel des druides.
- Ulysse (1922), James Joyce (trad. Auguste Morel), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1957 (ISBN 2-07-040018-2), p. 231
Jean-Jacques Rousseau
[modifier]On m'avait dit d'aller voir le pont du Gard ; je n'y manquai pas. Après un déjeuner d'excellentes figues, je pris un guide, et j'allai voir le pont du Gard. C'était le premier ouvrage des Romains que j'eusse vu. Je m'attendais à voir un monument digne des mains qui l'avaient construit. Pour le coup l'objet passa mon attente, et ce fut la seule fois en ma vie. Il n'appartenait qu'aux Romains de produire cet effet. L'aspect de ce simple et noble ouvrage me frappa d'autant plus qu'il est au milieu d'un désert où le silence et la solitude rendent l'objet plus frappant et l'admiration plus vive, car ce prétendu pont n'était qu'un aqueduc. On se demande quelle force a transporté ces pierres énormes si loin de toute carrière, et a réuni les bras de tant de milliers d'hommes dans un lieu où il n'en habite aucun. Je parcourus les trois étages de ce superbe édifice, que le respect m'empêchait presque d'oser fouler sous mes pieds. Le retentissement de mes pas sous ces immenses voûtes me faisait croire entendre la forte voix de ceux qui les avaient bâties. Je me perdais comme un insecte dans cette immensité. Je sentais, tout en me faisant petit, je ne sais quoi qui m'élevait l'âme ; et je me disais en soupirant : Que ne suis-je né Romain !
- (fr) Les Confessions (1736), Jean-Jacques Rousseau, éd. Firmin Didot, 1845, livre VI, p. 266 (texte intégral sur Wikisource)