Marie Anaut

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Marie Anaut est professeur de psychologie et sciences de l'éducation à l'université de Lyon 2.

Citations[modifier]

La Résilience — Surmonter les traumatismes, 2003[modifier]

La résilience évoque la récupération après un traumatisme. Elle fait référence à la capacité humaine de se confronter, intégrer et être transformé par les expériences aversives.

  • La Résilience — Surmonter les traumatismes, Marie Anaut, éd. Armand Colin, coll. « 128 », 2008  (ISBN 978-2-200-35348-3), Introduction, p. 7


Au premier abord, la résilience peut se définir comme un processus dynamique qui implique la réorganisation psychique après un traumatisme et permet le développement normal en dépit des risques. Il s'agit de sortir vainqueur d'une épreuve qui aurait pu être traumatique, mais, la résilience ne se résume pas à une procédure adaptative face au danger. Elle implique que le sujet puisse se reconstruire et reprendre un développement malgré l'adversité, ce qui suppose le ressaisissement de soi après un traumatisme.

  • La Résilience — Surmonter les traumatismes, Marie Anaut, éd. Armand Colin, coll. « 128 », 2008  (ISBN 978-2-200-35348-3), Introduction, p. 7


La mise en évidence de phénomène réputé résilient ne signifie pas que la souffrance du sujet soit négligée ou négligeable. Les individus résilients ne sont pas invulnérables et conservent une cicatrice de leurs blessures. En fait, le sujet qui a été blessé va reprendre un autre type de développement et pourra garder trace du traumatisme, sans pour autant être anéanti par les effets délétères.

  • La Résilience — Surmonter les traumatismes, Marie Anaut, éd. Armand Colin, coll. « 128 », 2008  (ISBN 978-2-200-35348-3), Introduction, p. 9


La résilience est liée aux facteurs de protection qui modifient les réactions aux dangers présents dans l'environnement affectif et social, en atténuant les effets aversifs.

  • La Résilience — Surmonter les traumatismes, Marie Anaut, éd. Armand Colin, coll. « 128 », 2008  (ISBN 978-2-200-35348-3), Introduction, p. 9


Dans la même lignée que les observations réalisées sur le stress, certains auteurs distinguent les réactions qui suivent des traumatismes uniques, de celles consécutives à des traumatismes répétés. Dans ce dernier cas, il semble que, loin de se sédimenter chez tous les individus, la répétition les conduirait à une sorte d'habituation aux événements traumatiques, se traduisant par une diminution des réactions de stress. Ainsi certains auteurs considèrent que chaque épreuve surmontée avec succès améliore la capacité de l'individu de faire face à l'épreuve suivante.

  • La Résilience — Surmonter les traumatismes, Marie Anaut, éd. Armand Colin, coll. « 128 », 2008  (ISBN 978-2-200-35348-3), partie 1. De la vulnérabilité à la résilience, chap. 2. Vulnérabilité, stress et traumatismes, 2.2 Stress et variabilité individuelle, p. 20


Les parcours de vie délétères confrontent le sujet à des situations de crise ; la crise étant définie comme un bouleversement psychique qui nécessite une réorganisation face à des changements d'origine interne (intrapsychiques) ou externe (événements de vie). Sur le plan de l'intrapsychique, toute situation nouvelle pour un individu est susceptible de remettre en cause son équilibre psychique. Mais les situations extrêmes et les contextes traumatogènes provoquent des crises qui vont mettre à l'épreuve les facteurs dynamiques et économiques internes. Le sujet devra donc mobiliser ses modalités adaptatives et ses mécanismes de défense pour tenter de retrouver un nouvel équilibre.

  • La Résilience — Surmonter les traumatismes, Marie Anaut, éd. Armand Colin, coll. « 128 », 2008  (ISBN 978-2-200-35348-3), partie 1. De la vulnérabilité à la résilience, chap. 2. Vulnérabilité, stress et traumatismes, 2.3 Vulnérabilité, traumatisme et vulnérabilisation, p. 20


Il y aura traumatisme lorsque le moi se trouve submergé par une intensité émotionnelle qui dépasse les possibilités d'intégration psychique ; lorsque les mécanismes de défense mobilisables ne sont plus suffisants pour préserver le sujet. Le moi pourra ainsi se trouver désorganisé par l'intensité émotionnelle d'un événement brutal. Mais il le sera tout autant (De Tychey, 2001) face à des carences répétées, ou à une accumulation d'événements adverses ou d'éprouvés d'angoisse qui, par leur adjonction, confèrent une intensité traumatique au contexte de vie. La vulnérabilisation peut donc résulter de la rencontre avec un traumatisme, unique ou multifactoriel, dont l'intensité met à mal le moi du sujet et ses capacités de réponse.

  • La Résilience — Surmonter les traumatismes, Marie Anaut, éd. Armand Colin, coll. « 128 », 2008  (ISBN 978-2-200-35348-3), partie 1. De la vulnérabilité à la résilience, chap. 2. Vulnérabilité, stress et traumatismes, 2.3 Vulnérabilité, traumatisme et vulnérabilisation, p. 21


Nous pouvons dire que la résilience fait référence aux ressources développées par une personne, un groupe ou une communauté, pour tolérer et dépasser les effets délétères ou pathogènes des traumatismes et vivre malgré l'adversité, en gardant une qualité de vie avec le moins de dommage possible.

  • La Résilience — Surmonter les traumatismes, Marie Anaut, éd. Armand Colin, coll. « 128 », 2008  (ISBN 978-2-200-35348-3), partie 2. A la rencontre de la résilience, chap. 1. Emergence du concept de résilience, 1.1 Définitions de la résilience, p. 35


La résilience ne se réduit pas à une simple capacité de résistance qui pourrait véhiculer et d'adaptation. Il ne s'agit donc pas de réduire ce phénomène à « l'invulnérabilité » (Anthony et al., 1982) qui correspondrait à une résistance au choc mais également signerait « un état pouvant entraîner la paralysie du sujet : une carapace solide mais impénétrable et débouchant sur la rigidité », ce qui s'éloigne totalement de la souplesse nécessaire à la résilience.

  • La Résilience — Surmonter les traumatismes, Marie Anaut, éd. Armand Colin, coll. « 128 », 2008  (ISBN 978-2-200-35348-3), partie 2. A la rencontre de la résilience, chap. 1. Emergence du concept de résilience, 1.2 Origine du concept de résilience, p. 35


Cyrulnik (1999) propose la métaphore de la perle pour illustrer l'oxymoron de ce « merveilleux malheur » du fonctionnement de la résilience. C'est-à-dire comment à partir d'une blessure et d'une souffrance, le sujet peut en faire une expérience qui sera potentiellement fructueuse pour lui. Le résilient élaborerait un oxymoron dont le modèle est celui de la perle fabriquée par l'huître en réponse à une agression.

  • La Résilience — Surmonter les traumatismes, Marie Anaut, éd. Armand Colin, coll. « 128 », 2008  (ISBN 978-2-200-35348-3), partie 2. A la rencontre de la résilience, chap. 6. Métaphores et illustrations de la résilience, 6.2 L'oxymoron du «merveilleux malheur» (Cyrulnik), p. 54


La métaphore de l'huître perlière illustre bien comment, parfois, c'est à partir d'une expérience souffrante que l'on peut actualiser des forces demeurées jusqu'alors latentes et inconnues. La résilience apparaît ainsi comme résultant d'un processus paradoxal dans lequel la confrontation au traumatisme et la blessure viennent étayer la créativité.

  • La Résilience — Surmonter les traumatismes, Marie Anaut, éd. Armand Colin, coll. « 128 », 2008  (ISBN 978-2-200-35348-3), partie 2. A la rencontre de la résilience, chap. 6. Métaphores et illustrations de la résilience, 6.2 L'oxymoron du «merveilleux malheur» (Cyrulnik), p. 54


Selon Vanistendael est résilient celui qui est heureux et productif.

  • La Résilience — Surmonter les traumatismes, Marie Anaut, éd. Armand Colin, coll. « 128 », 2008  (ISBN 978-2-200-35348-3), partie 3. Articulations théoriques de la résilience, chap. 1. Concepts associés à la résilience et approches connexes, 1.3 Bien-être subjectif et satisfaction de la vie, p. 59


Ionescu et al. (1997) ont repéré dans la littérature scientifique différente approches ou types de stratégies de coping :
le coping centré sur l'émotion, qui vise la régulation de la détresse émotionnelle ;
le coping centré sur le problème, qui vise à gérer le problème qui se trouve à l'origine de la détresse du sujet ;
le coping évitant, qui pemet au sujet, par des stratégies passives (évitement, fuite, déni, résignation, etc.), de réduire la tension émotionnelle ;
le coping vigilant, qui permet, par des stratégies actives (recherche d'informations, de soutien social, de moyens, etc.) d'affronter la situation pour la résoudre.

  • La Résilience — Surmonter les traumatismes, Marie Anaut, éd. Armand Colin, coll. « 128 », 2008  (ISBN 978-2-200-35348-3), partie 3. Articulations théoriques de la résilience, chap. 1. Concepts associés à la résilience et approches connexes, 1.6 Les différentes stratégies de coping, p. 62


Nous pouvons considérer que les statégies de coping participent au phénomène de résilience considéré comme un processus plus vaste et pouvant mettre en œuvre des comportements variés et différents du coping.

  • La Résilience — Surmonter les traumatismes, Marie Anaut, éd. Armand Colin, coll. « 128 », 2008  (ISBN 978-2-200-35348-3), partie 3. Articulations théoriques de la résilience, chap. 1. Concepts associés à la résilience et approches connexes, 1.7 Coping et résilience : convergences et différences, p. 63


Pour Manciaux (1999), les comportements de coping concernent les réponses à une situation donnée, donc indiquent comment le sujet ou le groupe va faire face à un moment donné ; alors que la résilience qui est « pour partie innée et pour partie acquise par un précieux travail d'adaptation » se construit et s'inscrit dans la durée.
Ainsi, le coping s'apparente plus à la première phase de la résilience, qui est centrée surtout sur des mécanismes adaptatifs, alors que le processus de résilience s'effectue au terme de la seconde phase qui implique l'intégration du traumatisme et la réparation. Or, c'est cette seconde phase qui permettra la reconstruction et l'installation d'un processus de résilience structuré plus durablement.

  • La Résilience — Surmonter les traumatismes, Marie Anaut, éd. Armand Colin, coll. « 128 », 2008  (ISBN 978-2-200-35348-3), partie 3. Articulations théoriques de la résilience, chap. 1. Concepts associés à la résilience et approches connexes, 1.7 Coping et résilience : convergences et différences, p. 64


[...] si certains individus face à l'adversité semblent rendus vulnérables par l'exposition aux traumas, d'autres vont se construire dans la résilience et sortir renforcés par l'expérience traumatique qui leur donne un regain d'énergie, un ressort psychologique. On peut dire que par le traumatisme le sujet entre en résilience.

  • La Résilience — Surmonter les traumatismes, Marie Anaut, éd. Armand Colin, coll. « 128 », 2008  (ISBN 978-2-200-35348-3), partie 3. Articulations théoriques de la résilience, chap. 4. Approches psychodynamiques et processus intrapsychiques, 4.2 Variabilité des réponses face aux traumas, p. 81


D'un point de vue clinique, l'événement ou la situation pathogène entraînent une perturbation chez le sujet ; ce qui peut se traduire par un dysfonctionnement du Moi, dans le sens que le trauma déclenche un conflit dans le Moi. La force du Moi sera liée à la capacité du sujet à mettre en place des mesures défensives face à cette effraction émotionnelle. Ainsi toute blessure physique ou morale ne peut systématiquement être assimilé à un traumatisme avec des répercussions à long terme. Il y aura traumatisme durable, lorsque l'excès d'excitation déborde les capacités de liaisons représentatives et de pensées de l'appareil psychique. Le traumatisme et la résilience dépendront donc, chez l'individu, de sa capacité à faire des liaisons représentatives permettant de dépasser le conflit psychique.

  • La Résilience — Surmonter les traumatismes, Marie Anaut, éd. Armand Colin, coll. « 128 », 2008  (ISBN 978-2-200-35348-3), partie 3. Articulations théoriques de la résilience, chap. 4. Approches psychodynamiques et processus intrapsychiques, 4.3 Théories dynamiques de la résilience et contextes traumatogènes, p. 81


Le fonctionnement psychique de la résilience suppose de recourir à des mécanismes de défense adaptés mais également de faire un travail de mise en sens. Ainsi, le fonctionnement psychique de la résilience passe par l'activation du processus de mentalisation, qui fait appel aux représentations psychiques et à la symbolisation des affects (De Tychey, 2001), la mentalisation permettant de mettre en pensée les excitations internes.

  • La Résilience — Surmonter les traumatismes, Marie Anaut, éd. Armand Colin, coll. « 128 », 2008  (ISBN 978-2-200-35348-3), partie 3. Articulations théoriques de la résilience, chap. 4. Approches psychodynamiques et processus intrapsychiques, 4.4 Les phases du processus psychique de la résilience, p. 84


Le processus de mentalisation et la richesse de l'espace imaginaire contribuent pour une large part à la mise en place d'un fonctionnement résilient.

  • La Résilience — Surmonter les traumatismes, Marie Anaut, éd. Armand Colin, coll. « 128 », 2008  (ISBN 978-2-200-35348-3), partie 3. Articulations théoriques de la résilience, chap. 4. Approches psychodynamiques et processus intrapsychiques, 4.4 Les phases du processus psychique de la résilience, p. 84


Le parcours de vie des personnes résilientes nous montre que la première étape du processus de résilience peut passer par des comportements inadéquats, voire à connotation délinquante ou asociale (comme certaines formes d'addictions, par ex.) ou le recours à des modalités défensives à allure pathologique. On peut considérer qu'il s'agit de mécanismes défensifs de survie qui contribuent à l'adaptation lors de la phase 1 (Anaut, 2008). C'est ainsi que certain enfants maltraités utilisent le clivage, ou le refuge dans une bulle psychique protectrice, pour se préserver et supporter la violence ou les carence extrêmes.

  • La Résilience — Surmonter les traumatismes, Marie Anaut, éd. Armand Colin, coll. « 128 », 2008  (ISBN 978-2-200-35348-3), partie 3. Articulations théoriques de la résilience, chap. 4. Approches psychodynamiques et processus intrapsychiques, 4.4 Les phases du processus psychique de la résilience, p. 84


Selon Lemay (2006), quand un être humain se trouve confronté à de terribles adversités, « il ne peut guère échapper à la mise en jeu transitoire ou durable de mécanismes qui l'autorisent à survivre au-dessus des flots tumultueux ». Ainsi, des conduites inadéquates peuvent avoir un rôle d'adaptation transitoire, qui peut passer par des formes d'inadaptations sociales qui protègent dans l'immédiateté. Elles permettent au sujet blessé de gérer momentanément la crise pour pouvoir ensuite remanier ses défenses et trouver un comportement plus adéquat qui relèvera alors véritablement de la résilience. Cependant, certains individus demeureront fixés à la première phase, alors que d'autres entrent véritablement dans un processus de résilience qui implique la renégociation des mécanismes de défense et la reconstruction psychique.

  • La Résilience — Surmonter les traumatismes, Marie Anaut, éd. Armand Colin, coll. « 128 », 2008  (ISBN 978-2-200-35348-3), partie 3. Articulations théoriques de la résilience, chap. 4. Approches psychodynamiques et processus intrapsychiques, 4.4 Les phases du processus psychique de la résilience, p. 85


Bergeret (1995) précise qu'un individu n'est pas malade parce qu'il a des défenses mais bien parce que ses défenses sont inefficaces, trop rigides et mal adaptées aux réalités internes et externes. Ce qui peut se traduire par une utilisation systématique d'un mode défensif exclusif, sans souplesse et hors contexte. Dans ce dernier cas seulement, les défenses apparaissent dans un fonctionnement psychopathologique.

  • La Résilience — Surmonter les traumatismes, Marie Anaut, éd. Armand Colin, coll. « 128 », 2008  (ISBN 978-2-200-35348-3), partie 3. Articulations théoriques de la résilience, chap. 5. Résilience et mécanismes de défense, 5.3 Spécificité des défenses résilientes ?, p. 88


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