Mélissa Verreault

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Mélissa Verreault en 2014

Mélissa Verreault, née en 1983, est une écrivaine, traductrice et enseignante québécoise.

Citations[modifier]

Voyager léger, 2011[modifier]

On veut tous être libres mais on ne sait pas que la liberté se résume à faire autre chose que ce qu'il faut.


Je suis venue ici pour avoir la paix mais je me rends compte d'une chose : les lieux ne sont pas paisibles. Le calme est en nous ou n'est pas.


Quand je (...) ferme [les yeux], je vois l'intérieur de ma paupière, tout est rose. Voir la vie en rose, ce n'est qu'avoir les yeux fermés.


Parfois, il faut partir. On ne laisse pas d'explication et on s'en va, sinon on meurt. Quelqu'un finit par passer derrière soi, pour ramasser ce qu'on n'a pas eu le temps de remettre à sa place.


Je n'ai jamais pensé au suicide, sinon comme à une preuve de ma liberté. Parce que la possibilité existe, j'existe encore plus. Si je le décidais, je pourrais le faire : avant qu'il ne me tombe sur la tête, crever le ciel comme une flèche. Sauter reste une hypothèse, une idée en l'air, je me sens bien ici. Ce qui me rend légère, c'est de savoir que j'en aurais le pouvoir.


Bien accrochée à l’intérieur, la vie a gagné, elle gagne toujours, on est si faibles à côté d’elle. J’ignore d’où vient ce début d’enfant. Il s’est agrippé comme il a pu, malgré toutes les lois de la probabilité. Déjà, je l’aime plus qu’il ne le faudrait.


On passe sa vie à attendre le bon moment. Ce qui fait qu’il y a des choses qui ne naissent jamais et d’autres qui meurent trop tôt.


On dit se frayer un chemin, mais s’effrayer un chemin serait encore plus juste. Il n’y a de naturel dans le geste de partir que la terreur. Le reste, ce ne sont que des excuses. Voyager se résume à trouver des raisons pour expliquer son absence.


Certains mots ont des conséquences plus pesantes que d’autres. Je m’en vais. Je l’ai dit. Maintenant, il faut que je le fasse.


Le changement est-il inversement proportionnel à la distance? À deux pouces de tes lèvres, lovée dans le creux de ton cou, j’ai si souvent eu l’impression de me transformer, de devenir une autre, une femme différente, ou simplement une femme, tiens.


Au comptoir d’enregistrement, on me demande si j’ai fait mes bagages moi-même. Je souris, en pensant que ce ne sont pas à proprement parler des bagages, mais plutôt le strict minimum. Une trousse de survie rouge ornée d’une croix blanche. On me sourit en retour, trouvant naturel qu’une personne quitte tout, comme ça, sans remords. J’entre dans leur jeu et je fais comme s’il était normal de foutre sa vie en l’air.


Idéalement, j’aurais pris un billet pour un vol qui n’atterrit pas. Un avion qui n’effectue que de grands cercles autour de la Terre, sans jamais se poser – début de révolution. (...) J’aurais été bien, parce que le ciel n’est pas un pays. En l’air, on n’est plus personne.


Il y a un prix à payer pour que la vie vaille quelque chose.


Ça vaut vraiment la peine. Mais qu’est-ce que ça peut bien valoir, la peine ? Des larmes qui coulent comme des paquebots un soir de tempête, des dizaines de papiers-mouchoirs détrempés, un menton qui tremblote encore une fois la crise passée, et des regrets, des tonnes de regrets partout sur le sol, répandus comme des samares sur l’asphalte à l’automne ?


Je cherche un pays où l’on peut devenir quelqu’un d’autre. Partout, il y a des frontières et la nécessité de montrer son passeport, de prouver qui on est. Quand c’est là très exactement ce qu’on cherche, il est difficile d’afficher un air convaincu et de dire oui, c’est bien moi.


Je suis ici depuis une semaine mais ça pourrait faire un mois. Quand on ne sait plus exactement combien de kilomètres on a parcourus, il devient difficile de calculer les secondes écoulées. Je ne suis qu’à quelques pas de chez moi et ma vie se mesure en années-lumière.


On estime souvent bien mal le temps qu’il nous reste. On jette tout sans avoir pu aller jusqu’au bout.


Peut-être que si je parlais plus souvent à la troisième personne, je m’en ferais moins avec le sens de ma vie. Je prendrais l’existence dans son ensemble pour me rendre compte qu’elle ne m’appartient pas plus qu’aux autres et je laisserais aller. Je finirais bien par accepter qu’on aboutit tous au même endroit, peu importe les chemins empruntés.


Je ne l’ai pas pris cet avion, je suis restée ici, mais c’est encore un voyage autour du monde dont il s’agit. Parce que nos yeux sont le monde. Le centre nous suit, nous sommes toujours au beau milieu.


Ceux qui croient que voyager signifie être en vacances n’ont jamais véritablement mis les pieds à l’extérieur de chez eux. Le monde ne nous donne pas de vacances : il nous force à être soi, soi et rien d’autre, à chaque coin de rue où l’on tourne.


J’ai toujours cru qu’il fallait savoir se rendre utile, mais maintenant je n’en suis plus si sûre – n’avoir ni domicile ni idée fixes. Ne jamais rester au même endroit, déjà, c’est une belle manière de faire bouger les choses.


Je cherche, je cherche, une chose unique et indivisible qui me représenterait, qui dirait qui je suis, mais j’ai tout faux, depuis le début : c’est dans ce qui se fractionne et se donne que je me cache réellement.


Voir aussi[modifier]

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