Les Caves du Vatican

Les Caves du Vatican est un roman d'André Gide, paru en 1914. L'auteur l'a catégorisé comme « sotie ».

Citations

Julius de Baraglioul

   — Savez-vous ce qui me gâte l'écriture? Ce sont les corrections, les ratures, les maquillages qu'on y fait.
   — Croyez-vous donc qu'on ne se corrige pas, dans la vie? demanda Julius allumé.
   — Vous ne m'entendez pas: Dans la vie, on se corrige, à ce qu'on dit, on s'améliore; on ne peut corriger ce qu'on a fait. C'est ce droit de retouche qui fait de l'écriture une chose si grise et si... (il n'acheva pas). Oui ; c'est là ce qui me paraît si beau dans la vie; c'est qu'il faut peindre dans le frais. La rature y est défendue.

• Les Caves du Vatican, André Gide, éd. Gallimard, 1972  (ISBN 978-2-07-036034-5), p. 79 (voir la fiche de référence de l'œuvre)

   Il y a le roman, et il y a l'histoire. D'avisés critiques ont considéré le roman comme de l'histoire qui aurait pu être, l'histoire comme un roman qui avait eu lieu. Il faut bien reconnaître, en effet, que l'art du romancier souvent emporte la créance, comme l'événement parfois la défie. Hélas ! certains sceptiques esprits nient le fait dès qu'il tranche sur l'ordinaire. Ce n'est pas pour eux que j'écris.

• Les Caves du Vatican, André Gide, éd. Gallimard, 1972  (ISBN 978-2-07-036034-5), p. 96 (voir la fiche de référence de l'œuvre)

Le Mille-Pattes

Ainsi parfois, au sein même de l'abjection, tout à coup, se découvrent d'étranges délicatesses sentimentales, comme croît une fleur azurée au milieu d'un tas de fumier.

• Les Caves du Vatican, André Gide, éd. Gallimard, 1972  (ISBN 978-2-07-036034-5), p. 143 (voir la fiche de référence de l'œuvre)

[...] une âme qui se révolte contre l'ignominie de son sort, souvent ses premiers sursauts demeurent inaperçus d'elle-même ; ce n'est qu'à la faveur de l'amour que le regimbement secret se révèle.

• Les Caves du Vatican, André Gide, éd. Gallimard, 1972  (ISBN 978-2-07-036034-5), p. 143 (voir la fiche de référence de l'œuvre)

   — Quoi ? cela vous étonne que je signe de ce nom-là : Cave ? Vous n'avez que celle du Vatican dans la tête. Apprenez ceci, mon bon monsieur Fleurissoire : Cave est un mot latin qui veut dire aussi : Prends garde !

• Les Caves du Vatican, André Gide, éd. Gallimard, 1972  (ISBN 978-2-07-036034-5), p. 151 (voir la fiche de référence de l'œuvre)

   — Eh bien ! voici, cher Amédée : M'est avis que, depuis La Rochefoucault, et à sa suite, nous nous sommes fourrés dedans ; que le profit n'est pas toujours ce qui mène l'homme ; qu'il y a des actions désintéressées...
   — Je l'espère bien, interrompit candidement Fleurissoire.
   — Ne me comprenez pas si vite, je vous en prie. Par désintéressé, j'entends : gratuit. Et que le mal, ce que l'on appelle : le mal, peut être aussi gratuit que le bien.
   — Mais, dans ce cas, pourquoi le faire ?
   — Précisément ! par luxe, par besoin de dépense, par jeu. Car je prétends que les âmes les plus désintéressées ne sont pas nécessairement les meilleures — au sens catholique du mot ; au contraire, à ce point de vue catholique, l'âme la mieux dressée est celle qui tient le mieux ses comptes.

• Les Caves du Vatican, André Gide, éd. Gallimard, 1972  (ISBN 978-2-07-036034-5), p. 179 (voir la fiche de référence de l'œuvre)

Lafcadio

Je me sentais d'étreinte assez large pour embrasser l'entière humanité ; ou l'étrangler peut-être... Que peu de chose la vie humaine !

• Les Caves du Vatican, André Gide, éd. Gallimard, 1972  (ISBN 978-2-07-036034-5), p. 187 (voir la fiche de référence de l'œuvre)

   « Pauvre Julius ! Tant de gens qui écrivent et si peu de gens qui lisent ! C'est un fait : on lit de moins en moins... si j'en juge par moi, comme disait l'autre. Ça finira par une catastrophe ; quelque belle catastrophe, tout imprégnée d'horreur ! on foutra l'imprimé par-dessus bord ; et ce sera miracle si le meilleur ne rejoint pas au fond le pire.

• Les Caves du Vatican, André Gide, éd. Gallimard, 1972  (ISBN 978-2-07-036034-5), p. 187 (voir la fiche de référence de l'œuvre)

Rien ne se passe jamais tout à fait comme on aurait cru... C'est là ce qui me porte à agir...

• Les Caves du Vatican, André Gide, éd. Gallimard, 1972  (ISBN 978-2-07-036034-5), p. 187 (voir la fiche de référence de l'œuvre)

Ce n'est pas tant des événements que j'ai curiosité, que de moi-même. Tel se croit capable de tout, qui, devant que d'agir, recule... Qu'il y a loin, entre l'imagination et le fait ! ... Et pas plus le droit de reprendre son coup qu'aux échecs. Bah ! qui prévoirait tous les risques, le jeu perdrait tout intérêt ! ...

• Les Caves du Vatican, André Gide, éd. Gallimard, 1972  (ISBN 978-2-07-036034-5), p. 195 (voir la fiche de référence de l'œuvre)

Nous vivons contrefaits, plutôt que de ne pas ressembler au portrait que nous avons tracé de nous d'abord : c'est absurde ; ce faisant, nous risquons de fausser le meilleur.

• Les Caves du Vatican, André Gide, éd. Gallimard, 1972  (ISBN 978-2-07-036034-5), p. 204 (voir la fiche de référence de l'œuvre)

• Citation choisie pour le 22 août 2010.

   — Voici ma thèse : Savez-vous ce qu'il faut pour faire de l'honnête homme un gredin ? Il suffit d'un dépaysement, d'un oubli ! Oui, Monsieur, un trou dans la mémoire, et la sincérité se fait jour ! ... La cessation d'une continuité ; une simple interruption de courant.

• Les Caves du Vatican, André Gide, éd. Gallimard, 1972  (ISBN 978-2-07-036034-5), p. 226 (voir la fiche de référence de l'œuvre)

La connaissance ne fortifie jamais que les forts...

• Les Caves du Vatican, André Gide, éd. Gallimard, 1972  (ISBN 978-2-07-036034-5), p. 234 (voir la fiche de référence de l'œuvre)

Il existe une fiche de références pour cette œuvre :
Les Caves du Vatican.