Laurent de la Résurrection

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Nicolas Herman, en religion frère Laurent de la Résurrection, naît vers 1614 à Hériménil, en Lorraine, et meurt le 12 février 1691 à Paris. Il est frère convers de l'ordre des Carmes déchaux, connu par un recueil de lettres et d'entretiens publiés après sa mort, qui insistent sur l'exercice de la présence et de l'amour de Dieu.

Renoncement[modifier]

Éviter les pensées inutiles[modifier]

... ces mille pensées inutiles qui gâtent tout et qu’il faut être soigneux de rejeter.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 18


Dans la voie de Dieu, les pensées sont comptées pour peu, l’amour fait tout.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 77


Un moyen de rappeler facilement l’esprit pendant le temps de l’oraison et de le tenir plus en repos, est de ne pas lui laisser prendre beaucoup d’essor pendant la journée ; il faut le tenir exactement en la présence de Dieu ; et étant habitué à vous en souvenir de temps en temps, il sera facile de demeurer tranquille pendant vos oraisons ou au moins de le rappeler de ses égarements.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 137

Accepter la maladie, la souffrance[modifier]

Souvent Dieu permet que nous souffrions un peu pour purifier notre âme.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 145


Adorez-le dans vos infirmités, demandez-lui humblement et amoureusement, comme un enfant à son bon père, la conformité à sa sainte volonté et le secours de sa grâce ; je vous y aiderai par mes pauvres et chétives prières.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 146


Je ne demande pas à Dieu la délivrance de vos peines, mais je lui demande instamment qu’il vous donne des forces et la patience pour les souffrir aussi longtemps qu’il lui plaira. Consolez-vous avec celui qui vous tient attachée sur la croix, il vous en détachera quand il le jugera à propos. Heureux ceux qui souffrent avec lui, accoutumez-vous à y souffrir et demandez-lui des forces pour souffrir tout ce qu’il voudra et autant de temps qu’il jugera vous être nécessaire. Le monde ne comprend pas ces vérités et je ne m’en étonne pas, c’est qu’ils souffrent en gens du monde et non pas en chrétiens ; ils regardent les maladies comme des peines de la nature, et non pas comme des grâces de Dieu, et par cet endroit ils n’y trouvent rien que de contraire et de rude à la nature ; mais ceux qui les considèrent venant de la main de Dieu, comme des effets de sa miséricorde et des moyens dont il se sert pour leur salut, y goûtent ordinairement de grandes douceurs et de sensibles consolations.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 141


Dieu est souvent plus près de nous dans le temps des maladies et des infirmités, que lorsque nous jouissons d’une parfaite santé ; ne cherchez pas d’autre médecin que lui ; à ce que je peux comprendre, il veut vous guérir seul ; mettez toute votre confiance en lui, vous en verrez bientôt les effets que nous retardons souvent par une plus grande confiance aux remèdes qu’en Dieu.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 141-142


J’ai de la peine de vous voir si longtemps souffrir ; ce qui adoucit la compassion que j’ai de vos douleurs, est que je suis persuadé qu’elles sont des preuves de l’amour que Dieu a pour vous ; regardez-les par cet endroit, elles vous seront faciles à supporter ; ma pensée est que vous quittiez tous les remèdes humains, que vous vous abandonniez entièrement à la divine Providence, peut-être Dieu n’attend-il que cet abandon et une parfaite confiance en lui pour vous guérir ; puisque malgré tous vos soins les remèdes n’ont pas l’effet qu’ils devraient avoir, qu’au contraire, le mal s’augmente, ce n’est plus tenter Dieu de s’abandonner entre ses mains et attendre tout de lui.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 147


... l’amour adoucit les peines, et lorsqu’on aime Dieu, on souffre pour lui avec joie et avec courage...
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 147

S'abstenir des consolations[modifier]

Croyez-moi, faites dès à présent une sainte et ferme résolution de ne vous en éloigner jamais volontairement ; et de vivre le reste de vos jours en cette sainte présence, privée pour son amour, s’il le juge à propos, des consolations du ciel et de la terre.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 125


... pour s’unir à lui, il faut priver la volonté de toutes sortes de goûts et de plaisirs spirituels et corporels, afin qu’étant ainsi dégagée, elle puisse aimer Dieu sur toutes choses...
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 98


Cet exercice ne tue pas le corps ; il est cependant à propos de le priver de temps en temps, et même souvent, de plusieurs petites consolations innocentes et licites ; car Dieu ne souffre pas qu’une âme qui veut être entièrement à lui, prenne d’autres consolations qu’avec lui ; cela est plus que raisonnable.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 126

Ne pas s’attacher aux grâces[modifier]

Ne nous arrêtons pas à chercher ou à aimer Dieu pour les grâces qu’il nous a faites, quelque élevées qu’elles puissent être, ou pour celles qu’il nous peut faire ; ces faveurs, pour grandes qu’elles soient, ne nous approcheront jamais si près de lui que la foi nous en approche par un simple acte ; cherchons-le souvent par cette vertu ; il est au milieu de nous, ne le cherchons point ailleurs ; ne sommes-nous pas incivils, et même coupables, de le laisser seul, nous occupant de mille et mille bagatelles qui lui déplaisent et peut-être qui l’offensent ?
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 150


Pensons souvent que notre unique affaire en cette vie est de plaire à Dieu : que peut être tout le reste, que folie et vanité ?
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 138

Adoration[modifier]

... comptez pour perdu le temps qui n’est pas employé à aimer Dieu.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 30


... je bénis Dieu, je loue Dieu, je l’adore et je l’aime de tout mon cœur ; c’est là tout notre métier, mes frères, d’adorer Dieu et de l’aimer, sans se soucier du reste.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 71


... c’est un je ne sais quoi de l’âme doux, paisible, spirituel, respectueux, humble, amoureux et très simple qui la porte et la presse à aimer Dieu, l’adorer, l’embrasser même avec des tendresses qu’on ne peut exprimer, et que la seule expérience nous peut faire concevoir.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 98


Une petite élévation de cœur suffit ; un petit souvenir de Dieu, une adoration intérieure, quoiqu’en courant et l’épée à la main, sont des prières qui, pour courtes qu’elles soient, sont cependant très agréables à Dieu...
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 135


... réparons le temps perdu, retournons avec une entière confiance à ce père de bonté, qui est toujours prêt à nous recevoir amoureusement.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 138

Intériorisation[modifier]

... Dieu est toujours en ce fond de mon âme...
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 122


... cette conversation avec Dieu se fait au fond et au centre de l’âme ; c’est là que l’âme parle à Dieu cœur à cœur, et toujours dans une grande et profonde paix dont l’âme jouit en Dieu.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 100


... il est toujours auprès de vous et avec vous, ne le laissez pas seul : vous croiriez être incivile de laisser seul un ami qui vous rendrait visite.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 140


... il faut donc l’adorer en esprit et en vérité, c’est-à-dire par une humble et véritable adoration d’esprit dans le fond et centre de notre âme. Il n’y a que Dieu qui puisse voir cette adoration, que nous pouvons réitérer si souvent qu’à la fin elle nous deviendra comme naturelle, et comme si Dieu était un avec notre âme et que notre âme fût une avec Dieu : la pratique le fait voir.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 97


Par la présence de Dieu et par ce regard intérieur, l’âme se familiarise avec Dieu de telle manière qu’elle passe presque toute sa vie en des actes continuels d’amour, d’adoration, de contrition, de confiance, d’actions de grâces, d’offrande, de demande, et de toutes les plus excellentes vertus ; et quelquefois même elle ne devient plus qu’un seul acte qui ne passe plus, parce que l’âme est toujours dans l’exercice continuel de cette divine présence.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 104


Il ne nous demande pas grand’chose, un petit souvenir de temps en temps, une petite adoration, tantôt lui demander sa grâce, quelquefois lui offrir vos peines, d’autres fois le remercier des grâces qu’il vous a faites et qu’il vous fait, au milieu de vos travaux vous consoler avec lui, le plus souvent même que vous pourrez ; pendant vos repas et vos entretiens, élevez quelquefois vers lui votre cœur, le moindre petit souvenir lui sera toujours fort agréable, il ne faut pas pour cela crier bien haut, il est plus près de nous que nous ne pensons.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 128

Conversation[modifier]

Il n’y a pas au monde de manière de vie plus douce ni plus délicieuse que la conversation continuelle avec Dieu ; ceux-là seuls la peuvent comprendre qui la pratiquent et qui la goûtent ; je ne vous conseille pas pourtant de le faire pour ce motif, ce ne sont pas les consolations que nous devons chercher en cette pratique, mais faisons-le par amour et parce que Dieu le veut.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 124-125


... [mon âme] vit maintenant comme s’il n’y avait plus que Dieu et elle au monde, elle s’entretient partout avec Dieu, elle lui demande ce dont elle a besoin, et se réjouit sans cesse en mille et mille façons avec lui.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 100


La pratique la plus sainte, la plus commune et la plus nécessaire en la vie spirituelle est la présence de Dieu, c’est de se plaire et s’accoutumer en sa divine compagnie, parlant humblement et s’entretenant amoureusement avec lui en tout temps, à tous moments, sans règle ni mesure, surtout dans le temps des tentations, des peines, des aridités, des dégoûts, et même des infidélités, et des péchés.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 94

Action[modifier]

... faire pour Dieu ce que nous faisons ordinairement pour nous-mêmes.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 22


Il faut faire toutes nos actions avec poids et mesure, sans impétuosité et précipitation, qui marquent un esprit égaré ; il faut travailler doucement, tranquillement et amoureusement avec Dieu, le prier d’agréer notre travail...
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 94


Il faut s’appliquer continuellement à ce qu’indifféremment toutes nos actions soient une manière de petits entretiens avec Dieu, pourtant sans étude, mais comme ils viennent de la pureté et simplicité du cœur.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 94


Depuis ce temps-là, je travaille devant Dieu simplement en foi, avec humilité et avec amour, et je m’applique soigneusement à ne rien faire, à ne rien dire et à ne rien penser qui lui puisse déplaire.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 131

Synthèse[modifier]

... si nous voulons jouir dès cette vie de la paix du Paradis, il faut nous habituer à un entretien familier, humble et amoureux avec Dieu ; il faut empêcher que notre esprit ne s’en éloigne pour quelque occasion que ce soit ; il faut lui faire de notre cœur un temple spirituel où nous l’adorions sans cesse ; il faut veiller sans relâche sur nous-mêmes pour ne rien faire ni rien dire et ne rien penser qui lui puisse déplaire. Lorsque nous serons ainsi occupés de Dieu, les souffrances n’auront plus que des douceurs, des onctions et des consolations. Je sais que pour arriver à cet état le commencement est fort difficile, qu’il faut agir purement en foi ; nous savons aussi que nous pouvons tout avec la grâce du Seigneur, qu’il ne la refuse pas à ceux qui la lui demandent avec instance.
  • L'expérience de la présence de Dieu, Laurent de la Résurrection, éd. Le Seuil, 1982 (fac-similé édition 1948), p. 148-149