Aller au contenu

Karin Boye

Une page de Wikiquote, le recueil des citations libres.

Karin Maria Boye (1900 - 1941) est une romancière et poétesse suédoise.

Kallocaïne

[modifier]
Nous ne cherchons pas à nous organiser. Ce qui est organique n'a nul besoin d'organisation. Vous bâtissez de l'extérieur, nous le faisons de l'intérieur. Vous vous utilisez comme des pierres de construction et vous vous effondrez, dehors comme dedans. Nous croissons de l'intérieur, comme les arbres, et entre nous s'établissent des ponts qui ne doivent rien aux matières mortes ni aux forces mortifères. De nous jaillit la vie. En vous n'entre que ce qui est mort.
  • Kallocaïne (1940), Karin Boye (trad. Léo Dhayer), éd. Les Moutons électriques, coll. « Hélios », 2016  (ISBN 978-2-36-183521-7), p. 147


Parce que nous comprenons et approuvons que l'État est tout, et que l'individu n'est rien. Parce que nous réalisons et acceptons que l'essentiel de ce que nous appelons « la culture » — mises à part les connaissances purement techniques — doit demeurer un luxe que l'on ne peut se payer qu'en temps de paix (et ces époques pourraient ne jamais revenir). Seules comptent les besoins fondamentaux de l'existence, ainsi que les activités militaires et policières sans cesse plus développées. Tel est le cœur battant de l'État. Tout le reste est superficiel.
  • Kallocaïne (1940), Karin Boye (trad. Léo Dhayer), éd. Les Moutons électriques, coll. « Hélios », 2016  (ISBN 978-2-36-183521-7), p. 166


C'est surtout la peur qui a gagné du terrain. [...] En dépit d'une surveillance de plus en plus poussée, nous ne nous sentons pas plus à l'abri, contrairement à nos espérances. Au lieu de cela, le sentiment d'insécurité gagne du terrain.
  • Kallocaïne (1940), Karin Boye (trad. Léo Dhayer), éd. Les Moutons électriques, coll. « Hélios », 2016  (ISBN 978-2-36-183521-7), p. 207


Pour que la vérité éclate, ce n'est jamais qu'une question de temps. Êtes-vous prêts à l'entendre, vous autres ? Ce qui est bien triste, c'est que tous ne soient pas assez sincères pour la supporter. Elle devrait être un pont jeté entre deux êtres humains — tant qu'elle circule librement, qu'elle est offerte et reçue comme un présent. N'est-til pas étrange de constater que toute chose perd sa valeur quand elle cesse d'être un cadeau — même la vérité ?
  • Kallocaïne (1940), Karin Boye (trad. Léo Dhayer), éd. Les Moutons électriques, coll. « Hélios », 2016  (ISBN 978-2-36-183521-7), p. 287-288


Qui accepterait de prendre conscience de sa propre misère avant d'y être forcé ? Non pas forcé par les autres, mais par le vide et le froid, par cet hiver hyperboréen qui nous menace tous.
  • Kallocaïne (1940), Karin Boye (trad. Léo Dhayer), éd. Les Moutons électriques, coll. « Hélios », 2016  (ISBN 978-2-36-183521-7), p. 288


Le char blindé du Pouvoir est-il désormais si indestructible qu'il est devenu impossible de transformer ce dieu en outil ? Un dieu pourra-t-il jamais accepter, surtout s'il est le plus puissant de tous, de renoncer lui-même à ses prérogatives ?
  • Kallocaïne (1940), Karin Boye (trad. Léo Dhayer), éd. Les Moutons électriques, coll. « Hélios », 2016  (ISBN 978-2-36-183521-7), p. 289


Des parents et des pédagogues malades ont généré des enfants plus malades encore, jusqu'à ce que la maladie devienne la norme et la santé une horreur.
  • Kallocaïne (1940), Karin Boye (trad. Léo Dhayer), éd. Les Moutons électriques, coll. « Hélios », 2016  (ISBN 978-2-36-183521-7), p. 289


Vous pouvez également consulter les articles suivants sur les autres projets Wikimédia :