Henri Borlant
Apparence
Henri Borlant, né Hirsch Borland le à Paris et mort le , est un médecin français survivant de la Shoah. Il est l'auteur de Merci d'avoir survécu.
Citations
[modifier]Maman chérie, il paraît que nous partons en Ukraine pour faire les moissons.
- Mot envoyé par Henri Borlant à sa mère pendant son voyage vers le camp de Birkenau durant la Shoah. Les nazis avaient affirmé aux déportés qu'ils allaient simplement aider à faire les récoltes.
- « Camps de concentration. Paroles d'anciens déportés. Épisode 3/5 : Henri Borlant : "Maman chérie, il paraît que nous partons en Ukraine pour faire les moissons" », Henri Borlant, cité par France Culture, France Culture, 20 avril 2011 (lire en ligne)
Des bagnards en tenue rayée ; on ne va pas travailler dans les champs et les usines, il y a autre chose ; ça a commencé comme ça.
- Au sujet de son arrivée au camp de Birkenau durant la Shoah. Les nazis avaient affirmé aux déportés qu'ils allaient simplement aider à faire les récoltes.
- « Camps de concentration. Paroles d'anciens déportés. Épisode 3/5 : Henri Borlant : "Maman chérie, il paraît que nous partons en Ukraine pour faire les moissons" », Henri Borlant, cité par France Culture, France Culture, 20 avril 2011 (lire en ligne)
Je suis resté deux mois à Birkenau. C'était dur pendant les appels, surtout le soir où ça durait longtemps. Ils n'étaient pas foutus d'avoir des comptes justes, parce qu'il y avait des morts dans les coins qu'on n'avait pas encore ramenés dans les baraques. Il y avait aussi ceux qu'on appelait les "musulmans", qui n'avaient plus que la peau sur les os, qui erraient comme des fantômes, qui n'avaient plus leur tête, qui ne savaient plus leur nom, ni leur numéro, il fallait les retrouver et les ramener dans la baraque dont ils dépendaient.
- Au sujet de sa déportation au camp de Birkenau durant la Shoah.
- « Grand angle. «Si je suis resté vivant…» », Henri Borlant, propos recueillis par Natalie Levisalles, Libération, 26 janvier 2015 (lire en ligne)
Moi, j’étais un gamin de 15 ans qu’on avait arraché à sa maman, pas un voyou qui avait l’habitude de la rue. J’étais un bon élève studieux, j’étais toujours dans les jupes de ma mère. Tout ça pour vous dire que je n’étais pas préparé à ça. Mon frère, qui avait 17 ans, il était costaud et avait un tempérament bagarreur. Au bout de deux mois, nous avons été séparés, et je ne l’ai plus jamais revu. Il a tenu trois mois et demi, je sais quand il est mort. Pas comment, je ne l’ai jamais su.
- Au sujet de sa déportation au camp de Birkenau durant la Shoah.
- « Grand angle. «Si je suis resté vivant…» », Henri Borlant, propos recueillis par Natalie Levisalles, Libération, 26 janvier 2015 (lire en ligne)
Après deux mois à Birkenau, j'ai passé un an à Auschwitz-I, au block 7, où il n'y avait que des jeunes. Mon kommando, c'était la Mauerschule, l'école de maçonnerie. Allez savoir pourquoi, ils avaient décidé de prendre des jeunes et de leur donner des notions de construction. C'était quand même plus ou moins bidon, en fait, on nous envoyait sur des chantiers.
- Au sujet de sa déportation au camp d'Auschwitz durant la Shoah.
- « Grand angle. «Si je suis resté vivant…» », Henri Borlant, propos recueillis par Natalie Levisalles, Libération, 26 janvier 2015 (lire en ligne)
Lors de recherches à Auschwitz, l’historienne Annette Wieviorka a trouvé des documents de la firme de construction de route Riedel Strassenbau, pour laquelle j’ai travaillé. Ils notaient le nom de ceux qui travaillaient, avec numéro de matricule, nationalité, grade, juif ou pas, et la somme versée aux SS pour notre travail. Une paperasserie remplie tous les jours.
- Au sujet de sa déportation au camp d'Auschwitz durant la Shoah.
- « Grand angle. «Si je suis resté vivant…» », Henri Borlant, propos recueillis par Natalie Levisalles, Libération, 26 janvier 2015 (lire en ligne)
Auschwitz, ce n'était pas un salon où l'on cause, j'en ai un nœud à l'estomac tout d'un coup. On se lève, il fait encore nuit, on est terrorisés, on crève de faim, on est des pauvres petites choses, on nous tabasse, on nous injurie. Les Polonais hurlaient : "Je vais te battre jusqu'à ce que ton sang coule, fils de pute." Nos chefs polonais étaient antisémites et antifrançais et ils ne gardaient leurs privilèges que dans la mesure où les SS voyaient qu'ils nous menaient la vie dure. On était affamés, malades, on vivait dans la crasse, on était couverts de poux, j'ai eu le typhus dix jours après mon arrivée.
- Au sujet de sa déportation au camp d'Auschwitz durant la Shoah.
- « Grand angle. «Si je suis resté vivant…» », Henri Borlant, propos recueillis par Natalie Levisalles, Libération, 26 janvier 2015 (lire en ligne)
Des moments de solidarité, pendant ces trente-trois mois, il y en a eu tout le temps. Quand vous avez le typhus, que vous avez 40°C de fièvre, et qu'il ne faut jamais dire que vous êtes malade, sinon, on vous envoie au Revier, et ensuite à la chambre à gaz… Il n'y a pas de survivants sans solidarité. Pareil quand on revient le soir, qu'on a 3 kilomètres à faire et qu'on n'a pas les jambes pour marcher. S'il n'y a pas deux types pour vous tenir sous les bras à droite et à gauche…
- Au sujet de sa déportation au camp d'Auschwitz durant la Shoah.
- « Grand angle. «Si je suis resté vivant…» », Henri Borlant, propos recueillis par Natalie Levisalles, Libération, 26 janvier 2015 (lire en ligne)
La faim de quelqu’un qui mange peu pendant des semaines, c’est une faim qui l’envahit tout entier. On n’est pas malheureux, on est affamés, on n’est qu’une faim. Le désespoir, c’était pour ceux qui étaient bien nourris.
- Au sujet de sa déportation à Birkenau durant la Shoah.
- « Disparition. Mort d’Henri Borlant, passeur de la mémoire de la Shoah », Henri Borlant, cité par Libération et Agence France Presse (AFP), Libération, 5 décembre 2024 (lire en ligne)
On ne nous posait pas de questions.
- Au sujet de son retour en France après sa déportation à Birkenau durant la Shoah.
- « Les Survivants des camps », Henri Borlant, cité par Dominique Dhombres, Le Monde, 19 avril 2005 (lire en ligne)
Pendant cinquante ans, je n'ai rien dit, mais j'ai toujours eu le sentiment qu'il fallait que je raconte.
- Au sujet de sa déportation au camp de Birkenau durant la Shoah.
- « Grand angle. «Si je suis resté vivant…» », Henri Borlant, propos recueillis par Natalie Levisalles, Libération, 26 janvier 2015 (lire en ligne)
D'abord, j'ai eu peur, et ensuite, j'ai eu honte d'avoir eu peur. Et c'est à ce moment-là que j'ai décidé de témoigner.
- Au sujet de sa déportation durant la Shoah.
- « Grand angle. «Si je suis resté vivant…» », Henri Borlant, propos recueillis par Natalie Levisalles, Libération, 26 janvier 2015 (lire en ligne)
Une fois, il y avait deux jeunes garçons d'environ 20 ans. L'un avait filmé l'autre pendant qu'il faisait une quenelle et il avait mis la vidéo sur Internet. Celui-là, quand ça a été fini, au bout de deux heures, il s'est dirigé vers moi et s'est jeté dans mes bras. Il a sangloté, on ne pouvait plus l'arrêter. Un gentil garçon, plutôt sympathique. Je lui ai dit : "C'est pas grave", je lui ai fait cadeau de mon livre en poche, qui appartenait au Mémorial. Claude Singer m'a dit : "Tu n'aurais pas dû, il ne faut pas qu'ils aient une récompense." Il a raison mais, sur le moment, le garçon pleurait, je ne savais pas quoi faire. Je l'ai consolé.
- Au sujet de son travail de passeur de mémoire au Mémorial de la Shoah, dans le cadre duquel il témoigne auprès de délinquants condamnés pour des actes ou paroles racistes.
- « Grand angle. «Si je suis resté vivant…» », Henri Borlant, propos recueillis par Natalie Levisalles, Libération, 26 janvier 2015 (lire en ligne)
Nous n’avons pas la liberté de nous taire.
- Au sujet de son travail de passeur de mémoire au Mémorial de la Shoah.
- « Angers. Henri Borlant, déporté à 15 ans : comment « dire» Auschwitz ? », Henri Borlant, propos recueillis par Le Courrier de l'Ouest, Ouest France, 8 octobre 2019 (lire en ligne)
Parfois, j’ai comme un vertige. Lors d’un voyage à Auschwitz avec des adolescents en 1995, Serge Klarsfeld m’a présenté : Henri Borlant est le seul survivant des 6 000 enfants juifs de France de moins de 16 ans déportés à Auschwitz en 1942. C’est très impressionnant de se dire que sur 6 000enfants, on est le seul à pouvoir parler, je n’ai donc pas le droit de me taire.
- Au sujet de sa déportation à Birkenau durant la Shoah.
- « Disparition. Mort d’Henri Borlant, passeur de la mémoire de la Shoah », Henri Borlant, cité par Libération et Agence France Presse (AFP), Libération, 5 décembre 2024 (lire en ligne)
Trouver les mots pour rendre compte de l’inimaginable qu’a constitué ce crime contre l’humanité, c’est cesser d’être un souffrant passif pour devenir un militant actif de la mémoire et de la défense des droits de l’Homme.
- Au sujet de son travail de passeur de mémoire au Mémorial de la Shoah.
- « Angers. Henri Borlant, déporté à 15 ans : comment « dire» Auschwitz ? », Henri Borlant, propos recueillis par Le Courrier de l'Ouest, Ouest France, 8 octobre 2019 (lire en ligne)