Fraxinet

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Le Fraissinet ou Fraxinetum était un site fortifié, traditionnellement situé à la Garde-Freinet, qui fut occupé par des pirates Sarrasins au Xe siècle jusqu'à leur éviction par Guillaume Ier de Provence en 973 après la bataille de Tourtour.

Louis-Pierre-Eugène Sédillot[modifier]

A la fin du IXe siècle, en 889, les musulmans, trouvant dans les environs de Saint-Tropez, un emplacement des plus favorables d'où ils pouvaient s'élancer sur tous les points de la Provence, se fixèrent dans le poste du Fraxinet. Ils s'y maintinrent durant tout le Xe siècle et tandis qu'une partie d'entre eux, s'unissant aux femmes du pays, s'adonnait à l'agriculture, les autres cherchaient à étendre l'islamisme par des courses aventureuses dans l'intérieur du continent. C'est ainsi qu'en 935, après avoir intercepté quelque temps le passage de France en Italie, ils pénétrèrent dans la Tarentaise, le Valais et la Suisse, qui était déjà pillée par les Hongrois, et, en 942, ils forcèrent à s'expatrier les populations de Fréjus et de Toulon.


Joseph Toussaint Reinaud[modifier]

Faisant un appel aux guerriers de la Provence, du Bas-Dauphiné et du comté de Nice, [Guillaume] se disposa à attaquer les Sarrazins jusque dans le Fraxinet. De leur coté les Sarrazins, qui se voyaient poursuivis dans leurs derniers retranchements, réunirent toutes leurs forces, et descendirent de leurs montagnes en bataillons serrés. Il paraît qu'un premier combat fut livré aux environs de Draguignan, dans le lieu appelé Tourtour, là où il existe encore une tour qu'on dit avoir été élevée en mémoire de la bataille. Les Sarrazins ayant été battus, se réfugièrent dans le château-fort. Les chrétiens se mirent à leur poursuite. En vain les barbares opposèrent la plus vive résistance ; les chrétiens renversèrent tous les obstacles. A la fin les barbares, étant pressés de toutes parts, sortirent du château pendant la nuit et essayèrent de se sauver dans la forêt voisine. Poursuivis avec vigueur, la plupart furent tués ou faits prisonniers, le reste mit bas les armes. Tous les Sarrazins qui se rendirent furent épargnés. Les chrétiens laissèrent également la vie aux mahométans qui occupaient les villages voisins. Plusieurs demandèrent le baptême et se fondirent peu à peu dans la population ; les autres restèrent serfs et attachés au service, soit des églises, soit des propriétaires de terres ; leur race se conserva longtemps.
  • Invasions des Sarrazins en France et de France en Savoie, en Piémont et dans la Suisse, Joseph Toussaint Reinaud, éd. Dondey-Dupré, 1836, p. 207-209


Emannuel Davin[modifier]

[L]a victoire du Fraxinet laissa aux mains des Provençaux de nombreux prisonniers maures qui, par la suite, firent souche. Le type maure, au teint basané et aux cheveux crépus, se retrouve encore aujourd'hui sur toute la côte de provence et en particulier entre Saint-Tropez et Toulon.
  • Promenades en Provence, Emannuel Davin, éd. Société nouvelle des Impr. toulonnaises, 1935, p. 26


Philippe Sénac[modifier]

S'il n'est pas douteux qu'une partie importante de la communauté sarrasine périt au cours des combats, il reste intéressant de s'interroger sur le sort des survivants. L'absence d'informations interdit de préciser si certains parvinrent à regagner l'Espagne ou le Maghreb malgré le blocus de la flotte grecque. En revanche, il est clair que des groupes demeurèrent dans la région en y faisant souche : ainsi, dans une bulle pontificale datée de l'année 998, l'abbaye de Montmajour se voit confirmée dans ses possesions au nombre desquelles sont mentionnés des esclaves sarrasins des deux sexes. Une tradition prétend même que les seigneurs de Grimaldi employèrent des esclaves sarrasins lors de la construction des murailles niçoises. Il ne fait pas de doute non plus que certains se convertirent bientôt à la religion chrétienne. Le temps et d'innombrables mélanges de populations firent le reste : lentement, au fil des générations, le contingent sarrasin se dissoult ainsi dans la population provençale...
  • Musulmans et Sarrasins dans le Sud de la Gaule du VIIIe au XIe siècle (1980), Philippe Sénac, éd. Sycomore, 1980, p. 57


Voir aussi[modifier]

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