François Mauriac

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François Mauriac en 1952

François Mauriac (11 octobre 1885 - 1er septembre 1970) est un écrivain français; lauréat du Grand Prix du roman de l'Académie française (1926); membre de l'Académie française (1933); lauréat du Prix Nobel de littérature (1952); reçu la Grand-croix de la Légion d'honneur (1958).

Le Désert de l'amour, 1925[modifier]

Il existe une fiche de références pour cette œuvre :
Le Désert de l'amour.
Plaque de la rue du Pas-Saint-Georges, Bordeaux. « Ces jours avant-coureurs que le printemps délègue vers nous, au cœur de l'hiver, c'est moins leur douceur qui nous étonne qu'une certaine lumière, comme si le soleil se faisait complice d'un mensonge. » (François Mauriac, Nouveaux mémoires intérieurs, chapitre XIII).
« Je n'aime que ce qui se dévore »


En amour, le gibier longtemps pullule, mais la petite troupe de ceux qui ont commencé avec nous de vivre, se réduit chaque année. Les survivants aux coups sombres de la guerre, qu'ils fussent enlisés dans le mariage, ou déformés par le métier, Courrèges, leur voyant le poil grison, cette bedaine, ce crâne, les haïssait d'avoir son âge ; il les accusait d'être les assassins de leur jeunesse et, avant qu'elle les renonçât, de la trahir.


[…] la défaite d'un adolescent vient de ce qu'il se laisse persuader de sa misère.


[…] elle ne savait pas que l'amour, dans les vies les plus pleines, sait toujours se creuser sa place ; qu'un homme d'État surmené, autour de l'heure où sa maîtresse l'attend, arrête le monde. Cette ignorance l'empêchait de souffrir.


[…] la contemplation délivre […].


[…] ce qui est inaccessible ne vaut pas qu'on s'y sacrifie.


Ah ! l'importunité de ces êtres, à qui notre cœur ne s'intéresse pas et qui nous ont choisis, et que nous n'avons pas choisis ! – si extérieurs à nous, dont nous ne désirons rien savoir, dont la mort nous serait aussi indifférente que la vie… et pourtant ce sont ceux-là qui remplissent notre existence.


L'homme et la femme, aussi éloignés qu'ils puissent être l'un de l'autre, se rejoignent dans une étreinte. Et même une mère peut attirer la tête de son grand fils et baiser ses cheveux ; mais le père, lui, ne peut rien, hors le geste que fit le docteur Courrèges posant la main sur l'épaule de Raymond, qui tressaillit et se retourna. Le père déroba ses yeux et demanda :
   « Pleut-il encore ? »


   C'est la grand misère des femmes que rien ne les détourne de l'obscur ennemi qui les ronge.


On ne pense jamais que ce sont les passions des pères qui le plus souvent les séparent de leurs fils.


Un bouquin bouleverse la vie d'un homme quelquefois, et encore ! ça se dit… mais d'une femme ? Allons donc ! Nous ne sommes jamais troublés profondément que par ce qui vit – que par ce qui est sang et chair. Un bouquin ?


Au plus brûlant d'une passion, nos gestes d'instinct la dissimulent ; mais lorsque nous avons renoncé à sa joie, que nous acceptons une faim et une soif éternelles, c'est bien le moins, songeons-nous, de ne plus nous exténuer à donner le change.


Au seuil de notre jeunesse, les jeux sont faits, rien ne va plus ; peut-être sont-ils faits depuis l'enfance : telle inclination, enfouie dans notre chair avant qu'elle fût née, a grandi comme nous, s'est combinée avec la pureté de notre adolescence, et, lorsque nous avons atteint l'âge d'homme, a fleuri brusquement sa monstrueuse fleur.


« Tu ne saurais croire comme il fait bon vivre au plus épais d'une famille… mais oui ! On porte sur soi les mille soucis des autres ; ces milles piqûres attirent le sang à la peau, tu comprends ? Elles nous détournent de notre plaie secrète, de notre profonde plaie intérieure ; elles nous deviennent indispensables… […] »


Le Jeune Homme, 1926[modifier]

C’est qu’il ne fut pas donné à tout homme d’avoir été un jeune homme. […] Il en est, parmi ces jeunes êtres, qui meurent, à peine nés.
  • Le Jeune Homme, François Mauriac, éd. Hachette, 1926, Avant-propos, p. 9-10


À ceci, d’abord, nous reconnaîtrons le jeune homme : l’indétermination. Il est une force vierge qu’aucune spécialité ne confisque : il ne renonce à rien encore ; toutes les routes l’appellent. Voilà le bref espace de temps où nous ne sommes condamnés à l’immolation d’aucune part de nous-mêmes, où Dieu peut-être consent à nous aimer, bien que nous servions deux maîtres — et ce n’est pas assez dire — d’innombrables maîtres. C’est le temps de la débauche et de la sainteté, le temps de la tristesse et de la joie, de la moquerie et de l’admiration, de l’ambition et du sacrifice, de l’avidité, du renoncement… Ce qui s’appelle un homme fait s’obtient au prix de quelles mutilations !
  • Le Jeune Homme, François Mauriac, éd. Hachette, 1926, Avant-propos, p. 10-11


Nous aimons dans un très jeune homme ce que jamais on ne verra deux fois.
  • Le Jeune Homme, François Mauriac, éd. Hachette, 1926, p. 27


Tous les mouvements sociaux, politiques, religieux ont marqué notre époque dans la mesure où ils ont été des amitiés.
  • Le Jeune Homme, François Mauriac, éd. Hachette, 1926, p. 37


Il n'y a nulle correspondance entre notre déchéance physique et notre cœur qui ne vieillit pas.
  • Le Jeune Homme, François Mauriac, éd. Hachette, 1926, p. 60


Mais la jeunesse n'est pas le temps des arrangements, des compromis ; le jeune homme exige l'absolu. D'où folies et ces demi-folies, ces suicides et demi-suicides : combien, s'ils ne se tuent pas d'un coup, se détruisent lentement ! La drogue est une mort pendant des années savourée.
  • Le Jeune Homme, François Mauriac, éd. Hachette, 1926, p. 60


Notre vie vaut ce qu'elle nous a coûté d'efforts.
  • Le Jeune Homme, François Mauriac, éd. Hachette, 1926, p. 83


Le Nœud de vipères, 1932[modifier]

Ils ne savent pas ce qu'est la vieillesse. Vous ne pouvez imaginer ce supplice : ne rien avoir eu de la vie et ne rien attendre de la mort. Qu'il n'y ait rien au-delà du monde, qu'il n'existe pas d'explication, que le mot de l'énigme ne nous soit jamais donné…
  • Le Nœud de vipères, François Mauriac, éd. Bernard Grasset (1932) & Rombaldi (1971), 1932, p. 81


(…) il n'y a pas d'ombre sans réalité ; l'ombre est une réalité.
  • Le Nœud de vipères, François Mauriac, éd. Bernard Grasset (1932) & Rombaldi (1971), 1932, p. 88


A mon âge, le sommeil attire l'attention de la mort, il ne faut pas faire semblant d'être mort. Tant que je resterai debout, il me semble qu'elle ne peut pas venir. Ce que je redoute d'elle, est-ce l'angoisse physique, l'angoisse du dernier hoquet ? Non, c'est parce qu'elle n'existe pas, ce qui peut se traduire par le signe -.
  • Le Nœud de vipères, François Mauriac, éd. Bernard Grasset (1932) & Rombaldi (1971), 1932, p. 89-90


La dispute se ralluma pendant le déjeuner (je te demandai quel plaisir pouvait prendre l'Être éternel à te voir manger de la truite saumonée plutôt que du bœuf bouilli).
  • Le Nœud de vipères, François Mauriac, éd. Bernard Grasset (1932) & Rombaldi (1971), 1932, p. 96


Ce que j'ai pris pour un signe d'attachement à la propriété n'est que l'instinct charnel du paysan, fils de paysan, né de ceux qui depuis des siècles interrogent l'horizon avec angoisse. La rente que je dois toucher chaque mois s'accumulera chez le notaire : je n'ai jamais eu besoin de rien. J'ai été prisonnier pendant toute ma vie d'une passion qui ne me possédait pas. Comme un chien aboie à la lune, j'ai été fasciné par un reflet. Se réveiller à soixante-huit ans ! Renaître avant de mourir !
  • Le Nœud de vipères, François Mauriac, éd. Bernard Grasset (1932) & Rombaldi (1971), 1932, p. 216


Ce qui m'étouffe, ce soir, en même temps que j'écris ces lignes, ce qui fait mal à mon cœur comme s'il allait se rompre, cet amour dont je connais enfin le nom ador…
  • Le Nœud de vipères, François Mauriac, éd. Bernard Grasset (1932) & Rombaldi (1971), 1932, p. 242


La Fin de la nuit, 1935[modifier]

(…) sous la couche épaisse de nos âmes, notre âme d'enfant demeure, inchangée ; l'âme échappe au temps.
  • La Fin de la nuit, François Mauriac, éd. Bernard Grasset, coll. « Le livre de poche 796 », 1935, p. 76


(…) la mort, ce qui par essence n'est pas (…)
  • La Fin de la nuit, François Mauriac, éd. Bernard Grasset, coll. « Le livre de poche 796 », 1935, p. 118


Elle avait vécu seule sans se douter de ce qu'est la solitude. On parle de la solitude, mais on ne la connaît pas.
  • La Fin de la nuit, François Mauriac, éd. Bernard Grasset, coll. « Le livre de poche 796 », 1935, p. 195


(comme un autoportrait ?)

Il ne discerna que peu à peu ce qui restait du visage : l'arête du nez, l'ossature du front et des mâchoires. Mais qu'il était vivant, ce regard dont il lui fallait encore soutenir la fixité intolérable !
  • La Fin de la nuit, François Mauriac, éd. Bernard Grasset, coll. « Le livre de poche 796 », 1935, p. 239


Bloc-notes, 1952-1969[modifier]

« Aime et fais ce que tu veux ». Qu'y a t-il à ajouter à cette consigne de saint Augustin, ce bougnoule ?
  • François Mauriac, au plus fort de la guerre d'Algérie, ironise en rappelant l'immense apport de l'Afrique du Nord à la civilisation latine et catholique


Citations rapportées[modifier]

L'un de ses détracteurs ayant affirmé que ce qu'il faisait ne plaisait sûrement pas à Dieu, Mauriac eut cette réponse admirable : "Dieu, monsieur, se soucie peu de ce que nous écrivons ; mais lorsque c'est bien écrit, il s'en sert."
  • La petite amie imaginaire, John Irving (trad. Josée Kamoun), éd. Seuil, 1996  (ISBN 2020289318), p. 166


Signature de François Mauriac.

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