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Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes

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Le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes est une œuvre philosophique de Jean-Jacques Rousseau parue en 1755.

Citations

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Or il est facile de voir que le moral de l’amour est un sentiment factice ; né de l’usage de la société, et célébré par les femmes avec beaucoup d’habileté et de soin pour établir leur empire, et rendre dominant le sexe qui devrait obéir.
  • Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, Jean-Jacques Rousseau, éd. Gallimard, 1965, p. 79


Le rang et le sort de chaque homme établi, non seulement sur la quantité des biens et le pouvoir de servir ou de nuire, mais sur l’esprit, la beauté, la force ou l’adresse, sur le mérite ou les talents, et ces qualités étant les seules qui pouvaient attirer de la considération, il fallut bientôt les avoir ou les affecter. Il fallut pour son avantage se montrer autre que ce qu’on était en effet. Être et paraître devinrent deux choses tout à fait différentes, et de cette distinction sortirent le faste imposant, la ruse trompeuse, et tous les vices qui en sont le cortège. D’un autre côté, de libre et indépendant qu’était auparavant l’homme, le voilà par une multitude de nouveaux besoins assujetti, pour ainsi dire, à toute la Nature, et surtout à ses semblables dont il devient l’esclave en un sens, même en devenant leur maître ; riche, il a besoin de leurs services ; pauvre, il a besoin de leurs secours, et la médiocrité ne le met point en état de se passer d’eux. Il faut donc qu’il cherche sans cesse à les intéresser à son sort, et à leur faire trouver en effet ou en apparence leur profit à travailler pour le sien : ce qui le rend fourbe et artificieux avec les uns, impérieux et dur avec les autres, et le met dans la nécessité d’abuser tous ceux dont il a besoin, quand il ne peut s’en faire craindre, et qu’il ne trouve pas son intérêt à les servir utilement. Enfin l’ambition dévorante, l’ardeur d’élever sa fortune relative, moins par un véritable besoin que pour se mettre au-dessus des autres, inspire à tous les hommes un noir penchant à se nuire mutuellement, une jalousie secrète d’autant plus dangereuse que, pour faire son coup plus en sûreté, elle prend souvent le masque de la bienveillance; en un mot, concurrence et rivalité d’une part, de l’autre opposition d’intérêt, et toujours le désir caché de faire son profit aux dépens d’autrui. Tous ces maux sont le premier effet de la propriété et le cortège inséparable de l’inégalité naissante.
  • Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, Jean-Jacques Rousseau, éd. Gallimard, 1965, p. 101-2


Il est donc incontestable, et c’est la maxime fondamentale de tout le droit politique, que les peuples se sont donné des chefs pour défendre leur liberté et non pour les asservir.
  • Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, Jean-Jacques Rousseau, éd. Gallimard, 1965, p. 110


À la République de Genève

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J’aurais voulu vivre et mourir libre…
  • Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - Discours sur les sciences et les arts, Jean-Jacques Rousseau, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion / Philosophie », 1995  (ISBN 2-08-070243-2), p. 146 (texte intégral sur Wikisource)


…c’est surtout la grande antiquité des lois qui les rend saintes et vénérables […] le peuple méprise bientôt celles qu’il voit changer tous les jours, et […] en s’accoutumant à négliger les anciens usages sous prétexte de faire mieux, on introduit souvent de grands maux pour en corriger de moindres.
  • Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - Discours sur les sciences et les arts, Jean-Jacques Rousseau, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion / Philosophie », 1995  (ISBN 2-08-070243-2), p. 149 (texte intégral sur Wikisource)


…trop accoutumés à voir dire d’une manière et faire d’une autre, peu de gens savent jusqu’à quel point l’esprit du christianisme, la sainteté des mœurs, la sévérité pour soi-même et la douceur pour autrui, règnent dans le corps de nos ministres .
  • Par "ministres" Rousseau entend les pasteurs de la République de Genève
  • Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - Discours sur les sciences et les arts, Jean-Jacques Rousseau, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion / Philosophie », 1995  (ISBN 2-08-070243-2), p. 154 (texte intégral sur Wikisource)


Pourrais-je oublier cette précieuse moitié de la république qui fait le bonheur de l’autre, et dont la douceur et la sagesse y maintiennent la paix et les bonnes mœurs ? Aimables et vertueuses citoyennes, le sort de votre sexe sera toujours de gouverner le nôtre.
  • Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - Discours sur les sciences et les arts, Jean-Jacques Rousseau, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion / Philosophie », 1995  (ISBN 2-08-070243-2), p. 154 (texte intégral sur Wikisource)


Préface

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La plus utile et la moins avancée de toutes les connaissances humaines me paraît être celle de l’homme et j’ose dire que la seule inscription du temple de Delphes contenait un précepte plus important et plus difficile que tous les gros livres des moralistes.
  • Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - Discours sur les sciences et les arts, Jean-Jacques Rousseau, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion / Philosophie », 1995  (ISBN 2-08-070243-2), p. 157 (texte intégral sur Wikisource)


Connaissant si peu la nature et s’accordant si mal sur le sens du mot loi, il serait bien difficile de convenir d’une bonne définition de la loi naturelle.
  • Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - Discours sur les sciences et les arts, Jean-Jacques Rousseau, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion / Philosophie », 1995  (ISBN 2-08-070243-2), p. 161 (texte intégral sur Wikisource)


Laissant tous les livres scientifiques qui ne nous apprennent qu’à voir les hommes tels qu’ils se sont faits, et méditant sur les premières et plus simples opérations de l’âme humaine, j’y crois apercevoir deux principes antérieurs à la raison, dont l’un nous intéresse ardemment à notre bien-être et à la conservation de nous-mêmes, et l’autre nous inspire une répugnance naturelle à voir périr ou souffrir tout être sensible et principalement nos semblables.
  • Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - Discours sur les sciences et les arts, Jean-Jacques Rousseau, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion / Philosophie », 1995  (ISBN 2-08-070243-2), p. 161 (texte intégral sur Wikisource)


Première Partie

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… la plupart de nos maux sont notre propre ouvrage […] nous les aurions presque tous évités, en conservant la manière de vivre simple, uniforme et solitaire qui nous était prescrite par la nature.
  • Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - Discours sur les sciences et les arts, Jean-Jacques Rousseau, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion / Philosophie », 1995  (ISBN 2-08-070243-2), partie I, p. 179 (texte intégral sur Wikisource)


L'homme qui médite est un animal dépravé.


Je ne vois dans tout animal qu’une machine ingénieuse, à qui la nature a donné des sens pour se remonter elle-même, et pour se garantir, jusqu’à un certain point, de tout ce qui tend à la détruire, ou à la déranger. J’aperçois précisément les mêmes choses dans la machine humaine, avec cette différence que la nature seule fait tout dans les opérations de la bête, au lieu que l’homme concourt aux siennes, en qualité d’agent libre. L’un choisit ou rejette par instinct, et l’autre par un acte de liberté ; ce qui fait que la bête ne peut s’écarter de la règle qui lui est prescrite, même quand il lui serait avantageux de le faire, et que l’homme s’en écarte souvent à son préjudice.
  • Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - Discours sur les sciences et les arts, Jean-Jacques Rousseau, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion / Philosophie », 1995  (ISBN 2-08-070243-2), partie I, p. 182 (texte intégral sur Wikisource)


… je voudrais bien qu'on m'expliquât quel peut être le genre de misère d'un être libre dont le cœur est en paix et le corps en santé.
  • Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - Discours sur les sciences et les arts, Jean-Jacques Rousseau, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion / Philosophie », 1995  (ISBN 2-08-070243-2), partie I, p. 209 (texte intégral sur Wikisource)


Il y a d’ailleurs un autre principe que Hobbes n’a point aperçu et qui, ayant été donné à l’homme pour adoucir, en certaines circonstances, la férocité de son amour propre, ou le désir de se conserver avant la naissance de cet amour, tempère l’ardeur qu’il a pour son bien-être par une répugnance innée à voir souffrir son semblable.
  • Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - Discours sur les sciences et les arts, Jean-Jacques Rousseau, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion / Philosophie », 1995  (ISBN 2-08-070243-2), partie I, p. 211 (texte intégral sur Wikisource)


Il n’y a plus que les dangers de la société entière qui troublent le sommeil tranquille du philosophe, et qui l’arrachent de son lit. On peut impunément égorger son semblable sous sa fenêtre ; il n’a qu’à mettre ses mains sur ses oreilles et s’argumenter un peu pour empêcher la nature qui se révolte en lui de l’identifier avec celui qu’on assassine.
  • Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - Discours sur les sciences et les arts, Jean-Jacques Rousseau, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion / Philosophie », 1995  (ISBN 2-08-070243-2), partie I, p. 214 (texte intégral sur Wikisource)


Quoiqu’il puisse appartenir à Socrate, et aux esprits de sa trempe, d’acquérir de la vertu par raison, il y a longtemps que le genre humain ne serait plus, si sa conservation n’eût dépendu que des raisonnements de ceux qui le composent.
  • Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - Discours sur les sciences et les arts, Jean-Jacques Rousseau, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion / Philosophie », 1995  (ISBN 2-08-070243-2), partie I, p. 215 (texte intégral sur Wikisource)


Quoi qu’en disent les moralistes, l’entendement humain doit beaucoup aux passions, qui, d’un commun aveu, lui doivent beaucoup aussi.


… non seulement l’éducation met de la différence entre les esprits cultivés et ceux qui ne le sont pas, mais elle augmente celle qui se trouve entre les premiers à proportion de la culture ; car qu’un géant et un nain marchent sur la même route, chaque pas qu’ils feront l’un et l’autre donnera un nouvel avantage au géant.
  • Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - Discours sur les sciences et les arts, Jean-Jacques Rousseau, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion / Philosophie », 1995  (ISBN 2-08-070243-2), partie I, p. 219 (texte intégral sur Wikisource)


Seconde Partie

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Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargné au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : gardez-vous d'écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la Terre n'est à personne.
  • Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - Discours sur les sciences et les arts, Jean-Jacques Rousseau, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion / Philosophie », 1995  (ISBN 2-08-070243-2), partie II, p. 222 (texte intégral sur Wikisource)


… il est manifestement contre la loi de nature, de quelque manière qu’on la définisse, qu’un enfant commande à un vieillard, qu’un imbécile conduise un homme sage et qu’une poignée de gens regorge de superfluités, tandis que la multitude affamée manque du nécessaire.
  • Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes - Discours sur les sciences et les arts, Jean-Jacques Rousseau, éd. Flammarion, coll. « Garnier Flammarion / Philosophie », 1995  (ISBN 2-08-070243-2), partie II, p. 257 (texte intégral sur Wikisource)


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