Benjamin Constant

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Benjamin Constant

Benjamin Constant de Rebecque (Lausanne, le 25 octobre 1767Paris, le 8 décembre 1830) est un homme politique et écrivain franco-suisse.

De l'esprit de conquête et de l'usurpation dans leurs rapports avec la civilisation européenne, 1814[modifier]

La guerre et le commerce ne sont que deux moyens différents d'arriver au même but : celui de posséder ce que l'on désire.
  • « De l'esprit de conquête et de l'usurpation dans leurs rapports avec la civilisation européenne », dans Adolphe, suivi de : Quelques réflexions sur le théâtre allemand et la tragédie de Wallstein ; De l'esprit de conquête et de l'usurpation., Benjamin Constant, éd. Charpentier, 1845, partie I (« De l'esprit de conquête »), chap. 2, p. 201


Combien il vaut mieux souffrir de l'oppression de ses ennemis que rougir des excès de ses alliés.
  • « De l'esprit de conquête et de l'usurpation dans leurs rapports avec la civilisation européenne », dans Adolphe, suivi de : Quelques réflexions sur le théâtre allemand et la tragédie de Wallstein ; De l'esprit de conquête et de l'usurpation., Benjamin Constant, éd. Charpentier, 1845, partie II (« De l'usurpation »), chap. 19, p. 369


Principes de politique[modifier]

L'erreur de ceux qui, de bonne foi dans leur amour de la liberté, ont accordé à la souveraineté du peuple un pouvoir sans bornes, vient de la manière dont se sont formées leurs idées en politique. Ils ont vu dans l'histoire un petit nombre d'hommes, ou même un seul, en possession d'un pouvoir immense, qui faisait beaucoup de mal; mais leur courroux s'est dirigé contre les possesseurs du pouvoir, et non contre le pouvoir même. Au lieu de le détruire, ils n'ont songé qu'à le déplacer.
  • Principes de politique (1815), Benjamin Constant, éd. Guillaumin, 1872, p. 9


L'individu n'est, même dans les états les plus libres, souverain qu'en apparence [...] sa souveraineté est restreinte, presque toujours suspendue (…) et si, à des époques fixes et rares, et entouré de précautions et d'entraves, il exerce cette souveraineté, ce n'est jamais que pour l'abdiquer.
  • Principes de politique (1815), Benjamin Constant, éd. Guillaumin, 1872, p. 9


[Le pouvoir] est disposé à nous épargner toute espèce de peine, exceptée celle d'obéir et de payer!
  • Principes de politique (1815), Benjamin Constant, éd. Guillaumin, 1872, p. 9


Adolphe, 1816[modifier]

Adolphe est un roman qui a été quatre fois édité par l'auteur (1816 Paris, 1816 Londres, 1824 Paris, 1828 Paris). C'est la troisième version (1824) qui est considérée comme étant la plus aboutie[1].

[.] la timidité, cette souffrance intérieure qui nous poursuit jusqu'à l'âge le plus avancé, qui refoule sur notre cœur nos impressions les plus profondes, qui glace nos paroles, qui dénature dans notre bouche tout ce que nous essayons de dire, et ne nous permet plus de nous exprimer que par des mots vagues ou une ironie plus ou moins amère, comme si nous voulions nous venger de nos sentiments mêmes de la douleur que nous éprouvons à ne pouvoir les faire connaître.
  • Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988  (ISBN 9782253045885), chap. I, p. 28


Les hommes se blessent de l'indifférence, ils l'attribuent à la malveillance ou à l'affectation ; ils ne veulent pas croire qu'on s'ennuie avec eux naturellement.
  • Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988  (ISBN 9782253045885), chap. I, p. 31


Presque toujours, pour vivre en repos avec nous-mêmes, nous travestissons en calculs et en systèmes nos impuissances ou nos faiblesses : cela satisfait cette portion de nous qui est, pour ainsi dire, spectatrice de l'autre.
  • Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988  (ISBN 9782253045885), chap. II, p. 41


Il n'y a point d'unité complète dans l'Homme, et presque jamais personne n'est tout à fait sincère ni tout à fait de mauvaise foi.
  • Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988  (ISBN 9782253045885), chap. II, p. 42


L'amour supplée aux longs souvenirs, par une sorte de magie. Toutes les autres affections ont besoin de passé : l'amour crée, comme par enchantement, un passé dont il nous entoure.
  • Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988  (ISBN 9782253045885), chap. II, p. 53


Ce qu'on ne dit pas n'en existe pas moins, et tout ce qui est se devine.
  • Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988  (ISBN 9782253045885), chap. III, p. 56


Malheur à l’homme qui, dans les premiers moments d’une liaison d’amour, ne croit pas que cette liaison doit être éternelle.
  • Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988  (ISBN 9782253045885), chap. III, p. 56


[.], charme de l'amour, qui vous éprouva ne saurait vous décrire.
  • Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988  (ISBN 9782253045885), chap. IV, p. 59


Il y a des choses qu’on est longtemps sans se dire, mais quand une fois elles sont dites, on ne cesse jamais de les répéter.
  • Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988  (ISBN 9782253045885), chap. IV, p. 65


C'est un affreux malheur de n'être pas aimé quand on aime ; mais c'en est un bien grand d'être aimé avec passion quand on n'aime plus.
  • Adolphe, suivi de : Quelques réflexions sur le théâtre allemand et la tragédie de Wallstein ; De l'esprit de conquête et de l'usurpation., Benjamin Constant, éd. Charpentier, 1845, chap. V, p. 55

et

  • Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988  (ISBN 9782253045885), chap. V, p. 73


Nous sommes des créatures tellement mobiles, que, les sentiments que nous feignons, nous finissons par les éprouver.
  • Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988  (ISBN 9782253045885), chap. VI, p. 82


[.] on lutte quelques temps contre sa destinée, mais on finit toujours par céder. Les lois de la société sont plus fortes que les volontés des hommes ; les sentiments les plus impérieux se brisent contre la fatalité des circonstances. En vain on s'obstine à ne consulter que son cœur ; on est condamné tôt ou tard à écouter la raison.
  • Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988  (ISBN 9782253045885), chap. VI, p. 84


Tel homme qui pense de bonne foi s'immoler au désespoir qu'il a causé ne se sacrifie dans le fait qu'aux illusions de sa propre vanité.
  • Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988  (ISBN 9782253045885), chap. VII, p. 22


Elle croyait ranimer mon amour en excitant ma jalousie; mais c'était agiter des cendres que rien ne pouvait réchauffer.
  • Adolphe, Benjamin Constant, éd. GF Flammarion, 1989, chap. VIII, p. 140


Mais l'homme se déprave dès qu'il a dans le cœur une seule pensée qu'il est constamment forcé de dissimuler.
  • Adolphe, Benjamin Constant, éd. Gallimard, 2007, chap. IX, p. 92


Nul ne me disputait mon temps, ni mes heures ; aucune voix ne me rappelait quand je sortais : j'étais libre en effet ; je n'étais plus aimé : j'étais étranger pour tout le monde.
  • Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988  (ISBN 9782253045885), chap. X, p. 129


[.] ; l'amour s'identifie tellement à l'objet aimé, que dans son désespoir même il y a quelque charme. Il lutte contre la réalité, contre la destinée ; l'ardeur de son désir le trompe sur ses forces, et l'exalte au milieu de sa douleur.
  • Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988  (ISBN 9782253045885), chap. X, p. 125


Le sentiment le plus passionné ne saurait lutter contre l'ordre des choses. La société est trop puissante.
  • Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988  (ISBN 9782253045885), chap. Lettre à l'éditeur, p. 133 et 134


C'est esprit, dont il est si fier, ne sert ni à trouver du bonheur, ni à en donner.
  • Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988  (ISBN 9782253045885), chap. Réponse, p. 137


La grande question dans la vie, c'est la douleur que l'on cause, et la métaphysique la plus ingénieuse ne justifie pas l'homme qui a déchiré le cœur qui l'aimait.
  • Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988  (ISBN 9782253045885), chap. Réponse, p. 137


[.]; chacun ne s'instruit qu'à ces dépens dans ce monde, [.]. Les circonstances sont bien peu de chose, le caractère est tout.
  • Adolphe, Benjamin Constant, éd. Le livre de poche, 1988  (ISBN 9782253045885), chap. Réponse, p. 137 et 138


Cours de politique constitutionnelle, 1818-1820[modifier]

La reconnaissance a la mémoire courte.
  • « De la doctrine politique qui peut réunir les partis en France », dans Cours de politique constitutionnelle, Benjamin Constant, éd. Société belge de librairie, 1837, p. 202


De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes, 1819[modifier]

Mais les gouvernements qui partent d'une source légitime ont moins qu'autrefois le droit d'exercer sur les individus une suprématie arbitraire. Nous possédons encore aujourd'hui les droits que nous eûmes de tout temps, ces droits éternels à consentir les lois, à délibérer sur nos intérêts, à être partie intégrante du corps social dont nous sommes membres. Mais les gouvernements ont de nouveaux devoirs. Les progrès de la civilisation, les changements opérés par les siècles, commandent à l'autorité plus de respect pour les habitudes, les affections, pour l'indépendance des individus. Elle doit porter sur tous ces objets une main plus prudente et plus légère.
  • De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes, Benjamin Constant, éd. Mille et une nuits, 2010  (ISBN 9782755505702), p. 36


Que le pouvoir s'y résigne donc ; il nous faut de la liberté, et nous l'aurons ; mais comme la liberté qu'il nous faut est différente de celle des Anciens, il faut à cette liberté une autre organisation que celle qui pourrait convenir à la liberté antique. Dans celle-ci, plus l'Homme consacrait de temps et de force à l'exercice de ses droits politiques, plus il se croyait libre ; dans l'espèce de liberté dont nous sommes susceptibles, plus l'exercice de nos droits politiques nous laissera de temps pour nos intérêts privés, plus la liberté nous sera précieuse.
  • De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes, Benjamin Constant, éd. Mille et une nuits, 2010  (ISBN 9782755505702), p. 39


Commentaire sur l'ouvrage de Filangieri, 1822-1824[modifier]

Pour la pensée, pour l'éducation, pour l’industrie, la devise des gouvernements doit être laissez faire et laissez passer.
  • Commentaire sur l'ouvrage de Filangieri, Benjamin Constant, éd. Belles Lettres, coll. « Les classiques de la liberté », 2004, p. dernière


Colombier, ouvrage de 2013[modifier]

Tant que je vivrai, je me dirai toujours qu'il y a un Colombier dans le monde.
  • Tant que je vivrai, je me dirai toujours qu'il y a un Colombier dans le monde, Hélène Kett, Monique Link, Charles Ausburger, Bernard Baroni, Daniel Clerc, Jean-Marie Fragnière, Jean-Pierre Miéville, Laurent Nebel, éd. Village de Colombier, coll. « Village de Colombier », 2013, p. première


Journal intime, 1895[modifier]

Servons la bonne cause et servons-nous.
  • Journal intime de Benjamin Constant et lettres à sa famille et à ses amis : portraits et autographe, Benjamin Constant, éd. P. Ollendorff (Paris), coll. « NRF », 1895, p. 139


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  1. Commentaires de Mme Béatrice Didier, ISBN 9782253045885, p 219