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Barbaresque

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Barbaresque est un terme tombé en désuétude au XIXe siècle qui désignait les pirates opérant dans le bassin méditerranéen depuis l'Afrique du Nord, après la conquête musulmane qui fit de la Méditerranée un vaste lac musulman.

La durée de leur activité en mer Méditerranée est telle qu'elle peut être décrite depuis les premiers temps de l'Islam, alors associée à la conquête musulmane sur le continent européen, qui, une fois la péninsule ibérique prise, se prolonge par des incursions en Septimanie jusqu'à des prises de villes en Provence.

C'est par la seconde phase de l'ère coloniale que les puissances européennes vont mettre fin aux raids des pirates barbaresques, opérant depuis des cités de la côte sud de la Méditerranée, entre temps passées sous domination ottomane

XVIe- XIXe siècle

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Les plus grands capitaines qu'avaient les Turcs & les Barbares, ont presque tous été des Renégats.
  • Histoire de Barbarie et de ses Corsaires, des royaumes et des villes d'Alger (1631), Pierre Dan, éd. Pierre Rocolet, 1631, p. 378


Quant aux corsaires de Barbarie, c'est chose assurée que les renégats ont mis leur puissance au point où elle se voit encore aujourd'hui, et peut-on bien dire que sans leur aide, les infâmes et malheureuses républiques d'Alger, de Tunis, de Salé et de Tripoli ne pourraient ni subsister en leur domination contre les Maures et les peuples du pays, ni se maintenir en leurs pirateries, puisque leurs meilleurs hommes de guerre et de marine, voire même la plupart de leur corsaires, sont renégats et partisans du mahométisme.
  • Histoire de Barbarie et de ses Corsaires, des royaumes et des villes d'Alger (1631), Pierre Dan, éd. Pierre Rocolet, 1631, p. 384


L'accroissement du nombre des renégats fut la cause déterminante de ce changement de conduite. Déjà, en 1580, Haëdo disait qu'ils formaient, eux et leurs enfants, plus de la moitié de la population de la ville [d'Alger]; cette évaluation est peut-être un peu exagérée; mais il est certain que c'était parmi eux que se recrutaient les constructeurs de navires, les ingénieurs, les maîtres-ouvriers de toute espèce, tous ceux enfin sans lesquels la marine n'aurait pu exister. Quelques-uns avaient entrepris la course pour leur compte, et une certaine quantité de pirates de toutes les nations, attirés par la renommée des Algériens, étaient venus se joindre à eux, prenant spontanément le turban. Ces nouveaux venus changèrent l'esprit de la corporation ; à la lutte contre l'Infidèle [Djehad] succéda la guerre de rapine, et la course prit, sous l'impulsion des Regeb-Reïs et des Calfat-Hassan, un caractère de férocité qu'elle n'avait pas eu jusqu'alors. Tout ce qui flottait fut déclaré de bonne prise, et aucun pavillon ne fut à l'abri de l'insulte ; le respect religieux qu'inspirait aux anciens corsaires le chef de l'Islam n'était pas fait pour arrêter des hommes qui se souciaient encore moins de leur nouvelle foi que de celle à laquelle ils venaient de renoncer. Ils devinrent donc un des plus grands éléments de désordre; mais, en même temps, ils furent la force vive de la régence. Ils apportèrent, dans l'exercice de la piraterie, l'ardeur, l'activité et l'âpreté au gain des races septentrionales ; grâce à leurs connaissances nautiques, ils introduisirent d'utiles modifications dans les navires barbaresques; sachant que, s'ils étaient pris, ils n'avaient pas de grâce à espérer, ils donnèrent l'exemple d'un courage indomptable, et furent l'âme de la résistance lors des attaques européennes. Entre leurs mains, la course prit un développement incroyable.
  • Histoire d'Alger sous la domination turque (1515-1830) (1887), Henri-Delmas Grammont, éd. E. Leroux, 1887, p. 127-128


On est donc autorisé à avancer que les pirates de Tripoli, de Tunis, d'Alger et de Salé, pour ne citer que leurs principales villes, ne se recrutaient généralement pas parmi les indigènes du Maghreb, et nous ajoutons : pas davantage parmi les Turcs, car ceux auxquels on donne ce nom étaient, pour la plupart, des renégats ou des descendans de renégats. Le nombre des chrétiens ayant renié leur foi et fixés soit en Turquie, soit dans les États barbaresques, impossible à évaluer même approximativement, dépasse toutes les suppositions... La plupart des raïs des galères turques elles-mêmes étaient des renégats ; il en était de même des pilotes...On distinguait donc à bord d'un corsaire : en premier lieu, l'état-major composé du raïs, du lieutenant, du pilote et de quelques autres professionnels de la mer ; ils étaient tous des renégats ; en second lieu, les hommes d'armes recrutés, à Alger parmi les Turcs, à Salé parmi les Andalos ; à eux venaient se joindre des indigènes des tribus voisines attirés par le pillage et quelquefois par une exemption de l'impôt, comme cela avait lieu au Maroc ; enfin venait, en troisième lieu, l'équipage formé d'esclaves chrétiens, manaeuvrant les voiles ou attachés au terrible banc des rameurs ; ils ne pouvaient, sous peine de bastonnade, s'approcher du gouvernail et de la boussole ; on les enchaînait tous au moment du combat...La Hollande qui, au XVIe et au XVIIe siècle, possédait la marine de commerce la plus active et la plus riche, était le véritable arsenal de la Barbarie et de Salé en particulier ; elle fournissait aux corsaires tous les matériaux nécessaires à la construction de leurs navires, ou leur livrait des bâtimens tout armés.
  • Le Maroc d'Autrefois: Les corsaires de Salé, Revue des Deux-Mondes, LXXIIIe année, t. 13 (1903), Henri de Castries, éd. La revue des deux mondes, 1903, p. 836


Lit-on les brochures, si nombreuses sous Louis XIII, qui relatent les exploits des chevaliers de Malte ou des corsaires français, on est frappé par le caractère européen de la marine barbaresque.
  • Afrique barbaresque dans la littérature française aux XVIe et XVIIe siècles (1971), Guy Turbet-Delof, éd. Librairie Droz, 1971, p. 133


Les capitaines des galères de course, les raïs, d'Alger, de Tunis ou de Djerba n'étaient pas des Maures mais, en très large majorité, des Turcs ou des renégats.
  • L'histoire assassinée: Les pièges de la mémoire (2006), Jacques Heers, éd. Éditions de Paris, 2006, p. 194


Ces mêmes Maures cultivèrent les sciences avec succès, et enseignèrent l’Espagne et l’Italie pendant plus de cinq siècles. Les choses sont bien changées. Le pays de saint Augustin n’est plus qu’un repaire de pirates.
  • Dictionnaire philosophique, Voltaire, éd. Lequien fils, 1829, t. 2, Augustin, p. 212