André Malraux

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André Malraux en 1974

André Malraux (Paris, le 3 novembre 1901 — Créteil, le 23 novembre 1976), de son vrai nom Georges André Malraux, est un écrivain, un aventurier et un homme politique français.

La Condition humaine, 1933[modifier]

Gisors - La connaissance d'un être est un sentiment négatif : le sentiment positif, la réalité, c'est l'angoisse d'être toujours étranger à ce qu'on aime.


Le cœur viril des hommes est un refuge à morts qui vaut bien l'esprit.


Gisors : Toute douleur qui n'aide personne est absurde.


Gisors : si tant de vieillesses sont vides, c'est que tant d'hommes l'étaient et le cachaient.


Gisors : Tout au fond, l'esprit ne pense l'homme que dans l'éternel, et la conscience de la vie ne peut être qu'angoisse.


Gisors : il ne faut pas neuf mois, il faut soixante ans pour faire un homme, soixante ans de sacrifices, de volonté, de… de tant de choses ! Et quand cet homme est fait, quand il n'y a plus en lui rien de l'enfance, ni de l'adolescence, quand vraiment, il est homme, il n'est plus bon qu'à mourir.


L'approche de la faillite apporte aux groupes financiers une conscience intense de la nation à laquelle ils appartiennent.


Les hommes ne sont pas mes semblables, ils sont ceux qui me regardent et me jugent ; mes semblables ce sont ceux qui m’aiment et ne me regardent pas, qui m’aiment contre tout, qui m’aiment contre la déchéance, contre la bassesse, contre la trahison, moi et non ce que j’ai fait ou ferai, qui m’aimeraient tant que je m’aimerais moi-même - jusqu’au suicide, compris…


La souffrance ne peut avoir de sens que quand elle ne mène pas à la mort, et elle y mène presque toujours.


Il n’y a pas de dignité possible, pas de vie réelle pour un homme qui travaille douze heures par jour sans savoir pourquoi il travaille.


Le marxisme n’est pas une doctrine, c’est une volonté, c’est, pour le prolétariat et les siens(…) la volonté de se connaitre, de se sentir comme tels ; vous ne devez pas être marxistes pour avoir raison, mais pour vaincre sans vous trahir.


L'Espoir, 1937[modifier]

(...) la tragédie de la mort est en ceci qu’elle transforme la vie en destin, qu’à partir d’elle rien ne peut plus être compensé.
  • L'Espoir (1937), André Malraux, éd. Gallimard, coll. « nrf », 1937, p. 225


La Voie Royale, 1930[modifier]

En profondeur, tout civilisation est unpénétrable pour une autre.
  • La Voie Royale, André Malraux, éd. Grasset, 1971, p. 42


La jeunesse est une religion dont il faut toujours finir par se convertir...
  • La Voie Royale, André Malraux, éd. Grasset, 1971, p. 59


On ne pense pas sans danger contre la masse des hommes. Vers qui irais-je, sinon vers ceux qui se défendent comme moi?
  • La Voie Royale, André Malraux, éd. Grasset, 1971, p. 58


Que faire des cadavres des idées qui dominaient la conduite des hommes lorsqu'ils croyaient leur existence utile à quelque salut, que faire des paroles de ceux qui veulent soumettre leur vie à un modèle, ces autres cadavres? L'absence de finalité donnée à la vie était devenue une condition de l'action.
  • La Voie Royale, André Malraux, éd. Grasset, 1971, p. 37


Se refuser sans réserves au monde, c'est toujours se faire souffrir terriblement pour se prouver sa force.
  • La Voie Royale, André Malraux, éd. Grasset, 1971, p. 97


Vivante et morte comme lit d'un fleuve, la Voie Royale ne menait plus qu'aux vestiges que laissent derrière elles, tels des ossements, les migrations et les armées.
  • La Voie Royale, André Malraux, éd. Grasset, 1971, p. 71


Discours, articles, entretiens[modifier]

La culture, c'est ce qui répond à l'homme quand il se demande ce qu'il fait sur la terre.
  • La politique, la culture : discours, articles, entretiens (1925-1975), André Malraux, Janine Mossuz-Lavau, éd. Gallimard, coll. « Folio/Essais », 1996, p. 323


Discours du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon, 19 décembre 1964[modifier]

Voilà donc plus de vingt ans que Jean Moulin partit, par un temps de décembre sans doute semblable à celui-ci, pour être parachuté sur la terre de Provence, et devenir le chef d'un peuple de la nuit. Sans cette cérémonie, combien d'enfants de France sauraient son nom ? Il ne le retrouva lui-même que pour être tué ; et depuis, sont nés seize millions d'enfants… Puissent les commémorations des deux guerres s'achever aujourd'hui par la résurrection du peuple d'ombres que cet homme anima, qu'il symbolise, et qu'il fait entrer ici comme une humble garde solennelle autour de son corps de mort.


Comme Leclerc entra aux Invalides, avec son cortège d'exaltation dans le soleil d'Afrique, entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi — et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé. Avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard, enfin tombé sous les crosses. Avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l'un des nôtres. Entre avec le peuple né de l'ombre et disparu avec elle — nos frères dans l'ordre de la Nuit…


Aujourd'hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n'avaient pas parlé ; ce jour-là, elle était le visage de la France.


Citations rapportées[modifier]

La liberté appartient d'abord à ceux qui l'ont conquise.

Note de Raymond Aron : Quand on citait on oubliait le plus souvent le mot «d'abord». L'a-t-il prononcé ? Il me l'affirma plusieurs fois.


Signature

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