Aimé Césaire
Aimé Fernand David Césaire (né à Basse-Pointe, Martinique, le 26 juin 1913, mort le 17 avril 2008 à Fort-de-France, Martinique), était un poète et homme politique français. Son œuvre a été marquée par la défense de ses racines africaines.
Partir. Mon cœur bruissait de générosités emphatiques. Partir... j'arriverais lisse et jeune dans ce pays mien et je dirais à ce pays dont le limon entre dans la composition de ma chair : « J'ai longtemps
erré et je reviens vers la hideur désertée de vos plaies. »- Cahier d'un retour au pays natal, Aimé Césaire, éd. Présence africaine, 1956, p. 41 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui
s'affaissent au cachot du désespoir.- Cahier d'un retour au pays natal, Aimé Césaire, éd. Présence africaine, 1956, p. 42 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- Citation choisie pour le 19 avril 2008.
Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car
un homme qui crie n'est pas un ours qui danse...- Cahier d'un retour au pays natal, Aimé Césaire, éd. Présence africaine, 1956, p. 42 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Ce qui est à moi
c'est un homme seul emprisonné de
blanc
c'est un homme seul qui défie les cris
blancs de la mort blanche
(TOUSSAINT, TOUSSAINT
LOUVERTURE)
c'est un homme qui fascine l'éper-
vier blanc de la mort blanche
c'est un homme seul dans la mer infé-
conde de sable blanc
- Cahier d'un retour au pays natal, Aimé Césaire, éd. Présence africaine, 1956, p. 45-46 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Nous vomissure de négrier
Nous vénerie des Calebars
quoi ? Se boucher les oreilles ?
Nous, soûlés à crever de roulis, de risées, de brume humée !
- Cahier d'un retour au pays natal, Aimé Césaire, éd. Présence africaine, 1956, p. 62 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
C'était un nègre dégingandé sans rythme ni mesure.
Un nègre dont les yeux roulaient une lassitude sanguinolente.
Un nègre sans pudeur et ses orteils ricanaient de façon assez puante au fond de la tanière entrebâillée de ses souliers.
La misère, on ne pouvait pas dire, s'était donné un mal fou pour l'achever.
- Cahier d'un retour au pays natal, Aimé Césaire, éd. Présence africaine, 1956, p. 64 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Un nègre comique et laid et des femmes derrière moi ricanaient en le regardant.
Il était COMIQUE ET LAID,
COMIQUE ET LAID pour sûr.
J'arborai un grand sourire complice...
Ma lâcheté retrouvée !
- Cahier d'un retour au pays natal, Aimé Césaire, éd. Présence africaine, 1956, p. 65 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Et la voix prononce que l'Europe nous a pendant des siècles gavés de mensonges et gonflés de pestilences,
car il n'est point vrai que l'œuvre de l'homme est finie
que nous n'avons rien à faire au monde
que nous parasitons le monde
qu'il suffit que nous nous mettions au pas du monde
mais l'œuvre de l'homme vient seulement de commencer
et il reste à l'homme à conquérir toute interdiction immobilisée aux coins de sa ferveur
et aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l'intelligence et de la force
- Cahier d'un retour au pays natal, Aimé Césaire, éd. Présence africaine, 1956, p. 83 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Une civilisation qui s'avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente.
Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte.
Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde.
- Discours sur le Colonialisme (1950), Aimé Césaire, éd. Présence africaine, 1989 (ISBN 2-7087-0531-8), p. 7
- Discours sur le Colonialisme (1950), Aimé Césaire, éd. Présence africaine, 1989 (ISBN 2-7087-0531-8), p. 12
- Discours sur le Colonialisme (1950), Aimé Césaire, éd. Présence africaine, 1989 (ISBN 2-7087-0531-8), p. 13-14
- Discours sur le Colonialisme (1950), Aimé Césaire, éd. Présence africaine, 1989 (ISBN 2-7087-0531-8), p. 18
- Discours sur le Colonialisme (1950), Aimé Césaire, éd. Présence africaine, 1989 (ISBN 2-7087-0531-8), p. 21
- Discours sur le Colonialisme (1950), Aimé Césaire, éd. Présence africaine, 1989 (ISBN 2-7087-0531-8), p. 23-24
- Discours sur le Colonialisme (1950), Aimé Césaire, éd. Présence africaine, 1989 (ISBN 2-7087-0531-8), p. 35-36
- Discours sur le Colonialisme (1950), Aimé Césaire, éd. Présence africaine, 1989 (ISBN 2-7087-0531-8), p. 54
Les moralistes n'y peuvent rien.
La bourgeoisie, en tant que classe, est condamnée, qu'on le veuille ou non, à prendre en charge toute la barbarie de l'histoire, les tortures du Moyen-Âge comme l'inquisition, la raison d'État comme le bellicisme, le racisme comme l'esclavagisme, bref, tout ce contre quoi elle a protesté et en termes inoubliables, du temps que, classe à l'attaque, elle incarnait le progrès humain.
Les moralistes n'y peuvent rien. Il y a une loi de déshumanisation progressive en vertu de quoi désormais, à l'ordre du jour de la bourgeoisie, il n'y a, il ne peut y avoir maintenance que la violence, la corruption et la barbarie.
- Discours sur le Colonialisme (1950), Aimé Césaire, éd. Présence africaine, 1989 (ISBN 2-7087-0531-8), p. 58-59
- Discours sur le Colonialisme (1950), Aimé Césaire, éd. Présence africaine, 1989 (ISBN 2-7087-0531-8), p. 74
- « Discours sur la Négritude » (1987), dans Discours sur le Colonialisme, Aimé Césaire, éd. Présence africaine, 1989 (ISBN 2-7087-0531-8), p. 84-85
Le discours sur la négritude, 1987
- Discours prononcé le 26 février 1987 lors de la conférence hémisphérique organisée par l'université internationale de Floride à Miami
- Le discours sur le négritude : Négritude, Ethnicity et Cultures Afro Aux Amériques (1987), Aimé Césaire, éd. Présence africaine, 2004 (ISBN 2-7087-0531-8), p. 81
Une saison au Congo, 1966
Mobutu : Le temps que j'annonce est le temps du sang rouge,
la liberté est pour demain.
- Une saison au Congo, Aimé Césaire, éd. Seuil, 1966, scène II, p. 14 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- Une saison au Congo, Aimé Césaire, éd. Seuil, 1966, scène VII, p. 34 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
- Une saison au Congo (1966), Aimé Césaire, éd. Seuil, coll. « Théâtre », 1966 (ISBN 2-02-001321-5), acte III, scène 7, p. 130
Moi, laminaire…, 1982
- Moi, laminaire..., Aimé Césaire, éd. Seuil, 1982 (ISBN 2-02-013123-4), poème 36 (« La justice écoute aux portes de la beauté »), p. 65 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Il faut savoir traverser toute l'épaisseur du sang
avec trois voyelles de fraîche eau
anxieusement renouvelée par l'oriflamme
toujours à reconsidérer d'une chaîne à briser
- Moi, laminaire..., Aimé Césaire, éd. Seuil, 1982 (ISBN 2-02-013123-4), poème 46 (« Saccage »), p. 66 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
j'ai eu je garde j'ai
le libre choix de mes ennemis
- Moi, laminaire..., Aimé Césaire, éd. Seuil, 1982 (ISBN 2-02-013123-4), poème 47 (« ibis-anubis »), p. 68 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Interviews
- Figures de la révolution africaine, Aimé Césaire, propos cités par Saïd Bouamama, éd. La Découverte, 2014, p. 82
- Aimé Césaire, novembre 1969, dans Un poète politique : Aimé Césaire, Magazine littéraire, n° 34, François Beloux.
- Aimé Césaire, novembre 1969, dans Un poète politique : Aimé Césaire, Magazine littéraire, n° 34, François Beloux.
Divers
cadavres à chaque halte dans le désert ou dans la forêt et les petits bourgeois d’Espagne, d’Angleterre, de France, de Hollande, innocents Himmlers du système, amassant de tout cela le hideux magot, le capital criminel qui fera d’eux des chefs d’industrie. Qu’on imagine tout cela et tous les crachats de l’histoire et toutes les humiliations et tous les sadismes et qu’on les additionne et qu’on les multiplie et on comprendra que l’Allemagne nazie n’a fait qu’appliquer en petit à l’Europe ce que l’Europe occidentale a appliqué pendant des siècles aux races qui eurent l’audace ou la maladresse de se trouver sur son chemin. L’admirable est que le nègre ait tenu !
- Esclavage et colonisation (1948), Victor Schoelcher, éd. PUF, 1948, Introduction par Aimé Césaire, p. 17-18