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Aristote

Une page de Wikiquote, le recueil des citations libres.
Aristote tenant en main son Éthique à Nicomaque, détail de la fresque L'École d'Athènes de Raphaël, vers 1510.

Aristote est un philosophe grec qui naquit en Macédoine en 384 av. J.-C. et mourut en 322 av. J.-C. Disciple de Platon à l'Académie pendant plus de vingt ans, il prit ensuite une distance critique vis-à-vis des thèses de son maître et fonda sa propre école, le Lycée. Il fut également précepteur d'Alexandre le Grand. Sa conception de l'être comme « substance » (ou ontologie), et de la métaphysique comme « science de l'être en tant qu'être », influença profondément l'ensemble de la tradition philosophique occidentale, d'Alexandre d'Aphrodise à Martin Heidegger en passant par Thomas d'Aquin, et orientale, d'Averroès et Maïmonide à Cordoue jusqu'au persan Avicenne en passant par les théologiens médiévaux de Byzance.

[...] en un certain sens, la lumière, elle aussi, convertit les couleurs en puissance, en couleurs en acte.


Tous les arts, toutes les recherches méthodiques de l'esprit, aussi bien que tous nos actes et toutes nos décisions réfléchies semblent toujours avoir en vue quelque bien que nous désirons atteindre ; et c'est là ce qui fait qu'on a parfaitement défini le bien quand on a dit qu'il est l'objet de tous les vœux.


Il est d’un esprit éclairé de ne demander la précision pour chaque genre de sujets, que dans la mesure où la comporte la nature même de la chose qu’on traite ; et il serait à peu près aussi déplacé d’attendre une simple probabilité du mathématicien que d’exiger de l’orateur des démonstrations en forme.


Le bonheur, avons-nous dit, est une certaine activité de l’âme conforme à la vertu.


[…] les vertus ne sont pas en nous par l’action seule de la nature, et elles n’y sont pas d’avantage contre le vœu de la nature ; mais la nature nous en a rendus susceptibles, et c’est l’habitude qui les développe et les achève en nous.


[…] la vertu est ce qui nous dispose à l’égard des peines et des plaisirs, de telle façon que notre conduite soit la meilleure possible ; le vice est précisément le contraire.


[…] la plaisanterie de l’homme libre ne ressemble point à celle de l’esclave, pas plus que celle de l’homme bien élevé ne ressemble à celle de l’homme sans éducation.


[…] l’individu est son propre ami plus étroitement que qui que ce soit ; et c’est lui-même surtout qu’il devrait aimer.


À l'origine, c'est l'étonnement et l'admiration qui conduisirent les hommes à la philosophie.
  • Métaphysique, Aristote (trad. Jules Barthélémy Saint-Hilaire, revu et annoté par Paul Mathias), éd. Pocket, 1991, A, II, 982b, p. 45


Mais se poser à soi-même des questions et s'étonner des phénomènes, c'est déjà savoir qu'on les ignore ; et voilà comment c'est être encore ami de la sagesse, c'est être philosophe que d'aimer les fables, puisque [la fable, ou] le mythe, ne se compose que d'éléments merveilleux et surprenants.
  • Métaphysique, Aristote (trad. Jules Barthélémy Saint-Hilaire, revu et annoté par Paul Mathias), éd. Pocket, 1991, A, II, 982b, p. 46


C'est la même différence qui distingue la tragédie et la comédie : celle-ci veut représenter les hommes inférieurs, celle-là veut les représenter supérieurs aux hommes de la réalité.
  • Poétique, Aristote (trad. J. Hardy), éd. Gallimard, coll. « Tel », 1996, 1448a, p. 80


L'épopée va de pair avec la tragédie en tant qu'elle est une imitation, à l'aide du mètre, d'hommes de haute valeur morale, mais elle en diffère en tant qu'elle emploie un mètre uniforme et qu'elle est un récit.
  • Poétique, Aristote (trad. J. Hardy), éd. Gallimard, coll. « Tel », 1996, 1449b, p. 86


La tragédie est l'imitation (mimèsis) d'une action de caractère élevé et complète, d'une certaine étendue, dans un langage relevé d'assaisonnements d'une espèce particulière suivant les diverses parties, imitation qui est faite par des personnages en action et non au moyen d'un récit, et qui, suscitant pitié et crainte, opère la purgation (catharsis) propre à pareilles émotions.
  • La définition fameuse de la tragédie par Aristote, exposant la notion de catharsis.
  • Poétique, Aristote (trad. J. Hardy), éd. Gallimard, coll. « Tel », 1996, p. 87


Il est manifeste, à partir de cela, que la cité fait partie des choses naturelles, et que l'homme est par nature un animal politique, et que celui qui est hors cité, naturellement bien sûr et non par le hasard <des circonstances>, est soit un être dégradé, soit un être surhumain, et il est comme celui qui est injurié <en ces termes> par Homère, « sans lignages, sans loi, sans foyer ». Car un tel homme est du même coup naturellement passionné de guerre, étant comme un pion isolé au jeu de trictrac. C'est pourquoi il est évident que l'homme est un animal politique plus que n'importe quelle abeille et que n'importe quel animal grégaire.
  • Les Politiques, Aristote (trad. Pierre Pellegrin), éd. GF-Flammarion, 1993, 1253a, p. 90-91


De celui qui a la faculté de participer au pouvoir délibératif ou judiciaire, nous disons qu'il est citoyen de la cité concernée, et nous appelons, en bref, cité l'ensemble de <gens> de cette sorte quand il est suffisant pour vivre en autarcie.
  • Définitions du citoyen et de la cité.
  • Les Politiques, Aristote (trad. Pierre Pellegrin), éd. GF-Flammarion, 1993, 1275b, p. 209


[…] toutes les constitutions qui ont en vue l’intérêt général sont pures, parce qu’elles pratiquent rigoureusement la justice. Toutes celles qui n’ont en vue que l’intérêt personnel des gouvernants, viciées dans leurs bases, ne sont que la corruption des bonnes constitutions ; elles tiennent de fort près au pouvoir du maître sur l’esclave, tandis qu’au contraire la cité n’est qu’une association d’hommes libres.


Citations rapportées

Aimer, c'est vouloir du bien à quelqu'un.
  • « Saint-Valentin - Amour, toujours - Citations », Aristote, Direct Soir, nº 700, Vendredi 12 février 2010, p. 9


Exercer librement son talent, voilà le vrai bonheur.


La multitude, dont aucun membre n'est un homme vertueux, peut cependant, par l'union de tous, être meilleure que l'élite.
  • La philosophie pour les nuls, Christian Godin, éd. First Éditions, 2006  (ISBN 2-87691-998-2), p. 96


Tous les travaux rémunérés absorbent et amoindrissent l'esprit.
  • L'art de ne pas travailler, Ernie Zelinski, éd. Eyrolles, 2006  (ISBN 2-7081-3634-8), p. 69


La colère est le désir douloureux de se venger publiquement d'un mépris manifesté publiquement à notre endroit ou à l'égard des nôtres, ce mépris n'étant pas justifié.
  • « Réflexion faite : du bon usage de la colère », Aristote cité par Martin Legros, France Info, 30/11/2018 (lire en ligne)


Citations sur Aristote

Certes, les deux grands sages de l'antiquité nous paraissent les puissants champions de tout ce qu'il y a de sain et de saint, et leurs sentences sonnent souvent comme des réponses définitives à des questions que du même coup elles ont effacées à jamais. Aristote, en définissant l'homme : un animal politique, a confondu une fois pour toute la séquelle des naturistes et des anarchisants ; Platon a donné raison d'avance au réalisme catholique contre le nominalisme hérétique en attribuant aux concepts une existence non moins réelle que la nôtre. Plus réelle même, semble-t-il parfois ; il faut reconnaître qu'il tient volontiers l'homme pour négligeable à côté de l'idée, et que l'étatisme socialiste lui est grandement redevable de son idéal actuel du citoyen adapté aux besoins de la cité, du monsieur dont on passe la tête au conformateur pour la faire entrer dans son chapeau. il est par là le père de tous les idéologues, et Aristote a mieux vu dans l'équilibre sacramentel de l'esprit et de la matière, en insistant sur la nature de l'homme autant que sur celle de la pensée : les yeux, pour lui, comptent autant que la lumière.


Il y a dans Aristote exactitude, facilité, profondeur et clarté. Son esprit cependant fait quelquefois un pas de plus qu’il ne faudrait, par cette force qui emporte souvent le mobile au delà de son but, quelque mesurée que soit l’impulsion primitivement reçue.


On doit considérer Les Topiques comme une œuvre de la jeunesse d’Aristote. […] Contrairement à l’opinion de beaucoup d’interprètes anciens, la logique du probable n’est donc pas un complément de la logique du nécessaire ; elle n’est pas une seconde logique s’appliquant à un domaine où la vérité scientifique ne saurait être atteinte. Elle apparait plutôt comme une sorte d’exercice préparatoire à la théorie de la démonstration et de la science…


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