Zoran Mušič

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Zoran Mušič.
Zoran Mušič.

Zoran Mušič (Zoran Music en italien) né le 12 février 1909 à Bukovica (hameau de Gorica /Gorizia), mort le 25 mai 2005 à Venise, est un peintre et graveur austro-hongrois, yougoslave puis slovène de la nouvelle École de Paris.

Citations sur Zoran Mušič[modifier]

Jean Clair, La barbarie ordinaire. Music à Dachau, 2001[modifier]

Neuf ans plus tard à Dachau, en 1944, Music deviendrait le témoin oculaire de ce qu’il avait, au Prado, vu en peinture. Il y verrait la chambre à gaz, les fours rougeoyant dans la nuit, les charrettes et leur chargement de cadavres, « durcis comme des stères de bois », écrira-t-il, les pendus aux potences, et les morts, les morts partout. Le tableau de Bruegel s’appelle en effet Le Triomphe de la Mort.


Quand Zoran Music est né, au début du siècle, l’Europe était encore, comme l’avait appelé Stefen Zweig, die Welt der Sicherheit, le monde de la sécurité. Le milieu lettré qu’il décrit, c’était un peu celui, plus modeste mais aisé, dont Music était issu, une famille de vignerons et de maîtres d’école, à Gorizia, l’ancienne Görz, dans les collines du Collio, à la frontière de l’Italie et de l’ancienne Yougoslavie. On y parlait le slovène et l’italien ; l’allemand étant d’usage dans les documents administratifs ; le français dans la bourgeoisie ; on entendait aussi souvent des mots de russe, de croate, ou de ces langues que les Balkans multiplient. À ce tournant du siècle, l’Opéra, universel par sa musique, polyglotte part ses livrets, « œuvre d’art total », fut peut-être la forme la plus raffinée que la culture cosmopolite et optimiste d’Europe centrale avait produite. Et à laquelle deux ans, entre les guerres balkaniques, le naufrage du Titanic en 1912, et le déclenchement de la Grande Guerre, suffirent à mettre fin.


C’est ainsi qu’après avoir été fortement invité, en raison de sa belle prestance et de sa taille, à s’enrôler dans les S.S., il paya son refus d’une déportation à Dachau. Anus mundi, disaient de ce lieu ses maîtres – où langues et nationalités, finalement, tombaient dans le néant, en même temps que les vêtements, les cheveux, les parures et les autres signes distinctifs qui font d’un être humain un homme.


Italien, Music l’était sans doute, mais sans que cela signifie grand-chose dans ce pays qui, du général, ne veut rien connaître pour ne se délecter que du lieu et de l’instant présents. Abstrait, d’ailleurs, il ne l’avait jamais été. À cet héritier des Sécessions d’Europe centrale, la modernité parisienne, habile à manipuler les formes, pour lui si respectueux de les garder, prodigue à multiplier les couleurs, pour lui l’homme fidèle aux ocres et aux terres, demeurait profondément étrangère.


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