Maurice Allais

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Maurice Allais (2001).

Maurice Allais (né à Paris le 31 mai 1911 et mort à Saint-Cloud le 9 octobre 2010) est un économiste français, « Prix Nobel » d'économie 1988. Maurice Allais s'est également intéressé à des problèmes de physique, notamment dans le domaine de la gravitation et de la relativité restreinte, en mettant en évidence des déviations du plan d'oscillation d'un pendule.

La Crise mondiale d'aujourd'hui[modifier]

Fondamentalement, le mécanisme du crédit aboutit à une création de moyens de paiements ex nihilo [(à partir de rien], car le détenteur d’un dépôt auprès d’une banque le considère comme une encaisse disponible, alors que, dans le même temps, la banque a prêté la plus grande partie de ce dépôt, qui, redéposée ou non dans une banque, est considérée comme une encaisse disponible par son récipiendaire. À chaque opération de crédit, il y a ainsi duplication monétaire. Au total, le mécanisme de crédit aboutit à une création de monnaie ex nihilo par de simples jeux d’écritures.
  • La Crise mondiale d’aujourd’hui. Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires., Maurice Allais, éd. Clément Juglar, 1999, p. 63


En fait, sans aucune exagération, le mécanisme actuel de la création de monnaie par le crédit est certainement le « cancer » qui ronge irrémédiablement les économies de marchés de propriété privée.
  • La Crise mondiale d’aujourd’hui. Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires., Maurice Allais, éd. Clément Juglar, 1999, p. 74


La doctrine régnante avait totalement méconnu une donnée essentielle : une libéralisation totale des échanges et des mouvements de capitaux n'est possible, elle n'est souhaitable que dans le cadre d'ensembles régionaux groupant des pays économiquement et politiquement associés, et de développement économique et social comparable.
  • La Crise mondiale d’aujourd’hui. Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires., Maurice Allais, éd. Clément Juglar, 1999, p. 77


La création monétaire doit relever de l’État et de l’État seul. Toute création monétaire autre que la monnaie de base par la Banque centrale doit être rendue impossible, de manière que disparaissent les « faux droits » résultant actuellement de la création de monnaie bancaire.
  • La Crise mondiale d’aujourd’hui. Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires., Maurice Allais, éd. Clément Juglar, 1999, p. 95


Que les bourses soient devenues de véritables casinos, où se jouent de gigantesques parties de poker, ne présenterait guère d'importance après tout, les uns gagnant ce que les autres perdent, si les fluctuations générales des cours n'engendraient pas , par leurs implications, de profondes vagues d'optimisme ou de pessimisme qui influent considérablement sur l'économie réelle. (...). Le système actuel est fondamentalement anti-économique et défavorable à un fonctionnement correct des économies. Il ne peut être avantageux que pour de très petites minorités.
  • La Crise mondiale d’aujourd’hui. Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires., Maurice Allais, éd. Clément Juglar, 1999, p. 101


Dans son essence, la création monétaire ex nihilo actuelle par le système bancaire est identique, je n'hésite pas à le dire pour bien faire comprendre ce qui est réellement en cause, à la création de monnaie par des faux-monnayeurs, si justement condamnée par la loi. Concrètement elle aboutit aux mêmes résultats. La seule différence est que ceux qui en profitent sont différents.
  • La Crise mondiale d’aujourd’hui. Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires., Maurice Allais, éd. Clément Juglar, 1999, p. 110


En fait on doit proclamer qu'un droit fondamental de l'homme c'est d'être protégé efficacement contre un fonctionnement inéquitable, sinon malhonnête, de l'économie de marchés permis actuellement ou même favorisé par une législation inappropriée.
  • La Crise mondiale d’aujourd’hui. Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires., Maurice Allais, éd. Clément Juglar, 1999, p. 172


Ce que je préconise, c'est un système où la création monétaire appartiendrait uniquement à un Banque centrale indépendante de l'État et des partis politiques au pouvoir, et où les revenus correspondant à la création monétaire reviendraient uniquement à l'État.
  • La Crise mondiale d’aujourd’hui. Pour de profondes réformes des institutions financières et monétaires., Maurice Allais, éd. Clément Juglar, 1999, p. 185


L'Anisotropie de l'Espace[modifier]

Il nous faut absolument nous garder de ce travers qui a tant nui au développement de la physique théorique dans ces deux derniers siècles, celui des idées préconçues.
  • L'anisotropie de l'espace. La nécessaire révision de certains postulats des théories contemporaines. Les données de l'expérience., Maurice Allais, éd. Clément Juglar, 1997, p. 39


Dans le long conflit des doctrines, il nous faut ne jamais oublier que la science est toujours en perpétuel devenir. En science il n'est jamais de vérité définitive. Ce qui caractérise fondamentalement la démarche scientifique, c'est un constant effort pour comprendre la nature profonde d'un monde qui le plus souvent reste indéchiffrable.
  • L'anisotropie de l'espace. La nécessaire révision de certains postulats des théories contemporaines. Les données de l'expérience., Maurice Allais, éd. Clément Juglar, 1997, p. 40


Peu à peu la science avance vers de nouveaux sommets dans sa découverte progressive de la nature profonde, difficilement déchiffrable, du monde où nous vivons.
Lors de nouvelles expérience la nature répond toujours à nos interrogations, mais elle paraît trop souvent répondre comme le faisait l'oracle de Delphes. Ses réponses en effet ne nous apparaissent pas toujours très clairement, non pas tellement parce qu'elle seraient réellement ambiguës et incompréhensibles, mais parce que nous sommes trop souvent emprisonnés par des idées toutes faites, par des idées préconçues, et par des vérités établies, qui nous empêchent de les comprendre.
  • L'anisotropie de l'espace. La nécessaire révision de certains postulats des théories contemporaines. Les données de l'expérience., Maurice Allais, éd. Clément Juglar, 1997, p. 40


... pour être valable toute théorie, quelle qu'elle soit, doit être confirmée, tant dans ses hypothèses que dans ses conséquences, par les données de l'observation.
  • L'anisotropie de l'espace. La nécessaire révision de certains postulats des théories contemporaines. Les données de l'expérience., Maurice Allais, éd. Clément Juglar, 1997, p. 59


Quiconque ose parler aujourd'hui de l'éther est considéré comme un ignorant et un esprit retardataire, et il ne peut que perdre tout crédit dans les milieux scientifiques, bien qu'en réalité ceux qui le critiquent utilisent le même concept de milieu intermédiaire sous d'autres vocables, que ce soient par exemple ceux de champ, de fluide associé, de fluide de probabilité, de fluide pilote, de fluide quantique, etc.
  • L'anisotropie de l'espace. La nécessaire révision de certains postulats des théories contemporaines. Les données de l'expérience., Maurice Allais, éd. Clément Juglar, 1997, p. 506


Une théorie ne vaut que ce que valent ses prémisses. Si les prémisses sont erronées, la théorie n'a pas de valeur scientifique réelle. Le seul critère scientifique pour juger de la validité scientifique d'une théorie est en effet sa confrontation avec les données de l'expérience.
  • L'anisotropie de l'espace. La nécessaire révision de certains postulats des théories contemporaines. Les données de l'expérience., Maurice Allais, éd. Clément Juglar, 1997, p. 591


Trop de théoriciens n'ont que trop tendance à ne pas tenir compte des faits qui viennent contredire leurs convictions.
  • L'anisotropie de l'espace. La nécessaire révision de certains postulats des théories contemporaines. Les données de l'expérience., Maurice Allais, éd. Clément Juglar, 1997, p. 640


De tout temps un fanatisme dogmatique et intolérant n'a cessé de s'opposer aux progrès de la science et à la révision des axiomes sur lesquels reposent les théories admises lorsque de nouveaux faits viennent les invalider.
  • L'anisotropie de l'espace. La nécessaire révision de certains postulats des théories contemporaines. Les données de l'expérience., Maurice Allais, éd. Clément Juglar, 1997, p. 660


L'Europe en crise. Que faire ? [modifier]

J’ai toujours considéré qu’une monnaie unique devait être et ne pouvait être que le parachèvement de la réalisation d’une Union Economique et que de ce point de vue la création de l’Euro a été prématurée.

Mais maintenant que l’Euro a été créé entre douze États membres de l’Union Européenne dans des conditions justifiées je ne vois que des avantages à ce qu’il soit maintenu et la politique de la Banque Centrale Européenne de réaliser une croissance annuelle moyenne des prix me paraît entièrement fondée sous la réserve d’un contrôle effectif des mouvements de capitaux avec les pays étrangers. Aujourd’hui un grand nombre de critiques rendent cette politique responsable des difficultés rencontrées et ils préconisent en fait une politique de relance de l’économie par l’inflation. C’est là une profonde erreur.

Les difficultés que nous rencontrons ne proviennent pas de la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne mais de la politique de libre échangisme de l’Organisation de Bruxelles.
  • L'Europe en crise. Que faire ?, Maurice Allais, éd. Clément Juglar, 2005, p. 47


L'Algérie d'Evian[modifier]

Une extraordinaire tentative de falsification de l'histoire s'est dévéloppée à propos de l'Algérie qui doit être dénoncée.
  • L'Algérie d'Evian (1962), Maurice Allais, éd. Jeune Pied-Noir, 1999, Introduction de Maurice Allais dans la 2e édition de 1999, p. 14


Ce livre est l'histoire d'un crime, d'un véritable génocide commis au nom de la France à l'égard de la minorité française et musulmane pro-française d'Algérie.
  • L'Algérie d'Evian (1962), Maurice Allais, éd. Jeune Pied-Noir, 1999, Introduction de Maurice Allais dans la 2e édition de 1999, p. 16


[N]ous devons pleinement reconnaitre la responsabilité de l'État français dans l'abandon presque total par la France d'au moins quelque 150 000 musulmans pro-français ayant combattu à nos côtés [pendant la Guerre d'Algérie], et cela en violation des engagements sur l'honneur, sans cesse réitérés à de multiples reprises, de ne jamais les abandonner et de les protéger. Cet abandon a conduit au massacre de milliers de harkis, d'au moins 60 à 80 000, et peut-être beaucoup plus. Jamais une telle tragédie n'aurait été possible si la France avait poursuivi une toute autre politique. L'État français doit accorder aujourd'hui aux harkis et à leurs familles, français à part entière, les compensations morales et matérielles qu'exigent à la fois la justice et les préceptes d'une morale issue de l'expérience des siècles. Il s'agit là d'un impérieux devoir de mémoire.
  • L'Algérie d'Evian (1962), Maurice Allais, éd. Jeune Pied-Noir, 1999, Les harkis, un impérieux devoir de mémoire dans la 2e édition de 1999, p. 24


Il s'agit là [l'abandon des harkis] en vérité d'une des plus grandes ignominies, d'une des plus grandes hontes de toute l'Histoire de France.
  • L'Algérie d'Evian (1962), Maurice Allais, éd. Jeune Pied-Noir, 1999, Les harkis, un impérieux devoir de mémoire dans la 2e édition de 1999, p. 50


En fait, l'intégration totale de l'Algérie dans le cadre français de Dunkerke à Tamanrasset était irréaliste, et à vrai dire impossible. Incontestablement l'Algérie devait être rendue indépendante. Mais pour être réellement démocratique et conforme à nos idéaux, une telle indépendance impliquait alors soit un système fédéral, soit à défaut une partition.
  • L'Algérie d'Evian (1962), Maurice Allais, éd. Jeune Pied-Noir, 1999, Les harkis, un impérieux devoir de mémoire dans la 2e édition de 1999, p. 32


Réalisons-nous bien ce que nous allons faire ? Nous appartenons à une grande nation, qui se dit civilisée, que beaucoup encore dans le monde considèrent comme telle. N'apercevons-nous pas cependant que nous sommes en train de commettre quelque chose d'horrible, d'irréparable ?... Ce qui est aujourd'hui en cause, c'est réellement et tout simplement la vie de dizaine de milliers d'hommes... Il est non seulement inhumain, mais insensé, pour le Pouvoir de livrer dans de telles conditions le groupe minoritaire désarmé à la merci du groupe majoritaire supérieurement armé... C'est là une décision barbare qui restera longtemps au cours des siècles qui vont suivre comme un opprobre ineffaçable pour notre pays...C'est une hypocrisie odieuse que de parler, dans de telles conditions, d'autodétermination et de garanties... La politique qui, implacablement, est mise en œuvre, constitue un crime contre l'humanité. Personnellement, et quels qu'en soient les risques, ma conscience me dicte de protester contre ce crime. Tout n'est qu'ignominie et déshonneur.
  • Maurice Allais en mai 1962 à propos des Accords d'Évian signés en mars 1962.
  • L'Algérie d'Evian (1962), Maurice Allais, éd. Jeune Pied-Noir, 1999, Mai 1962, p. 48


J'estime que les crimes aveugles de l'OAS doivent être condamnés, mais que les hommes qui les commettent ont été rendus « fous furieux » par la politique inhumaine et odieuse poursuivie par le Pouvoir et qu'ils doivent dès lors bénéficier de notre compréhension et des circonstances atténuantes; j'estime encore qu'un jugement analogue doit être porté quant aux crimes, non moins odieux, commis par les hommes du FLN. J'estime que ces crimes, il était certain qu'ils seraient commis, car on ne peut attendre de gens primitifs et fanatiques, après sept ans de combats clandestins et atroces, au cours desquels ils ont été impitoyablement décimés, qu'ils se comportent en hommes raisonnables et civilisés.


Divers[modifier]

La soumission aux données de l'expérience est la règle d'or qui domine toute discipline scientifique.
  • Allocution prononcée à l'occasion de la remise de l'épée d'Académicien, 19 octobre 1993, devant l'Académie des Sciences Morales et Politiques, dans Maurice Felix Charles ALLAIS, Maurice Allais.


Cependant, tout auteur qui utilise les mathématiques devrait toujours s'astreindre à exprimer en langage ordinaire la signification des hypothèses qu'il admet, et la signification des résultats qu'il obtient. Plus sa théorie est abstraite, et plus cette obligation est impérieuse.
En fait, les mathématiques ne sont et ne peuvent être qu'un outil pour explorer le réel. Dans cette exploration, les mathématiques ne sauraient constituer un but en soi ; elles ne sont et elles ne peuvent être qu'un moyen.


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